[Fini] Un Samedi à la plage

Raphaëlle ne vit pas Alec presque hystérique devant les écailles arc-en-ciel. Sinon elle aurait trouvé un truc à répondre. Mais non. Elle lui tournait le dos. Il finit par se rapprocher à nouveau d'elle. Elle se poussa même pour le laisser accéder aux algues. Elle les trouvait fabuleuses ! Un peu plus gluante que la normale. D'un rouge un peu brillant. Et surtout, c'était grâce à cette rare et étrange variété de fucus que Raie était le seul Ondin à survire au confinement de l'UDPH.

Une plante aquatique qui donnait la vie. C'était presque romantique, si ce n'était pas un poison létal pour les humains. Certes, elle avait créé un antidote. Laisser une créature en possession d'une 'telle arme toxique', pour un membre de l'Union était un crime. Et puis, en cas simplement d'accident, il pouvait servir, comme il avait déjà servit plusieurs fois. Raphaëlle en avait ingéré à au moins trois reprises ! Toujours par accidents bien-sûr, sous les yeux affolés de ses cobayes, qui avaient eu peur qu'elle ne meure.

Il y avait des petites piques par endroits qui se cassaientt facilement après avoir pénétré la chair pour contaminer celui qui y serait exposé

« Oui c'est bien ses algues, mais faites très attention, elles sont toxiques ! Ne touchez pas les pointes ! » dit elle tranquillement. « Oh on peut trouver ailleurs, mais, elles sont difficilement accessibles aux humais... euh sans bateau. » dit elle en se corrigeant un peu vite.

Elle se rapprocha de lui. Et en effet, non seulement Raphaëlle était très proche du sable, mais aussi de l'eau de mer. Il n'en fallut pas plus à sa jupe longue et inconfortable pour choisir le moment opportun pour l'entraver à nouveau. Une petite vaguelette, sa jupe dans les jambes, et hop, le tour était joué ! Elle effectua un plongeon vers l'avant et tomba dans l'eau avec un joli « plouf » qui devait tout de suite faire comprendre à Alec ce qui venait de se passer dans son dos...

Il se figea comment un bloc de glace quand elle dit cette dernière phrase. Non mais elle aurait pu le dire avant ? Alec laissa tomber les algues gluantes qu'il tenait. Travaillant le bois, il avait les mains plus marquées que la moyenne et il n'était pas du genre à sentir une épine ou écharde s'enfoncer dans sa peau. Il regarda attentivement ses mains les lavant sous l'eau salée et passa d'une carnation rosée à pâle d'outre-tombe. Il pouvait voir des petites marques sous sa peau et sa peau rougie autour. Une, deux, trois, quatre... Quatre épines !

“Bordel de sal***rie de mer** de...” et un gros plouf. “Raphaëlle!!!”

Oubliant ses mains, il se retourna brusquement et se jeta près d'elle. Il ne pouvait pas voir grand chose hors de l'eau elle était complètement immergée dans 15 centimètres d'eau. Sans plus penser à ses mains, il l'attrapa par la taille et la tira contre lui. A moitié assis dans l'eau, son jean était complètement trempé mais au moins elle était hors de l'eau.

Ses vêtements et cheveux dégoulinaient et elle avait du sable un peu partout mais elle pouvait respirer. Mais c'était vraiment un danger publique cette fille ! Pour elle et pour les autres !

Non plus que ça. C'était une meurtrière et suicidaire novice... Il était effaré.

Raphaëlle ne savait pas nager. Bon elle avait pied. Mais elle n'arrivait pas à se mettre debout, entravée par les pans de sa longue jupesqui lui collaient la peau. Elle sentit l'eau de mer lui brûler les poumons. Mais elle ne se débattait pas. Et puis avant même qu'elle ait vraiment le temps, elle sentit une force l'extirper de l'eau. Quand elle ouvrit ses yeux, ils la piquaient atrocement. Elle toussa pour cracher l'eau qu'elle avait inhaler.

Elle fini par se redresser. Son chemisier blanc était devenu entièrement transparent et ne cachait presque plus rien. Son soutien gorge en dentelle noire fit une apparition flagrante. Comme le tissu lui collait à la peau, on pouvait également apercevoir assez facilement quatre lignes parallèles, parfaitement droites, qui descendait de son strume jusqu'en dessous de son nombril. Ces fameuses marquent qu'elle essayait désespérément de cacher, qui lui faisait honte. Ces marques qui la torturaient tous les jours et la faisait encore pleurer certaines nuits. Même si cela faisait 20 ans que son agression c'était produite, Raphaëlle ne s'en était jamais remise sur le plan émotionnel.

