(TERMINÉ) Je m'appelle Lise!

[HJ : Tant mieux ]

En effet, Alec n’aimait pas qu’on le pousse à mettre sa moto de côté. Sa moto avait été avec lui depuis toujours. Il l’avait changé plusieurs fois en temps, l’avait même mit aux oubliettes pendant quelques années mais c’était terminé. Sa mot était là et elle resterait là. Point barre, il était hors de question qu’il s’en sépare ou qu’il la remplace par un pot de yahourt. Il n’était pas assez fou pour transporter un enfant dessus par contre et comprenait que pour les déplacements il devrait en discuter avec Lise. Elle serait bien en mal de conduire avec son ventre qui allait bloquer le volant.

Pourtant sa mère ne s’avança pas jusqu’à lui demander ce qu’il comptait faire, elle lui donnait juste une recommendation pour le futur. L’un dans l’autre il approuvait son conseil mais fut tout de même content que Lise vole à sa rescousse et s’avance sur le sujet de la voiture. Au premier abord, il fut content de son initiative mais en y pensant, Lise était quand même un danger publique pour elle-même. La pensée qu’elle conduise enceinte lui faisait froid dans le dos.

“On verra de toute façon.” Renchérit-il. “On a encore du temps pour y réfléchir.”
- Fait attention Alec, 9 mois ça passe vite. Ajouta sa mère.
“Et bien on réfléchira vite.” Dit-il avec une pointe d’humour.

Il avait préféré clore le sujet avant que tout le monde s’y mette. Il voyait son tante qui bouillait de rajouter quelque chose et son père qui était sur le point de s’y mettre. 3 Kane à la même table qui n’appréciaient pas particulièrement le mode de transport principal d’Alec et ça allait être sa fête. Si on les laissait sur leur lancée, ils seraient sur l’ordinateur familial d’ici à 10 minutes pour regarder des voitures secondes main. Autant ne pas les laisser s’emporter.

Curieuse, peut-être, Adeline sourit à Lise attirant ainsi son attention.

- Au fait Lise, vos parents, comment ont-il réagit ? demanda t-elle.

Au mot -parent-, Alec avait légèrement blémit. Il repensa au divorce de ces derniers et essaya lui-même de se souvenir si Lise leur en avait parlé. Aussi loin qu’il se souvenait juste Erwin savait.

Quoi?! Mais cette question était vraiment sortie de nul part! La jeune femme attrapa son verre d'eau pour se donner quelque seconde de plus pour réfléchir à ce qu'elle allait dire. Sa nervosité était presque palpable.

La jeune femme jeta un furtif regard de désespoir à Alec avant de finalement reposer son verre. Lise ne pouvait pas mentir au Kane. Ce serait trop leur demander. Mais elle savait que la réponse ne leur plairait pas.

"Ils... Euh." Comment dire cela" ils étaient surpris." Commença-t-elle.

Mon père à manqué de me jeter à la porte alors que ma mère à fondu en larmes, et pas de joie.

Lise chercha désespérément un contact physique avec Alec. De son genou, elle toucha le sien. Son cœur battait si fort , elle avait peur qu'ils ne puisse l'entendre.

"Ils s'inquiètent , comme tous bons parents" dit elle avec un sourire crispée.

Ouais, ils s'inquiètent de leur image publique et du fait que ma vie ne va nul part !

"Sinon, mon grand-frère souhaiterait être le parrain du bébé."

Encore une fois, surtout parce qu'il était convaincu que je suis dans l'incapacité de m'occuper d'un bébé .

Lise était blessée, qu'à long terme, personne ne croit vraiment en ses capacités. Pour le monde entier, elle resterait toujours une jolie tête vide se rappela-t-elle avec amertume.

Au moins Alec avait un jour cru voir quelque chose en elle, bien qu'elle ignore ce que c'était.

