[Fini] Les bureaux de la rédaction sont ouvert à tous

Vyle était assis à son bureau. Ses voisins étaient tous penchés sur leur travail. Lui non. Il avait les pieds sur son secrétaire, il se balançait sur son siège, parfois tournait dessus... Il n'était pas au mieux de sa concentration. Non, même pas du tout. Il attendait l'illumination. Rien d’intéressant lui venait. Il mâchouillait son stylo et regardait sa machine à écrire. Il avait délaisser son ordinateur pour cet objet archaïque. Cella faisait plus authentique. Depuis il s’intéressait même aux antiquités. Il tourna la tête vers la porte d'entrée. Quelqu'un venait d'entrer...

Après avoir toqué à la porte, Gabriel avait attendu quelques secondes une invitation, un mot, un signe comme quoi il pouvait entrer. N'ayant rien entendu, il entrouvrit doucement la porte et passa un tête un peu peinée :

« Bonjour. J'espère que je ne dérange pas, j'ai eu beaucoup de mal à trouver votre bureau. Vos collègues m'ont fait visiter votre rédaction à force de me donner des informations contradictoires. Ils y a une guerre ouverte entre eux et vous ? »

L'agent à la forte carrure fit deux pas en avant en dévisageant, sans dépasser la limite de la politesse, son vis-à-vis. Cela dit, il pouvait comprendre pourquoi ses collègues ne l'aimaient en voyant sa coiffure. Le type, il n'avait aucune honte, vraiment. Il préférait bien mieux être chauve qu'avoir la moitié de la serpillière peinte en blanc et l'autre en noir.

D'une main, il désigna une chaise avec l'évidente question de savoir s'il pouvait s'y assoir.

Vyle fixait l'inconnu qui le dévisageait. Quand il aperçu son regard sur ses cheveux, il s'imaginait déjà le type mort de rire intérieurement. Bon okay il y avait une guerre ouverte entre ses cheveux. Mais bon on allait pas en faire un formage non plus! Mais l'homme en face de lui ne dit rien... Un bon point pour lui. Mais cela n'empêcha pas Vyle de rester méfiant. Que lui voulait il au juste? Pourquoi était il là? Pourquoi le cherchait il? Cependant l'harpie décida de rester courtois, comme à son habitude. Il ne devait pas laisser sa paranoïa pendre le dessus.

« Je vous en pris prenez place! Ah mes collègues sont parfois un peu farceurs avec les étrangers... et puis disons le franchement, ils se contentent d'écrire dans la rubrique des chiens écrasés... cela n'est guère épanouissant pour eux... Pardonnez leurs bêtises! Ne dit on pas que l'erreur est humaine? » dit en prononçant ce dernier mot avec délectation. « Que puis je faire pour vous Monsieur...? » Il laissa volontairement trainer la dernière syllabe, c'était une façon aimable de demander à qu'il avait à faire.

Il est dit que l'on ne dispose que de quelques secondes pour faire bonne impression. Gabriel échouait assez souvent à cette épreuve. Mais ce devait également être le cas du damier en face de lui. Il avait l'impression d'être un intrus. Et cette façon qu'il avait de dénigrer ses collègues… Si eux faisaient les chiens écrasés, il faisait quoi lui ? Tout au moins, si l'ensemble de la gestuelle de l'occupant du bureau était peu avenante, ses paroles étaient polies, même s'il avait un accent à laisser traîner les dernières syllabes de ses phrases. «humain», «monsieur» donnait l'impression d'être dans sa bouche des chewing-gum étirés au maximum avant d'éclater.

«Randall, monsieur Randall.»

L'auto-mentionné se redressa sur sa chaise, mal à l'aise puis se pencha vers son correspondant.

«Je suis heureux de vous avoir trouvé en tout cas. C'est d'une importance capitale. Si ça ne paraît pas dans le journal de demain, je suis mort, trucidé. Vous serez assez rapide pour que ça paraisse aussi vite ? J'insiste, c'est quand même une question de vie ou de mort et il faut que le plus grand nombre le sache. Que dis-je le plus grand nombre ? La ville entière !»

Gabriel plongea des yeux inquiets et implorants dans ceux de son interlocuteur en attente d'une quelconque réaction.

