Escarmourche urbain [FINI]

Gabriel souffla en fermant les yeux. Il avait l'impression d'être dans un bullet time, un effet de ralenti. Cette nouvelle mission de jeu vidéo réel commençait mal : déjà par le côté tout à fait inattendu de l'attaque, ensuite par la mort d'un pnj qu'il aimait bien. Le chauffeur de la limousine avait subit le déclenchement de l'attaque de plein fouet. Le lieutenant savait qu'il allait cauchemarder encore longtemps de la vision de sa cervelle qui éclate et répand du sang et cette matière visqueuse rose partout.

Il respira à fond, essayant de comprendre, de se rappeler l'enchaînement des événements pour analyser, déduire et riposter. Ils avaient eu affaire avec le dirigeant d'une grande entreprise, ils avaient terminé le rendez-vous où Gabriel avait joué le rôle de l'assistant et de l'ombre du commandant Vasseur. Ils avaient repris la voiture, tous deux à l'arrière. Ils avaient à peine roulé quelques minutes qu'ils avaient dépassé la mairie et se retrouvaient devant l'une des plus grandes banques de la ville. Et là, c'était encore flou pour lui.* Il y avait comme un grand trou. Il se retrouvait maintenant genou à terre encore planqué derrière la voiture, l'arme à la main. Il regarda derrière lui, son supérieur :

Commandant ? Vous allez bien, vous n'êtes pas blessé ?

Il ne le voyait pas très bien, il voulait déjà se rassurer avec ça avant d'aller imaginer un plan d'action.



* Je laisse à l'assaillant -si quelqu'un le joue- d'y mettre ses détails et son grain de sel, c'est pour ça que j'essaie d'être relativement flou et ouvert.

[HJ : Bon, j'arrête pas de lire et de relire vos postes et je peux pas m'empêcher d'être de la partie... Je vais jouer un PNJ dans ce sujet, donc pas de Tyee pour vous deux cette fois-ci ! Mais, l'honneur reviendra à un perso spécial et collant parfaitement à vos deux héros : Jonathan Bolker ! Je vous invite à aller consulter sa fiche avant de répondre, puisqu'il est connu des services de l'UDPH !! Voilà, amusons-nous un peu maintenant... XD]

   Jonathan Bolker

Tour nord. 9ème étage. 6ème fenêtre en partant de la droite. Un 338 Lapua Magnum parcourait lentement l'avenue. De ce point d'observation, son visu était parfait, ces cibles facilement repérables, son contrat sera convenablement bien mené ! Perché et espionnant toutes ces fourmis à ses pieds, Jonathan adorait ce genre de planque. Il était allongé derrière une parois en verre et prêt à patienter le temps qu'il faudra jusqu'à ce que sa proie sorte de sa cachette. L'oeil marron collé à sa lunette, il passait de voiture en voiture, regardant les visages des conducteurs au millimètre prêt.

Quelques jours plus tôt, une femme l'avait contacté pour abattre son mari. Il en avait eu que faire de ses jérémiades qu'elle lui avait servi pendant des heures, essayant de se justifier d'un tel choix. La seule chose qui l'avait intéressé lui, c'était le blé que l'action allait lui rapporter... Il avait été déçu par la faible somme qu'elle lui avait proposé, mais  en manque d'appuyer sur la gâchette, Jo n'avait pas hésité une seule seconde et avait endossé son nouveau rôle fétiche, celui de tueur à gage solitaire.

Bref, à 15h35, la voiture noire se présenta à l'entrée de l'avenue. Le vampire passa sa langue sur ses canines et se concentra. Il évalua la vitesse à laquelle roulait le véhicule, calcula la trajectoire de sa balle et la distance qui séparait le building de la route. Puis, il ajusta son viseur, plaça le centre du cercle sur la tête du chauffeur et retînt sa respiration. Dans sa tête, il compta jusqu'à dix, lentement. 1. 2. 3. 4. Son doigt crocheta la détente. 5. 6. 7. 8. Ses lèvres se détendirent en un sourire mauvais. 9. 10. Il tira sans ciller. Le cerveau du chauffeur éclata sur le siège, le pare brise et la voiture dérapa sur la chaussée dans un crissement de pneus.