Sa famille pouvait vraiment se montrer envahissante, il le savait et avait apprit à vivre avec malgre tout, il se sentait très mal pour Lise qui ne connaissait pratiquement rien d’eux et qui subissait leur curiosité légendaire. Le jeune homme vit à travers elle comme dans un livre ouvert mais il était sans mot. Il ne pouvait rien dire qui ajouterait aux propos de la jeune femme. En fin de compte, il ne savait pas si elle en avait même parlé à ses parents. Son frère, oui, mais pas les autres.

Il imaginait grandement le mal aise qu’elle ressentait, son regard criant de désespoir le fit déglutir et il sut que la suite ne serait pas facile. En effet, Lise en vint à chercher un contact avec lui, comme à chaque fois qu’elle était mal et perdait le contrôle. C’était sans doute un moyen de soutien pour elle, une façon de se raccrocher à quelque chose ou quelqu’un. Il finit par poser sa main sur la jambe de la jeune femme alors qu’elle continuait ses explications et ce geste n’échappa pas à son père qui haussa un sourcil.

Toute la famille ne cachèrent pas leur mécontentement mais ne dire rien et continuait de sourire sous leurs mines légèrement sombres. Après tout, eux aussi avaient eu un réaction forte et sans le support d’Adeline, il savait que sa mère se serait emportée. Heureusement pour eux, sa tante avait imposé une ligne de conduite que tout le monde avait accepté comme la meilleure. Le Prof quant à lui se sentait prit entre deux eaux. Entre les Kane qui feraient tout pour accueillir Lise et qui le pousserait à faire amende honorable envers elle et le bébé, peut-être même plus et les Vernay...

Ça c’était le plus dur. Erwin avait assisté au repas où Alec avait été convié. L’attirance du Prof et de la jeune femme ce soir là ne lui avait pas plut, mais alors, pas du tout. Il doutait grandement que le grand-frère le porte dans son cœur aujourd’hui après l’affront qu’il avait fait. Quant aux parents... Il voyait bien le traditionalisme de Leah et cette nouvelle avait dû la boulverser : sa Lise célibataire enceinte... L’affront suprême. Quant à Rambert... Alors là, il s’attendait à entendre de ses nouvelles très bientôtet ça n’allait pas être plaisant...

- C’est normal, les parents s’inquiètent toujours trop pour leur enfant. Conclue Adeline en jetant un regard lourd de sens à Lucie.
- Pour le parrain... commença cette dernière.
“Je suis d’accord.” L’interrompit Alec qui voulait clore le sujet. “Erwin fera un très bon parrain.”

Sa réponse ne leur plaisait pas. Elle le voyait bien. Mais comment aurait-il pu en être autrement. Une fois de plus, elle pinça nerveusement les lèvres, déçue d'elle-même. Quand la main d'Alec se posa sue sa jambe, elle eu une sorte de décharge électrique qui lui fit retrouver le sourire. Il n'imaginait même pas  le pouvoir qu'il avait sur elle. Lise hésita à étreindre sa main . Elle ne voulait pas trop se montrer collante non plus, il allait finir par se lasser d'elle autrement. Mais elle ne put résister, et à nouveau, chercha son contact en posant délicatement sur la sienne, un peu pour le remercier d'être venu à sa rescousse. Elle osa même caresser le revers de sa main avec son pouce, avant de la retirer, craignant qu'il n'apprécie pas son geste, trop câlin. Il avait été claire sur un point, il ne voulait plus aimer. Mais peut-être pouvait-elle lui montrer son amour autrement qu'avec des mots sans qu'il ne se sente piéger?

Mais un peu de concentration sur la discussion, un peu! Lise se retourna subitement vers Alec lorsqu'il accepta Erwin comme parrain. Elle le dévisagea un moment. Pourquoi s'était-il empressé d'accepter? Son frère ne faisait que proposer. Ce n'était qu'une suggestion, quelque chose qui lui ferait plaisir. Quelle que soit ses raisons, la jeune femme lui en était infiniment reconnaissante . Elle eu un de ces sourires niais et plein d'admiration en le regardant, les yeux brillant de gratitude et de tendresse.

Puis, elle fit face à Lucie, cherchant à la rassurer.

"Mon frère est l'heureux père de deux adorables petites princesses. Isabelle et Florence. Elles sont respectivement 5 et 1 ans. Je suis sûr qu'il aimerait beaucoup vous rencontrer."