Des fous... Vyle y avait souvent affaire. Mais ne dit on pas que la folie contient une par de vérité? Des cinglés, il en avait vu passer des tas. Tous prétendaient avoir des choses importantes à dire. De la fin du monde toute proche, en passant par des licornes dans la forêt, des vampires suceurs de sang qui flânaient dans les ruelles sombres la nuit, ou bien des théories du complot. Et les complots... Vyle y croyait, il savait. "On nous cache des choses..." était son leitmotiv. "Les gens ont le droit de savoir" était son combat. La folie contient toujours une part de vérité...

S'il savait néanmoins que dévoiler le fin mot de l'histoire de Ténébris maintenant n'était pas une bonne idée, il aimait tout de même savoir ce qu'il combattait. Cet homme ,en face de lui, semblait accablé par un lourd secret... qu'il voulait dévoiler. Aller t'il le faire? Tout dépendrait du croustillant de la situation... A moins... qu'il sache... qu'il sache pour eux, les créatures.... les monstres comme les nommait l'état. Que dire? Que faire? Et si l'individu l'accusait? Non il ne pouvait pas savoir... Il ne devait rien laisser paraître...

Et c'est dans un mouvement de sourcil pour marquer son intérêt que Vyle hocha doucement la tête pour monter que "Monsieur Randall" avait retenu son attention. Il fixa les yeux inquiets et implorant de son visiteur de ses yeux cachés par des lentilles bleues. Il ne bougea pourtant pas. Ses pieds toujours sur le bureau, le harpie se tenait légèrement vouté.

« Les gens ont le droit de savoir est mon crédo Monsieur Randall... vous vous adressez donc à la bonne personne... Dites moi donc comment puis je vous sauver la vie? » dit il en articulant bien chacune de ses syllabes.

Ne pas sourire, ne pas réagir. Il ne fallait rien laisser paraître. Qu'allait il lui dire. Savait il pour lui? Savait il pour eux? Ne rien laissez paraitre...

Au moins, ce type bizarre semblait efficace. Enfin, le terme «droit de savoir» était un peu fort quand même. Gabriel se réinstalla sur sa chaise s'asseyant du bout des fesses pour être plus proche de son interlocuteur.

Alors, tout d'abord, il avait, enfin, il a des poils gris.

Il pausa un instant et secoua la tête négativement.

Désolé, j'ai oublié de vous demander un truc. C'est le prix. Enfin, je veux dire, c'est à la page, à la ligne, au caractère ? C'est quoi le tarif pour ce genre de service ?

Il porta la main sur sa veste, pour vérifier s'il avait son portefeuille. Il sentit la présence rassurante de l'objet de toile épaisse.

Désolé de vous demander ça, hein. Mais vous comprenez que ce que je vais dire dépendra quand même du tarif.

Il eut un sourire peiné et gêné. Comme s'il s'excusait.

Vyle écouta attentivement comme il savait si bien le faire. Mais quelques choses dans cette histoire le chiffonnait. Quand Randall lui parla argent.. il se dit qu'il y avait plus anguille sous roche, mais baleine sous caillou. Il soupira gardant son calme. Normalement on ne paye pas pour diffuser une info, c'est même les journaliste qui payent pour en avoir... En revanche... les gens payent pour... Nan quand même pas ? Ses collègues n'auraient pas oser lui faire ça quand même... quoique si. Justement !

« Monsieur Randall... et si vous me disiez ce qui vous amène avant toute chose ? » dit il avec son sourire habituel.

Et lui qui comptait faire une grosse affaire. Bon tant pis. Même si ce n'était qu'un truc insultant. Un contact en plus dans sa base de données ne serait pas du luxe. Un service pour un autre. Mais ce type... qu'est ce qu'il avait qui pourrait lui servir ? Rien pour le moment... mais qui sait ?

L'autre n'avait pas voulu vraiment répondre à sa question. Il avait juste pris son plus beau sourire pour l'inciter à continuer à parler. Gabriel se recula sur sa chaise en faisant la moue. Bon, après tout, il ne pouvait pas vraiment se faire escroquer. Si jamais l'autre voulait le mettre dans le pétrin, il se retrouverait affalé sur son bureau avec l'agent de l'U.D.P.H. qui lui ferait une clé de bras. Gabriel se sentait tout de même un peu ridicule. Il inspira profondément en fermant les paupières. Lorsqu'il rouvrit les yeux, il commença :

Bon, d'accord, c'est vrai, vous avez raison, il faut bien se lancer à un moment ou un autre. Alors. Je vous laisse prendre votre crayon pour noter.

