[FINI] On peut tout fuir , sauf son patron (PV)

« Et bien ce n'est pas trop tôt ! Vous devez sûrement souffrir d'un trouble de l'attention, vu le temps que vous mettez à vous concentrer sur votre travail ! » dit d'un d'un ton cassant.

Raphaëlle le regardait attentivement, toujours crispée. Elle n'avait pas aimé son numéro de pervers, d'autant plus que cela lui avait fait perdre son temps. Et elle n'aimait pas qu'on lui fasse perdre son temps. Une journée n'avait que vingt-quatre heures, elle en dormait déjà six, voir moins parfois, elle en passait deux dans son allé-retour pour le travail, deux heures le soir qu'elle passait en compagnie de sa cobaye à domicile, temps pendant lequel, elles ne travaillent pas toujours sans oublier l'heure qu'elle mettait pour se lever et se préparer à partir. Il ne lui restait à peine plus de douze heures pour travailler. C'était affreux ! Alors perdre une demi-heure de son précieux temps, elle n'aimait pas ça. Mais une chose était sûre, si l'UDPH devait remettre une médaille de l'employée modèle, elle l'aurait eu ! Sauf si insulter son patron de pervers était éliminatoire pour une telle nomination, évidement.

« Bien... Où en étions nous déjà ? Ah oui... les dossiers du labo 5... »

« Je vous demandais ce que vous saviez des pratiques de mon laboratoire et si vous aviez connaissances de ses dossiers ? »

Il se contenta de garder le silence, comme d'habitude. C'était pratiquement mieux comme cela avec elle, ainsi elle ne pouvait pas vous rentrer dedans , à la charge, avec l'une de ses fameuses répliques mortelles. Bien sûr qu'il n'avait pas de problème d'attention. À vrai dire, Raphaëlle Focifère était son problème d'attention. Mais ça , il pouvait garder cela pour lui. Ça ne servait absolument à rien de se lancer dans une nouvelle discussion là dessus. Le Docteur était la femme, non, l'être le plus têtue qu'il connaisse. Il en avait maintenant la certitude.

"Le labo 5." Dit-il en même temps qu'elle avant de se taire à nouveau.

Ça allait être looooong!

"Eh! Bien non madame. Mais rendez-moi service, et renseignez moi."


Ça devenait difficile de trouver à chaque fois une formulation de phrase que Raphaëlle comprendrait tout de suite, sans double sens, sans métaphore. Il n'avait plus de temps à perdre. Cet entretien s'éternisait.

« DOCTEUR ! Pas madame ! Premièrement, je ne suis pas mariée et je n'en ai pas l'intention ! Et deuxièmement je suis titulaire de deux doctorats et par ce fait, Docteur est un titre ! Alors je vous serrais grée de respecter mes années d'études fructueuses en me nommant comme il se doit ! » dit elle froidement

« Bon, reprenons. Le labo 5 n'a pas pour but la chercher contre les monstres et les armes. Même si nous, enfin je, dois avoir une certaine productivité. Un contrat que j'avais passé avec Archie...bald Vasseur. »

Raphaëlle s'apprêtait à nommer le père défunt de son ancien patron porté disparu, comme elle le faisait dans l'intimité. Elle évitait de le faire en publique, mais parfois, le surnom qu'elle lui donnait ressortait. Après tout, elle avait été sa pupille. Elle balaya d'un revers de main sa gaffe, espérant que le colosse ne l'avait pas remarqué.

« Ce que j'essaye de vous dire, c'est que les recherches que j'ai menées sont dans le but de savoir ce qui peut se faire, ou non. Par exemple... saviez vous qu'il est possible de simulé les effets de la pleine lune ? Rendez-vous compte ! Si cette information venait à être connu de cette organisation de terroristes monstrueux... Vous imaginez le carnage que cela serait ? Je cherche ceux qu'ils cherchent, dans le but de savoir ce qu'ils peuvent trouver et pour avoir des solutions avant même qu'ils n'apprennent la porter la de science ! »

« Chaque de mes recherches est classé niveau 10. Vous savez, le niveau où seul le commandant et le maire ont accès ? Et bien moi aussi. Je suis accréditée au niveau maximal, plus que les gens qui siègent au conseil d'administration. »

« C'est la raison pour laquelle mon laboratoire n'est pas géré par la direction scientifique ou bien la militaire. Juste par le Commandant... Vous, malheureusement ! »

Une petite grimace lui échappa. Elle ne cachait pas son mépris, son manque de respect et son inimitié qu'elle ressentait pour lui. Elle n'était pas hypocrite. Dans un sens c'était plus pratique à gérer, au moins elle ne faisait pas dans le faux-semblant et Kobin pouvait savoir exactement où il en était avec elle. Et pour le moment, il était loin d'avoir ses faveurs.