La famille Kane était très... famille... Ils s’engueulaient, s’indignaient et avaient, de temps en temps, besoin de l’intervention d’Adeline pour que les querelles s’arrêtent mais dans le fond ça ne durait jamais longtemps. La réticence montrée par Lise, son stress et son manque de confiance en elle en expliquant la réaction de ses parents était lourde de sens. Tant et si bien que la tablée pensa immédiatement qu’ils ne seconderaient pas la jeune femme dans son choix. Alec le savait déjà. Au fond de lui, il était sûr que les Vernay feraient tout pour garder le change et pour dissuader leur fille de faire un tel choix. Quant à lui, il se considérait déjà en dehors de toute décision. Elle lui avait annoncé sa grossesse et sa résolution de garder l’enfant en une seule fois ne laissant à Alec aucune alternative, même pas celle d’en parler.

Laissant la jeune femme lui serrer la main, il profita qu’elle rompit le contact pour poser à nouveau les coudes sur la table et appuyer son menton sur ses poings. C’était vraiment une situation qui le dépassait. En fait, tout ce qui c’était passé avec Lise depuis le début le dépassait. La Ferme, le marché et ce diner avec ses parents où il avait même porté un constume... Pff ça n’arrivait pas ce genre de chose... Mais bon, retour à Ténébris, on arrête de rêver.

Le regard de son père se faisait lourd sur lui alors que Lise minaudait presque à ses côtés. Le sourire qu’elle lui lança et la flamme dans ses yeux étaient criants de réalité et il détourna le regard lui laissant tout loisir de rassurer Lucie qui, visiblement, étaient ravies de la tournure des évènements.

- Et bien nous aussi nous serions ravis de les rencontrer. Alec ?
“Bien sûr, on organisera ça.” Répondit-il.

Il avait l’impression d’être un yo-yo et qu’un môme dirigeait les ficelles, comme s’il ne savait plus où il allait ni par quel moyen. Tout son futur lui échappait. Alors bon, pourquoi pas choisir d’ors et déjà Erwin comme parrain, ça le mettrait peut-être dans de meilleurs dispositions à son sujet.

“Comment vont Florence et Isabelle d’ailleurs ?” demanda le Prof en se tournant vers légèrement vers Lise.

[HJ: j'avoue que je me demandais si j'avais fais de quoi dans le rp qui t'avais frustré xD ]

Lise fut rassurée par la réaction de Lucie. Erwin était un père extraordinaire. Elle ne doutait absolument pas de sa qualité de parrain. Depuis le temps où il en parlait.
"T'en fais pas ma Lily, lorsque tu auras des enfants, moi aussi je serai leur parrain. " lui avait-il dit une fois. Le coeur de la brunette se réchauffa à cette idée et elle sourit davantage.

"Elles vont très bien. Florence a beaucoup parler de toi. Elle me demande sans cesse quand lorsqu'elle va te revoir."

Lise baissa subitement les yeux, réalisant sa bêtise. Puis elle reprit avec un peu moins d'enthousiasme:

"Enfin... Et Isabelle a commencer à marcher. Elle grandit si vite. J'ai peine à le croire. "

Il lui semblait que c'était hier lorsque Carole perdait ses eaux en pleine réception du jour de l'an. Belle avait fait tout une entrée remarquée ce jour là. On ne l'oublierait pas de si tôt.

[HJ : Nan, je croyais avoir répondu, je manque tout en ce moment et j'ai perdu une réponse que je croyais avoir posté jeudi dernier... Il faut vraiment que je concentre.]

Attendant la réponse de Lise, il prit la dernière bouchée de sa salade verte. En y repensant, il avait bien aimé les nièces de la jeune femme. Elles étaient toutes mignonnes et assez faciles à s'occuper et il avait passé une bonne journée au Parc avec elles et ses neveux. Sur le coup ça avait été bizarre et c'était devenu encore plus bizarre. Que pouvait-il y faire de toute façon ? Il ne pouvait pas disparaître, il ne le pouvait plus et ne l'avait jamais voulu.

