[Fini] Les conséquences de la climatisation dans les bureaux

Raphaëlle avait beau s'être plainte, avoir rouspéter, grogner, critiqué, exiger, vociférer... Elle n'avait pas eu le choix... « Faut s'y faire ! » lui avait-on dit. La climatisation resterait réglée au maximum et si elle désapprouvait, elle n'avait qu'à aller voir ailleurs. Elle ne l'avait pas fait bien sûr ! Mais voilà depuis deux jours elle avait mal à la gorge, elle avait la tête lourde, des courbatures dans tout le corps et depuis ce matin elle se sentait fiévreuse... et elle s'était faite une raison. Elle était tombée malade. Dans un dernier élan de motivation elle s'était rendue à l'hôpital pour voir un médecin...

Elle attendait sur une des chaises de la salle d'attente. Elle ne prit pas la peine de sortir sa tablette pour lire ou travailler, elle n'avait pas la motivation. Elle se sentait aracée mais aussi agacée d'être dans un tel piteux état alors que le soleil lui brillait et qu'il faisait au moins 30° dehors...

Tyee entra dans la salle d'attente d'un pas neutre. Il était pied nu, portait un jean ample et une longue blouse blanche ouverte sur un tee shirt noir moulant. Sur la poche avant gauche, au niveau du coeur, une petite plaquette grise se balançait. En lettres grasses noires était écrit : Dr. Amarok, médecine générale. Ses longs cheveux noirs flottaient dans son dos et les deux plumes blanches et noires qui le caractérisaient si bien, pendaient avec nonchalance à l'arrière de sa tête.

Ses yeux ambrés scintillèrent à la manière d'une bête en regardant la salle presque vide. La fin de la journée était proche pour lui. Il était arrivé à l'hôpital tôt ce matin, fatigué mais agréablement de bonne humeur. La nuit dernière avait été parfaite. Jacy, la grande Dame, SA grande Dame, avait été encore plus belle que d'habitude ! Bien grande, bien ronde, bien claire, propice pour une nuit de vadrouille en pleine possession de ses moyens ! Il n'avait donc que très peu dormi depuis, seulement piqué un somme entre deux rendez-vous, ce midi, mais ce fut très bref. Cependant, aucun trait particulier sur son visage mate ne trahissait sa fatigue. Il semblait étonnement frais et confiant.

Beau, grand et avec l'attitude d'un animal, il s'arrêta dans une posture pleine d'assurance et d'arrogance. Il sortit de sa blouse un petit calepin et regarda à peine le nom qui y était inscrit, puisqu'il l'avait mémorisé aussitôt quand sa secrétaire lui avait fait savoir qu'une patiente l'attendait dans la salle d'attente numéro 2. D'une voix froide et profonde, il l'appela. "Raphaëlle Focifère."

(ou la belle écriture jaune qui pète les yeux et que l'on ne voit pas bien XD)

Raphaëlle ne remarqua même pas que son médecin était déjà arrivé. Trop amorphe lorsqu'elle entendit prononcer son nom elle leva péniblement les yeux. Un homme en mode hippie se tenait à l'entrée de la pièce. Elle baissa les yeux sur ses pieds nus... Décidément Ténébris regorgeait de gens étranges. Cependant, elle n'était pas du genre à juger les gens par les apparences... elle n'en avait pas besoin, elle savait trop bien que de toute façon elle était plus intelligente que les autres... Mais là, tout de suite elle avait le sentiment que son cerveau était celui d'une huître. Elle ne prit donc pas la peine de lui faire remarquer. Et si ça se trouve malgré son côté farfelu son docteur serait compétant... Après tout ne dit on-t-pas que le génie est proche de la folie ?

Elle se leva de sa chaise en chancelant légèrement. Elle se rattrapa au mur. Dans une toux bien grasse, elle essaya de respirer, puis enfin avec sa voix brisée, limite aphone, elle répondit... « C'est moi... »

(Ouais effectivement c'est pas top ! Je crois que je vais retourner au rouge en souvenir du bon vieux temps ! )

Tyee haussa les sourcils à la vue des symptômes grippaux de la jeune fille. Encore une qui subissait les méfaits de la climatisation. Sinusites, conjonctivites, fièvres, maux de gorge étaient son lot de consolation en ce moment, puisque les gens se bornaient à faire subir à leur corps des chauds-froids incessants ! Tout ce mal pourquoi ? Pour avoir un maximum de confort ? Pour ne pas suer à grosse goutte ? Parce que les gens ne supportaient plus les aléas du temps ! Ces scientifiques fuyaient de plus en plus la réalité de la vie. Ils se cachaient derrière leur ventilateur quand il faisait chaud et au contraire derrière leur radiateur quand il faisait plus froid. Il n'arrivait pas à comprendre, lui qui chérissait sa vie simple tribale, et les méprisait pour leur faiblesse et leur fainéantise !

