[Fini] Un Samedi à la plage

Raphaëlle était sorti de la clinique depuis à peine quelques jours, après presque deux semaines d'hospitalisation forcées. Restée assise à presque rien faire l'avait presque épuisée. Elle avait besoin de se défouler. Et puis elle allait bientôt reprendre le travail. Raie n'avait surement pas eu d'algues depuis presque trois semaines et elle savait que pour sa survie des produits frais issus de la mer lui étaient indispensables. Contentieuse, elle veillait sans arrêt à la préservation de ses cobayes. A sa façon à elle, elle les aimait beaucoup. Elle avait plus d'affinité avec eux... qu'avec les humains qu'elle fréquentait. Peu d'ami, trop attirer par son travail pour s'en faire de toute façon... Les personnes qu'elle fréquentait le plus c'était eux, en dehors de son assistant bien sûr, qui la subissait plus qu'autre chose.

Bref c'était samedi. Elle retournait au boulot le lundi et ce dimanche elle devait encore se coltiner habituel un brunch familial qui se déroulerait dans une ambiance exécrable. C'était donc le seul moment où elle pouvait s'occuper des algues. Equipée d'une glacière rose flashi, offerte bien sûr par sa mère, de pain de glace et des récipients en tout genre, Raphaëlle marchait sur le sable. Elle avait retiré ses bottines noires qu'elle avait glissés dans sa grosse besace, plus grosse qu'elle d'ailleurs. Elle avait un peu de mal à marcher avec son équipement quelque peu encombrant. Elle passait devant les bungalows privés pour se rendre sur une petite crique déserte peu connus des humains, fréquentée d'après les dires de Raie par les Ondines... Mais juste que là, elle n'en avait jamais rencontré d'autre. Dommage, elle aurait pu les étudier en liberté aussi... ça aurait pu être intéressant.

Le sable, c'est beau. Mais marcher dedans, pieds nus, avec une jupe trop longue c'est l'enfer. Enfin infernal. Et puis bon, faut avouer une chose, Raphaëlle Focifère n'était pas, et de loin, la personne la plus habile du monde. Chargée comme une mule, des sacs plus gros qu'elle et ses mouvements entravé par le lin sombre de son habillage, il n'y avait pas beaucoup d'option possible sur ce qui allait se passer dans un futur proche. Très porche.

Et c'est en une faction de seconde que la proximité du sable doré et du visage de la rouquine, ne devient non plus, un futur proche, mais un présent embarrassant... Elle lâcha ses affaires qui s'éparpillèrent autour d'elle. Sa besace se vida. Porte feuille fantaisie en ski de mauvaise qualité, porte monnaie en forme de cœur, stylo, calepin, des outils de scientifiques, comme des éprouvettes, des fioles aux liquides étranges et même des boites de seringues...

Après avoir avalé quelques grains de sables, Raphaëlle se redressa, en crachant ce qui lui restait dans la bouche, grimaçant comme pas possible.

Le sable c'est beau...mais qu'est-ce que c'est dégueulasse !

"Oh mince !"

Alec vit cette élève de l'Université tomber sur le sol tout en mangeant du sable et il fut sur ses pieds aussi vite qu'on peut le dire. Il se mit à courir à l'intérieur du bungalow, laissant sa lecture sur le porche, et attrapa une bouteille d'eau du frigo. Il repartie vers l'extérieur, en courant toujours, et arriva vite à sa hauteur. Il ouvrit la bouteille et la lui tendit.

"Vous ne vous êtes pas fait mal ?"

Il s'accroupit et commença à ramasser quelques affaires en les époussetant et les mit dans la besace. Cependant, il ne voulait pas se montrer envahissant et le fit doucement tout en gardant un œil sur elle. La pauvre, il pouvait se mettre à la place et le sable dans la bouche était peut-être une des pires expériences qu'on pouvait avoir, surtout quand on écrase quelques grains entre ses dents par mégarde. Il leva finalement les yeux sur elle tout en continant à retirer le sable de ses effets pour vérifier qu'elle allait bien.

