[ABANDONNE]Trafic, deal et accord en tout genre. [PV]

On ne pouvait pas dire que le lieu était idéal pour les rencontres. Mais Raphaëlle n'était pas ici pour ça. Elle avait un but bien précis. L'heure de son rendez-vous n'était pas encore passée. Elle attendait. Vêtue comme à son habitude d'une jupe longue et d'une paire de bottine noire à talon, elle portait en plus une capeline en coton sombre. Elle avait rabattue sa capuche sur le sommet de son crane à cause d'une fine bruine et regarda sa montre. Constatant son avance plus que certaine, elle s'assit sur un banc en pierre. Une fois que son modeste postérieur fut installé ses jambes se balançaient dans le vide. Elle pesta. Ça se voyait assez comme ça qu'elle était petite debout sur ses chaussures à talons, mais installée de la sorte elle ressemblait plus à une enfant qu'autre chose. Elle finit par laisser tomber et sortit sa tablette de son sac et en bonne fanatique du travail qu'elle était... elle s'y plongea.

Markus marchait rapidement dans une ruelle étroite menant à la place du marché. Une fine bruine commençait à tomber, la ruelle était légèrement éclairée par le néon bleu du bar L'Effluve. Il était en avance sur le rendez vous et avait encore le temps de trouver un poste d'observation avant de prendre contact avec son client. Il ferma sa veste officier et enfila des gants en cuir  puis se hissa sur un pilier à l'entrée du bar. En s'appuyant sur les reliefs du mur, il accéda au toit. Il marcha prudemment sur les tuiles rendues glissantes par la pluie puis arriva face à la place du marché.

Il vit alors son client ou plutôt sa cliente assise sur le banc de pierre, au coin nord ouest de la place, emplacement qu'il donnait habituellement pour les rendez vous à ses clients et qu'il réservait en payant quelques clochards. Un léger sourire se dessina sur son visage. Il se dit que l'affaire n'allait sans doute  pas être très compliquée, elle ressemblait à une ado avec ses fringues gothiques, sa tablette et son mètre cinquante. Restait à savoir si elle avait les moyens de se payer ses services. Il fit demi tour, repris la ruelle par laquelle il était arrivé et traversa la place du marché en direction de sa cliente. Arrivé au banc de pierre, il s'assis simplement à côté d'elle et alluma une cigarette.

Sans qu'elle s'en rende compte, une personne s'était installée à côté d'elle. Elle ne le remarqua que lorsque la fumée de sa cigarette eue atteint ses narines. Elle se rendit compte soudain qu'elle avait elle aussi, envie de fumer. Elle jeta un regard rapide en haut de son écran, l'heure du rendez-vous n'était toujours pas passée. Elle se redressa et tourna sa tête vers son voisin. Elle le regarda en espérant qu'il ne gène pas la transaction qui aurait lieu... il faudra surement qu'ils partent ailleurs avec son dealer. Il était visiblement marginal. Ses dreadlocks blanches contrastaient pas mal avec sa peau café au lait. Un métisse sans nul doute. Elle ne se dit pas une seule fois qu'il aurait pu être celui qu'elle attendait; Elle imaginait plutôt un homme brun, la peau mate et type un peu latino. Le genre de type tatoué de partout vétu d'un perfecto en cuire sur une moto puissante. Bref... loin de l'image de celui assis à côté d'elle.

Elle rangea doucement sa tablette dans son sac et sortit son paquet de clopes. Lorsqu'elle essaya son briquet celui-ci avait visiblement rendu l'âme. Elle pesta. Elle le secoua, le maltraita et fini même par l'insulter. Dans un élan de colère digne d'un fumeur en manque, elle jeta ce fichu truc inutile dans la poubelle non loin d'elle. Elle marqua un panier... Elle se tourna vers son voisin à nouveau...

« Question de vie ou de mort... je sais que je vous dérange mais... il me faut du feu... » dit elle la clope sur le coin des lèvres

Il remarqua du coin de l’œil que la jeune femme le dévisageait sans gêne. Il jucha sur son nez des lunettes de soleil de forme rectangulaires à l'intérieure desquelles était fixé un film réflectif. Il s’apprêta à ouvrir la bouche lorsqu'il la vit engager une espèce de monologue avec son briquet avant de le jeter avec une surprenante réussite dans une poubelle. Elle avait un beau visage aux traits doux qui contrastaient avec ses gestes brusques et incessants.

Il reteint un soupir. Il ne savait pas trop quoi penser de cette cliente et commençait à se demander s'il ne perdait pas son temps.  Il se dit aussi qu'elle était peut être simplement stressée ce qui pouvait l'avantager dans sa transaction. Il lui tendit son briquet et lui dit doucement:

" Tenez, vous pouvez le garder."

Il tira encore quelques bouffées sur sa cigarette. Il se laissait le temps de finir celle ci pour se faire une idée quant à l'opportunité d'une transaction.

Raphaëlle prit le briquet que lui tendit l'homme à côté d'elle. Ses doigts fins de scientifique effleurèrent sa main forte. Si son visage resta impassible elle apprécia néanmoins ce contact insolite. Après avoir allumé sa cigarette elle aspira à fond une bouffé de fumée et la recracha doucement. Elle savoura. Ses envies de clope arrivaient de façon très spontanées. Elle aurait très bien pu rester sans fumer pendant plus de douze heures d'affilées, mais parfois une simple stimulation olfactive suffisait pour qu'elle en ai besoin d'une immédiatement.

« Ça c'est vraiment cool de votre part... » Elle n'était pas une inconditionnelle des formules politesse. Cependant, elle savait exprimer sa gratitude. Et c'est ce qu'elle avait essayer de faire. Elle jeta un coup d’œil à sa montre. Il était l'heure. Son contact serait-il en retard? Aller t-il venir? Elle fit une moue légère avant de se tourner vers son bienfaiteur.

« Au faite moi c'est Raphaëlle! »