Ty s'approcha d'un pas nonchalant, mais sûr. Il attrapa Raphaëlle par les épaules pour la maintenir droite. "Laissez moi vous guider jusqu'à mon bureau." dit-il d'une voix lasse. Il passa une main sous l'aisselle gauche de la jeune femme et lui montra la direction de la porte pour emprunter le chemin vers son bureau. De sa poigne de fer, peut être un peu trop forte en ce lendemain de pleine lune, il la maintint sur pied dans l'un des couloirs du grand hôpital de Ténébris pour parcourir les quelques mètres qui les séparaient de son bureau. Enfin arrivés à bon port, il installa la jeune femme lentement sur une chaise en face de son ordinateur dernier cri.

Encore une un abus de la direction de cette hôpital... Ce bijou de technologie ne lui servait strictement à rien. Il préférait de loin faire l'archivage de ses patients à la main. Il fit le tour de son bureau rapidement, s'installa sur sa chaise rustique et attrapa une feuille et un stylo. De son écriture totalement illisible de médecin, il inscrivit en haut le nom de sa nouvelle patiente. Puis, Tyee releva la tête et sans sourire, il s'enquit : "Décrivez moi vos symptômes s'il vous plaît. Depuis quand êtes vous malade ?"

Alors qu'elle sentait le sol se dérober sous ses pieds, Raphaëlle se sentit rattrapée in extremis par les épaules. D'une voix presque agacée son médecin l'invita à la suivre. Il la maintenait d'une main sous l'aisselle. Il semblait fort et elle si faible. Elle se maudissait d'être dans un tel état ! Lorsqu'il l'eut aidé à s'installer à sa chaise, lui retrouva la sienne. Elle l'observa rapidement. Alors qu'il lui posa les premières questions, elle sentit qu'elle l'appréciait. Il n'avait pas perdu son temps avec des banalités tel que "bonjour", "alors comment ça va"... et tout ce genre de commentaires inutiles. Elle redressa la tête et plongea son regard bleu dans ses yeux ambrés.

« Deux misérables jours que mes abrutis de collègues mettent leur putain de clim à fond ! » dit elle avec sa voix cassée. Elle eut une grosse quinte de toux qui l'empêcha de parler pendant une bonne minute au moins.

« Toux, maux de gorges, je dirais fièvre aussi et autres trucs aussi débile et inutile que la clim... »

Raphaëlle observa son médecin gratter ses dires dans son cahier. On avait beau dire, tous les docteurs en tous genres avaient une écriture illisible. Elle savait de quoi elle parlait, elle-même était deux fois docteur en physique quantique et physique classique. Ses supérieurs pestaient quand elle rendait un rapport et elle avait dû se faire une raison et tout écrire via sur ordinateur. Bref tout ça pour dire que, à l'envers elle seule pouvait deviner qu'il notait ses symptômes.

Il l'invita ensuite à changer de place et à se rendre sur une table prévue pour l'auscultation. N'ayant quasiment jamais malade et surtout ne s'étant encore jamais fait suivre par un médecin homme elle écarquilla les yeux quand il lui demanda de se dévêtir un peu... Elle plaqua sa main sur sa poitrine et du plus profond de son cœur, avec sa voix brisée elle s'écria

« Me déshabiller ? Mais ça ne va pas non? On se connait à peine! »

Tyee fut complètement décontenancé par la remarque de sa patiente. Ses yeux ambrés s'ouvrirent grands et ronds et il se figea dans une position très désagréable. Il était à moitié courbé une main en suspens dans les airs, prête à attraper une petite lampe qu'il avait soigneusement rangé auparavant dans un tiroir. Comment ça elle ne voulait pas enlever son tee-shirt ? Il ne lui avait pas demandé de se mettre à poil, pourquoi cette soudaine réaction de pudeur ?

Fatigué par ses dernières longues nuits de pleine lune, et quasiment à cran par sa longue journée à l'hôpital, et encore sous le joug de la dernière lune, son humeur pouvait devenir très susceptible. Il sentit une large vague d'énervement lui monter au nez et il serra la mâchoire pour se calmer. Bien que très peu poilu sous sa forme humaine, il sentit dans les manches de sa blouse blanche le hérissement des poils de ses bras. Heureusement, il était de dos et Raphaëlle ne pouvait pas observer cette réaction typiquement monstrueuse...

Ty se força donc à fermer les yeux, à ralentir sa respiration et à se redresser lentement pour faire baisser son rythme cardiaque. Toujours de dos, il tenait en main la petite lampe et essaya de se composer un sourire pour affronter sa patiente. Mais, ce ne fut pas vraiment un très bel exploit. Il entendit presque dans sa tête la voix de Hea, son meilleur ami, lui dire : *Oublie le sourire, c'est pas un loup solitaire et froid qui deviendra un agneau doux et tendre...* Cette réflexion lui permit de se détendre dans la mesure du possible.

Il se retourna alors pour observer la jeune femme de ses yeux intelligents. "Mademoiselle Focifère, je suis médecin pas voyeur. Je ne vous demande pas de vous déshabiller complètement, seulement d'ôter ce qui pourrait être gênant dans le cadre de votre auscultation. Vous avez déjà été chez un médecin je suppose ? Donc, ne soyez pas si méfiante et laissez vous faire. Je vous garantie que ce sera bref !" dit-il sans montrer son exaspération. Il se tenait droit et avait croisé ses bras musclés sur sa poitrine. Il se rendit alors compte à quel point il était plus grand qu'elle.