"Vous avez besoin d'autre chose ?"

Raphaëlle grimaçait comme pas possible. Subitement comme par magie, une bouteille d'eau vint à sa rescousse. Sans chercher à comprendre plus longtemps, nécessité faisant loi, elle l'attrapa, dévissa le bouchon et versa le liquide dans sa bouche, qu'elle recracha aussi sec. Elle recommença l'opération deux fois, le temps que toute trace de sable en milieu buccale ai disparu. Elle leva les yeux vers le personnage qui lui avait rendu service.

« On se connaît non ? » dit elle fonçant les sourcils.

En effet cet individu lui rappelait clairement quelqu'un. Elle se mit à espérer que ce n'était pas un type d'un soir qu'elle avait ramassé dans un bar. Elle n'aimait pas les revoir la plupart du temps. Elle était donc à cent lieux de s'imaginer qu'elle avait en face d'elle un professeur de l'université.

Alec resta impassible lorsqu'elle se lava la bouche et crachant proprement le reste de sable. Après tout, il aurait fait de même et il lui avait donné la bouteille d'eau à cet usage. Il se sentait un peu gêné de la déranger dans un moment intime mais il la laissa faire sans intervenir en époussetant toujours ses effets. Il ne croisa son regard que lorsqu'elle s'adressa directement à lui et il venait juste de finir de tout ranger dans la besace.

“Heu oui mais pas personnellement. On se croise des fois dans les couloirs de l'Université.”

Il se redressa en laissant le sac à ses pieds et se frotta les mains sur ses hanches pour faire tomber les quelques grains qui étaient resté coincés sur ses doigts. Non, Alec n'était pas un coup d'un soir que Raphaëlle avait croisé un soir, il était juste un habitué des institutions de Ténébris et il ne couchait pas avec les étudiantes. Enfin, pas avec celle qu'il risquait de croiser de temps en temps.

“J'y enseigne, enfin je suis prof là-bas. Mais vous ne m'avez pas répondu. Vous n'avez pas mal ?”

Il lui sourit en voyant qu'elle avait encore du sable sur le menton et lui fit signe du doigt que c'était le cas.

Raphaëlle s'essuya le menton, qui comme le lui avait silencieusement indiqué l'homme en face d'elle, était plein de sable. C'est l'horreur le sable. Ça se glisse partout. Sous les vêtements, dans les sous-vêtements... les cheveux. Elle regarda ensuite son sauveur.

« Ahh... vous me rassurez ! Je pensais qu'on avait couché ensemble ! » dit comme si elle avait dit qu'elle croyait l'avoir vu au travail. « Oh, non je ne crois pas. Le sable aussi désagréable qu'il puisse être, a bien amorti ma chute. Je peux au moins être contente de ça ! »

Elle se releva avec quelques difficultés et essaya tant bien que mal de retirer le sable sur sa jupe d'un revers de main. Elle abandonna rapidement en se disant que de toute façon, vu qu'elle en avait aussi dans la culotte et son soutien-gorge, elle n'était plus à ça près. Elle leva la tête vers lui.

« Oh vous êtes professeur ! De quoi au juste ? » dit elle avec une curiosité non feinte.

Sans être un sauveur, Alec était content d'avoir pu aider une damoiselle en détresse. Il la regardait intensément lorsqu'elle lui parla. Il resta un peu bloqué par sa réaction. Ah donc elle pensait qu'ils avaient couché ensemble ça en disait long sur son style de vie mais Alec ne jugeait pas. Lui aussi ne se souvenait pas de tous les visages...

“Non, je ne pense pas qu'on est déjà été aussi intime.”

Elle le questionna sur son métier et il sourit de plus belle. Il aimait parler de son travail, peut-être plus que n'importe quoi, mais il s'emportait parfois et en faisait trop. On lui avait assez dit donc il prenait le sujet avec des pincettes.

“C'est pas très passionant. J'enseigne la psychologie en degré et master.”

Il regarda tout le barda qu'elle se trainait et resta sceptique.

“Vous allez loin avec tout ça ? Je peux vous aider à porter vos sacs ?”