Pourtant, contre tout attente, il ne laissa pas son esprit dériver et s'égarer dans la honte et la perdition qu'il ressentait. Lise le ramena sur terre en quelques mots qui attirèrent l'attention de toute sa famille. Entre surprise et gêne, ses parents le regardaient étrangement mais sa tante avait l'air d'avoir comprit ce qui se passait. Qu'en fait, il voyait Lise comme son amie et qu'elle n'était pas qu'une fille en passant. Il avait prit le temps de rester avec elle plusieurs fois et de la connaître sans avoir à la jeter sur un lit pour le justifier. Pas étonnant qu'elle... enfin bref, s'il avait su s'éloigner, ils n'en seraient pas là. Évitant tout regard, il décida de garder le change et de sourire comme si rien ne s'était passé.

“On fera ça alors.” rétorqua t-il.
- Alec mon chou, je m'endors, tu veux bien amener le café, s'il te plaît ? Demanda aussitôt Adeline.

Il l'aurait béni ! Quelle perle ! Saisissant l'occasion au bon, il se leva et invita Lise à le rejoindre.

“Tu me donnes un coup de main ?” demanda le Prof en lui faisant un petit signe de le suivre.

Lise nageait entre deux eaux et elle passait de contente et calme à décontenancée et sensible. Si ça commençait comme ça, il avait peur pour les neuf prochains mois, ses nerfs ne tiendrait pas si elle venait à craquer. Une vraie montagne russe pensa t-il alors qu'il gagnait la cuisine.

“Ça va ?”

"Bien sûr" répondit Lise en haussant un sourcils avant de se lever et de suivre Alec à l'intérieure.

Elle offrit un dernier sourire au Kane avant d'emboîter le pas à Alec. La jeune femme se doutait un peu que ce n'était qu'un prétexte pour se retrouver seule avec elle. Mais contrairement aux désirs de la jeune femme, ce n'était pas pour cette raison.

Une fois à l'intérieur , Lise lui jeta un regard interrogatif .

Sa question la surprit un peu.

"Heu... Oui? J'ai l'air souffrante?" Demanda-t-elle en portant sa main à sa joue.

Elle ne voulait pas avoir l'air malade et verdâtre devant les parents d'Alec.

"Est-ce que j'ai dit quelque chose qu'il ne fallait pas?" Poursuivit-elle.

Pour ça aussi, elle voulait bien paraître devant les Kane... Surtout qu'elle en avait un dans le ventre!

Alec lui sourit alors qu’elle le regardait, surprise.

“Non, tu n’as pas l’air souffrante.”

Au contraire, elle avait reprit des couleurs mais il voyait bien qu’elle n’était pas franchement à l’aise à tous moments. Elle arrivait à rester naturelle la plupart du temps et à discuter avec la tablée mais il lui arrivait de flancher comme si elle disait une bêtise ou s’aventurait sur un sujet trop personnel. De plus, ses parents étaient en instance de divorce et elle avait les nerfs à vifs, c’était normal. La nature du Prof l’obligeait à prendre soin des gens c’était parfaitement normal pour lui de s’impliquer et de protéger ceux qui comptaient pour lui. Si il s’autorisait de rappeler sa famille à l’ordre par moment c’était pas habitude, parce qu’il savait en avoir le droit ou se le permettre.

Avec Lise, c’était bien différent. Il devait plus passif et bienfaiteur, comme si il avait endossé le rôle de gardien et qu’il devait la protéger. Il lui avait fait assez de mal comme ça et il était temps pour lui de reprendre ses responsabilités. Tant qu’il se tenait occupé et qu’il avait quelqu’un à s’occuper, il avait moins de danger qu’il se détruise et rumine ses erreurs passées. Regarder la jeune femme lui rappelait son échec et plus que tout, il voulait réparer.

“Mais non, ne t’en fais pas.” Dit il en s’approchant d’elle et en posant un main sur l’épaule de la jeune femme. “Tout va bien, je pensais juste que tu aimerais un moment au calme. Ma famille peut-être, un peu envahissante parfois.”