Raphaëlle leva la tête pour regarder son médecin. Il la dominait de toute son imposante stature. Il y avait une très grande différence de taille entre eux deux. Soudain, elle se sentit encore plus petite qu'elle ne l'était et le vit plus grand que lui ne l'ait aussi. Avec son expression... inexpressive elle se sentait presque menacé. Elle finit par détourner le regard.

Il semblait contrarié de sa réponse, mais il essayait d'être diplomate. Diplomatie qu'elle n'avait pas en général. Elle soupira. Il était drôle lui! Ce n'était pas à lui qu'on avait demandé d'ôter son haut ! Et si ça avait été le cas... il n'aurait pas non plus compris... Elle pinça les lèvres et acquiesça cependant. Elle était terriblement gênée. Elle était pudique... non pas parce que monter son corps la gênait... mais pour cette autre chose...

Elle s'installa sur le siège prévu pour son osculation et retira doucement son chemisier. Des cicatrices marquaient son corps. Quatre lignes parfaitement parallèles... Des griffures de loup-garou à qui serait les reconnaître.

« Je me suis fait agresser par un chien quand j'étais petite... » dit elle en ne mentant qu'à moitié. Elle se voyait mal dire au premier citoyen venu de Ténébris qu'il s'agissait d'une créature légendaire... Elle aurait fini interner... Ses traces sur elle la dérangeait et elle faisait tout pour le cacher. De plus dire qu'il s'agissait d'un chien était très proche de la vérité...

Tyee resta impassible quand la jeune femme commença à se déshabiller devant lui. Il n'avait pas envie qu'elle se déshabille non plus, mais il n'en avait pas vraiment le choix. S'il voulait que cette consultation se termine vite, il devait passer par cette étape plus gênante pour elle que pour lui. Il ravala un soupir pour rester poli, et il pensa à Hea. Il l'imaginait facilement sourire de façon ironique, en lui répétant : *tu vois je te l'avais bien dit ! La diplomatie, c'est la clé.*

Le médecin s'approcha de sa patiente et remarqua seulement les quatres lignes rougeâtres qui lui barraient le ventre. Des cicatrices... Quel monstre pouvait faire ça ? Un chien ? Il faillit s'étrangler devant l'histoire inventée de Raphaëlle. Il savait que c'était faux. Il savait qu'un chien était incapable de faire des griffures aussi parfaites dans la chair humaine. Un chien mord. Un chien n'a pas de griffe assez pointue pour ça...

Ses yeux ambrés brillèrent pendant quelques secondes avant qu'il ne détourne la tête. Ty savait qui avait pu faire ça. Son instinct le lui soufflait de façon lancinante comme le vent percutant les branches d'un vieil arbre. Son instinct... de loup ! Seul un de ses confrères pouvaient avoir levé la main sur elle. Et bien qu'il avait du mal à concevoir l'idée de lever la main sur une femme, il ne pouvait que comprendre l'état dans lequel on se trouve un soir de pleine lune.

Les sens sont confus, les choses autour de soi ne sont plus pareil. Elles sont plus belles, plus fraîches. Les odeurs changent et attirent. La vision est altérée et la sensation de puissance est plus grande, plus impressionnante ! Et la chasse est une envie folle, une pensée unique et excitante qui habite la moindre partie de son être. Sur son chemin, il n'y a alors que des proies. Il ne peut faire aucune distinction entre un chevreuil trop courageux pour oser sortir la nuit et une femme.

Malgré son sentiment de pitié, Tyee ne laissa rien transparaître et fit comme si de rien était. Doucement, il pris le bras droit de la jeune femme pour lui passer un bandeau autour du bras. "Serrez fort le point, je vais prendre votre tension." Il posa son stétoscope sur le bras de la jeune femme et commença à appuyer sur la manette pour gonfler le bandeau. lorsque la pression fut suffisante, il écouta les battements du coeur pendant une quinzaine de seconde d'un air sérieux et professionnel. Puis il relâcha le bandeau et se dirigea vers sa feuille de note pour y inscrire quelques annotations.

Raphaëlle était toujours assise en soutien gorge sur le siège d'auscultation. Elle avait bien vu le regard qu'il avait porté sur ses marques. Elle se mordit la lèvre en colère contre elle même! Qu'est ce qui l'avait prit d'accepter de se mettre en petite tenue, ainsi devant un inconnu en plus ? Elle fut prise d'une forte quinte de toux. Elle plaqua sa main sur la poitrine ayant beaucoup de difficultés à respirer en même temps qu'elle toussait. Quand elle arriva enfin à rependre son souffle elle pleurait presque. C'était juste une réaction physique bien sûr! Rien à voir avec quelconque chagrin. Elle déglutit ensuite douloureusement. Après ça, sa gorge lui brûlait encore plus. Mais elle s'étonna tout de même que son nouveau docteur lui ai demandé de retirer son haut juste pour prendre sa tension... elle aurait très bien pu relevé ses manches pour ça! Cependant, elle ne dit rien pour le moment, elle préférait éviter de passer pour une idiote s'il allait plus loin dans sa consultation.