Il tourna la tête vers ses papiers, toujours sur le porche du bungalow et essaya de se rappeler mentalement de rentrer ses documents avant de partir. Si elle avait besoin d'aide bien sûr.

Raphaëlle regarda tout son barda. C'est vrai qu'elle était chargée. Mais, pouvait-elle faire confiance à cet homme. En même temps, ce n'était pas l'heure où les ondins étaient de sortis. S'ils allaient ensemble à la crique, il n'en verrait pas, ainsi le secret serait préservé.

« Oh... je ne ai rien contre un peu d'aide, je vous avoue Professeur, mais je ne voudrais pas que vous vous sentiez obligé. » dit doucement.

Quand elle entendit quelle matière il enseignait, elle fut déçue. Elle ne jugeait que par la science, il fallait bien le dire. Donc une filière aussi peu concrète que la psychologie était pour elle vraiment... inutile.

« Oh... en effet. Ce n'est vraiment pas passionnant ! Vous avez raison. Mais pourquoi donc enseignez vous cette matière, surtout si vous ne la trouvez pas passionnante ? » demanda t'elle interrogative

(HJ : promis, je la croise en vrai, je lui mets une claque XD)

“Ne vous inquiétez pas, ça me fait plaisir. Et je vous en prie ne m'appelez pas Professeur, mon nom est Alec, Alec Kane.”

Il se souvint qu'il avait encore tous ses papiers à ranger et il faudrait qu'il les dépose à l'intérieur avant de se mettre en marche. Il sortit les clés de sa porte et les garda en main afin de ne pas oublier. Il remarqua qu'elle semblait déçue de la matière qu'il enseignait et ça ne le surprenait absolument pas. Beaucoup de personnes étaient dans ce cas à chaque fois qu'il en parlait. Personne ne s'intéressait à la Psychologie. Personne à part lui et ses étudiants... Efnin au moins les dernières années.

“Les autres trouvent cette matière ennuyeuse  mais pas moi. Je disais que généralement ce n'était pas passionant pour les autres... Rester ici je reviens dans une minutes.”

Il tourna les tâlons et gagna le porche. Là, il attrapa ses papiers et les déposa à l'intérieur du bungalow puis ferma la porte à clés, les rangea, et revint vers la charmante jeune femme. Il attrapa la besace et la glacière et lui fit face.

“Alors vous allez où comme ça. Un pique nique ?”

Raphaëlle écouta Alec parler. Il ne souhaitait pas se faire appeler professeur ! Que cela était étonnant. Il s'agissait d'un titre pourtant, il était normal que les gens le nomment de la sorte. Si elle ne se pliait pas aux conventions, celle-ci en revanche, elle s'y conformait. Elle nommait les avocats et collègues de son père ''maîtres''. Bref, elle le regarda s'éloigner et l'attendit donc patiemment. Quand il revint il lui prit ses affaires.

« Non je ne vais pas pique niquer voyons ! Je vais chercher des algues particulières pour mon... euh une connaissance professionnelle qui est océanologue ! » dit elle en se reprenant au milieu de sa phrase.

Elle ne mentait pas. Raie avait été océanologue avant de commettre un meurtre et que l'UDPH lui tombe dessus. Et il était une connaissance, du travail. Rien que des vérités. En revanche, il était rare de voir des étudiants avoir déjà un travail. Certains avaient de stages, surtout pendant les vacances, mais rare étaient ceux qui avaient un vrai métier.

« ... et pourquoi vous ne voulez pas que l'on vous appelle Professeur au faite ? C'est un titre que vous avez sûrement mérité. Il est honorable de se faire nommer ainsi ! Moi, personnellement, je ne tolère pas que l'on m'appelle Mademoiselle Focière ! » dit avec un grimace

... En effet Raphaëlle n'était plus Mademoiselle depuis presque dix ans. Si l'homme en face d'elle ne la connaissait pas plus que ça, il ignorait sûrement qu'elle était la seule élève de Ténébris à être autant diplômé, soit deux doctorats, quelques masters... et elle devait passer une licence à la fin de l'année. Sur-diplômée par curiosité et pour prouver sa valeur.