‘’Oui. Oui. Docteur. Mon erreur.’’ Dit-il en s’envoyant une claque en plein front, dépassé par les évènements. ’Pardon’’

Elle lui avait déjà fait comprendre, quelque temps plus tôt, toute l'importance qu'avait ce titre pour elle. Mais Folsham trouvait qu'elle prenait peut-être cela un peu trop au sérieux.

C’est qu’il n’en viendrait jamais à bout! Est-ce que les Vasseurs avaient autant de problèmes à s’entendre avec Raphaëlle. Parlant des Vasseurs, Raphaëlle buta quelque peu sur la dernière syllabe du prénom d’Archibald. Kobin n’ajouta rien, mais fronça quelque peu les sourcils.

Après avoir porté une grande attention-comme à son habitude- à ce que la jeune femme avait à dire, il prit finalement la parole :

‘’J’ignorais tout cela en effet, docteur. Je prends conscience de l’importance de votre travail pour l’UDPH’’avoua-t-il, très impressionné. ‘’Mais , je ne vois pas en quoi cela pourrait changer quoi que ce soit à l’entente que j’aimerais passer avec vous .  Y-a-t-il autre chose que je devrais savoir?’’

Raphaëlle ne se prenait pas un peu trop au sérieux. Elle était carrément hyper sérieuse. Pour elle, son statut n'était pas discutable. Elle tenait à son titre. Peut-être parce qu'il lui avait été difficile de pouvoir étudier ? Ou qu'elle en avait marre d'être méprisée et traité comme une idiote. Elle était plus intelligente que les autres. Ils devaient lui montrer du respect pour ses capacités neurologiques extra-ordinaire tout de même !

« Notre entente ? C'est très simple. Je continue comme avant. Budget illimité, libre choix de mes recherches, priorités sur tous les cobayes de mon choix. Je garde mes droits, mes avantages. Oh et bien entendu en contre partie, je vous fournis au moins une arme, non létale, par trimestre. Ah j'oubliai que tout poison en création passera par mon labo pour créer l'antidote ! »

Elle s'adossa dans son fauteuil et tira une nouvelle grimace de douleur. Elle plaça sa main sur sa côte cassée. Puis elle lui lança un petit sourire, visiblement fière d'elle.

« Allons donc nous entendre ? »

''Mais vous ferez un effort, tout comme moi, afin de garder nos rapports ''civilisé'' , posés, polis et professionels en échange. Je voudrais éviter ce genre de différent à nouveau. J'éviterai moi-même de venir fouiner dans vos affaires. Vous vous adresserez à moi entendant que Commandant Folsham, et moi entends que Docteur Focifère.''

On ne pouvait pas aimer tout le monde. Kobin ne pouvait pas forcer Raphaëlle à l'apprécier, c'était évident. Mais elle était sans doute capable de passer au-dessus de cette animosité et ne pas laisser transparaître ses sentiments. Il ferait également des efforts de son côtés.

''Entendu.''
Le colosse tendit sa large main vers Raphaëlle, plantant son regard aux couleurs d'orage dans celui, bleu hypnotique, de Raphaëlle.

Quand Raphaëlle s'imagina nommer Folsham, Commandant, elle fit une grimace. Beurk. Elle avait le sentiment de faire acte de trahison au commandant Vasseur. Mais en attendant, il n'était pas là, iol était présumé mort. Que devait elle faire. Elle ne considérait pas cet homme en face d'elle comme son patron. Comme le commandant de l'UDPH. Le nommer ainsi aurait été mentir. Pourtant, il portait le titre. Mais elle estimait qu'il ne le méritait pas.