« Alors? » dit elle en forçant sur sa voix complètement érayée pour essayer de sortir un son très approximatif. Elle se tenait droite, mais ses deux bras étaient croisés devant sa poitrine et une main sur sa gorge. Elle essayait tans bien que mal de cacher ses marques et accessoirement ses formes trop visibles à son goût dans cette tenue ridicule. Soudain elle se sentit stupide, sans savoir la cause exacte, d'avoir mit ce soutien-gorge là, qui était en dentelle noir...

"Et bien... Je dirai que je n'aime pas du tout le son de votre toux. Redressez vous ! Je vais écouter vos poumons. Voilà, mettez le dos bien droit !" dit Tyee pour répondre à la question de Raphaëlle Focifère. Il l'aida doucement mais fermement à se relever. Puis, il posa le stéthoscope froid sur son dos nu et écouta la respiration saccadée de la jeune femme. D'abord en haut, une fois à gauche, une fois à droite, descendant l'outil plus bas vers le soutien gorge noir dentelle de sa patiente.

C'est là qu'il remarqua la fine lingerie que la scientifique portait. Il n'en fut pas décontenancé et ne se permit pas non plus d'avoir des coups d'oeil plus observateurs ! Il resta calme et chassa vite fait bien fait les quelques idées perturbatrices qui se formaient dans son esprit. Il se devait avant tout d'être professionnel. Restant derrière elle, il se permit de poser l’ustensile sur le haut du buste de la jeune fille, à la limite de la poitrine, mais jamais il ne frôla sa peau de sa main.

Le docteur hocha la tête et s'éloigna de la chaise longue vers ses notes. En même temps qu'il attrapait son stylo bleu, il déclara d'une voix neutre : "Vous pouvez vous rhabiller, mademoiselle Focifère. Mais, restez assise, je n'en ai pas encore fini !"

Lorsqu'il lui annonça qu'il n'aimait pas le son de sa voix, Raphaëlle grimaça. Elle aurait du venir plus tôt. Elle le savait! Jamais elle aurait fini en soutien gorge sur une table d'auscultation, face à un docteur visiblement hippie, qui lui disait qu'elle était en encore plus mauvaise santé qu'elle ne le pensait. Lorsqu'il lui posa le stéthoscope froid sur elle, elle eu un léger mouvement de recul, un stupide reflexe. Elle toussa plusieurs fois. Quand il s'approcha de sa poitrine et à fortiori de ses cicatrices elle se raidit, mal à l'aise qu'il puisse s'en approcher d'aussi près. Ce pendant elle dû reconnait qu'il était extrêmement professionnel! Le fait qu'il ne l'ai pas une seule fois effleuré la rassura. Elle était plutôt pudique... et ses marques de griffures n'avaient fait qu'accentuer ce trait de caractère chez elle. Elle se détendit donc un peu. Quand il lui autorisa à remettre sa haut, elle ne se fit pas prier.

« Docteur Focièfe, s'il vous plait! Je n'exerce peut être pas la médecine comme vous, Docteur Amarok, mais je suis toute fois diplômée à deux reprises en physique... » dit elle avec sa voix érayée. Elle hocha la tête. Elle avait toujours ce petit air supérieur qui lui allait bien... mais cependant elle avait conscience qu'elle avait en face d'elle un homme intelligent... ce qui lui donna l’impression d'avoir un vrai interlocuteur et pas un demeuré.

Il n'était pas écrit sur son front qu'elle travaillait pour l'UDPH, ni dans son dossier d'ailleurs vu que c'était une organisation secrète. Face aux étrangers de l'Union, elle disait travailler dans la recherche paramédical. Ce qui n'était pas faux pour plusieurs raisons... notamment qu'elle n'avait aucun support humain, mais en plus elle arrondissait ses fins de mois en tant que consultante pour une grosse frime de produit pharmaceutique.

Etant plus détendue parce qu'elle avait sa chemise sur le dos mais aussi parce qu'elle reconnaissait le professionnalisme de son médecin, elle plaqua les paumes de ses mains sur le siège qu'elle occupait et s'y appuya un peu.

"N’empêche que vous êtes plutôt jeune pour être Généraliste. Vous avez dû être diplômés plutôt rapidement..." si cela n'en avait pas l'air... dans sa tête Raphaëlle était persuadée qu'elle faisait un compliment...

Tyee sourit. C'était rare. Le DOCTEUR Focifère ne devait pas le savoir, mais il était très rare de le voir sourire. Malade, mais elle gardait son humour. Bien, il ne se faisait aucun souci pour sa guérison rapide. N'empêche qu'il commençait par être impressionné par ce petit bout de femme. Toute petite, marquée par un des siens et semblant être insensible à son aura d'alpha, elle prenait un air supérieur qui aurait pu en fermer le caquet à plus d'un. Si duel il y avait donc entre ses deux fortes têtes, il se pourrait qu'il soit long et interminable.