La jeune femme sortait un peu de la norme. Elle s'exprimait comme si tout était une évidence et que ce qu'elle faisait ou pensait était normal et que tout autre personne aurait fait de même. En fait c'était plutôt normal de voir ceci en la scientifique, il n'allait pas lui faire l'affront de la diagnotiquer sur un plan psychologique mais il était une certitude qu'on pouvait attacher certains syndromes et complexes à sa condition.

Il l'écouta parler jusqu'à la fin et ne fit que acquieser lorsqu'elle mentionna les algues. Cependant, il faillit exploser de rire lorsqu'elle continua de parler, ça allait être une cueillette d'algues épique.

“En effet, c'est un titre et je l'ai mérité mais je ne l'impose presque pas. Ou juste à mes élèves et seulement durant les heures de cours. Le titre ne fait pas l'homme, comme dirait l'autre.”

Il se tenait toujours debout devait elle et lui fit signe de le guider vers leur destination. En revanche, il reconnu le nom de famille de la jeune femme.

“Ah mais c'est vous le Docteur Focifère ? Mais j'ai entendu parlé de vous ! Oh le flanc que ça a fait en salle des profs il y a quelques années... Je me souviens plus des détails mais vous aviez pas ordonné à vos professeurs de vous appeler Docteur ?”

Il se souvenait pas de tout, et certainement pas dans les détails mais les personnes en question avaient vraiment péter un cable, complet. Et cette Docteur était connue pour rappeler à ses professeurs d'Université qu'elle avait plus de diplômes qu'eux ce qui avait le don d'énerver tout le monde.

Raphaëlle écouta Alec et se stoppa net. Elle pencha la tête sur le côté. Elle ne comprenait pas tout.

« Eh quel autre ? Et pourquoi vos collègues mangés un flan parce que je voulais que l'on me nomme par mon titre ? Je suis pas sûre de tout comprendre... Ce que vous dites n'est pas du tout logique ! Et vos élèvent arrivent à comprendre eu vos cours ? »

Eh non, la très intelligente Raphaëlle Focifère ne comprenait ni métaphore, ni expression ni second degré. Il était difficile d'imaginer cela possible. Qui ne comprenait pas ce genre de chose ? Il n'y avait qu'elle qui était aussi perchée pour ne pas être sur la même longueur d'onde que les autres.

(HJ: oO désolée il est pas top...)

Alec fut surpris de sa réaction. Il la regarda pencher la tête sans comprendre ce qui lui arrivait. Il lui fallut repéter plusieurs fois dans son esprit ce qu'elle venait de dire avant de réaliser ce qui se passait et ce n'était pas une mince à faire. Il dû se faire violence pour ne pas exploser de rire et pouffer comme un imbécile avant de commencer ses explications.

“C'est vrai vous avez raison, c'est pas logique. Se sont des expressions... Comme disait l'autre c'est une phrase qu'on dit comme ça. Mince c'est quoi le mot ? … Ahh oui, idiomatique. C'est une expression idiomatique, complètement inutile qu'on rajoute en fin de phrase.”

Il se gratta un peu la tête en continuant:

“Faire un flanc c'est une autre expression. Dans votre cas, les professeurs ont fait un flan dans le sens qu'ils ont donné plus d'importance que nécessaire à cette histoire. Ils ont parlé de ça pendant des heures et même des jours. Ils auraient juste dû mettre leur orgueil dans... heu... Ils auraient juste dû respecter votre titre et vous appeler Docteur sans rechigner.”

Il haussa les épaules et esquissa un fin sourire lui signifiant qui avait fini.

Raphaëlle fronça les sourcils en essayant de comprendre, mais pour elle, c'était vraiment... du vrai kamoulox. A la limite l'expression ''l'autre''... ça passait, mais le truc des professeurs d'université... non elle avait du mal. Pourtant, elle s'accrochait.