« Heureusement que vous étiez là... je ne sais pas nager ! Et je n'arrivais plus à bouger avec cette fichue jupe ! ». dit elle en guise de remerciement

Jupe qui lui collait également les jambes et l'empêchait de marcher correctement...

Il la regarda se relever et fit de même alors qu'elle réarrangeait ses jupes. On avait pas idée de venir à la plage avec ce genre de vêtement. Il profita de ces quelques instants pour regarder ses doigts à nouveau. Toujours la même rougeur mais il ne sentait pas d'autres effets. Elle avait dit que ces plantes étaient toxiques mais jusqu'à quel point. Il se tourna vers elle alors qu'elle le remerciait à sa manière bien sûr.

Pour la énième fois aujourd'hui il se figea. Décidément ça devenait une manie. Outre la vue flatteuse qu'elle lui offrait, il vit ses cicatrices et sa mine se durcit. Ainsi... Ainsi... Il comprenait. Il la comprenait. Il l'avait cru meurtrière et suicidaire en herbe mais tout le psychisme de cette jeune femme pouvait être expliquée par ce qu'il avait sous les yeux et il ne pensait pas à son soutien gorge.

“Je vous en prie.”

Il oublia ses doigts, sa crainte et fit une moue dubitative. Il avait juste une pensée en tête et c'était la mauvaise fortune de cette jeune femme et uniquement ça.

Sans plus de mots, il attrapa la glacière et les quelques algues qui étaient resté autour et les mit dedans. Il faisait plutôt beau mais le vent allait se lever et elle allait attraper la mort si elle ne se réchauffait pas.

“Il vous faut des vêtements secs et moi aussi. J'en ai chez moi. Vous pouvez marcher seule ou avez-vous besoin de mon aide ?”

Il disait ça sans méchanceté mais n'était pas confiant qu'elle y arriverai seule.

Raphaëlle remarqua vite que le regard de son compagnon de la journée se portait sur elle. Non pas sur elle... Sur ses cicatrices... ses ignobles cicatrices. Elle avait été défigurée, dénaturée, défaite... abîmée... et elle ne supportait que très mal le regard des autres sur elle. Elle essaya tant bien que mal de cacher cette partie en remuant ses bras devant elle. Elle était plus que gênée et sa couleur de peau si pâle avait soudainement virée au cramoisi. Mais assez vite Alec s'occupa à autre chose.

Alors qu'il avait déjà rassemblé toutes les affaires. Elle avait déjà un peu froid. La saison commençait déjà à se rafraîchir et elle sentait une fine brise automnale arrivée. Elle hocha la tête en affirmant qu'elle serait capable de marcher toute seule, mais elle se mit à frisonner comme une feuille. Elle releva sa jupe au niveau de ses genoux, mal à l'aise de s'exposer autant. Elle avait limite l'impression de faire du nudisme.

« Allons y vite alors... » dit elle d'une petite voix timide...

Oh la pauvre... Elle était toute timide et tout pudique en plus. Il pouvait voir pourquoi et souffla. Sa bonne nature allait le perdre. Il posa la glacière sur le sol et retira son pull manches longue. Dessous, il porta un simple t-shirt manche courte léger mais au moins elle allait pouvoir cacher ses marques qu'elle ne voulait pas voir. Il s'approcha d'elle et déposa son t-shirt entre ses mains. Il aurait lui nouer autour du cou mais il ignorait si elle préférait le porter complètement ou non. Une fois qu'elle fit son choix, il emboita le pas sans pour autant aller trop vite. Elle devait porter ses jupes et lui avait une besace et une glacière en main.

Ils formaient un sacré duo à marcher sur le sable... Il resta pensif pendant un moment ayant complètement oublié les épines dans ses doigts pour penser aux cicatrices du Docteur et à la raison de son inconscience. Il pensait avoir comprit... Allez faisons une estimation... Peut-être à 80%.

Les chances de son côté il décida d'engager la conversation à nouveau mais mesura ses mots. Si il lui demandait "Puis-je vous poser une question?" elle était du genre à répondre un "C'est ce que vous venez de faire.". Ainsi songeat-il. Mieux valait être direct dans pour autant discourtois. Utiliser son titre et dire les mots comme ils venaient, pas de fioritures, pas demi mesure. C'était comme ça qu'il fallait se comporter avec Raphaëlle Focifère. N'est-ce pas ?

“Docteur, depuis quand êtes-vous en thérapie ?”

Il avait parlé avec le plus grand sérieux parce que, soyons honnêtes, elle devait l'être, c'était obligé. On ne pouvait être comme elle et s'en sortit sans un psy ou thérapeute.

