Dans la gueule du loup [PV Vullpjha][Terminé]

[HJ: voici la suite de l'event numéro 1 que vous trouverez ici]

Sur le chemin du retour, Tyee était resté pensif. La journée avait été longue et pour le moins infructueuse. Tous les plans qu'il avait prévu en ce moment de célébration pour la ville de Ténébris avait été complètement anéanti. Certes, la bombe avait explosé, mais pas au bon endroit ni au bon moment. Il était donc frustré, complètement frustré. Quelque chose avait capoté dans la mission de l'OM. Quelqu'un avait crié l'alerte bien avant que le plan aurait du se mettre en place, mais qui ? Et pourquoi ? Un membre de l'organisation aurait laissé échapper quelque chose ? D'où provenait cette fuite ? Il n'en avait aucune idée. L'idée qu'un simple monstre avait eu envie de s'amuser alors que toute la ville était réunie ne lui vint même pas à l'esprit.

Bref, revenons au contexte. En fin de matinée, ils étaient tous rassemblés sur la grande place de Ténébris devant la mairie, attendant le mot du maire qui débuterait les célébrations commémoratives annuelles. Il était bien venu sur l'estrade, bien entouré de tous ses acolytes de l'UDPH, jouant les héros et les célébrités devant la foule et les photographes, masquant son hypocrisie face aux monstres derrière son sourire niais. Si tout s'était déroulé comme prévu, il aurait sauté en même temps que les hauts dirigeants militaires ! Ca en aurait fait une sacré pagaille, mais au moins la dictature serait terminée. Tous les habitants de Ténébris pourraient vivre en sécurité et exercer leur droit d'être ce qu'ils avaient envie d'être. La partie aurait été facile, l'OM aurait pris le pouvoir, remis de l'ordre dans les grandes institutions pourries de la ville et ouvert des brèches dans le mur l'encerclant, qui retenait prisonnier un certain nombre d'entre eux.

Mais, voilà. La bombe avait explosé au mauvais endroit, le maire était surement encore en vie, caché quelque part à l'intérieur de la mairie. Il y avait eu de nombreux blessés et quelques victimes. Jamais, Ty n'avait souhaité cela. Même s'il ne prenait pas les morts sur sa conscience personnelle, il était en train de mesurer l'impopularité qu'aurait l'OM auprès de la population de Ténébris, puisque bien entendu le pouvoir en place se ferait un malin plaisir de lancer des spots de propagande contre eux, les soit-disant terroristes ! Par chance, aucun membre de l'OM n'avait été touché, enfin il le supposait. Il espérait profondément que la harpie commère s'en était sortie ! En parlant de chance, sa peau, c'était un elfe qui l'avait sauvé.

Le loup garou savait que si Vullpjha n'avait pas usé de son pouvoir au bon moment, lui et Hea aurait cramé comme deux poulets au four. Il lui en devait une, c'était pour ça que par instinct, il avait préféré le conduire au sein de la forêt qu'à l'hôpital, pour le soigner à son tour. Seulement, son devoir envers lui devait attendre. Le médecin passa le reste de la journée auprès des victimes de l'explosion sur la place. Il oeuvra au côté de ses collègues toute l'après midi, évacua un certain nombre d'entre eux avec les ambulances et passa quelques heures au bloc à l'hôpital. Il était tard quand on le déchargea de ses responsabilités.

Il faisait déjà nuit dehors en ce mois d'été. A son retour au camp indigène, un bon nombre de ses frères loups étaient encore debouts et l'attendaient. Le lieu de vie de la seule tribu de Ténébris était réparti de la façon suivante : les huttes, les tipis ou encore les petites maisonnettes de bois s'étalaient en cercle concentrique autour d'un point de vie commune où un grand feu crépitait sous les frondaisons, les arbres de la forêt étaient très haut et vieux et se dispersaient pour laisser aux occupants l'espace de vivre de la terre et des réserves naturelles de la forêt. Au centre, prêt du feu, une grande tente en peau de bête rouge se distinguait parmi toutes les autres : c'était la tente du grand manitou, le chaman de la tribu.

Les questions fusèrent autour du chef au fur et à mesure qu'il s'avançait dans la luminosité rougeâtre du feu. Les chuchotements et les rumeurs allaient bon train, les loups étaient curieux et craintifs à la fois. Hea avait déjà alimenté une partie des informations, mais le principal intéressé venait seulement d'arriver. Il s'arrêta devant le feu et regarda autour de lui. Les visages des membres de la meute passaient tour à tour de l'ombre à la lumière. Il pouvait lire en eux comme dans des livres ouverts et il avait vraiment envie de partager tout ce qu'il savait avec eux, comme toujours. Mais, il devait d'abord s'assurer que l'homme de feu était hors de danger. Ses yeux ambrés luisant scrutèrent le visage de son meilleur ami de l'autre côté de l'âtre. Celui-ci acquiesça. Tyee se dirigea vers la tente du chaman.

Lentement, il se glissa entre les deux pans de l'entrée. L'atmosphère y était lourde et chaude. Une fine fumée s'agglutinait vers le haut et créait une odeur acre d'encens. Assis en tailleur à côté d'un homme allongé, le chaman psalmodiait des mots dans une langue que seuls les natifs de la tribu pouvaient comprendre. Il ne s'arrêta pas quand Ty s'approcha d'eux. Il contourna prudemment la lampe de verre contenant les lucioles et s'accroupit en face du chaman. Délicatement, il posa une main sur le torse nu de l'elfe, recouvert d'une épaisse pâte faite à base de plantes de la forêt. Un truc immonde qui sentait plutôt mauvais. Puis, il attendit. Il savait que l'elfe s'était évanoui par manque d'énergie. Il ne savait seulement pas combien de temps il aurait besoin pour récupérer.

Tyee ferma les yeux et se laissa bercer par les paroles colorés du vieille indien aux longs cheveux blancs. Il appelait les esprits du feu et de temps en temps, il battait la mesure avec un instrument ressemblant à des maracas. Si le feu revenait en Vullpjha, la nuit serait moins longue pour lui, pour le vieux chaman, pour le reste des loups qui attendaient dehors.

Vullpjha avait froid; sa peau était glaciale. Pour la première fois de toute sa vie, il frissonnait réellement. Dans son coma, son esprit traversait des landes enneigées, puis s’envolait sur des montagnes arides. Le vent était froid et sec. La neige virevoltait en tous sens, lui venant en pleine figure. Une tempête faisait rage en son esprit et il croyait ne jamais s’en sortir. Nulle part, il ne voyait refuge. Il allait y passer, c’était à n’en point douter. À quoi bon lutter? Mais… mourir d’hypothermie, était-ce là réellement le destin d’un elfe de feu? Non… il ne pouvait se réduire à cet infâme épilogue… mais où était donc sa flamme? À moins que… Peut-être était-il tout simplement déjà mort et qu’il était maintenant condamner pour… pourquoi donc?