Et une cible liquidée !

Satisfait, Jonathan regarda à travers son viseur la voiture et ses alentours. Comme il l'avait prévu, les vigiles de la banque encapuchonnés se déplacèrent sur les trottoirs pour évacuer les passants et les hommes d'affaire. Il fallait qu'il choisisse : lequel ? Il reporta son attention sur la voiture alors que deux hommes s'en extirpaient. Un instant, il cru reconnaître deux officiers de l'UDPH. Il n'en était pas sûr, jusqu'à ce que l'un deux lève la tête de derrière le véhicule pour vérifier les lieux. Si, si, c'était bien le commandant Daniel Vasseur en personne.

Décidément, la chasse allait être belle aujourd'hui ! Excité, il sourit de plus belle et visa une bouche d'eau rouge pour les pompiers qui étaient au pied de la voiture devant les deux militaires. En haut de cette bouche se trouvait une petite vanne permettant au débit de circuler. Et s'il les titillait un peu ? Après tout, ce n'était qu'un jeu... Il prit une grande inspiration et retînt son souffle. Puis il compta jusqu'à 10. Lentement. 1. 2. 3. 4. Son doigt crocheta la détente. 5. 6. 7. 8. Ses lèvres se détendirent en un sourire mauvais. 9. 10. Il tira et la vanne sauta. Un jet d'eau jaillit de la bouche de secours et se répandit sur la voiture.

"Allez... Venez jouer avec moi commandant !"

Gabriel se força à respirer calmement. Il avait beau avoir de l'entrainement, dans ce genre de cas, c'était la réaction animale qui primait : la panique, avec elle la fuite ou le combat. Mais il ne voyait pas qui combattre et il y avait son chef avec lui. Il se força à se reprendre. Il avait fait suffisamment d'heures de préparation pour retrouver presque immédiatement son self-control. Gabriel version lapin démuni était parti, Gabriel le militaire, le dur, était revenu.

Il se retourna au moment où son commandant reprenait sa place derrière la voiture. Il avait enlevé son manteau et le cuir lisse de son holster contrastait avec la laine mat de son vêtement. Gabriel constata que cela lui donnait un air de puissance et de solidité. Un air de chef sûr de lui et inébranlable et surtout prêt à combattre et les mener jusqu'au bout pour réussir leur mission. Il secoua la tête pour se sortir de sa contemplation. Il répondit :

La radio est à l'intérieur, restez à l'abri, j'y vais.

C'était dangereux : c'était le chauffeur qui avait la charge de la communication. Et c'était lui qui était mort. Il était donc dans une position vulnérable aux balles. Gabriel songea qu'il ne devait donc pas aller sur le siège du passager avant mais rester à l'arrière. Plus facile à dire qu'à faire, il fallait qu'il sorte de sa position et soit à découvert. Mais bon, on est un héros ou on ne l'est pas. Au pire, sa barre de santé diminuerait un peu.

Il respira à fond et se jeta sur le côté, ouvrit la porte et sauta sur la banquette arrière. Le cuir grogna en le réceptionnant. Gabriel roula sur le côté pour tomber dans l'espace destiné aux pieds. Il grimaça en sentant la pointe de l'accoudoir du chauffeur, le bout qui ressortait dans l'espace arrière, entre les côtes. Ce n'était pas confortable du tout. Mais cela lui permit de tendre le bras et d'attraper la radio. Il hurla presque dedans :

Allo ? Allo ? Ici Randall avec le commandant Vasseur. Nous subissons une attaque ! Est-ce que vous me recevez ? Ici Randall et Vasseur. Est-ce que vous me recevez ?

Maintenant, il fallait attendre une réponse, prier pour que la radio n'ait pas pris une balle, prier pour qu'il ne s'en prenne pas une non plus.

[HJ : je tiens juste à préciser que Jo est à une certaine distance de la scène. Donc tout ce qu'il dit est inaudible pour Randall et Vasseur !]