Ty attrapa une petite loupe lumineuse et un petit bâton plat en bois. Se rapprochant de sa patiente, il lui répondit : "Je suis jeune, c'est vrai ! Je n'exerce la médecine que depuis un an. J'ai juste eu la chance et j'ai fourni les efforts nécessaires pour tout réussir du premier coup..." Il ne s'aventura pas plus loin dans sa réponse. Il avait appris une partie de la médecine au sein de la meute dans la forêt et une partie sur les bancs de l'école. Il avait donc pu sauter deux années facilement pour éviter de mourir d'ennui à l'université de Ténébris. Et, son recrutement à l'hôpital s'était fait par le biais de l'organisation monstreuse...

Se plaçant en face d'elle, le docteur la fit pivoter délicatement sur la chaise pour qu'elle s'assoit sur le côté, les jambes pendant dans le vide. Il dit de sa voix froide : "Bon, ouvrez moi grand la bouche, tirez la langue, et faîtes Aaaaahh !"

Raphaëlle hocha la tête. Elle avait changé de médecin traitant au moins cinq fois dans l'année les trouvant tous plus incompétents et idiots les uns que les autres. A sa sortie du cabinet elle remplirait des nouveaux papiers pour mettre officiellement le Docteur Amarok à la place de l'idiote qui lui avait refilé un mauvais traitement par inadvertance. Elle le regarda sourire et étonnamment... elle lui rendit... chose rare également vu qu'elle était souvent impassible.

« Je vous félicite pour avoir eu du premier coup vos examen Docteur Amarok... C'est bien rare de nos jours! Vos collaborateurs ne peuvent pas en dire autant eux! » Elle gardait sa main sur sa gorge ayant de plus en plus de mal à parler... Puis elle fut prise d'une nouvelle quinte de toux.

Quand elle eut fini de tousser, il s'approcha d'elle pour finir de l'ausculter. Le fameux bâtonnet en bois qui lui donner bien souvent la nausée. Elle grimaça en le voyant. Elle eut un flash voyant sa mère lui crier dessus et lui demander de cesser de faire "l'enfant" quand elle refusait d'ouvrir la bouche face à ce truc...

« La languette en bois... elle est vraiment pas indispensable avec moi... » sur ses mots elle ouvrit la bouche suffisamment grande pour pas avoir à subir cette atrocité contre sa langue et au fond de sa gorge.

« Aaaaaaaa... »

Tyee sentit un instant de fou rire venir de ses entrailles. Le DOCTEUR Forcifère tirait la langue comme une enfant en sortant de sa bouche un Aaaaahhh monumental. Mais, il réprima son envie de rire et de façon très sérieuse, il ajusta sa loupe ampoule vers le fond de la gorge de la jeune femme. Il n'y avait pas à dire, celle-ci était bien irritée et rouge à souhait. Il imaginait très bien le mal de gorge qu'elle devait subir et grimaça dans sa tête.

Toujours impassible de visage, Ty se recula et retourna à ses notes. Il inscrivit rapidement quelques mots sur sa feuille et rejoignit sa patiente de sa démarche fière. Délicatement, il posa ses doigts sur le bas du visage de Raphaëlle et le tourna gentiment vers la gauche pour qu'il puisse regarder l'intérieur de ses oreilles. Par chance, ses cheveux étaient attachés en deux petits chignons sur le haut de la tête. Il lui était donc plus facile de finir son auscultation.

Pour détendre un peu l'atmosphère, plus que pour satisfaire une certaine curiosité, puisque lui même c'était crispé à ce contact physique bref et délicat, l'indien dit froidement : "Docteur en physique donc...? Quelle matière de spécialisation ?" Son aura de loup le rendait si méfiant de l'homme, surtout quand il était seul. En même temps, quel est l'animal le plus dur à approcher ou à apprivoiser, à part quand il est pris d'une subite faim mortelle ? Tyee n'aimait donc pas les contacts physiques en tout genre et la seule personne qu'il avait laissé s'approcher de lui toutes ses années était sa défunte mère ! Cependant, le toucher faisait partie intégrante de son métier et il devait faire avec.

Raphaëlle tressaillit quand le Docteur Amarok lui prit le visage pour regarder ses conduits auditifs. Elle se laissa cependant faire sans rechigner. Elle était peu habituée au contact physique. Elle avait tendance à faire fuir à peu près tous les gens qui s'intéressaient un tant soin peu à elle. Mais cela ne la dérangeait pas. Si les autres n'étaient pas assez intelligent pour la fréquenter tant pis pour eux. Elle leva ses yeux bleus glacial dans ceux ambrés de son docteur.

« J'ai une spécialisation en physique nucléaire... Je suis passionnée par tout ce qui est atome ! D'ailleurs mes trois chats Proton, Neutron et Electron... en ont fait les frais » dit elle en souriant fière de la bonne blague. Du moins elle trouvait ça drôle. Elle n'avait pas non plus fait l'école du rire...