Vullpjha arrivait aux rives d’un lac. Devant cet étendu de glace, au comble du désespoir, il tomba à genou, tête baissée, puis laissa échapper un cri à réveiller les morts, vers le ciel, les yeux fermés. Ce cri sortit également de sa bouche, aux lèvres maintenant bleuies, à lui, alité dans la hutte du chaman. À cheval entre la lucidité et la folie, l’elfe partit au pas de course sur le lac gelé. Il venait de voir une lueur oscillante sur la rive opposée. Mais, plus il avançait, plus elle semblait s’éloigner. Courir, toujours plus vite, il le devait s’il voulait rattraper cette flamme qui se jouait de lui. N’ayant pas, en fait, de forme matérielle, l’elfe ne trébucha pas sur la glace. Il ne sentait pas non plus son contact sous ses pieds, seulement sa froideur tranchante. Le froid était sa seule sensation.

Puis, la flamme vacilla et disparut. Sans comprendre, l’elfe de feu continuait à courir, cherchant partout du regard où elle pouvait bien être passée, puis la vit filer… sous ses pieds. Cette fois, il s’arrêta. Comment cela était-il possible? Elle était maintenant sous la glace! Vullpjha y plaqua alors son visage, gardant un visuel  sur sa proie. Comment traverser cette masse étanche? Il avait beau frapper la surface du lac, cela n’y changeait rien. Il redoubla d’ardeur, puis cessa net. Le feu semblait lui chanter quelque chose. Ses paroles étaient indistinctes, mais il pouvait bien saisir un appel. Dans son énervement et dans son désespoir, Vullpjha en avait oublié d’écouter son plus valeureux compagnon, celui qui ne lui avait jamais fait faux bond… jusqu’à aujourd’hui. Ils n’étaient plus qu’à un mètre l’un de l’autre et l’elfe sentait finalement sa présence sur peau, dans son cœur, dans tout son corps. Son énergie se répandait dans ses artères, mais il manquait quelque chose. Ils étaient encore bel et bien séparés. Reprenant des forces, l’elfe sylvain remit ses mains, côte à côte, doucement sur la glace dans le but de la faire fondre. Cela prit un certain temps, mais il y parvint. Puis, il plongea ses mains dans l’eau et, en attrapant la flamme, immergea son visage également.

C’est alors qu’il ouvrit les yeux  en prenant une grande bouffée d’air. Puis, il toussa. La fumée ambiante s’était emparée de ses cordes vocales. L’air était lourd et la pièce, peu éclairée. Il fallut quelque temps à l’elfe de feu pour détailler ce qui l’entourait et, d’autant plus, pour faire revenir ses souvenirs en mémoire. Un mal de tête terrible le gardait dans un état second. Sa bouche était pâteuse, l’odeur des herbes sur son torse irritait son odorat, tandis que les psalmodies du chaman occupaient son ouïe. Ses doigts picotaient, comme s’ils se sortaient d’un trop long engourdissement. Son sang reprenait sa température normale et prenait un certain temps à se rendre au cerveau. Garder ses yeux ouverts relevait du tour de force.

Finalement, il prit conscience qu’il se trouvait dans le village autochtone, mais ne comprit pas tout de suite ce qu’il faisait là. Les rouages de sa mémoire roulaient lentement et, en voyant le visage de Tyee, Vullpjha eut quelques images furtives en tête. Une foule. Une détonation. Une petite fille sur les épaules du chef autochtone. Une course… vers où? Et après? C’était le blanc total à ce niveau. Il avait beau chercher, seule une odeur de feu lui revenait en tête… mais encore?

Vullpjhja tenta de se relever, mais sentit ses muscles tendus et dut s’y prendre à deux fois pour relever la tête, puis s’appuyer sur ses coudes, mais attendit pour s’asseoir. Reprenant peu à peu ses esprits, l’ermite échangea un regard avec le chaman, qui semblait épuisé mais heureux. L’elfe, lui, avait un air neutre et le regard interrogateur. À l’extérieur, on pouvait voir un dégradé du noir au bleu se créer dans le ciel. Les étoiles lointaines laisseraient bientôt place à celle près de la Terre, le Soleil. Il était presque 5h du matin déjà.

Vullpjha prit une grande respiration quand la bise se faufila dans la tente, emplissant ses poumons d’oxygène. L’elfe ne comprenait pas tout ce qui se passait, bien qu’il eût rendu le sourire léger du chef alpha, qui put s’apparenter à une grimace en raison de la tension douloureuse de ses muscles. Aussi, décida-t-il de suivre son conseil et se reposer encore un peu. La tête de nouveau posée, il promenait son regard partout où il le pouvait, tentant de détailler ce qui l’entourait, mais ses paupières restaient récalcitrantes.  Vullpjha les referma donc et voulut remettre de l’ordre dans ses esprits. L’air lui apportait un bien immense. Bientôt, il replaçait certains événements. Il revit la fillette filer près de lui, entre les jambes de la foule. Il revit les yeux de Tyee dans les siens et réentendit «Êtes-vous digne de confiance, Homme de feu?». Un « U.D.P.H. MESDAMES ET MESSIEURS. NOUS SOMMES ICI POUR VOUS PROTEGER, QUI A CRIÉ À LA BOMBE?» retentit dans sa tête. Il avait dû partir, s’enfuir… son instinct le lui criait. Ses souvenirs revenaient dans le désordre, mais l’ermite arrivait néanmoins à assembler des morceaux… Cela dit, il lui manquait toujours un élément essentiel.

«Enfant de la lune…», dit-il dans un souffle, les yeux toujours fermés.

Vullpjha voulait attirer l’attention de Tyee, bien que parler s’avéra difficile et exigeant. Il tourna lentement sa tête vers lui et rouvrit les yeux dans un regard lointain, neutre, puis il reprit, d’une voix à peine plus forte :

«Éclairez-moi, je vous prie… Que… que nous est-il arrivé? Ma mémoire… défaille…»

[Désolée... mon inspiration était modérée... Je reviendrai en force au prochain!]

Tyee scruta le visage de l'elfe sylvain. Il venait de laisser retomber sa tête sur la paillasse et ses traits tirés semblaient essayer de se détendre. Derrière ses paupières fermées, ses yeux verts bougeaient au rythme des images qui devaient passer dans sa tête. La veille, la journée avait été mouvementée pour tous les habitants des bois. D'ailleurs, même si cette journée s'était avérée infructueuse pour certains, elle n'en avait été pas moins fatigante et stressante.

Les yeux ambrés dans le vague scotché aux paupières de l'elfe, Ty sortit de sa méditation quand Vullpijha l'appela d'une voix faible. Leur deux regards s'accrochèrent et il sentit l'inquiétude du monstre en face de lui. Il se pencha un peu plus pour pouvoir entendre les faibles mots de l'elfe et se figea. Longuement, il le dévisagea. Il ne semblait pas se souvenir des derniers moments qu'ils avaient passés ensemble. Même s'il savait en tant que médecin qu'un choc ou un traumatisme pouvait engendrer une perte de mémoire à court ou long terme, il n'était pas sur qu'il pouvait assimiler le cas de Vull de façon similaire... Il leva alors la tête vers le vieux shaman. Celui-ci continua de sourire et inclina la tête de façon approbative.

Isha passa alors sa main sur le front de l'elfe. C'était un geste à la fois rassurant et bienveillant. Puis, il dit avec un sourire rieur : "Sichagu wo, etanhan Wicasa peta !" Il se leva et quitta la tante, les laissant seuls. Tyee souriait imperceptiblement aux mots du chaman. Les vieux loups de la tribu avaient parfois le chic de parler en énigme. Mais, il aimait tellement sa culture et son patrimoine qu'il en était pas moins fier de l'afficher devant les étrangers qu'il amenait au sein de la tribu. Et uniquement à ceux qui avait la chance d'entrer dans le périmètre du cercle de lune.