Lorsqu'Alec donna son pull, Raphaëlle s'empressa de l'enfiler, se sentant tout de suite plus à l'aise et moins exposé aux yeux des autres. Elle lâcha un soupir de soulagement. En dehors de ses marques, elle n'aimait pas se monter. Même dans l'intimité, elle préférait le noir complet, mal à l'aise face au regard des autres. Alors, il fallait avouer que ce pull tombait à point nommé. Certes, il était un peu mouillé et tous ses vêtements couverts d'un mélange de sable et de sel, mais au moins, il était opaque.

Elle avait un peu de mal à marcher. Sa jupe, une fois trempée, n'était vraiment pas pratique pour se déplacer sur la plage. Elle sentait les grains iodés lui irriter la peau à chaque pas. Mais elle s'efforça de ne pas le montrer. Elle trembla un peu à cause du froid qui commençait à pointer son nez. Le professeur de psychologie lui posa une question. Elle se tourna vers lui sans chercher à cacher son étonnement.

« Cela fait presque dix-sept ans que je ne suis plus en thérapie... Peu de temps après ma tentative de suicide mon psy a disparu mystérieusement... J'ai refusé d'en consulter un autre. Mais pour répondre à votre étrange question... j'en avais commencé à mes douze ans... Après que... Bref... Comment avez-vous su ? »

Elle parlait d'un sujet aussi grave, en étant très alaise, comme si cela ne la gênait pas d'aborder un tel sujet avec un parfait inconnu. Elle dissertait suicide et thérapie comme si elle causait de poisson rouge et de graines... comme si elle se sentait extérieur au sujet en fin de compte.

Il l'écouta avec attention. 17 ans sans thérapie, tentative de suicide, psy disparu. Il faisait de son mieux pour se souvenir de tout cela. Elle avait donc commencé à l'âge de 12 ans. Il pensait que ses cicatrices venaient de là mais n'avait pas imaginé une seule seconde qu'elle est été si jeune. 12 ans... Un tel traumatisme pourrait expliquer son comportement actuel et sa façon de penser. Il était satisfait qu'elle lui ai répondu et hocha la tête.

Sans même y penser, alors qu'il s'était promis de ne pas le faire, il avait commencer à créer le profil psychologique de la jeune femme. Il ne fut pas le moins du monde surpris de sa question et continua d'avancer toujours aussi chargé.

“Je serai un bien piètre Professeur en Psychologie si je ne l'avais pas su.”

Alec passait ses journées avec les futurs Psychologues de Ténébris et il devait se montrer plus brillant qu'eux. A vrai dire, Alec aurait lui même pu être Psychologue. Il avait les diplômes et qualifications mais non, il avait choisit d'enseigner. Elle ne semblait pas timide à parler de son passé.

“Vous avez arrêté parce que vous ne vouliez pas changer de psy, n'est-ce-pas ?”

Il pensait que c'était la raison et c'était logique. Personne n'a envie d'avoir à ré-expliquer toute sa vie à un inconnu qu'on paye alors qu'on en avait déjà un très bien.

Si Raphaëlle était plutôt bavarde et pouvait sans soucis parler des fait, elle avait souvent du mal à se livrer ouvertement. La preuve, elle aimait vraiment ses parents et son frère, mais elle passait son temps à les insulter. Tous les mots y passaient. Souvent elle se jetait dans les bras de son père en lui disant qu'elle l'aimait, mais dix minutes après une autre dispute éclatait. Elle était amoureuse du même homme depuis toujours, elle ne lui avait jamais dit et quand il s'approchait trop d'elle, elle le repoussait. Au final ceux qui la connaissant intiment le mieux étaient ses cobayes a qui elle se confiant plus facilement... et surtout son ancien psy qui avait une place de choix dans son laboratoire.

« Ce n'est pas que je voulais changer de psy... c'est juste que... ceux qui se pointaient dans ma chambre étaient des abrutis stupides. Ils arrivaient avec leur orgueil, en affirmant que la mort n'était pas une solution aux problèmes, persuader que j'avais essayé de mettre fin à mes jours, que j'avais échoué volontairement et que la cause était... un profond mal être. Ils n'avaient rien compris ! Comme s'il pouvaient remplacer le Docteur Kenty ! » elle soupira visiblement agacée

« Je ne sais pas si vous avez entendu parler de lui dans votre profession. Un personnage remarquable ! Fort, intelligent, brillant et capable de vraiment analyser les gens qui l'entouraient. En dehors d'être un bon psychiatre, n'importe qui le dirait... Un psychologue grandiose ! » Elle prenait soin de ni parler de lui au passé, ni au présent. Ce qui aurait put donner l'impression qu'elle n'avait jamais acceptée sa disparition.. mais non, c'était juste parce qu'elle savait qu'il était encore en vie...