Gabriel avait pris un crayon à papier à portée de main sur le bureau et le tendait à son propriétaire tout en continuant :

Recherche lapin nain à poils gris nommé 'Paillette'. Perdu dans le quartier des HLM hier soir. Mercredi soir donc. Forte récompense à celui qui me le ramènera avant vendredi soir.

Gabriel s'interrompit un instant avant d'ajouter à l'attention de Vyle :

Oui, parce que vous comprenez, ma fille rentre vendredi soir et si jamais elle découvre que son lapin s'est échappé, elle va me faire une crise. Je l'ai cherché partout sans succès. Il faut absolument que vous me sauviez la vie et publiez cette annonce au plus vite ! Vous avez de la place dans l'édition de ce soir ?

Le grand dur lieutenant regarda le journaliste avec un air implorant de chien battu.

Vyle saisit le stylo que lui tendit son interlocuteur. Monsieur Randall. Il nota. Puis en plein milieu de sa phrase il se stoppa. Bon okay. Il avait comprit depuis un moment que ses collègues lui avaient envoyé un faux scoop. Cependant, un client est un client. Et qui sait, peut être deviendra t'il un informateur accomplie par la suite. Le tout était de savoir qui était il en vrai.

Premier abord, le journaliste l'avait prit pour un fou. Le genre de type qui crie au complot, au loup et autres inepties... pas si folles que ça. Mais non. Ce type était père. Étonnant. Vêtu comme un ado geek. Il ne récupérait sa fille que ce week end. Soit il était père célibataire et sa môme était partie en classe verte, soit il n'avait pas la garde. Et vu qu'il semblait incapable de garder un simple lagomorphe en cage... il dne evait pas s'occuper de sa petite à plein temps. Donc un divorcé. Mais toutes ces données lui semblaient inutiles.

Qu'est ce que ce type ne lui disait pas ? On à tous des secrets. Non, il ne le voyait pas faire un boulot sérieux... trop gamin pour ca... Bah... il aviserait en tout voulu...

« Monsieur Randall... Vous arrivez un peu tard pour que cela paraisse normalement dans l'édition de demain. Mais... je vais essayer de faire mon possible pour la diffuser. Je ne voudrais pas être responsable des larmes d'une petite fille innocente. » dit il en reposant le stylo.

« Si vous avez une photo de ce lapin... je pourrais essayer de la diffuser. Cela ne vous coûtera rien, exceptionnellement. Je ne fais pas ça pour vous, mais pour votre petite. Mais je vais avoir besoin que vous me remplissez un formulaire... » dit en lui tendant une fiche.

« On ne diffuse pas des petites annonces comme ça. Nous voulons savoir si les gens pour qui l'on rend ce service sont crédibles... vous comprenez? »

Le journaliste stoppa son geste d'écriture et ne nota rien. Gabriel se demanda s'il avait dit une bêtise. On lui annonça juste qu'il arrivait un peu tard. Il fit la moue.

Oui, j'ai essayé de chercher partout avant, j'ai mis les affichettes et ait frappé les voisins, enfin, leurs portes, mais je suis venu ici en dernier recours.

Le stylo fut carrément reposé. Gabriel fixa l'objet avec un œil de poisson mourant. Mais il allait le noter le texte de sa petite annonce, oui ou non ? Surtout que ce genre de service désuet, avec les technologies numériques actuelles, coûtait au moins un bras. Bon, s'il ne retrouvait pas cet animal, cela lui coûterait ses tympans. Il lui fut demandé une photo. Il se redressa et plongea la main dans les poches de son sweat-shirt sur lequel il était noté «AFK» pour en sortir un portefeuille. Il l'ouvrit et en tira deux photos. Il posa la première en expliquant :

Celle-là, il y a le lapin tout seul mais elle est pas très nette. Sur la seconde, on le voit bien mais il y a ma fille dessus aussi et je veux pas qu'elle passe dans le journal.