Bref, sachant qu'il allait raconter une longue histoire à l'elfe, le loup garou voulut s'asseoir plus confortablement sur le sol ferme. Il prit donc une position en tailleur et croisa les bras sur son torse camouflé d'un tee-shirt noir. Il baissa alors les yeux vers son torse, surpris. Il n'avait pas encore pris le temps de se changer. L'air lourd chargé de fumée de la tante aggravait encore plus son inconfort. Sans complexe, il retira le morceau de tissu qui lui entravait le torse. Il posa le tee-shirt à côté de lui et se concentra.

L'alpha ne savait pas par où commencer et se décida d'aller directement à l'essentiel. De sa voix grave et froide, il dit simplement :

"Hier en fin de matinée, sur la place de la mairie, vous m'avez sauvé la vie Homme de feu."


[HJ RAPHI: en fait, c'est super gay comme séquence, Aller! Tous à ouil-pé XD]

[HJ: Allez! Un petit message écrit vite-vite pour toi. Très court comparativement à mes habitudes, mais bon... études obligent, je ne peux plus passer une heure ou deux à écrire un post! >.<]

Bien qu’il ne comprit pas les mots anciens prononcés par le shaman, Vullpjha sentit néanmoins sa main chaude comme une baume apaisant. Il referma les yeux et se concentra sur son pouls, qui était plutôt lent. Il allait bien lui falloir quelque temps de repos… non comatique bien sûr. Il revoyait toujours des séquences précédant l’événement ayant apparemment mené à son état. Il entendit aussi le shaman quitter la tente, puis le loup alpha s’asseoir en enlevant son chandail. Finalement, il prit la parole et l’elfe fronçant des sourcils, stupéfait… Ainsi, les souvenirs qui lui venaient ne se rapportaient qu’à la veille. Il lui avait semblé être tombé dans les vapes pendant presque une semaine… eh bien.

Mais que s’était-il donc passé de si grave pour qu’il devienne le sauveur que Tyee décrivait? Il y avait sans doute un lien avec la bombe… Avait-elle explosé?

«C’est… la bombe?»

L’elfe alité ne s’était pas tourné vers son interlocuteur cette fois, projetant seulement sa voix du mieux possible… voix qui sortait encore difficilement, d’ailleurs. Moins il aurait à parler, mieux il s’en porterait.

[HJ : Roooooohhhh trop mimiiiiiiiiiiii !!!! J'adooooooooooooore avoir des messages uniquement pour moi.... XD]
(HJ raphi: c'est un plaisir )

Alors que Vullpjha commençait à se souvenir peu à peu de ce qui s'était passé, Tyee se massa les tempes. Il sentait la fatigue l'envahir. Il n'avait pas encore dormi, avait veillé toute la journée sur les blessés humains et toute la nuit sur son sauveur. Il irait bien plonger dans son lit qui se trouvait quelques mètres plus loin dans sa propre hutte. Mais, à chaque fois qu'il fermait les yeux, il sentait l'aura des autres loups qui attendaient, assis ou debout, devant le grand feu central de la tribu. Avant de pouvoir retrouver son antre, il devrait expliquer, raconter, reporter tout ce qui s'était passé et son implication dans toute l'histoire.

Et oui. C'était de sa faute. La bombe. Le plan. C'était son idée. A la base, elle aurait du être déposée sous la scène et faire exploser le maire et tout le haut commandement militaire. Le plan était parfait. L'OM s'était même préparé à prendre le pouvoir à la suite du chaos et à tout dévoiler au public : l'existence des monstres, la dictature du maire, l'inexistence des libertés et la répression que beaucoup subissait. Seulement, comme beaucoup de fois, les plans n'étaient que des plans et la réalité se jouait différemment !

Ty jeta un coup d'oeil à Vull. Il avait gardé les yeux fermés et attendait un réponse à sa question.

"Oui, il y avait bien une bombe sur la place de la mairie hier. Les cris dans la foule n'était pas seulement une mauvaise blague. Elle a explosé et détruit une bonne partie de l'aile est de la mairie. A quelques mètres de là où nous nous trouvions. Il y a eu de nombreux blessés sur cette place. Mais, heureusement, homme de feu, vous avez détourné la flamme. Vous vous êtes évanoui ensuite."

L'indien fit une pause et regarda dehors, par l'ouverture que le chaman avait créé dans la tente en s'éloignant. Il pensa à Hea. Il revoyait son visage effrayé et rougi par les flammes. Il s'en serait tellement voulu s'il lui était arrivé quelque chose. Parfois, il le considérait comme son frère de sang. Le frère qu'il n'avait jamais eu. Il était donc reconnaissant envers Vullpjha uniquement pour avoir pu protéger son frère au seul moment où lui n'avait pas eu le pouvoir de le faire !

"J'ai tout de suite pensé que vous aviez puisé trop d'énergie pour nous mettre en sécurité et j'ai pensé qu'il serait plus prudent de vous ramenez ici pour vous soigner, plutôt qu'à l'hôpital. Les hommes de Vasseur veillent à récupérer le plus grand nombre de monstres blessés par la bombe. Il aurait été imprudent de vous mettre dans les mains des humaines, homme de feu !"

Le malheur des uns fait le bonheur des autres !

Recollant les morceaux dispersés de sa mémoire, Vullpjha écoutait toutes les paroles du chef de clan, les yeux toujours fermés. Heureusement, à mesure que ses pensées s’éclaircissaient et qu’il voyait plus clair dans ces méandres, il sentait également son corps reprendre des forces. L’odeur sur son torse le gênait toujours, mais n’envahissait plus ses sens; la fumée non plus.

Oui, le docteur Amarok avait définitivement bien fait d’emmener l’elfe dans la forêt. Juste l’idée d’avoir pu se retrouver dans une salle aseptisée, obligé d’être identifié, peut-être dépouillé de ses habits et éventuellement démasqué, le tout dans un état léthargique total, lui procurait des sueurs froides. Il se revoyait dans les laboratoires trop lumineux, capitonnés de coussins blancs, des seringues dans les bras. Il voyait des mains s’activer sur son corps, lui coupant des parcelles de peau pour analyser l’effet d’un produit X. Et lui-même qui ne pouvait opérer sa magie cellulaire, dû aux effets dudit produit…

«Oh oui… terriblement imprudent, enfant lunaire.» lâcha enfin l’elfe de feu.

Sur ces paroles, il entreprit tranquillement de se relever. Il se sentait maintenant en meilleur contrôle de ses mouvements, de ses muscles, bref de ses moyens. Il parvint à se mettre en position assise sans trop de mal et sans se forcer, prenant des pauses quand il le sentait nécessaire. Il finit par s’asseoir en indien, face à Tyee. Vullpjha l’observa quelque temps. Il semblait épuisé. Ces mésaventures avaient dû lui demander beaucoup de temps…

«Avez-vous dormi depuis…?» l’elfe sylvain ne sut comment nommer les fâcheux événements, aussi laissa-t-il sa question en suspens, néanmoins certain que le loup-garou comprendrait.