Il lui sourit à nouveau tout en retirant sa main. Même lui n’avait pas forcément aimé les intrusions que ses parents avaient formulé durant le repas, il leur arrivait de ne pas savoir leur limite, surtout sa mère. Il tenait son côte protecteur d’elle et malheureusement elle avait tendance à trop en faire et à pousser les gens dans une direction qu’elle pensait juste sans forcément prendre en compte d’autres avis. Qu’à cela ne tienne, Lise se débrouillait plutôt bien.

“Café.” S’exclamma t-il en se souvenant de la raison de leur venue. “Tu peux attraper des tasses dans ce placard et des cuillères dans... le tiroir là-bas.” Dit le Prof et les pointant du doigt avant de se tourner vers la cafetière.

''Ouais..'' soupira la jeune femme avant de se reprendre aussitôt: ''Non, pas que ta famille soit envahissante, je disais oui, pour oui, j'apprécie prendre un petit moment de répit.''

Elle lui sourit et rit un peu de sa bêtise. La jeune femme le regarda un moment et le trouva infiniment beau . La lumière naturelle filtré par les léger rideau de la cuisine illuminait son visage. Lise remarqua quelques petites pattes d'oie (HJ: si tu permets XD) aux coins de ses yeux absolument irrésistible.Malgré son épuisement, malgré tout ce qu'il endurait, il tenait debout. Lise aurait voulut l'embrasser, le toucher, lui dire qu'elle le rendrait heureuse, qu'ils pourraient être une famille s'il lui permettait.

La bouche de l'homme s'ouvrit, ses lèvres remuèrent et le cerveau de la brunette mit un moment à comprendre qu'il était entrain de lui parler.

''Hein? Oui! Les tasses, les cuillères oui, je peux faire ça.''

Elle tourna les talons et s'exécuta rapidement. Ses mains tremblaient un peu, mais fort heureusement, elle n'échappa rien.

''C'est plutôt toi qui m'inquiète.'' souffla-t-elle en se retournant vers lui avec un petit sourire en coin.''Tu es tendu... Après le repas, je ne resterais pas longtemps dans tes pattes, mais promets moi de te reposer un peu.''

[HJ : Hahahaha, bien sûr que je te permets XD ]

Comme le boulet qu’il était, Alec ne remarqua absolument pas le changement chez Lise et ainsi ne se rendit pas compte des douces pensées qui l’habitait. L’attirance de la jeune femme et ses souhaits pour le futur se turent à lui et il se pencha sur la tâche du café sans se montrer un tant soit peu troublé par ce qu’il venait de se passer. Même les mains légèrement tremblante de la brune passèrent innaperçu et le Prof attrapa la cafetière et fit glisser un plateau vers elle.

Une odeur de cafe avait remplit la cuisine et loin de dégager un sourire à cet arôme, il en grimaça presque. Il ne se souvenait pas d’avoir un jour aimé ça, trop amer et trop complexe pour lui. Si d’ordinaire il se contentait d’une bonne tasse de thé, il n’en fit rien aujourd’hui et se passerait de boisson chaude. Pourtant, alors qu’il démoulait la tarte et la faisait glisser dans une assiette en essayant d’ignorer les effluves cafeinées, Lise le surprit par ses mots.

Il savait bien qu’il avait une sale gueule en ce moment et du repos ne lui ferait pas de mal mais il ne s’attendait pas à ce qu’elle lui fasse remarquer. Surtout de cette façon. Tendu était loin d’expliquer tout ce qu’il ressentait et, il aurait pu trouver des dizaines de synonymes plus ou moins profond ou extrême pour décrire la myriade de choses qui lui passait par la tête. Néanmoins, s’il pouvait y penser, il ne pouvait pas le lui dire. La fragilité de la jeune femme ne s’arrêtait pas à son apparence menue et délicate mais allait plus loin dans son psychisme. Lui expliquer ses doutes et ses peurs finiraient de la briser moralement comme il l’avait précédemment fait à son cœur.