Il montra la seconde mais sans la lâcher. On y voyait une adorable blondinette en salopette à fleurs avec deux couettes et un sourire qui montait jusqu'à ces dernières. Elle tenait dans ses bras un lapin qui était dans une position à moitié suspendue peu confortable.

Par contre, je comprends mal. Vous vérifiez les gens qui viennent pour déposer des petites annonces ? C'est pas un peu extrême ? Je veux dire, vous n'allez pas faire une enquête de police pour chaque personne qui vient vous acheter une page de pub, non ?

Gabriel attendit le verdict et la réponse de l'homme en face de lui.

Vyle sourit quand l'homme en face de lui racontait son périple pour retrouver le lapin de sa fille. Quand il raconta qu'il avait frappé ses voisins, il avait haussé un sourcil, puis avait retenu un fou rire quand M. Randall lui détailla qu'il s'agissait en vrai de leur porte. Puis, il prit les deux photos. La petite était mignonne avec ses couettes, quoique ''affreusement'' humaine. Il hocha la tête.

« Je comprends que vous ne souhaitiez pas voir le portait de votre enfant diffusé dans les journaux, cela pourrait attirer de dangereux prédateurs et ni vous, ni moi, ne souhaitons que cela arrive. En revanche, je vais tout de même prendre cette photo... » dit en pointant la deuxième, celle ou apparaissait le lapin le plus clairement, « ... mais je vais faire recadrer l'image et faire flouter tout ce qui n'est pas... ''paillette'' c'est ça hein ? »

Tiens pourquoi il insistait sur le formulaire ? Avait il quelque chose à cacher ? C'était une chose courante pourtant, il n'avait jamais eu à vraiment argumenter jusque là. Vyle se contenta de hocher la tête une nouvelle fois. Non il ne faisait pas d'enquête pour si peu...

« Allons, Monsieur Randall, nous ne demandons que les informations de base. Le nom, prénom, l'âge, la profession, l'adresse, un numéro de téléphone. Cela nous permet non seulement de vous joindre, mais aussi de faire une étude sur les lecteurs de notre journal. Nos abonnés ont quasiment la même chose à faire. Après...il nous est arrivé de diffuser par mégarde, dans le passé, des annonces douteuses et nous avons eu la police sur le dos. Ne sachant pas qui étaient les commanditaires des mots que nous avions fais publier, cela nous a attiré pas mal de soucis. Vous comprendrez donc que nous ne souhaitions pas que cela se reproduise à nouveau... Même s'il ne s'agit que d'un lapin, cette ''procédure'', dirons nous, fait partit de notre charte d'étique. Les informations ne sont pas diffusées et sont strictement confidentielles... je vous l'assure ! »

Gabriel montrait la photo avec toute la fierté d'un père amoureux de sa progéniture. Il ne put s'empêcher de la regarder rapidement en cachant ainsi la vue à l'employé. Il la remontra ensuite. Ce dernier parla de «prédateur» et extirpa un frisson bien visible au militaire. Plus que tout autre, il savait le nombre incroyable et la diversité de dangers que pouvait contenir cette ville. Son ex-femme l'avait toujours trouvé paranoïaque, c'était l'une des nombreuses causes de leurs disputes.

«Et puis, elle était conne de toute façon, même sans ça, ça aurait fini de la même manière» murmura-t-il, l'air absent en regardant à nouveau la photo.

Le sujet repartit sur l'enquête. L'employé lui expliqua qu'il s'agissait juste des informations de base.

Ah ! Mais ces informations-là n'ont rien avec la crédibilité quelconque des gens qui viennent. C'est juste pour des études statistiques, en fait. Je comprend mieux. Oui, je n'ai aucune raison de ne pas vous dire tout ça. Et puis de toute façon, avec mon chèque, vous auriez tout eu. Vous acceptez bien les chèques, n'est-ce pas ? De nos jours, on ne sait plus vraiment si on peut encore les écouler.

Il donna les renseignements demandés en terminant par la profession :

Je suis détective privé. Vous comprendrez pourquoi je m'inquiétais pour l'enquête de crédibilité. Ce genre de trucs fait partie de mon métier.