Les bras croisés sur son torse, les traits tirés sur son visage, Tyee regardait l'elfe s'asseoir lentement. Il n'intervînt à aucun moment. En tant que médecin, il savait à quel point il était nécessaire parfois de laisser faire les patients, qu'il soit dans un état léthargique ou non. Leur donner l'espoir ou leur insuffler la volonté d'arriver à s'en sortir par eux-mêmes étaient parfois le meilleur remède qu'il pouvait trouver. Laisser faire ne voulait cependant pas dire ne pas veiller. Garder un oeil bienveillant sur son patient était primordial, qu'il soit monstre ou humain. Tel était le comble de sa profession : rester professionnel n'importe quand et en face de n'importe qui, même quand on déteste les étrangers à sa propre meute...

Quand Vullpjha lui demanda s'il avait dormi, les yeux ambrés du loup garou luisirent de fierté dans l'obscurité de la tante. Il n'avait pas du tout envisager la possibilité de faire une pause dans sa longue journée à l'hôpital. Mais, il avait l'habitude de faire des nuits blanches... Il en faisait au moins quatre par mois ! Comment expliquer cela à un être d'une autre constitution que la sienne ? Même s'il se transformait volontiers les soirs de pleine lune, il n'avait pas non plus d'autres choix. Il devait se transformer. C'était dans sa constitution. Mais, qu'est-ce qu'il attendait avec impatience ces quatre petites nuits. Elles étaient pour lui délivrance et liberté. Il s'était toujours considéré chanceux à cause de ça. Il avait la chance de pouvoir subir les longues minutes de souffrance du passage de l'être humain à animal.

Ty esquissa un léger sourire mesquin sur son visage de marbre et répondit à l'elfe roux :

"Je n'ai pas dormi depuis exactement... 23 heures. Choses plutôt banales pour un loup garou n'est-ce pas, homme de feu ? Vous devez nous entendre régulièrement parcourir la forêt, vous savez donc que nous ne dormons pas beaucoup. La nuit."

[HJ : désolée !! C'est un peu court ! Mais, je suis en manque d'inspi ces derniers temps !!]

Il était vrai que les loups-garous connaissaient régulièrement des  nuits blanches, et lui en causait alors à lui-même d’ailleurs, mais l’elfe avait cru qu’il y avait une question d’adrénaline, d’énergie, voire carrément de morphologie qui en était la cause. Ainsi, fut-il surpris de savoir qu’ils pouvaient facilement encaisser les heures d’éveil sans même en sentir passablement les effets.

«Il est vrai qu’au clair d’une lune ronde vos hurlements emplissent même l’air. Mais je ne croyais pas qu’il en allait de même en tout temps… de votre résistance au sommeil.»

Tout en parlant, l’elfe pensait à la soirée où il avait bien failli y laisser sa peau, où il avait dû attaquer ses voisins pour sauver une jeune fille. La tâche avait été ardue et il avait eu des scrupules à les blesser, même légèrement. Jamais les uns ni lui n’avaient fait allusion à cette nuit-là par la suite, mais il avait dès lors senti comme une tension; et il n’avait su s’expliquer s’il s’agissait uniquement de la sienne ou si elle était partagée. Peut-être y avait-il eu une entente tacite de mutisme entre eux là-dessus pour conserver les bons rapports d’indifférence qu’ils avaient toujours tenus jusque-là? Il avait quand même été surpris de ne pas en entendre parler. Un sentiment de vengeance aurait pu éclore…

«Dites-moi, y a-t-il une grande différence entre vos formes lupines et humaines? Niveaux sensations, conscience, voire pensées…», enchaîna-t-il, dans le flot de la conversation. Il était vrai qu'une vie de constantes métamorphoses était intrigante.

[HJ : Un peu court? Tu rigoles? Il est très bien ton message! De surcroît, un manque d’inspiration, ça arrive à tou(te)s, t’inquiète! Le mien est plutôt bof, même...   ]

[HJ : Ton message est nickel !! Très bon rebondissement... ]

"Notre résistance au sommeil... ?"

Tyee le regarda avec son sourire en coin. Où voulait-il en venir ? La lune influençait certes leur corps sur de nombreux points. Comme pouvoir rester éveiller quasiment quatre jours et quatre nuits, mais ça ne voulait pas dire qu'ils ne ressentaient pas la fatigue ! De nombreux loups passaient leur journée de pleine lune à se reposer de la chasse de la veille. Seulement, lui, il avait deux vies. Il avait une vie personnelle dans le camp et une vie professionnelle en ville. Il se devait d'allier les deux. Faillir à l'une ou à l'autre aurait été considéré comme une trahison : chef de meute, chef de tribu, chef à l'OM. Les responsabilités étaient nombreuses et considérables.

La seule explication qu'il put donc fournir à Vullpjha fut la suivante :

"Oh, homme de feu, vous avez raison. La lune accroît notre résistance physique au moment où elle est pleine. Nous ressentons déjà les quelques jours avant, l'adrénaline qu'elle nous procure. Les deux trois jours d'après, malgré l'épuisement, l'excitation est encore réelle. Pendant les longues périodes où elle croit et décroit, nous pouvons être comme le commun des mortelles, avec plus ou moins d'aptitudes et de résistances physiques que la race humaine. Cependant, nous ne sommes pas tous capables d'enchaîner des jours et des nuits sans sommeil, même en cas de pleine lune..."

Ty regarda le sol et la paille tassée par le poids de l'elfe. Il ferma les yeux et imagina la lune bien grande, bien ronde. Il put sentir l'air frais de la nuit frôler son corps et jouer avec ses poils noirs de bête. Il se voyait entre deux arbres, humant l'odeur de la forêt avec conviction. Il s'entendit gratter la terre de ses griffes et répondre par un hurlement au bruit du vent amplifié par ses oreilles de loup. Il frissonna. Voilà ce qu'il ressentait quand il se transformait. Il sentait la liberté.

"Jacy, la grande Dame blanche, ne donne pas la force et la puissance de façon égale entre les loups. Pour certains, les transformations sont lourdes à subir, pour d'autres, elles sont moins pénibles. Chaque loup vit les changements de cycle de façon différente, chaque corps répond autrement. L'histoire du sang peut aider, l'entrainement physique aussi. Le reste, les sensations, les émotions, sont des goûts et des couleurs qu'il est difficile à comparer."

L'indien ouvrit les yeux et l'ambre croisa l'émeraude pour s'y mélanger. Son regard était tout aussi léger que sa voix grave. Sa foie en son peuple, en sa race, était communicative. Il aimait tout de sa culture. S'il avait été moins froid et moins méfiant envers les étrangers de son monde, il aurait pu être un formidable conteur, intarissable sur les détails et les coutumes de sa petite société. Sa joie et son excitation aurait pu émerveiller de nombreux enfants, mais son visage de marbre était une barrière infranchissable. Il se contenta alors de répondre à Vullpjha avec des étoiles dans les yeux pour seules preuves de son état interne.