“Bah, un peu de repos et tout ira pour le mieux, ne t’en fais pas.” Dit-il en haussant les épaules.

C’était faux bien sûr. Il lui en faudrait plus pour se sentir mieux mais c’était la seule chose qu’il pouvait lui dire sans qu’elle ne se fasse encore plus de soucis. Conscient qu’elle n’en resterait pas là, il ajouta simplement.

“Mais si ça peut te rassurer, je compte dormir et récupérer.”

Ça allait le changer tiens... Le sommeil lui avait bien fait défaut sauf la nuit dernière alors qu’il s’était écroullé sur son lit mais, cette fois, il n’avait pas le choix. Il se devait de dormir.

Lise se retourna vers Alec, après avoir posé sur le comptoir ce qu'elle avait dans les mains. Son sourire s'était quelque peu évanouit. Quelque chose sonnait faux dans la voix de l'homme. Mine ne rien, elle commençait quand même à le connaître un peu le Alec... Et un petit quelque chose lui souffla à l'oreille que les choses étaient beaucoup plus grave qu'il n'y paraissait. Bien sûr, il ne lui vient pas à l'esprit que , le plus meurtri des deux, c'était peut-être lui. Ou du moins, peut-être commençait-elle à le considérer.

Lise n'aimait pas voir son héros dans cet état. Elle réfléchit un moment avant de se diriger vers lui et posa doucement sa main pour avoir son attention. La jeune femme lui offrit son plus tendre sourire.

"Alec, peut-être peut-on partir un peu plus tôt que prévu?" Souffla-t-elle doucement.

Ses fins doigts blancs effleurèrent la peau de sa nuque en une fugace caresse, comme si elle n'osait pas le toucher davantage mais voulant tout de même lui manifester son appui.

"On peut facilement prétexter une excuse. Un malaise subit. " son regard de Bambi devint espiègle. " que tu puisses te reposer. Il est plus facile pour une femme enceinte de feindre un malaise que quiconque non?"

Femme enceinte, voilà deux mots qu'elle n'aurait jamais pu croire utiliser pour se désigner. Mais , elle avait raison du reste,  ces dames avaient toujours mal là, ou là, et était épuisée au moindre effort. N'importe qui excuserait n'importe quoi à une femme enceinte.

Et cette dernière, tout ce qu'elle voulait en ce moment, c'était de voir Alec se porter mieux. Lise voulait le voire sourire, l'entendre lui faire ses terribles blagues, le voir s'enthousiasmer sur son job et ses élèves... Elle voulait son Alec.

Alec ne s’attendait pas à ce que Lise s’avance vers lui de la sorte et surtout, qu’elle le touche. Ça pouvait paraître paradoxal mais il était extrêmement surpris. D’abord qu’elle le fasse, elle qui avait pourtant tant de réserve d’habitude, et en plus qu’elle ait compris qu’il n’allait vraiment pas bien

“Partir plus tôt ?” demanda t-il incertain.

Qu’est-ce que partir allait bien pouvoir y faire. Confus, il se demandait si Lise lui faisait des avances. Elle n’avait rien perdu de son regard espiègle mais une certaine douceur, amoureuse peut-être, avait emplis ses traits. Il l’observa un instant sans comprendre jusqu’à ce qu’elle lui explique la raison de sa proposition. Si l’attention était gentille et assez bienveillante, il n’arrivait pas à envisager cela comme une bonne idée. La jeune femme ne pensait pas à mal, bien sûr, mais pleins de choses le génaient dans ce qu’elle venait de dire.

“Pas besoin.” Dit-il en un murmure.

Après ce qu’ils avaient annoncé au repas, il ne pouvait pas disparaître et espérer que ses parents soient tout sourire. Il allait peut-être même y passer la soirée. De plus, il se sentait vraiment mal d’infliger tant de peine à Lise et les révélations de la journée ne l’aidiat aucunement. Malgré lui, malgré sa volonté de bien faire, c’était trop, beaucoup trop pour qu’il se sente bien.