« Bon vous savez quoi ? Je ne vais pas chercher à comprendre vos collègues. S'ils veulent faire un flanc parce qu'ils sont trop orgueilleux, c'est leur droit ! Moi je m'en fiche ! Mais ils auraient dû faire des cookies plutôt ! J'adore les cookies ! Pas vous ? »

Elle continua à avancer et pointa du doigt un rocher un peu plus loin sur la plage.

« Il y a une superbe crique là bah. Il y a les algues dont j'ai besoin. Vous allez voir, c'est vraiment surprenant ! Et puis le paysage y ai superbe. »

En effet, d'autant plus surprenant, c'était que cette zone était interdite. Un panneau l'annonçait clairement en toutes lettres, rouges et grasses. INTERDICTION D’ACCÉDER A LA ZONE, (sauf personnel autorisé). Ce lieu était peu fréquenter, même par les gens de l'UDPH, c'était pour cette raison qu'on pouvait y trouver des bancs d'ondins. Mais à cette heure là, il y avait peut de chance d'en voir, puis elle contait bien faire un raffuts du feu de dieu, pour pas que l'humain en sa compagnie les voit.

"Vous avez raison... Ils sont vraiment difficiles à comprendre des fois."

Il préféra couper court à cette conversation tout en essayant d'analyser que que le Docteur ne comprenait pas. Alors... Images, métaphores, expression populaires étaient à éviter à tout prix. Il ne voulait pas la mettre dans une situation d'incompréhenssion et devait faire attention lorsqu'il parlait avec elle. Ca allait pas être de la tarte. Heuu enfin, ça allait être dur. Alec aimait s'exprimer en images et expliquer son point de vue avec ses propres mots. Passer à un langage plus simple allait le restreindre dans sa façon de parler et donc de penser et ça il n'aimait pas...

Il continua de marcher avec elle. Le temps était clément et ils avançaient à un bon rythme sans pour autant se presser. Doucement, les petits groupes profitant leur week-end se firent moindre et cette partie de la plage devint déserte. Il n'y avait plus personne autour d'eux sauf un panneau d'interdiction d'entrer. Sans pour autant être gêné d'enfreindre les règles, il n'était pas à 100% d'accord avec le concept, sauf si c'était pour assouvrir ses propres envies ou besoins.

Il regarda la demoiselle, mais cette dernière continuait sa route. Il sourit tout en la rattrapant:

"Ca vous arrive souvent d'aller sur des plages interdites avec des Professeurs d'Université ?"

Autant faire un peu d'humour avant de commencer le ramassage d'algue... Appétissant comme hors-d'oeuvre..

Raphaëlle hocha la tête quand Alec lui donna raison. Bien sûr ! Les professeurs en général étaient difficiles à comprendre. Pourquoi donc s'enfermer dans une salle de classe avec pour compagnons une bande d'élèves ignorants, alors qu'il y avait tans de choses à travers le monde à découvrir ? Alors qu'ils s'approchaient de la zone interdite, l'homme à ses côtés posa une drôle de question. Elle leva le regard vers lui.

« Bien sûr que non. Je ne suis même pas habituée à me promener avec l'un d'entre vous, ni sur la plage si ailleurs. Et puis cette zone ne m'est pas interdite... » dit elle comme si elle était au-dessus des lois...

Alec se trouva comme deux ronds de flan lorsqu'elle lui parla. Elle était vraiment bizarre pour une étudiante... Comment était-il possible de faire ou d'en savoir autant ? De poser tant de conditions et de se croire si au dessus de tout... Elle avait un gros complexe... Et non ! Il ne faut pas la juger, elle pourrait bien avoir ses raisons.

“Comment ça ? Votre ami océanologue vous a donné une autorisation spéciale ?”

Il était un peu perdu. Cette fille n'était pas normale, enfin, les autres femmes n'étaient pas comme elle. Il était perdu... Et ils arrivaient à la crique en question. Soudainement, son esprit lui envoya une question auquel il n'avait pas encore pensé...

“Au fait, vous étudiez quoi à l'Université ?”

« La chimie, Professeur ! » dit elle en se tournant vers lui.