« ... Et une autre en astronomie... j'étais passionnée de la lune et de ses étoiles... du mystère planétaire et de toutes ses choses qui sont infiniment loin de nous... L'infiniment grand et l'infiniment petit... N'allez pas croire que j'ai un complexe à cause de ma taille... L'intelligence d'une personne ne se mesure pas aux centimètres de son enveloppe corporelle... Mais au nombre et à la rapidité des neurotransmetteurs qui envoient des imputions électroniques dans le cerveau... mais je ne vous apprends rien Docteur Amarok... » rajoute t'elle en se tenant toujours la gorge douloureuse et après une longue quinte de toux.

Quand Raphaëlle dû rejoindre son siège, son docteur l'aida. Même si elle n'aimait pas se faire traiter comme une assistée, elle devait reconnaître qu'elle ne tenait pas debout... Ensuite, elle leva ses yeux vers son médecin. Quand il lui parlait de ne pas travailler ni aujourd'hui ni demain... elle éclata tout simplement de rire. Chez Raphaëlle, le rire était jamais bon présage. Elle riait toujours pour marquer sa supériorité... mais ce bon docteur ne pouvait pas le savoir, il ne la fréquentait pas au quotidien à supporter ses railleries incessantes...

« Un peu de sérieux... Je veux bien être malade... être incapable de marcher toute seule... mais moi vivante... je ne pense pas que ce soit possible de manquer une journée.. Mais je vous le concède je suis malade, mais pas morte du moins pas encore... et je vais cependant alléger ma journée... je ne bosserais que dix heures... Quant à cette foutue clim... je pense avoir une vague idée pour m'en débarrasser... » dit elle avec son aire supérieur ignorant aussi qu'une journée normal était de huit heures et non plus...

Puis elle fut à nouveau prise d'une quinte de toux et de vertige. Rire l'avait un peu étouffée. Elle pesta contre elle-même de ne pas avoir été plus maligne que ça. Elle s'était piégée à son propre jeu et toussa sans discontinuité pendant une bonne minute. Elle se trouva toute rouge et encore plus fiévreuse. Elle releva la tête et planta son regard bleu glacial dans les yeux ambrés de son médecin...

« Mais je vous apprécie malgré tout... vous ne perdez pas de temps en conjonctures inutiles... mais ne me prenez pas non plus pour une poupée de porcelaine... Je me vois contrite de vous dire que je décline votre proposition... je ne m'arrêterais pas demain... de toute façon avec les médicaments que vous me donnez je serais vite sur pied... n'est-ce pas? » dit elle la voix enroulée

Avait-il raison? Une chose était sûre cependant, elle, Raphaëlle Focifère n'avait jamais tort. Ce pouvait-il qu'ils aillent tous les deux raisons? Elle se sentait en effet incapable de bouger, mais même avec cette fièvre de cheval son cerveau refusait de se reposer et semblait tourner à plein régime. Ménager son esprit... il en avait de bonne lui... Fourbue par l'intense fatigue que lui prodiguait la fièvre, elle s'accouda sur le bureau de son charmant-mais insupportable- docteur pour essayer de se tenir le plus droit possible. Elle essaye de déglutir, mais sa gorge lui faisait atrocement mal... Ménager son corps semblait plus facile à dire qu'à faire. Elle observa son beau sourire carnassier révéler ses dents blanches parfaitement alignées.

« Ménager mon esprit? Ne me parlez pas de choses impossibles! Si cette chose était faisable... je ne serais pas obligée de me coltiner des fastidieux ouvrages sur tout et n'importe quoi, seulement pour occuper mon cerveau qui s'ennuie ! Je suis navrée, mais je ne peux pas faire ça... C'est pas que je ne veux pas... au contraire! Je suis sûr que ça doit être très grisant de ne pouvoir penser à rien... mais, même moi quand je pense à rien... je cogite... je résous des équitations, je ressasse mes travaux, je ne sais pas faire cette chose aussi inutile. »

Un peu furieuse après lui pour une raison qui lui échappa totalement elle se leva brusquement. Mais avant même que ses jambes soient tendus sous elle... elles se dérobèrent et retomba assise aussitôt, avec en plus un vertige reversant. Elle se rattrapa au bureau pour ne pas tomber par terre... Elle tanguait dangereusement. Mais son esprit s'embruma pour la première fois. C'était comme si une tempête se déchaînait dans son cerveau. Elle n'arrivait plus à réfléchir de façon cohérente... Puis le noir complet... Raphaëlle s'écoula par terre brûlante de fièvre...

(HJ toutes les excuses... je me suis lâchée XD)

Raphaëlle avait sombré dans les limbes obscures. Elle ne se rendit même pas compte que son médecin l'avait prise dans ses bras pour la porter jusqu'à la table d'auscultation. Elle ne se rendit pas compte non plus avec quelle facilité il avait pu le faire, étant donné qu'elle était petite et un peu trop mince. Sa tête s'était appuyée contre son torse... ça non plus, elle ne l'avait pas non plus remarqué.