Elle se perdait dans ses pensées en regardant Kobin. Il devait sans soucis réussir à lire en elle, le conflit qui s'imposait dans sa caboche de génie. Mais savait-il qu'elle était incapable d'hypocrisie, de sarcasme et de mensonge ? Elle secoua finalement la tête. Non. ? Elle ne pouvait pas. Elle n'en était pas capable. C'est impossible pour elle. Elle soupira, se frôlant ses poumons contre sa côte cassée, elle grimaça cette fois-ci de douleur.

« Non... je ne peux pas. Je ne vous considère pas comme le Commandant de l'UDPH. Ce serait mentir que de vous nommer ainsi. Or, je refuse de m'adonner au mensonge ! Et puis bien sûr que je vous entends, je ne suis pas sourde! »

Elle regarda sa main tendue avec interrogation et croisa les bras sur sa poitrine, en se faisait à nouveau mal. Elle essaya de se garder une contenance, mais elle échoua assez vite avec un petit cri de douleur suivit d'un soupir de rage... Elle ne pensait peut-être pas, mais il était certain qu'elle avait un bien mauvais caractère...

Kobin grimaça, commençant à la trouver sérieusement moins drôle. Il ferma brusquement son poing et se redressa de toute sa hauteur colossale.

''Docteur Focifère, vous être foncièrement impossible'', grogna-t-il.

Il n'en pouvait plus. Il voulait bien faire des concessions avec elle mais si elle ne mettait pas du sien, à quoi bon. Vraiment, il se demandait comment Vasseur avait fait avant lui. Lorsqu'elle hoqueta un petit geignement de douleur, Kobin retrouva un peu de son sang froid . Il poussa à son tour un profond soupire.

''Faite comme bon vous semblera. Mais ne vous mêlez plus de mes affaires.''

Il pensa notemment au jour où Raphaëlle s'était exposée au danger, pour sauver son cobaye harpie. Plus de peur que de mal, mais bon sang! Il l'aurait étriper.

''Et tâchez simplement de me montrer un minimum de respect, la prochaine vois que nous nous croiserons. Cet entretient est terminé.''

Eh! Bon vent! D'encore plus mauvaise humeur qu'à son arrivée, Kobin se dépêcha d'atteindre la sortie.

Raphaëlle regarda son nouveau patron perdre une nouvelle fois son sang froid. Il débina une suite de mots n'ayant aucun sens entre eux. Il faut croire que quand cet homme était en colère... il en perdait son Ténébrissois ! Elle leva les yeux au ciel, agacé que ce dernier ne fusse pas assez intelligent à son goût. Dire que Vasseur lui la comprenait... et qu'elle le comprenait. Si elle se mettait à penser qu'elle aurait besoin d'un mode d'emplois pour comprendre cet homme là, lui avait besoin d'une notice illustrée voir même d'une encyclopédie pour réussir ne serait-ce qu'à communiquer avec elle. Le pauvre. Dommage qu'elle ne ressentait aucune compassion.

« Vos propos sont-il toujours aussi incohérents quand vous vous énervez pour un rien comme ça ? Vous avez pensé à voir un psychologue ? Ou un orthophoniste ? Il est inquiétant de voir que l'organisme le plus secret du gouvernement est géré par un impulsif, colérique, dyslexique... »

Elle s'affala dans son fauteuil avec calme en posant une main sur ses côtes endolories. Elle le regarda droit dans les yeux. N'ayant pas conscience du danger, elle n'imaginait pas que le Commandant pouvait la briser comme un morceau de sucre avec un marteau. Heureusement pour elle qu'en réalité, l'homme, qu'elle provoquait inconsciemment, était la personne qui avait peut-être le plus de sang froid de toute la Ville.

« Je ne vois pas pourquoi vous pensez que je veux faire des nœuds dans vos affaires et que je les emmêle... quant au respect... Il va s'en dire que ce sera pas facile. Pour ça il faudrait que je vous trouve respectable. Mais passons. Disons que si nos échanges restent à leurs stricts minimums, simple et cordiaux, il n'y aura pas de soucis, je pense... J'enverrais mon assistant quand j'aurais besoin de vos signatures... Moins nous nous verrons, mieux ce sera pour nous deux je pense ! »