Que son train-train lui manquait... Il n’arrivait pas à passer 5 minutes sans penser à ce qui leur arrivait, à son attitude débile qu les faisait payer un prix fort. Il ne pouvait pratiquement pas se regarder en face, alors regarder Lise...

“Je dois rester de toute façon. Ma mère voudra que je reste donc bon...” dit-il en se tournant vers la cafetière.

''Oh! C'est bien sûr.'' dit-elle en hochant la tête, après s'être pincée les lèvres.

Lourd! Lourd...Lourd... Lourd. Lise détourna les yeux , en joignant ses mains dans son dos. La prochaine fois qu'elle aurait une idée comme ça, elle la garderait pour elle.

Le café fait et chaud, les deux jeunes gens regagnèrent la joli table dehors ou discutaient toujours les Kane, attablés. Lise aida Alec à servir le café, tout de même souriante, avant de reprendre sa place.

''Lucie, je n'ai pu m'empêcher de remarquer à quel point votre maison était décorée avec goût'' souligna Lise, bien décidée à aborder un thème plus léger. '' C'est vous qui vous êtes occupé de la déco?''

Il venait de la blesser et il le savait, le pincement de lèvres de la jeune femme en était la preuve. Alec s'en voulut immédiatement mais il ne put faire un pas vers elle. Il aurait aimé mais il avait de plus en plus de mal à la ménager et à faire de même pour lui. Quand il se repliait sur lui-même, il lui arrivait de se montrer brusque, l'exemple du nouveau chat de Lise en était un exemple frappant.

Retournant vers la table, il garda un silence forcé et servit le café. Il sentit sur lui le regard poussé de ses parents et de sa tante et se rendit bien compte qu'il allait devoir assumer leurs remontrances dans un futur plus ou moins proche. Il aurait bien voulu que les choses changent mais elles n'étaient pas parties pour. Le Prof décida donc de s'écarter de la conversation.

- Mon mari, surtout, moi j'apporte ma petite touche mais les meubles, ça c'est lui.

Alec se retint de lever les yeux au ciel. Toujours la même rengaine et les mêmes histoires. En fin de compte, il en avait marre d'être en famille, marre de s'impliquer, marre de faire des efforts et de quand même se planter. Il espérait une fin sans la vouloir, conscient que rien ne serait jamais parfait. Libre aux autres de faire comme ils voulaient, Alec venait de se déconnecter.

(HJ: je sais pas si c'est correct avec toi mais je pense qu'on pourrait faire un petit saut dans le temps )

''N'est-ce pas?'' dit elle avec un sourire éclatant de blancheur en se retournant vers le père d'Alec.

Le badinage et les conversation mondaine, Lise se retrouvait un peu plus dans sa zone de confort. Elle pouvait facilement discuter pendant des heures de tout et de rien, sans manquer de sujet de conversation. C'est pour ça qu'elle avait été formé d'une certaine façon. Déjà toute petite, les déjeuné chez sa tante l'avait plongé dans ce genre d'atmosphère. Des femmes qui piaillent durant des heures sans dire quoi que soit, juste pour maintenir la parfaite image qu'elles reflètent au monde.

''... voilà pourquoi Emile Lecoeur est tout simplement le meilleur décorateur de tout Ténébris. D'ailleurs, nous nous sommes connu alors qu'il finissait la fac...''

Et patati et patata... Lise cru voir Adaline et Lucie divertit par leur conversation, il en était peut-être un peu moins des deux hommes, comme le repas tirait à sa fin.

Alec laissa l'assemblée à leur conversation, il n'avait absolument pas envie de se mêler à tout ça. Il n'en pouvait plus en fait. Les frivolités de la vie, comme la décoration du salon ou l'assaisonnement des pâtes, le laissait de marbre. D'ordinaire, il n'avait aucun problème à suivre ce genre de discussion mais il avait atteint le summum de ce qu'il pouvait supporter. La frayeur du futur l'avait à nouveau saisis au ventre et ça le paralysait. Ainsi, il gardait le silence, tout de même satisfait de ne pas avoir tous les regards sur lui. Tous, non. Juste un, et, c'était bien suffisant. Son père lui fit même un signe pour l'inciter à quitter la table mais il refusa silencieusement. Si il pouvait passer un moment loin de la table, il savait qu'il allait le regretter et infliger encore plus de peine à Lise qui sentait la distance entre eux comme un poids lourd à porter.