Avec un peu de chance, le journaliste ne lui poserait aucune question entre son métier et sa venue ici. Derrière le bureau, il croisait discrètement les doigts. C'est vrai qu'il se sentait un peu ridicule.

Vyle se redressa sur sa chaise. Un détective privé ! Si ça ce n'était pas une aubaine pour lui ! Pas mal de gens avaient tendance à le surnommer le fouille-merde. Et il n'avait pas hérité de ce surnom sans raison. Il cherchait tout ce que le gouvernement cachait. Même si ce dernier n'hésitait pas à encourir à la censure pour que les cachoteries de l'Etat ne soient pas dévoilées, le hapie lui, écrivait des articles parfois un peu ambigu. Il fallait lire entre les lignes et connaitre un code particulier pour décrépiter ce qu'il transmettait en réalité aux créatures. Les amateurs de théories du complot y trouvaient souvent des informations compromettantes... Mais personne ne pouvait savoir s'il ne s'agissait pas juste de paranoïa...

« Détective Privé ! Comme c'est passionnant Monsieur Randall ! Vous devez voir beaucoup de choses intéressantes dans votre profession ! J'adorais en savoir plus sur ce que vous faites... » dit il avec un grand sourire jusqu'au oreille. Là... c'était passionnant. Il était tellement intéressé que pendant une seconde il en oublia sa paranoïa. « Et vous avez mené une enquête pour retrouver ce cher Paillette, mais il n'a pas laissé de trace de son passage. C'est assez étonnant ! »

Vyle observa attentivement son interlocuteur. Il semblait mal à l'aise. Mensonge ? Gène simple ? Timidité ? Non... que cachait il en vrai. Si ça se trouve cette histoire de lapin était fausse et il enquêtait sur lui. Mince. Non. Pas possible. Peut-être ? Que faire ? Rester le plus naturel possible, le faire parler, en savoir d'avantage...

« Un jour je me vois bien écrire une chronique sur votre métier ! J'adorais en savoir plus ! Peut-être me laisserez-vous vous suivre un[*]e journée pour que je vois les tenants et les aboutissant de votre travail. Je signerais bien sûr une déclaration de confidentialité pour ne rien dévoiler de vos affaires en cours ! Je suis certes un journaliste... mais je sais aussi quand je ne dois pas abuser de l'information... » Pensez-vous ! Il était constamment en train de s'autocensurer pour pas que des types baraqués sans cervelle en uniforme kaki au logo de l'UDPH, s'occupe de son cas.« ... Oh et en ce qui concerne les chèques, oui nous les prenons habituellement, mais comme je vous l'ai dit, cette fois ci je me charge moi des frais qui seront imputés à la diffusion de l'avis de recherche ! Mais je vous l'accorde, écouler les chèques de nos jours est une vrai torture ! Les établissements ne les prennent plus nulle part ! Tenez, l'autre jour je n'avais que ça pour payer le restaurant ou l'ai diné... Bah ils m'ont gardé en otage jusqu'à ce qu'une amie vienne avec de quoi les payer ! Si ce n'est pas un comble ! » il secoua sa tête en signe de dépit...


(HJ je sais pas ce que j'ai fait mais j'ai fait de la merde oO , je ne suis pas sur de ou était ce bout de phrase, je le place la ou je pense qu'il devait être pour pas que des types baraqués sans cervelle en uniforme kaki au logo de l'UDPH, s'occupe de son cas.

Gabriel ne put s'empêcher d'avoir un sourire un peu amusé lorsqu'il entendit l'exclamation presque de joie de l'employé des petites annonces à l'annonce de sa profession. C'était vrai que ça devait être plus palpitant parfois que son poste d'employé de bureau et bien plus pénible le reste du temps. Il se disait intéressé par son métier. Gabriel tempéra :

Vous savez c'est la plupart du temps assez ennuyant surtout avec les époux soupçonnés d'adultère.

« Et vous avez mené une enquête pour retrouver ce cher Paillette, mais il n'a pas laissé de trace de son passage. C'est assez étonnant ! »

Gabriel se sentit devenir brûlant. Il devait être plus rouge qu'un panneau «STOP». Il coinça ses mains entre ses cuisses et parla à voix un peu plus basse :

Ouais, je sais, c'est la honte. J'ai trouvé pleins de preuves pour des procès et je suis pas foutu de retrouver le lapin de ma fille.