Un petit blanc s'installa. La question était simple et incomplète à dire vrai. Il était donc normal que Raphaëlle ne réponde qu'à ce qu'elle entendait. Mais elle était loin d'être stupide. Perchée, paumée, complètement à côtés de ses pompes (puisqu'elles étaient dans son sac... XD), mais sûrement pas idiote. Un sourire lumineux de dessina sur son visage espiègle.

« Mais je présume que la question que vous vouliez me poser était plutôt, 'Quels sont vos diplômes et pourquoi donc continuez vous à étudier dans l'Université...puisque vous êtes déjà extrêmement intelligente ?' n'est-ce-pas ? » dit elle sans aucune ironie ,avec son plus grand sérieux. Non elle ne se sentait pas prétentieuse. Elle ne faisait qu'énonçait un fait. Elle était une des personnes les plus intelligentes de Ténébris.

« Pour répondre à la question que vous ne m'avez pas posée, je suis en licence de Chimie. Je suis titulaire de deux doctorats en physique, d'un master en biologie organique et d'un autre en biologie moléculaire. C'est l'entreprise pour laquelle je travaille qui finance mes études. Je suis chercheuse. Et quand je cherche... je trouve ! » dit elle le plus naturellement du monde.

« Et non mon ami... si vous tenez à la nommer comme ça, ne m'a pas donné une autorisation... je l'ai de part le poste que j'occupe au sein de mon travail... Et si un groupe de gardes dépourvu d'intelligence venait à nous stopper l'accès... Je pense que mon patron... leur ferait sérieusement regretter cette excès de zèle... ni plus, ni moins ! Quant à vous... si je donne mon aval pour que vous rentriez avec moi... je doute que mes supérieurs y trouve à redire... »

Pensez vous ! Même les directeurs scientifiques au sien du conseil d'administration de l'UDPH craignait ses colères. Et puis le plus étrange, c'était que le Commandant lui laissait facilement carte blanche pour tout ce qu'elle voulait... Même si elle se demandait comment ça se faisait qu'elle n'ait toujours pas eu cette fameuse carte blanche... Bah la paperasse... ça mettait toujours un temps fou à se faire !

« Allons ! Venez donc, vous allez voir, la vue sur le large est vraiment belle de là bah ! »

La Chimie, tiens... Il sentait bien qu'elle était une tête. Lui même n'avait jamais eu de prédispositions pour les sciences et n'avait jamais essayé de le cacher. Il était toujours admiratif de ce genre de personnes et ne le cachait pas. La jeune femme était vraiment particulière. Il était assez intuitif envers les gens mais il avait du mal à la cerner. Était-elle fière ? Vantarde ? En décalage total avec le monde, us et coutumes ? Il n'avait pas encore arrêté son jugement mais elle sortait certainement de la norme.

Il l'écouta parler en marchant à ses côtés et souriait finement sans se moquer, réalisant qu'elle était beaucoup plus importante qu'une simple étudiante qu'il croisait de temps en temps dans des couloirs. Elle avait peut-être mérité la façon dont elle se comportait et sa vision d'elle même. Elle avait plus de diplômes que lui... Plus que la plupart de ses collègues en fait.

“Docteur... Vous travaillez et étudiez en permanence. Ça doit vraiment vous occuper tout votre temps libre. Pourquoi continuer à passer encore plus de diplômes alors que vous êtes plus que qualifiée pour votre travail ?”

Il savait qu'il n'y arriverait pas. Entre les cours, ses recherches et ses occupations, il n'avait pas de temps libre. Il n pourrait jamais continuer à travailler tout en passant un autre diplôme. Elle devait vraiment être passionnée pour faire ce genre de chose et dépasser ses limites.

Il la suivit dans sa marche vers cette partie de la plage et regarda tout autour de lui en arrivant vers l'endroit qu'elle lui indiquait. Il marcha vers la rive et déposa le barda de la jeune femme à côté d'elle. Tout en savourant les rayons du soleil sur son visage, il regarda autour de lui appréciant le paysage qui se présentait à lui. Il regardait les vagues qui s'échouaient sur la berge et une idée lui vint. Il enleva ses chaussures et ses chaussettes et regarda Raphaëlle droit dans les yeux.