   Jonathan Bolker

A travers sa lunette, Jonathan Bolker observait la scène avec délectation. Il appréciait voir ses futures victimes en pleine panique ! Il se sentait surpuissant ainsi à l'abris derrière son 338 Lapua Magnum et il avait l'embarras du choix pour viser, compter et tirer ! Tel un dieu, il avait le pouvoir de vie et de mort sur ces humains et en l'occurrence, sur deux soldats importants de l'UDPH. Quel sentiment de jouissance suprême, il en avait presque soif tout d'un coup !

Le vampire vit alors la voiture bouger. Est-ce que quelqu'un serait monté à l'intérieur ? Il pointa sa lunette vers le pare brise déjà troué et remarqua un bras sortir entre les deux sièges avant. Randall. En comprenant ce que le lieutenant faisait, il siffla entre ses dents : "Randall... Mais qu'est-ce tu fous ? Tu veux appeler tes copains à la rescousse ? Je suis pas d'accord, je trouve qu'on s'amuse bien tous les trois !"

Jo fronça les sourcils et se concentra. Une nouvelle fois, il compta jusqu'à 10 et tira. La balle se logea sur le côté gauche du siège du passager avant, rasant de prêt, à une vitesse phénoménale, la manche du soldat. Pour un simple spectateur de la scène, on aurait pu penser que le tireur d'élite avait raté son coup. Cependant, lui, il affichait un sourire triomphant dans sa barbe de 5 jours. La trajectoire de la balle avait été si minutieusement bien ajustée qu'avant de se loger dans le siège, elle avait sectionné le fil qui reliait le combiné à la radio, installée à côté du volant. Il était maintenant impossible à Randall de communiquer avec le reste de l'UDPH.

Il porta son attention sur Vasseur. Ce dernier avait bondi et s'était mis à couvert d'une autre voiture. Que faisait-il ? Pas le moins du monde devin, mais plutôt buveur de sang, Jo patienta en observant les hommes de la sécurité qui étaient proches de la nouvelle planque du commandant. Au bout de quelques secondes, l'un d'eux jeta son arme derrière la voiture. Cela énerva profondément Jo.

"Enfoiré !" Et une nouvelle balle partit de son arme puissante. Elle frappa l'homme en pleine tête qui tomba au pied de Vasseur. Ca lui apprendra à donner son arme à un autre. Il sourit, satisfait. Et une nouvelle cible abattue ! "Au suivant !"

Spoiler:

Allo ! Le QG ? Est-ce que vous me recevez ? Ici Randall avec le commandant !

Gabriel entendit alors un sifflement qui lui fit froid dans le dos. Il sentit sa main bouger. Il regarda et comprit qu'il était inutile de chercher à contacter davantage la base. Il tenait dans sa main un récepteur relié à rien. Et ce n'était pas un téléphone mobile. À cet instant, il entendit le commandant :

"Lieutenant, notre homme est Jonathan Bolker, une vieille connaissance de l'U.D.P.H. C'est un ancien tireur d'élite redoutable chez nous. Alors faites attention !"

Bolker ! Il ne l'avait pas vraiment fréquenté. Il ne se souvenait plus s'il était parti juste avant ou juste après qu'il ait intégré les rangs de l'UDPH. Sans réfléchir, il fourra le récepteur dans sa poche et ressortit prestement de la voiture.

Impossible de contacter le QG par là, mon commandant. De toute façon, le temps qu'ils arrivent, on aura réglé cette histoire.

Ou Bolker leur réglerait leur compte. Gabriel n'était pas sûr qu'il y ait de demi-mesure à part la fuite de l'ancien tireur d'élite. Le lieutenant aurait pu être sincèrement surpris de la présence d'un contre sniper dans le coffre si la situation n'était pas si critique. Il se déplaça jusqu'au coffre pour l'ouvrir. Ce furent ses yeux aussi qui s'ouvrirent. Cette voiture de fonction avait été celle du commandant mais jamais il n'aurait songé y trouver un tel arsenal. Il comprenait mieux la présence du fusil et de Vasseur dans le poste de chef de l'UDPH. Ce type prévoyait l'imprévisible.