Et voilà, ça avait pas raté, il avait bien tourné le couteau dans la plaie comme il le fallait. Il avait même sans s'en rendre compte, baissé la tête comme un écolier pris en faute. Mais l'autre lui demanda l'autorisation de l'accompagner dans son travail avant de partir dans un soliloque sur l'utilisation des chéquiers appuyé par l'exemple d'une mauvaise expérience qui lui était arrivée. Gabriel releva la tête et le regarda comme s'il était débile.

Attendez ? Vous êtes journaliste ? Mais qu'est-ce que vous foutez au bureau des petites annonces ? C'est la punition quand vous rendez vos papiers en retard ?

Mais qu'est-ce qu'un journaliste pouvait faire à ce poste ?

Vyle regardait le type en face de lui. Sérieux il ressemblait davantage à un ado qui n'aurait pas fini de mûrir. Il était censé être père de famille. Bon il fallait avouer que détective était peut-être ce qui convenait le mieux à un type comme lui. Pas de vrais horaires, pas de contrainte... pas d'obligation. Le harpie était loin de se douter qu'il avait dans son bureau un homme qui vivait tout le contraire. Rigueur militaire et tout ce qui va avec.

« Oh je me doute que vous avez votre lot de mari infidèle et de voisins mécontents soupçonnant un autre de couper leurs arbustes la nuit... Mais j'avoue que cela doit être intéressant ! Vraiment je me ferais une joie de vous voir à l'oeuvre. »

Oui ce type était un vrai idiot. Il se demandait comment il pouvait vraiment réussir à faire quoi que ce soit, alors qu'il devait passer le plus clair de son temps devant un écran d'ordinateur pour jouer à Dieu ne sait quoi. Il n'était pas étonnant qu'il ne retrouve pas un basique lapin... il devait être caché sous un meuble. Ou alors mort. De son côté, Vyle savait qu'il chercherait un lapin identique dans une animalerie et finirait pas lui proposer s'il n'avait pas de nouvel du paillette original...

Soudain Monsieur Randall réalisa une chose alors insoupçonné jusqu'à là. Oui... Vyle n'était pas un employer de bureau qui s'occupait des petites annonces. Il poussa un long soupir. Puis étala à nouveau ses jambes sur son bureau. C'était donc ça... Ses collègues ne lui avaient pas fait une mauvaise blague... non ce type était juste un abrutit qui s'était perdu dans les couloirs du Ténébris Sun Light.

« En faite je suis bel et bien journaliste. Je ne suis pas dans le bureau des petites annonces, vous non plus d'ailleurs. Il est un étage plus bah. Quand vous êtes rentrer j'ai cru que vous étiez un informateur... Et quand je vous ai écouté... j'ai eu envie d'aider votre petite... Que voule- vous, je suis journaliste au grand coeur... Je m'occuperais donc de cela... »

Le voir à l'œuvre ? Gabriel eut une moue. Déjà s'il avait été détective, il aurait refusé mais avec son poste actuel la question ne se posait même pas : aucun civil ne devait voir leurs activités. Et encore plus s'il travaillait pour un journal, même si ce n'était qu'aux petites annonces.

Gabriel du avouer qu'il avait perdu le lapin alors qu'il était détective. Il sentit sur lui le regard méprisant de son interlocuteur. Il savait qu'il passait pour un con. Malheureusement, pensa-t-il en rougissant, c'était ce qu'il était dans cette histoire de bête à poil et carotte.

Jusqu'à ce qu'il réalise qu'il se trouvait dans le bureau d'un journaliste.

Mais pourtant… Lorsque j'ai demandé à vos collègues là, sur le plateau, ils m'ont tous indiqué et unanimement ce bureau.

Gabriel soupira et se leva.

Je suis désolé de vous avoir fait perdre votre temps.

Il allongea le bras et récupéra prestement ses deux photos ainsi que le formulaire. Il n'avait pas demandé l'accord du journaliste et s'en fichait complètement. Il aurait pu penser un autre jour que ce type ferait un bon indic mais il songeait surtout à aller déposer son annonce avant la fermeture du vrai bureau.

Auriez-vous l'obligeance de m'indiquer où se trouve le bureau des petites annonces dans ce cas ?