"Le loup ne vit pas comme l'homme. Tout est plus simple, plus instinctif, plus naturel. Il n'y a pas de préjugés, pas de réflexions, pas de différences. Le loup n'est pas riche d'argent, de pouvoir ou de possession. Le loup est riche de ce que lui apporte la lune. Nos sens amplifiés nous donne une nouvelle vision de la vie, de ce qui est réelle, de ce qui est beau. Un rayon de lune entre les feuilles révèle les particules de l'air de millions de couleurs différentes. Le bruissement du vent dans les arbres est une chanson pure. L'odeur d'un homme est un parfum désirable. Son attitude est dictée par son instinct, par ses pulsions naturelles et par le monde qui l'entoure. La meute. La cohésion, la survie de la meute est primordiale. Voilà ce que peut ressentir un loup sous sa forme brute. Le loup est libre, fraternel, loyal. Ce sont les vertus que l'homme moderne a oublié... Voilà la différence entre l'homme et la bête."


[HJ RAPHI: on n'a jamais vu un Tyee aussi bavard XD!]

[HJ: Ouf... ça m'a pris du temps pour trouver l'inspiration! Finalement, le résultat est pas mal! ^^
@RAPHI: En effet! xD Ça surprend!]

Oh, ainsi donc Vullpjha avait fait une déduction hâtive : si Tyee était particulièrement résistant, il n’en allait pas forcément de même pour toute la tribu. Il se maudit intérieurement de cet écart et resta concentré sur les paroles du chef de meute, jusqu’à ce que ce dernier se taise. Il paraissait alors pris au plus profond de ses pensées et l’elfe sentit même l’excitation qui le gagnait. Quand il rouvrit la bouche, ses mots traduisirent cette effervescence. L’ermite l’écoutait avec attention, chaque information étant tellement captivante. Ainsi, chaque loup ressentait vraiment les choses indépendamment, même jusqu’aux couleurs qui l’entouraient! C’était définitivement captivant.

Puis, Tyee rouvrit les yeux et  plongea son regard dans celui de Vullpjha, lui transmettant ce qu’il ressentait d’autant plus. L’elfe se laissa emporter dans la narration, jusqu’à presque sentir la brise transportant des notes d’une perfection absolue. Plus il en apprenait sur eux, plus il les trouvait fascinants… et plus il les tenait en estime. En effet, ils avaient comme lui une distanciation considérable de l’espèce humaine, cependant ils avaient des valeurs profondément ancrées que lui-même avait enterrées depuis trop longtemps : liberté, fraternité, loyauté.

Devant une telle déferlante de paroles, il ne sentit pas le besoin d’ajouter quoi que ce soit et ferma de nouveau les yeux, tentant d’imaginer les sensations d’un loup en pleine transformation, sur la base de ce qu’il venait d’apprendre et sourit légèrement en se disant qu’il était sans doute à des lieues de la réalité. Il laissa ensuite ses pensées glisser, sans qu’il s’en rende à peine compte. Et il pensa aux lieux éloignés de Ténébris et tenta tout aussi invraisemblablement d’y imaginer la vie sur les aspects quotidiens, sociaux, politiques, juridiques… Les créatures étaient-elles là aussi aux prises avec cet humano-centrisme, avec ce spécisme ou, au contraire, vivaient-elles en reines, ou en harmonie, toutes espèces confondues? Peut-être y avait-il des villes (ou des villages, mais cette idée ne pouvait même pas être conçue de l’elfe…) assignées à chacune? Mais surtout… avaient-elles le même style de vie, les mêmes priorités? Ces vertus mentionnées par Tyee étaient-elle universelles chez les loups-garous ou étaient-elles, finalement, spécifiques à cette tribu-ci? Y avait-il un partage à la surface de la Terre, ou simplement d’une région, entre tous les loups-garous, ou seulement ceux à proximité?

L’elfe rouvrit les yeux et dit :
« Et savez-vous s’il en va de même pour tous les membres de votre espèce… Je veux dire…» Il hésita à continuer directement ou en usant de subtilités, de sous-entendus. Il allait parler d’un des plus grands tabous de Ténébris quand même. «… Ailleurs.»

Au son de sa voix, l’ermite fit bien comprendre qu’il était question d’un ailleurs fort lointain, et non pas simplement de la côte maritime ou du centre-ville. Il avait à son tour des étoiles dans les yeux.

[HJ : j'aime beaucoup ton message !! Il ouvre des perspectives de réflexion que je n'avais pas encore ouverte avec Tyee. Merci ! ]

Tyee regarda l'elfe avec intensité. S'il avait eu un peu de poil sur sa peau, ils se seraient hérissés sour le coup de la frénésie et de l'excitation que lui procuraient sa passion de sa condition animale. Il aimait tout de son peuple, de sa culture, de sa vie de loup. C'était sa vie, son monde. C'était les liens avec son passé, ses ancêtres et sa mère disparue. C'était un mode de fonctionnement qu'il ne troquerait pour rien au monde. Il ferait tout pour préserver sa tribu telle qu'elle était : simple, généreuse, en dehors des lois. Il donnerait tout pour la meute. Il vivait pour la meute et la meute vivait pour lui.

Les étrangers à leur culture avaient du mal à comprendre et ne pouvait pas souligner cette différence. Pour le commun des mortels du fin fond de la ville, leur tribu ressemblait à une société patriarcale et archaïque, où le chef ne faisait que donner ses ordres à son conseil, qui à son tour les transmettait aux subordonnés. Pour un homme dit civilisé, les indiens n'avaient aucune perspective : ils naissaient selon un rang et un code et étaient prédestinés à occuper une place bien particulières toute leur vie, comme la cuisine ou la culture pour certaines femmes, la chasse et la construction pour certains hommes. Ce n'était pas vraiment le cas. Chaque membre de la meute avait certes un rôle bien précis à jouer au sein du groupe, mais ce rôle, il le choisissait au passage à l'âge adulte. Chaque loup se devait de se connaître vraiment et de rester honnête envers lui-même. La meute avait besoin de toutes sortes d'homme et de femme pour survivre, qu'ils fussent cuisiniers, chasseurs, diplomates, ou médecin, qu'ils fussent alpha, bêta ou omega. Tout le monde était important, tout le monde avait sa place. C'était simple, basé sur le partage et la confiance.

La question de Vullpjha le prit comme par revers. Ty resta sidéré et le marbre de son visage de peau rouge se brisa en mille morceaux de surprise. Il n'aurait jamais pensé qu'il aborderait un jour ce thème avec l'elfe. D'ailleurs, il n'avait jamais abordé ce thème avec qui que ce soit. Ici, au sein du camp indien ou même à l'OM, dans les secrets des quatre mur du bureau de direction. Il n'avait jamais envisagé ce qu'il y avait au delà du mur. Il n'avait fait que penser à comment renverser le pouvoir et comment se débarrasser des barreaux de leur prison. Rien d'autres.

L'indien prit le temps de réfléchir à cette nouvelle perspective. Une fois qu'il aurait trouvé un moyen de tuer le maire et de rendre le pouvoir aux monstres, une fois qu'il se serait débarrasser du mur, que ferait-il ? Diriger Ténébris ? Jamais. Trop grand, trop compliqué, trop développé, trop de gens, trop d'étrangers. Il laisserait ce job aux autres chefs de l'OM. Il n'avait pas soif de pouvoir, il pouvait simplement se contenter de sa meute. D'ailleurs, s'il avait un jour intégrer l'OM, s'il avait un jour été nommé secrétaire général, ce n'était que pour rendre la liberté aux siens : la liberté d'exister, la liberté de vivre, la liberté de se déplacer. Oui, se déplacer au delà des frontières que le mur leur imposait. Si le mur disparaissait un jour, il partirait pour découvrir le reste du monde...