Il fureta quelques instants avant de sortir le sac contenant le M14. Les mains de Gabriel se souvenaient de l'entrainement. Avant même qu'il ne l'ait vraiment réalisé, il avait terminé de remonter l'arme et insérait les cartouches. Cependant, Bolker avait fait une erreur : la première et la deuxième balle avait touché le siège avant en passant par la vitre. Cela donnait une bonne indication d'où avait pu tirer le renégat. En revanche, Gabriel n'avait aucune envie de se faire trouer la peau en recherchant où était planqué ce type.

Il récapitula : en face, probablement entre 800 et 1400 mètres de distance, planqué sur le toit d'un immeuble. Soudain, une idée surgit pour ne pas se faire tirer dessus. Il plongea sous la voiture et rampa jusque sous l'essieu avant. Le moteur et le capot lui fournissaient une protection certaine. Il se demanda pourquoi le sol était recouvert d'eau. Il n'avait pas remarqué avant que la valve de la bouche à incendie avait été ouverte. Il allait choper un rhume mais il s'allongea malgré tout et cala son regard à travers la lunette grossissante et chercha l'homme.

Gabriel vit du coin de l'œil le vigile se faire descendre. Il eut un pincement de cœur et murmura :

Ta mort n'aura pas été inutile, mon gars. Grâce à toi, je peux rétrécir mon champ de recherche.

Il était en effet persuadé que Bolker devait se tenir dans la partie gauche en face de lui. Il commença à scruter méthodiquement en espérant qu'il ne représentait pas lui non plus une cible parfaite.

   Jonathan Bolker

Jonathan assistait toujours à la scène depuis son point de visu au centre de la tour nord. En contrebas, plusieurs choses se produisaient en même temps, ce qui était assez difficile à suivre pour un seul homme. Mais, ça tombait bien. Il n'était plus un homme, mais un vampire. Un redoutable prédateur, rapide et efficace, une créature au pouvoir surhumain, voilà ce qu'il était devenu. Donc, suivre la trajectoire opposée de deux mouches dans un champ vide était plutôt facile.

Jo suivit d'abord la progression mouvementée du commandant. Ces débiles lui facilitaient la tâche. Il observa quelques secondes les gardes à découvert, il aurait très bien pu les abattre à l'instant. Mais, ils faisaient un tel boulot remarquable en tirant sur le chef de l'UDPH, qu'il les laissa faire. Pourtant il les compta. Un mort au pied du commandant, qu'il avait tué d'une balle dans la tête. Un nouveau mort derrière la voiture, que le commandant avait tué lui même. Un troisième vidait son chargeur sur la carlingue de protection de Vasseur. "Quel abruti !" Mais, il le laissa tranquille. Il apercevait plus loin trois autres gardes accroupis sur le trottoir, armés et dirigeant leurs fusils vers Vasseur, en attendant que celui-ci sorte de sa cachette.

Bref, le vampire savait déjà que les gardes des banques n'avaient pas de cervelle, mais c'était bien la première fois qu'il s'en servait. Il les laissa pour reporter son attention sur la voiture de fonction des deux soldats de l'UDPH et sur le lieutenant Randall.

Le coffre de la voiture était ouvert et il lui semblait que le lieutenant trafiquait quelque chose dedans. De sa position, il n'arrivait malheureusement pas à voir quoi. Alors, il attendit patiemment. Mais, le coffre restait ouvert et Randall ne montrait aucun signe de vie. "Merde ! Qu'est-ce tu fous Randall ?" Jo chercha une solution pour démasquer le lieutenant. Son viseur se déplaça sur toute la surface de la voiture : le coffre, les vitres, les portes, les roues... Il sourit dans une moue sadique ! Il avait peut être trouvé un moyen pour le déstabiliser et pour le sortir de l'endroit où il pouvait être.

Jo prit une grande inspiration et visa la roue avant gauche. Il tira et la balle rapide se ficha dans le caoutchouc du pneu, le faisant exploser en le vidant de tout son air. Il fit de même avec la roue arrière gauche et la voiture s'affaissa sur tout le côté du conducteur. Le tireur d'élite observa à nouveau le coffre, espérant voir un détail qui trahirait la présence du lieutenant.