Son ton était déçu. Il s'était humilié auprès de ce type et tout cela pour rien. Il partait déjà vers la porte d'entrée, près à écouter les indications du journaliste et à dire au revoir.

Vyle regarda son interlocuteur. Il méprisa à nouveau ses collègues qui s'étaient foutu de lui. Certes le geek ne devait pas être une lumière, mais savoir que les autres lui avaient joué un mauvais coup aurait pu le faire sortir de ses gongs, s'il n'avait pas eu un minium de self contrôle !

« Allons bon M. Randall ! C'est moi qui suis navré que mes collègues se soient joué de vous. Laissez moi donc m'occuper de ça ! J'espère qu'ainsi vous ne me pardonnais l'humour déplorable de ceux qui travaillent avec moi ! » dit il calmement. « Le Ténébris Sunlight mettra tout en oeuvre pour que les habitants et citoyens de notre belle ville retrouve ce cher Paillette. » D'un geste de la main il l'invita à se rasseoir lui tendant néanmoins le formulaire.

Après tout ne lui avait il pas dit qu'il lui offrait les frais de publication ? Il y avait quand même de quoi l'inciter à rester avec lui. Mais cependant, le détective ne semblait pas exactement motivé pour le laisser de ''découvrir'' son métier. Et dire qu'il pensait que les détectives étaient tous envieux de dévoiler les difficultés de leur métier... il faut croire qu'une fois encore il s'était fourvoyé.

Le journaliste se montra plus professionnel que ses collègues. À coup sur, il avait certainement travaillé un moment ou un autre en tant que commercial. Un peu gêné tout de même de faire faire à ce journaliste aux cheveux bipolaires un travail qui n'était pas le sien, Gabriel se sentit obligé de revenir s'assoir et de s'emparer du formulaire tendu. Il sorti un crayon publicitaire de sa poche qui portait le nom de son club de sport de combat et commença à remplir quelques informations.

Soudain, alors qu'il avait à peine renseigné son nom et son prénom, son téléphone sonna. Gabriel s'excusa, posa ce qu'il avait dans la main sur le bureau du journaliste et répondit.

Oui, allo ? … Oui, c'est bien moi. … Oh, c'est vrai ? Formidable ! Mais où ? … Votre fille dans l'escalier ? … Aaah mais vous êtes au troisième étage, c'est bien ça ? … Oui, oui, j'arrive, je me mets en route, j'arrive d'ici une demi-heure !

Il raccrocha son téléphone, le fourra dans sa poche tout en se relevant précipitamment.

Finalement, monsieur, je vous remercie beaucoup de m'avoir aidé et je suis vraiment désolé de vous avoir fait perdre votre temps mais la gamine du troisième l'a ramené chez ses parents. Je vais vite le récupérer avant d'avoir trop de frais d'électricien. Je vous souhaite une bonne soirée, au revoir !

Gabriel avait claqué la porte derrière lui et était parti en courant sans laisser vraiment le temps au journaliste d'en placer une mais en oubliant également le formulaire et son stylo sur son bureau.

Vyle observa le détective. Il avait enfin réussi à lui refaire poser son arrière train sur cette satané chaise. Alors que M. Randall remplissait le formulaire avec son propre stylo, le portable de ce dernier sonna. Il ne lui fallut pas longtemps pour comprendre que 'Paillette' avait été retrouvé. La petite du gamin immature qui lui faisait face allait pouvoir dormir tranquillement. N'empêche que pour privé, ne pas savoir que le rongeur était chez une voisine qui plus ai... il avait du mal mener son enquête !

Bref le hapie haussa juste les épaules. Par contre, il devait avouer qu'il ne s'attendait pas à ce que son client qu'il avait eu autant de mal à épingler se lève et sorte aussi vite avec une bref explication et un signe, sans laisser au journaliste le temps de répliquer quoi que ce soit. A peine eu t'il cligné des yeux, que la porte de son bureau claquait.

« Bah ça alors ! »

Puis son regard se porta sur le stylo oublié et le formulaire partiellement rempli. Il esquissa un sourire avant de les prendre. Avec ça, s'il n'arrivait pas à remettre la main sur lui... c'est qu'il était un journaliste d'investigation encore plus pitoyable que le détective...