L'alpha reprit un semblant de contenance pour répondre à l'elfe. Mais, sa voix grave était comme ailleurs, perdue dans des rêveries lointaines, de liberté sauvage et d'autonomie durable.

"Ailleurs... Vous voulez dire au-delà du mur ? Je ne sais pas s'il existe d'autres loups autre part qu'à Ténébris. Surement... Nous ne connaissons que l'histoire de nos propres ancêtres. La mémoire de mon peuple est transmise de génération en génération par nos chants. Nous chantons la simplicité de leur mode de vie, ou les exploits d'un alpha important, ou la liberté de leur promenade nocturne en meute. Ils pouvaient parcourir des kilomètres en une nuit, sans entrave, sans difficultés aucunes, juste en suivant l'odeur de la chasse. Mais, nous ne savons rien des autres meutes. Nous racontons certes certaines rivalités, certaines rencontres avec d'autres loups, mais nous ne savons pas si ces meutes ont survécu après l'édification du mur. Nous n'avons pas non plus beaucoup de rapport avec nos frères loups de la ville..."

[HJ : Ayoye… le temps passe toujours plus vite. Mais voilà, les études finies pour cette session, je me remets au RP! Pour me faire pardonner du délai, voici une longue réponse! Et j’suis fort contente que la précédente t’aie plu! ^^]

Ce fut la première fois que Vullpjha vit le masque de marbre de l’alpha disparaître et il put nettement y lire la stupeur. Évidemment, cette réaction n’était pas particulièrement surprenante, mais quand même. L’elfe comprit alors à quel point les citoyens de Ténébris en restaient à leur petit monde protégé. Il saisit toute l’ampleur de leur cloisonnement, qui se rendait même jusqu’à leur esprit. Le Mur avait su s’ancrer dans les consciences et avait fini par être pris pour acquis, comme une garantie de protection, de sécurité. Par contre, le vieux Renard avait connu l’Extérieur, et malgré que cela remonte à plus de cent ans, il en avait gardé de vibrants souvenirs.

«Oui, par-delà la frontière.», répondit-il à la question du lycanthrope, puis il écouta attentivement ce qu’il lui expliquait. Il opina du chef quand il fut question de savoir si les meutes restée Dehors étaient toujours en vie… Évidemment, il était impossible de le savoir. Même leurs anciens ou leur shaman ne pouvait en savoir autant… lui-même n’aurait pas pu le savoir. Cette barrière hermétique l’avait à jamais coupé de sa famille.

«Je vois… Votre meute est tout pour vous.», dit-il en souriant sereinement avant d’enchaîner : «Mais, dîtes-moi… ne sentez-vous pas, parfois, l’appel de la vaste liberté dont il est question dans vos chants? Voyez-vous, j’avais moi-même des membres familiaux dans une ville voisine… plusieurs, même. À l’époque, je n’avais pas plus de huit ans, mais j’en garde une forte souvenance…»

Vullpjha fit une pause, le regard dans le vide, comme pour faire remonter ses souvenirs, même ceux quelque peu enfouis. Bien qu’il y pensât assez fréquemment, c’était la première fois qu’il abordait le sujet de plein front avec quelqu’un; cela valait réflexion. Il revoyait la forêt à perte de vue sur des kilomètres et des kilomètres. La longueur du trajet interminable, avec lequel ne rivalise même pas celui nécessaire pour se rendre au centre-ville, nettement inférieur. Il sentait encore le mélange d’odeurs de charbon et de levure à pain qui envahissait presque chaque artère. Sa tante Sjlffja [HJ : Lire «Sylfia»], vielle elfe tranquille, savait comment se débrouiller, mais l’industrialisation n’avait pas épargné tout le monde. La pauvreté était élevée, oui, par contre, l’elfe de feu y avait senti plus de convivialité, d’entraide étrangement.

« La résidence familiale s’y trouvait, mais sans doute mes parents avaient-ils cru bon de s’établir dans une ville en pleine expansion… Là-bas, les jeunes étaient pauvres, mais généreux. Ils étaient majoritairement fangeux, sans le sens figuré… Ils me souriaient, alors que j’étais clairement un étranger, et ne prêtaient guère attention à ma flagrante différence. Oui, certains la soulevaient, mais ils n’y voyaient qu’une étonnante anomalie… Les anciens n’avaient pas à se cacher et je ne me lassais de les écouter parler elfique… Seulement, à partir de Ténébris, il fallait pour s’y rendre quatre heures en voiture avec pour seul décor les arbres centenaires bienveillants… C’était plaisant, mais passablement loin…»

L’ermite s’arrêta. Son faciès était passé de l’émerveillement à l’amertume, en passant par la nostalgie. Un nœud dans la gorge, il ajouta presque dans un murmure, plus pour lui-même : «Ils ont dû s’y réfugier…», en parlant de ses parents et de ses frères. Vullpjha se demandait souvent ce qu’il était advenu d’eux et espérait qu’ils avaient connu un sort plus agréable que le sien. Fenjks, s’il était toujours en vie, devait être un grand-ancien maintenant, si la lignée avait été perpétuée. Et Falkun ne saurait tarder à le devenir… Bien sûr, il y avait bien cet ancien Sülfur qui l'avait un peu aidé à garder les pieds ancrés dans son identité elfique, mais il n'avait été en rien un rempart à son manque fraternel... L’elfe soupira, le cœur serré. Il allongea ses jambes, puis les ramena à son torse où il les enlaça de ses bras nus. Ainsi, en position fœtale, il pouvait déposer sa tête sur ses genoux ou y cacher sa mine triste. La mixture nauséabonde sur son torse vint se coller contre ses cuisses et ce contact fut plutôt désagréable, mais il en fit abstraction, posant le regard sur son hôte.

En effet, il était totalement impossible de savoir ce qui se passait au-delà le Mur et Vullpjha se surprit à imaginer un étendu désertique… Effectivement, c’était possible, mais quand même peu envisageable. Ténébris était isolée, mais tout de même pas au point de se soustraire à l’écosystème… n’est-ce pas? Dehors, les oiseaux gazouillaient comme pour chanter tous en chœur  leur joie du jour nouveau. Le soleil avait en effet dissipé les dernières parcelles d’obscurité qui s’accrochaient encore au firmament. Quelques stratus rosés se chargeaient d’apporter des moments d’ombres quand leur trajectoire croisait les rayons de l’astre diurne, mais ces derniers rencontraient rarement d’obstacles. La température augmentait petit à petit. La nuit était belle et bien finie.

[HJ : He! C’est drôle, j’ai remarqué y’a un moment que deux persos sur trois que je connaisse de toi étaient/sont docteur(e)! Voilà, c’est tout, j’voulais partager cette constatation. xD]

Vullpjha, les yeux dans le vide bien que posés sur Tyee, était parti dans des souvenirs d’enfance alors que le chef de la tribu commençait à s’activer. Intrigué, il le regarda de nouveau en se demandant ce qu’il pouvait bien faire, puis en voyant tout l’attirail qu’il sortait du sac, il comprit… le calumet. Bien qu’il n’ait jamais fumé de cette manière, il en connaissait l’existence et admira l’objet qui aurait pu faire office de décoration. La solennité que dégageait le loup alpha était palpable et l’elfe était totalement absorbé par ce qu’il voyait. Il saisissait l’ampleur de cette simple action commune. Le partage d’un calumet était une marque de respect et de confiance mutuelle.