“Vous vous êtes déjà enfoncée dans le sable pour vous amuser ?”

Raphaëlle ouvrait la marche. Très vite, elle et le professeur de psychologie arrivèrent à bon bon port...enfin à la bonne crique. C'était vraiment un lieu magnifique ! Et puis rare étaient les humains qui foulaient le sable de leurs pieds. Il n'était pas rare d'y trouver des ondines, d'ailleurs d'un simple regard, son oeil connaisseurs et exercés y trouva des traces. Quelques coquillages rependus sur le sol, percés et formant des colliers pour la pluspart. D'autres écailles aux couleurs étonnantes. Oh rien qui puissent prouver à un humain qui ignorait tout du vrai secret de Ténébris et surtout des us et coutumes de ses créatures maritimes. Quant à elle... elle aurait dû signaler ce lieu comme point de ralliement. Mais elle avait promis à Raie de ne rien dire. Et si elle avait promis... Raphaëlle ne mentait pas ! Elle posa sa besace et se tourna vers l'universitaire.

« Mon temps libre ? Quel temps libre ! Mon travail est ma passion ! Rien d'autre ne m'intéresse. Oh quand je m'ennuie... je lis des magazines scientifiques... sur un peu tous les sujets. Les plus divertissant sont ceux qui traitent anthropologie... Vous savez l'étude des ethnies. Je suis consciente que cela ne sert à rien et que c'est une perte de temps. Mais je ne sais rien faire d'autres que d'étudier. » Elle se rapprocha de lui. « Je sors tout juste d'une trop longue hospitalisation. J'ai été agressée et j'ai souffert d'une sévère anémie. Et il s'avère que j'ai récemment outre passé mes droits et que je ne me suis pas soumise au protocole. J'ai écopé de trois semaines de mise à pied au total... Je ne me suis jamais autant ennuyée de ma vie... Quoique... je suis sûre que mon médecin a vraiment regretté son entêtement à me garder de force. » Elle secoua la tête en riant. Le pauvre ! Un peu plus et il aurait fini chèvre ! Elle l'avait fait tourner en bourrique ! Le comble pour un grand méchant loup !

Elle releva un pan de sa longue jupe, ne dévoilant pas plus que ses mi-mollets. Elle les glissa dans l'eau froide et frissonna. Si le temps était encore clément pour la saison, la température maritime c'était bien refroidit. Les ondines ne tareraient pas changer de lieu pour rejoindre les courent d'eau chaude.

« S'enfoncer pour s'amuser dans le sable ? Je ne suis pas sûre de comprendre ce qu'il y a d'amusement dedans ! » dit elle étonnée.

Raphaëlle ne jouait plus depuis ses douze ans. Grandit trop vite, trop intelligente et ayant une soif insatiable de connaissance, elle ne s'amusait que devant la médiocrité des autres. Parfois des blagues en langages binaire noté souvent sur les T-shirt de son assistant, la pliait même en deux ! En dehors de ça, elle ne s'amusait pas. Oh... si elle s'amusait aussi en embêtant Maël ou bien Jonas. Les énervaient l'amusait. En dehors de ça, elle ne jouait pas. Elle étudiait tout ce qui l'entourait. Le concept de jeu lui échappait totalement.

Ah ben oui, elle vivait vraiment de sa passion et ne laissait rien entre travers de sa route. Sauf le sable qui l'avait ralenti un tantinet ce matin là. Bref, elle vivait pour son travail et rien d'autre. Il se sentit mal pour elle lorsque son état de santé rentra dans la conversation et son empathie prit le dessus. Une agression était un sujet grave et il se sentait mal pour elle. Il n'avait jamais vécu d'agression ni de mise à pied mais il pouvait comprendre combien elle avait pu s'ennuyer. C'est ce qui arrive quand on a pas de hobbies. Mise à part embêter son médecin.