Il ne pouvait s'en empêcher pourtant. Pour l'instant, il n'arrivait pas à la regarder en face trop honteux et peureux. Le débat intérieur qui le tiraillait encore le torturait de plus en plus. Aurait-il pu prendre ses jambes à son cou et courir ? Ce n'était plus possible bien sûr mais, il se demandait toujours si il aurait pu. Qui sait, voir Jonas le lendemain lui ferait peut-être du bien. Le blond en question pouvait être si brutal et si salop, parfois, que cela le conforterait dans son choix et l'aiderait à avancer. Plus d'une fois, quelques verres avec ce dernier avait contribué à le faire mieux se sentir et à lui redonner le sourire.

Alors que le Prof était plongé dans ces pensées, l'assemblée semblait avoir bougé autour de la table et sa tante lui demanda gentillement si il pouvait la conduire jusqu'à la voiture. Hochant la tête, il la conduisit vers l'engin alors que l'aura protectrice de sa mère, debout à côté de lui, semblait prendre le dessus.

- Alec, tu restes, je peux ramener Lise chez elle, dit-elle.
“Euh... Ok.”
- Lise , tu montes avec nous ? Demanda-t-elle finalement en ce tournant vers la jeune femme.

La proposition de la mère d'Alec prit la jeune femme de court. Ses lèvres s'ouvrirent mais elle ne su que répondre , l'espace d'un instant . Elle jeta un rapide coup d'oeil à Alec, tout de même un brin intimidée. Puis elle offrit un grand sourire à madame Kane.

"C'est très aimable de votre part. Mais je peux prendre un taxi si cela vous gêne."

Lise s'éclaircit la gorge. Elle se doutait qu'il y ait anguille sous roche, ou disait-on aiguille? Qu'importe, Lucie cherchait certainement le moyen de se retrouver seule à seule avec elle. Lise n'avait rien contre cette gentille femme, elle craignait cependant ce qu'elle avait à dire. Lise imaginait déjà les pires scénarios où Lucie lui refusait d'un jour revoir son fils, ou bien confirmait ses pires craintes en lui disant qu'Alec était déjà marié à je ne sais quelle livreuse de fruits de mer!!

La brunette salua Alec en une bise brève et dénudée de toute tendresse.

"On se téléphone."  Furent les derniers mots qu'elle lui dit.

Alec resta interdit tout comme la jeune femme. Il savait bien que cette dernière allait penser à un complot pour qu’elle se retrouve seule avec les autres femmes de la famille mais il en était tout autre. Elle souhaitait juste qu’Alec reste afin qu’elle puisse lui passer un savon de première en rentrant. Laissant ce petit groupe féminin partir tranquillement, le Prof savait que Lise rentrerait chez elle sans encombre et sans se sentir oppresser.

Une fois dans la maison, il retourna dans le petit jardin directement et prit place sur son ancienne chaise lourdement. Son père le regarda intensément :

- Tu as vraiment une sale tête.
“Je sais.” Dit-il lever les yeux.
- Un verre ?

Pour toute réponse, il hocha la tête. Peu de temps après, il revint et déposa deux verres et un liquide brun, presque ambré en bouteille entre eux. Le jeune homme les servit et prit son verre en main. Il regarda un moment les reflets du soleil se mêler à l’alcool à travers le cristal et fit une grimace en vérifiant son contenu par une fine gorgée. Ces abus d’alcool le rattrapaient et il n’était plus un jeune homme qui peut boire durant une semaine et bien se sentir. Son âge se lisait de plus en plus sur lui.

- Tu as beaucoup bu ces derniers temps ?
“Hum.”
- Tu en auras besoin avec… ta mère.

Il ne plus s’empêcher et commença à rigoler, conscient que c’était peut-être la dernière fois que le rire emplissait ses lèvres de la journée. Sa mère serait, en effet, de retour bientôt.