Quand soudain elle sentit une odeur violente qui l'extirpa de son état second. Aussitôt son cerveau se remit en branle. Ammoniaque. Menthol. Chlore. Sodium... Un autre... Impossible de se souvenir du dernier ingrédient. La fièvre semblait danser un tango avec ses neurones et ses communications synaptiques quand elles faisaient grève. Sa température corporelle l'handicapait. Elle maudit l'homme près d'elle qui avait raison. Elle ouvrit les yeux. Doucement, en clignant plusieurs fois. Ils piquaient et en plus elle voyait un peu flou. Elle essaya de se relever une première fois, mais ce fut peine perdue. Elle n'avait pas assez de force. Une silhouette d'homme se dessinait. Elle n'eut aucun mal à deviner de qui il s'agissait.

Puis la voix chaude de son docteur qui murmurait. Malgré la fièvre elle l'assassina du regard. Elle essaya de se redresser une nouvelle fois mais beaucoup plus doucement. Sans faire vraiment attention, elle dût s'appuyer sur lui pour réussir.

Ce n'était pas de sa faute. Elle ne s'obstinait pas! Elle n'avait jamais tort! Cela n'était pas concevable. Il semblait la narguer. Elle le sentit dans son ton condescendent. Comment pouvait-il seulement oser? Elle savait qu'elle était plus intelligente que lui! De tout le monde d'ailleurs! Si elle avait étudié la médecine, elle n'aurait pas eu besoin de lui. Pour sortir de sa colère naissante, elle pointa du doigt le mouchoir imbibé de l'étrange mélange...

« Ammoniaque, Chlore, Menthol, Sodium. Quel est le dernier composant? » dit elle le plus froidement possible avec une voix roque au possible...

« Même avec quarante de fièvre... je reste intellectuellement supérieure aux autres... et je ne sais pas mettre mon cerveau en veille... moi! » lâche t'elle avec mépris. Elle n'était pas prétentieuse. Elle était juste persuadée de ce qu'elle disait. Elle s'appuyait sur des faits! « Et grand bien fasse à ceux qui ont le temps de ne penser à rien...»

Puis elle tourna la tête, remarquant un léger changement de décor. Ou était elle? Elle se pencha un peu en avant et remarqua la chaise poussée. Son sac renversé sur le sol. Elle reconstitua la scène. Oh non! Elle se tourna vers lui... et le fusilla du regard à nouveau. Elle constata qu'elle s'appuyait sur lui et le lâcha aussitôt. Puis elle piqua un fard monumental. Elle rougit jusqu'à la racine des cheveux. Elle était horriblement honteuse. Elle, Raphaëlle Focifère n'avait besoin de rien ni de personne! Pourquoi donc avait-il eu le culot de la porter? Une chose était sûre, elle ne le remerciait pas! Elle semblait même lui en vouloir. Elle ne voulait que personne ne l'aide. Elle... La fièvre lui brûlait toujours les tempes et elle se sentait de plus en plus faible et le malaise grandissait en elle. Elle n'avait encore jamais été confronter à une personne aussi têtue qu'elle et qui en plus lui tenait tête! Ou ce type était un parfait idiot, ou bien il était vraiment un génie... et ce qu'elle avait constaté jusqu'à présent... seule la deuxième hypothèse semblait coller.

[HJ : Je vais essayer d'écrire une réponse à la hauteur de la tienne !! ^^]

Quand sa patiente se réveilla, Tyee n'avait absolument pas prévu cette réaction aussi violente que drôle à son égard. D'ailleurs, il n'arrivait pas à se décider entre l'amusement et la surprise. Il regarda la jeune femme essayer de se débattre contre sa fièvre. Elle lui lançait des regards noirs et lui en voulait presque d'être malade. Elle faisait tout pour se donner une contenance et pour garder un air supérieur, mais ils savaient tous les deux que le docteur en médecine général avait gagné la partie face au docteur en physique depuis longtemps ! A de nombreuses reprises, elle s'appuya sur lui pour se tenir droite et il ne broncha pas.

Ce contact, non pas désagréable, était normal dans sa profession. On l'aurait accusé de mauvais médecin s'il l'avait laissé allonger sur le sol. Et, quelque part, il était presque persuadé qu'elle se serait plainte si ça avait été le cas. Lentement, Ty sentit une nouvelle fois un fou rire lui monter aux lèvres et il lui fut très difficile de ne pas se montrer hilare face aux réflexions butés qu'elle lui servait sur un plateau, pour se justifier de retourner à son bureau dans l'après midi même. Il n'arrivait pas à s'expliquer cette envie de rire, lui qui était si froid et si inexpressif d'habitude. Néanmoins, seul un sourire et des yeux moqueurs vinrent s'afficher sur son beau visage mate.