Il rit avec elle, de bon cœur, tout en imaginant combien son docteur avait dû souffrir. Elle semblait aller mieux même si elle était un peu maigrichonne quand même. Il lui fit remarquer qu'il était content qu'elle soit sauve, préférant ne pas poser de questions sur cet épisode traumatisant de sa vie.

Décidément, c'était un sacré numéro cette fille, elle manquait tout de même de fantaisie.

“Croyez-moi quand j'étais gamin c'était amusant. Je me demande si ça l'est toujours...”

Il retroussa son jean et avança vers l'eau. Après plusieurs secondes à rester immobile, il se sentit s'enfoncer dans le sable doucement. Un sourire lui vint aux lèvres lorsque ses doigts de pied disparurent mais il ne ressenti pas le même plaisir que lorsqu'il était petiot. Il soupira un instant et haussa les épaules.

“Ben non... Faudra que je me trouve un autre passe-temps à la plage. Alors ces algues, ils ont quoi de particulier ?”

Il regarda un peu autour de lui, dans le paysage impressionnant de cette crique, savourant ce Samedi de repos. Il vit quelques coquillages bizarres et s'arrêta net. Il n'avait pas l’œil expert de la scientifique ni son habitude à identifier les signes mais il connaissait ces coquillages et ces écailles. Il ne s'était jamais vraiment intéressé à ces phénomènes marins dont son cercle d'amis lui avait parlé mais il avait déjà vu semblables signes sur les étagères d'un de ces derniers. Lui, s'intéressait aux signes en ville, mais les créatures maritimes le dépassait complètement... Pour le moment.

Il resta figé sentant soudainement une excitation enfantine le gagner. Et un nouveau passe-temps à la plage, un !

Raphaëlle riait en coeur avec le professeur. Puis elle l'observa attentivement, pendant qu'il lui racontait combien c'était très drôle de s'enfoncer dans le sable. Elle leva un sourcil, croisa les bras sur sa poitrine attendant de voir ce qu'il allait ce passer. En effet, comme prévu, la réaction entre l'eau, le sable et le poids d'Alec ne se fit pas attendre. Il s'enfonça très légèrement dans le sol. Il ne réagit pas plus que cela.

« Alors comme le confirmait mon hypothèse... ce n'est pas amusant n'est-ce-pas ? Sauf si vous souhaitez disserter sur le sujet... Mais à mon avis il n'y a rien à débattre dessus... » dit elle avec son petit air hautain qui lui allait si bien.

Puis elle se dirigea vers les algues et ouvrit la glacière. Elle cherchait une variété en particulier. Elle ne vit donc pas le regard de son compagnon du moment se poser sur les écarquilles. Elle l'interpella, ignorant s'il l'entendait ou pas.

« Tenez vous voyez celle qui sont un peu plus rouge ? Elles contiennent des nutriments importants pour certaines espèces aquatiques. C'est celle-ci que l'on m'a demandé de rapporter au labo... » dit elle sans regarder derrière elle.

Ah ok mais elle était en forme dis donc... Y avait pas à dire, c'était un sacré numéro cette fille la. Elle s'arrêtait jamais. Son mec, si elle en avait eut/avait/aurait, allait souffrir... Sauf si il était sourd.

Elle s'éloigna de lui mais il était toujours captivé par le sol. Profitant que le Docteur soit occupé, il se pencha vers les coquillages et les écailles. Il en ramassa quelques uns tout en les regardant minutieusement...

“Rouge oui...”

Toutes les couleurs de l'arc-en-ciel dans ses mains. Il regarda vite fait les petits objets qu'il avait dans ses mains et sourit comme un gosse. C'était vraiment son jour de chance. Son sourire s'élargit alors qu'il mettait ses petits objets dans sa poche en faisant le moins de bruit possible. Il se retourna vers la jeune femme qui était dangereusement près du sable. Vu son dernier incident, il allait devoir la surveiller...

“Je vais vous aider.”

Il s'accroupit donc et commença à attraper ces algues rouges.

“Et vous dite qu'on trouve ces algues uniquement sur cette plage ?”