Pendant que son hôte finissait le rituel, Vull regarda autour de lui et remarqua les lucioles prises dans le contenant de verre. Leur lumière n’était plus nécessaire maintenant, alors à quoi bon les laisser captives plus longtemps? Presque instinctivement, l’elfe sylvain prit le contenant dans ses mains et entreprit de libérer les insectes. Dès qu’elles le purent, elles s’envolèrent en tous sens, pressées de vérifier le nouvel étendu qui s’offrait à elles. Le spectacle était féérique, si l’on peut s’exprimer ainsi, tandis que Tyee présentait le calumet au vieux Renard. Ce dernier ne comprit pas les premières paroles, mais saisit l’essentiel par le ton de sa voix et des mots qui suivirent, ceux-ci dits en Ténébrissois.

Il lui sourit sincèrement à son tour en inclinant la tête et empoigna le Canunpa Wakan, puis en tira lentement une bouffée, comme l’avait fait l’autochtone. Il sentit le goût un peu âcre sur sa langue, mais goûta également les arômes fruités qui s’y mêlaient. Sa gorge savourait la chaleur tandis que toutes ses papilles étaient en alerte, puis il souffla la fumée vers le haut, une fois encore par imitation, avant qu’il ne l’envoie trop loin dans son œsophage et s’étouffe avec. Il sourit de plénitude, sentant déjà son corps se détendre et son esprit se tranquilisé.

En tendant de nouveau le calumet à Tyee, il se questionna à savoir combien de fois étaient requises plus «communier avec les esprits», mais ne sentit pas le besoin de le demander pour ne pas rompre la quiétude qui s’installait entre eux, préférant le découvrir le moment venu.

[HJ: Nos persos ont assez parlé pour la semaine à venir, j'ai l'impression! XD]

[HJ : Les 3 sont docteurs ! XD 2 médecins et Jonas est docteur en chimie ! ^^ Je sais pas pourquoi...]

Tyee continuait de sourire bêtement à l'elfe. Il était simplement heureux qu'il accepte ce gage de respect et de gratitude. Ils étaient rares ces étrangers invités à partager le moment le plus spirituel de la tribu. Même en tant que voisin ancestral des loups garous, la présence de l'Homme de Feu à l'intérieur du cercle des tipis était exceptionnelle et encore moins pour ce genre de communion avec les esprits. C'était donc le plus grand honneur que Tyee pouvait lui rendre après lui avoir sauvé la vie.

Vullpjha lui rendit le Canunpa Wakan et Ty s'empressa d'aspirer une nouvelle bouffée, plus longue, plus profonde, plus envoûtante. La fumée âcre des plantes naturelles de la forêt remplirent ses poumons, tout aussi bien que sa tête. S'il recrachait toujours vers le haut de la tente ses bouffées d'air, l'effet de l'herbe, lui, imprégnait rapidement son âme pour l'élever vers un autre ciel. Il fuma une deuxième, puis une troisième fois et retendit le bâton spirituel à son invité.

En fermant les yeux, l'indien se rendit compte qu'il planait déjà. La fatigue de ces derniers jours, le stress des opérations de l'OM ainsi que ses responsabilités envers sa tribu, l'amenaient à moins tenir le parcours de ce genre de substance. Les paupières fermées, il sentit une brume s'installée sur son cerveau, diminuant l'intensité de ses réflexions, amenant la paix dans son coeur et calmant la tension de son corps. En l'espace de quelque minutes, il était complètement détendu, lui le pacha assis en tailleurs, les mains posées à plat sur ses genoux.

En ouvrant les yeux, Ty découvrit l'aquarium dans lequel il se trouvait tous les deux. L'espace dans la tente était restreint et la fumée soufflée vers le haut commençait à descendre comme le brouillard, les soirs humides de pleine lune. De temps en temps, un rayon de lumière matinal traversait les peaux brunes du toits et venaient éclairer dans un moment d'hébétude la blancheur nacrée qu'ils rejetaient de leur poumon. Cette féerie se mélangeait avec douceur au ballet doré des lucioles libérées par l'elfe. Bientôt, des formes de différentes couleurs se dessinèrent dans la pénombre de la pièce et les enveloppèrent. A ses yeux, les esprits se manifestaient.

Tyee planait. Il voyait des images dans la fumée : des scènes de tous les jours. La vie au sein de la tribu. Les vieilles à la fontaine, nettoyant les simples habits de peau. Le chaman entouré des enfants, racontant de longues histoires. Les chasseurs revenant avec des bêtes sur le dos. Le feu central et les fêtes qu'ils célébraient, où danses et chants perturbaient la quiétude des sous bois. Puis, tout doucement, elles s'effacèrent et un beau cercle rond se forma au centre de la pièce. Ses yeux ambrés brillèrent. L'instinct animal prit le dessus. La lune.

Le loup garou était continuellement habité par deux êtres : l'humain et la bête. L'un comme l'autre était toujours présent, ils étaient complémentaires, l'un écoutait l'autre, l'autre aidait l'un, même si le côté sombre voulait toujours empiéter sur la partie de lumière. Et quand la raison s'effaçait, l'inconscient reprenait son rôle à coeur. Seulement, face à cette lune imaginaire, aucune transformation, aucun besoin de sang, aucune envie de chasse, seules ses perceptions animales étaient accrues et son sentiment de liberté renforcé. Amarok revivait.

[HJ: Hahaha! xD Vraiment aucune idée?]

Vullpjha regarda son hôte inspirer et expirer l’air du Canunpa Wakan. Il y mettait une minutie et, presque, une dévotion telles que l’elfe n’en avait jamais vues. Il fallait dire que les rituels religieux n’étaient pas chose vraiment commune chez lui. Il y avait, oui, une forme de spiritualité, de respect du sacré dans la Nature, dans l’Harmonie de la Vie, mais pas de rites et coutumes qui y étaient associés à proprement parler. Ainsi, il trouvait fascinant l’importance qu’accordait Amarok à ces quelques bouffées.

Quand il eut de nouveau le calumet sacré entre les mains, il prit quand même quelques secondes pour s’imprégner de l’énergie que dégageait l’objet avant d’en aspirer, à son tour, trois bouffés bien espacées. Entre chacune d’elles, il voyait le loup alpha entrer de plus en plus en transe, tandis que lui-même ressentait plus fortement les effets des herbes dans son esprit, d’autant plus que c’était la première fois qu’il en faisait usage.