Sans répondre à ses attaques, il resta là debout à côté d'elle à attendre qu'elle se calme. Et là, l'indien assista à la chose la plus surprenante qui lui fut donnée de voir. Raphaëlle Focifère rougit. Son sourire s'effaça pour rendre à son visage son aspect de marbre habituel. Il garda pour lui sa surprise et peut être même sa confusion. Il la contempla quelques secondes en se demandant ce qui pouvait bien se passer à l'intérieur de sa tête, mais s'abstint d'intervenir d'aucune manière. Elle paraissait toute petite sur cette grande table d'auscultation et malgré la nouvelle couleur qui s'affichait sur son visage (presque aussi rouge que la couleur de sa propre peau), Raphaëlle Focifère était jolie à regarder. Il en avait amplement conscience et c'est pourquoi il préféra alors profiter du fait qu'elle ne le tenait plus pour aller rejoindre son bureau, écrire quelques notes, ouvrir un tiroir, récupérer un thermomètre et des cachets pour calmer la fièvre et les maux de têtes.

Avant de se retourner vers elle, Tyee chercha un gobelet qu'il remplit d'eau et cassa le comprimé qui se mit en état d'ébullition à son contact avec le liquide transparent. Puis, il se dirigea vers elle et froidement, comme à son habitude, ignorant le regard accusateur qu'on lui jetait, demanda : "Etes vous allergique à quelque chose docteur Focifère ?" Et sans attendre la réponse, il lui présenta le thermomètre qu'il tenait dans sa main droite et lui intima de le mettre dans sa bouche pour mesurer sa température. Dans la main gauche, il tenait le verre où se consumait le cachet et il attendit une petite minute avant de le lui tendre et de récupérer son outil de mesure.

Le docteur Amarok jeta un coup d'oeil rapide sur le bâton en plastique. 40° de fièvre... Si elle continuait à lui tenir tête pour aller travailler aujourd'hui, il finirait par lui donner un sédatif et la garder dans une chambre de l'hôpital ! Il planta ses yeux ambrés dans ceux bleus aciers de sa patiente et parla d'une voix ferme qui était sans appel : "40° de fièvre docteur Focifère... Je pense que vous êtes assez intelligente pour savoir ce que cela signifie ?!"

Dans son trouble Raphaëlle remarqua les yeux rieurs de son médecin. Et si ses yeux à elle avaient été des mitraillettes elle l'aurait tué sur place. Il se foutait d'elle! D'ELLE! Elle n'en revenait pas! Personne n'osait! Bien souvent elle rabattait le caquet aux minables qui se croyaient plus malins qu'elle! Mais là... rien ne lui vient. Son sang battait en rythme contre ses tempes et elle souffrait d'une affreuse migraine! Elle ne savait elle-même pas pourquoi elle était aussi rouge. Elle était en colère certes et gênée aussi d'être dans ce piteux état... Mais y avait il autre chose? Sans qu'elle ait le temps de se poser plus de questions, l'insupportable -néanmoins charmant- docteur lui pria de mettre un thermomètre dans la bouche. Puis une question sur ses états allergiques. Ainsi donc il n'avait pas lu son dossier... l'amateur se dit elle fièrement en trouvant enfin une faille.

« Oui je suis allergique à la connerie humaine! » dit elle avec ironie. Mais voilà même le mensonge pour de l'ironie était contre nature pour elle. Elle ne savait pas mentir... ne pouvait pas mentir... « ... en faite non c'est faux... on peut pas être allergique à ça... c'était censé être une blague... pas drôle certes, mais ne blague quand même! » rajouta t'elle en baissant les yeux au sol, gênée par son propre bide...

Puis elle lui rendit le thermomètre. Ainsi donc elle avait bien 40° de fièvre. Dire qu'elle espérait qu'elle exagérait. Mais non. Elle était vraiment malade... à en crever. Mais elle estimait que ce n'était pas une raison suffisante pour glander.

« Ça veux dire que je vais devoir me trimbaler une poche de glace sur le crâne pour faire baisser la fièvre? » dit elle en espérant un oui clair, net et précis. Elle se voyait mal se mettre en arrêt maladie pour une simple crève. Le dernier qu'elle avait fait (ou essayer de faire)... elle l'avait passé à l'UDPH sur le canapé de son bureau à travailler en se levant pour aller vomir toutes les cinq minutes. Alors ce n'était pas un peu de température qui l'empêcherait de faire de même.

Elle prit ensuite le verre que son docteur lui tendit. L'odeur lui tira une grimace... comme la petite fille qu'elle était au fond d'elle, prête à faire un caprine pour pas boire ce truc infâme. Elle regarda le liquide, qui semblait être une banale aspirine effervescente et releva la tête.
« Vous avez pas répondu à ma question Docteur Amarok... qu'y avait-il dans le produit qui m'a sortit de ma torpeur? » Trop curieuse. Elle n'aimait pas ignorer quoi que ce soit. Elle devait tout savoir sur tout. C'était peut-être à cause de ça que tout le monde la trouvait insupportable...mais elle ne tolérait pas l'ignorance.

« Quand j'aurai bu ce truc infâme... je pourrais retourner travailler? » bon certes elle ne voyait pas encore comment elle pourrait tenir sur ses jambes... mais elle trouverait bien une idée rapidement...