Gabriel essayait d'être aussi calme que possible. Pourtant, l'adrénaline et la dangerosité de l'incident brûlaient ses veines. Le fait qu'il n'arrive pas à repérer le sniper l'énervait aussi. Il lui fallait pourtant rester zen et continuer à scruter méticuleusement chaque toit et chaque fenêtre dans le large périmètre qu'il avait seulement pu délimiter.

Le lieutenant avait l'attention uniquement fixé sur sa cible : un sniper. Il avait en ces quelques dizaines de secondes vu des tas de choses, même un ange noir aux ailes bien déployées. Il n'avait rien fait : tirer aurait pu donner une indication sur sa position et le seul fait qu'il était encore en vie indiquait qu'il n'avait pas été repéré. C'était le seul avantage dont ils disposaient dans cette embuscade aux conséquences dramatiques. Il ne voulait pas faire disparaître cet avantage pour éliminer un foutu ange de rien du tout.

Il ne s'était d'ailleurs même pas arrêté sur lui, il avait continué méthodiquement sa recherche. Il avait repéré trois chats, deux adolescents amoureux sur un toit, un cambrioleur et des dizaines de pigeons mais pour l'instant aucune cible. Et puis, finalement, ô miracle, il le repéra. À cet instant, un balle à sa gauche perfora le caoutchouc du pneu. Ils s'étaient repérés en même temps ? Ô coup du sort ! Gabriel sentit que la voiture s'abaissait dangereusement et que le pneu à sa droite y passerait bientôt. Ce n'était qu'une question de temps de chargement.

Il rampa à reculons pour échapper à ce piège qui se refermait sur lui. Il emportait l'arme en même temps. Maintenant qu'il l'avait repéré, il savait où tirer pour l'éliminer. C'est ce qui aurait pu se passer si Gabriel ne s'était pas relevé au milieu de trois gardes juste auparavant dans son dos, accroupis sur le trottoir et occupé avec le commandant.

Gabriel se retrouva au milieu d'eux comme un chien dans un jeu de quilles. Il y eu un instant où tout le monde se regarda en clignant des yeux. Gabriel vit devant ses yeux un écran imaginaire clignoter et afficher «menaces détectées». Il réagit le premier. Il laissa son fusil glisser, l'attrapant uniquement par le canon et fit un magnifique swing de golf avec la crosse et le menton du plus proche garde en guise de balle.

Ce dernier fut éjecté violemment en arrière et percuta le garde le plus proche. Gabriel sauta par-dessus le couple dont l'un était coincé sous l'autre KO pour la journée et s'approcha du dernier vigile. Celui-ci avait eu le réflexe de rouler sur le coté et le pied du lieutenant frappa le vide. Gabriel pivota les hanches rapidement, changeant de point d'appui et lança son autre pied en direction de l'homme. Il lâcha son arme sous le choc et décida de se jeter façon placage de rugby sur le lieutenant. Celui-ci amortit la chute sur le bitume et attrapa le col du vigile pour lui faire un étranglement. Il ne lui faudrait qu'une dizaine de secondes mais il savait que c'était une dizaine de secondes de trop. Derrière lui, le deuxième garde avait réussi à se dégager. Gabriel n'aurait pas le temps d'éliminer la menace du troisième, d'attraper son arme et de tirer dans l'épaule du dernier civil avant que ce dernier ne lui tire dessus. Il y avait plusieurs solutions alternatives mais il fallait choisir vite.

   Jonathan Bolker

Les actions s'enchaînèrent à une vitesse fulgurante. Comme prévu, la voiture s'affaissa sur tout un pan et Jonathan Bolker savait avec pertinence que sa proie allait se sentir oppresser comme une souris en cage. Il finirait donc par sortir de sa cachette. Comme prévu, il le vit rampé en arrière à travers les vitres latérales de la voiture. C'était donc là que le lieutenant Randall se cachait ? Sous la voiture ? Ingénieux !!