Pendant que Tyee revoyait des scènes de son passée, puis la Lune, le vieux Renard voyait le fidèle compagnon qui lui avait faussé compagnie quelques heures plus tôt... Les flammes suivaient le rythme des lucioles, dansant une chorégraphie saccadée et imprévisible, tantôt montant très haut dans la tente, tantôt rasant ses pieds, mais souvent changeant brusquement de trajectoire. Puis, la fumée baissant et réduisant ainsi son champ de vision, le feu cessa de monter et resta au ras du sol, dessinant dans son sillage les rues du village voisin, qui avaient bercé la jeunesse de Vullpjha Injis. Dans sa tête résonnaient les rires des enfants occupant leur temps de jeux tous plus anodins les uns que les autres, mais bien efficaces à égayer leur journée et à leur apporter le sourire. En effet, ils pouvaient s’amuser avec trois fois rien : des bouts de bois et une pierre devenaient vite les outils d’un jeu d’équipe ou d’adresse. Et devant ses yeux, ils passaient et derrière l’un d’eux, il découvrit le visage sévère mais serein, distant mais protecteur, de Tjzon Injis, le père de l’elfe de feu.

Devant ce dernier, flottaient les yeux de cette figure paternelle qui lui avait tant manqué, auxquels vint rapidement se joindre un visage doux et aimant : le visage de Loupja Sülfur, sa mère. Loupja, un nom si proche de celui à qui il avait sauvé la vie dans la journée, car elle aussi avait quelque chose du loup. Et ces yeux doux se transformèrent peu à peu en ceux d’un loup-garou transformé, en plein possession de ses moyens. C’étaient ceux d’Amarok, ceux qu’il aurait eu s’il s’était transformé à l’instant précis où l’image de la Lune lui était apparue. Ses yeux traduisaient une forte frénésie, une vie naissante, mais parfaitement lucide. Tout en fixant ce regard pénétrant, Vullpjha inhala inconsciemment une quatrième bouffée et déposa le calumet aux pieds de l’autochtone.

Amarok était tout simplement fasciné par les images de chasse sous la lune ronde qui se dessinait devant lui. Il revoyait certains moments épiques de sa vie de loup, ces moments de communion stratégique de la tribu. Il revoyait ses jeunes années au côté de sa mère, quand elle guidait encore la meute. Elle était l'une des louves les plus importantes et les plus impressionnantes. Toujours d'un esprit très tactique et très succinct, elle dénichait, traquait, tuait en tant que chef de meute, des proies bien plus grosses, bien plus alléchantes, que lui pouvaient le faire.

Amarok revit alors sa première transformation. Il ressentit ses premiers sentiments de liberté et de joie. Il re-comprit que l'oppression que ressentait l'être humain, s'effaçait pendant 4 nuits. Il sentit une nouvelle fois, comme dans ses rêves, le museau fier de sa mère dans son pelage noir. Elle avait été tellement heureuse et comblée cette nuit-là. Lui, son fils unique, le plus jeune loup de la tribu, qui s'était transformé si tôt. Quelle victoire, quel bonheur. Et lui, il vivait tout simplement sur le plus beau des nuages. Sa mère...

Amarok planait tellement haut qu'il aurait pu sentir du coton sous ses pattes. Enfin, s'il avait vraiment eu des griffes et des coussinets à la place de ses mains. Ses yeux ambrés brillèrent de bonheur au grès des pas de danse des flammes. C'était les meilleurs moments de sa vie qui défilaient dans son regard, et dans le feu. D'ailleurs, ce feu se comportait étrangement. Dans sa perception altérée de son environnement, le loup fronça les sourcils. Il n'y avait jamais eu la présence quelconque d'un feu dans ses souvenirs. Mais, il était là.

Et vivant.

Oui, le feu se mouvait comme les notes de musique sur une portée. Il s'élevait à temps condensé, au rythme de croches imaginaires, se calmait sur des pauses blanches, attaquait soudainement un piquet sur le sol et s'évaporait vers le plafond de la tente en silence bien mérité. Il le sentait, Amarok sentait cette magie qui affluait pour dicter cette mélodie. Il sentait ce lien discret mais inébranlable entre l'hôte et son sujet. Il croisa alors le regard calme de celui qui pouvait enchanter un tel brasier, comme un joueur de flûte et son serpent hypnotisé.

Dans ce regard vert feuillage, Amarok comprit ce lien si puissant, entre l'elfe et son élément. C'était le même lien qu'il entretenait avec sa partie humaine. Tyee l'homme, Amarok la bête. Deux fidèles compagnons, deux subtiles alliés, deux êtres indissociables. L'elfe en face de lui avait surement aussi cette part d'ombre, ce sentiment de pouvoir absolu quand il pouvait contrôler son élément sans entrave. Tout comme lui avait soif de liberté et de sang, Vullpjha devait avoir ce manque affreux dans sa vie, que seul le feu pouvait combler. Il ouvrit de grands yeux surpris, deux races différentes, diamétralement opposées, et pourtant si semblables...

Amarok voulut dire quelque chose. Par réflexe, il ouvrit la bouche. Mais, la bête, à part hurler au clair de lune, était incapable de prononcer un seul son. C'est alors que le vieux chaman entra dans la tente avec son habituel sourire espiègle. Il ne perturba leur échange visuel à aucun moment. Mais, il prit le calumet et le rangea avec le même cérémoniel que Tyee quand il l'avait sorti. Puis, doucement, il posa un pouce sur le front du chef la meute et prononça calmement : "Hwa niye !"

Tyee s'endormit paisiblement. Le chaman se tourna alors vers l'elfe de feu...

[HJ : Je te laisse décider si Vull est à son tour endormi par le chaman ?]

Traduction:

[HJ: Bon... réponse un peu bof, écrite un peu vite, mais la voici finalement! Je clos le sujet, donc! Écris-moi en MP si tu veux partir le sujet à l'OM tout de suite. ^^]

Le regard de loup qu'il avait sous les yeux ne cessait de le fixer, inquisiteur, au plus profond de lui-même. Sa flamme intérieure ne s'offrait nul répit et Vullpjha sentait une force indescriptible monter en son sein. Oui, le feu faisait partie intégrante de lui-même et, il venait de l'apprendre, sans lui, il n'était plus qu'une enveloppe charnelle aux prises avec une douloureuse fièvre. L'elfe se perdit dans ce souvenir glacial jusqu'à ce que résonne dans sa tête le hurlement d'un loup criant à la lune et à la liberté.

L'ermite ouvrit grand les yeux et vit alors Tyee dans sa forme humaine, sans pour autant perdre du contact métaphysique qui unissait leurs âmes semblables. Son esprit était sous le clair de lune, en compagnie d'un loup alpha qu'entourait un feu inoffensif et joueur, mais ce qu'il voyait était bel et bien revenu à la réalité matérielle. Il vit donc le chaman entrer avec son air satisfait, puis ranger le calumet cérémonieusement avant d'endormir le chef de son clan.

Le brasier s'éteignit alors dans la tête du vieux Renard, qui revenait entièrement sut terre, petit à petit. Le chaman lui fit face et s'adressa à lui en ténébrissois: «Homme de feu, êtes-vous bien portant?», ce à quoi son interlocuteur répondit simplement d'un hochement de tête affirmatif, n'osant pas encore entendre sa voix. «Bien. Maintenant, rentrez vous reposer. Amarok le doit aussi, ici.»

Comprenant le message, l'elfe se leva tranquillement, puis salua son guérisseur d'une révérence bien basse, signe qu'il lui était redevant. Finalement, après avoir jeté un dernier coup d'oeil au loup alpha endormi, il prit le chemin du retour avec en tête des images romanesques, fruits d'une longue conversation surprenante.