A ce moment là, Jo aurait très bien pu achever son homme. Mais, il se rendit compte de la situation délicate dans laquelle se trouvait le soldat. Non par pitié pour lui mais plus par amusement, il le laissa se dépatouiller avec les trois soldats. Efficacement, il se débarrassa de deux, puis roula avec un troisième. A ce moment là, le commandant rentra dans le jeu. Vasseur tira sur les deux désarmés et acheva le troisième à l'aide de ses points.

Cependant, Jo commença à s'impatienter : "Ne me dites pas que vous m'avez oublié les gars ?! C'est pas sympa ça..." Et, alors qu'il commençait à s'énerver de ce manque d'attention de la part de ses anciens coéquipiers d'armes, il aperçut au travers de sa lunette le commandant se lever et tendre la main vers Randall pour l'aider à se lever à son tour. Ses yeux s'arrondirent de surprise. "Pardon ?"

Etait-ce une erreur ? Jo ne pouvait pas se résoudre à penser que le chef de l'UDPH le prenait autant à la légère ! Il grinça des dents. S'il en était ainsi, il allait lui montrer que lui ne rigolait pas. Il visa la tête de Randall. Son challenge à lui était de jouer avec le commandant. Après tout, le lieutenant n'était qu'une valeur ajoutée qu'il pouvait se permettre d'éliminer facilement. Il respira profondément, retînt sa respiration et commença à compter jusqu'à dix. 1. 2. 3. 4. 5. 6. 7. 8. 9...

Le réveil à sa gauche sonna. 10... Il sursauta en appuyant sur la détente et son tir fut dévié. Il hurla de rage. Pour la première fois ce matin, il venait de rater sa cible. Il vérifia le pointeur de sa lunette, elle était positionnée sur le sol au pied du commandant de l'UDPH...

Il regarda le réveil. Il était temps pour lui de changer de position. Dans une rage non mesurée, il actionna la sécurité de son 338 Lapua Magnum, se releva en le tenant par le haut, enleva les trépieds avec des gestes rapides et jeta la lanière en cuir sur son épaule pour partir. Sans un regard vers les deux hommes dans la rue, il sortit de la pièce qu'il venait d'occuper et se dirigea vers le toit du bâtiment.

Spoiler:

[HJ : Nous clôturons le sujet avec une très mauvaise nouvelle...]

Alors que le vampire quittait sa position dans l'immeuble et se dirigeait vers le toit, les deux soldats qui venaient de se donner une poignée de main se dispersèrent pour se mettre à l'abris. L'un se cacha sous un auvent rouge de l'entrée d'un immeuble, l'autre derrière le tronc d'un gros arbre. Au même moment, un hélicoptère de l'UDPH fit son apparition dans le ciel du quartier des affaires. Au final, le lieutenant Randall avait quand même réussi à transmettre son SOS au QG, qui leur avait envoyé des renforts au plus vite.

Le lieutenant Randall signala leur position par un fumigène qu'il dégagea de sa ceinture. L'hélicoptère descendit alors tout doucement, vers le centre de l'avenue, en déployant une échelle. Le lieutenant cria alors au commandant qu'il se mettait à découvert en premier, pour vérifier la position du tireur embusqué. Il se déplaça tout doucement et compris très vite que le tueur était devenu silencieux. Il courut donc vers l'échelle et grimpa. Puis, il fit un signe au commandant qui se dirigea également vers l'échelle. Au moment où il s'y agrippa, l'hélicoptère reprit de l'altitude et commença à s'en aller.

A cet instant Jonathan Bolker débarqua sur le toit de l'immeuble. Il s'aperçut tout de suite de la fuite de ses deux anciens coéquipiers. A la vitesse d'un vampire, il se mit en position de tir et au travers de sa lunette, visa le commandant sur l'échelle. 1. 2. 3. 4. L'hélicoptère s'éloignait. 5. 6. 7. 8. L'hélicoptère était au dessus du fleuve. 9. 10. Jonathan tira. Le commandant fut touché et tomba dans l'eau froide en contrebas. Le courant l'emporta rapidement et NUL NE SAIT S'IL SURVECUT.