« Dites... je vous trouve un peu pale... non pas que je m'inquiète pour vous, j'ai envers vous une indifférence des plus total... mais ma curiosité me tracasse... Êtes-vous malades ? »... Oh et elle avait bien sûr en dehors de sa grande pudeur à exposer ses sentiments (ou son corps) un manque d'empathie plus que vexant...

Il l'écouta avec attention mais n'eut pas le temps de répondre. C'était un vrai moulin à parole lorsqu'elle s'y mettait, impossible de l'arrêter. Il connaissait en effet le Docteur Kenty, enfin de réputation. Il avait lu ses travaux et ses recherches mais elles étaient en si grande quantité qu'il n'avait jamais finis.

“Bien sur, je sais vous inspirer une indifférence totale mais je n'en prends pas ombrage. Nous n'avons aucun lien affectif et vous n'êtes pas de celles qui sont empathique au point de vous inquiéter pour un étranger, enfin presque étranger. J'apprécie votre curiosité cependant.”

Il ignora complètement son commentaire sur son état de santé alors que son esprit divaguait. Pour elle, il ne devait être que le commun des mortels et ces derniers devaient l'ennuyer, avec un cerveau comme le sien. Comme ces psys qui étaient venus la voir après sa tentative de suicide. Quelle remarque à la con de penser que quelqu'un comme le Docteur allait essayer de se tuer et se rater intentionnellement pour attirer l'attention. Au moins, elle avait eut quelqu'un qui la comprenait comme le Docteur Kenty.

Comme elle devait se sentir seule parfois. Heureusement qu'elle avait son boulot pour combler son temps libre ou elle ne s'en serrait pas sortie. En fait, elle avait beaucoup de chance d'être encore en vie.

Il sentait pourtant une fièvre l'envahir et sa main le brûlait atrocement. Il pouvait maintenant sentir les effets de ce poison dont Raphaëlle avait parlé.

“En parlant de curiosité, ces algues, elles sont toxiques à quel point ? Je veux dire, qu'est-ce que ça fait à l'organisme ?”

Raphaëlle se stoppa net quand il lui parla. Elle fronçait les sourcils pas vraiment sûre d'avoir tout compris. Elle essayait de comprendre s'accrochait aux mots prononcés, mais rien... Elle n'était pas douée dans les relations humaines, ça non. Elle était douée seulement dans un laboratoire avec des fioles, des formules complexes et ses cobayes qui lui donnaient des précieux conseils.

« Euh pourquoi voulez-vous vous mettre à l'ombre ? Le soleil n'est pas très violent aujourd'hui. Et quelle est donc le rapport avec mon indifférence à votre égard ? » dit elle en plissant les yeux.

Elle se remit en marche et haussa les épaules l'air de rien. Après tout nombreux étaient les gens qui avaient des propos décousus et incompréhensibles. Il fallait croire que c'était le cas d'Alec... Il lui posa une nouvelle question. Cette fois-ci elle était bien plus intéressée. On parlait de son domaine de compétence, la science ! Et ses fameuses algues rouges !

« Oh pour répondre à votre curiosité... elles tuent ! Ni plus, ni moins » dit elle avec un grand sourire ne s'embrassant pas de détails pour une fois !

“Oh laissez t... Vous savez quoi, on va oublier ça.”

Alec était fatigué de penser au psychisme de cette gamine trop intelligente pour son bien et qui avait grandit trop vite. Sa fièvre le rendait un peu irritable et il continuait de marcher. Son bungalow n'était pas loin et ils avançaient à bon train. De plus, il voulait éviter de parler parce qu'il ne se sentait pas d'éviter les métaphores, les images et le second degré.

Journée on se fige sur place et on évite la mort... Mais quel danger public cette fille. Alors ces algues tuaient. Il se vit pâlir comme un linge et faillit lâcher ce barda. La panique l'envahis comme le poison des algues rouges. Si il semblait malade maintenant il ressemblait à un mort. Toute coloration sur son visage avait disparu et il sentait des perles de sueurs se former sur son front.

Il faillit perdre l'équilibre dans une grande foulée et fut prit de vertige. Il pouvait voir son bungalow tout flou en regardant devant lui mais continua d'avancer. Les idées lui tournaient, il avait envie de paniquer et de piquer une crise. Son cerveau en avait décidé autrement, enfin pour le moment.

“Et ça prend longtemps ? Enfin, y a un antidote ?”

Que c'était agaçant pour Raphaëlle quand les gens s'exprimaient mal ! Ce type ne devait pas bien se faire comprendre en cours s'il demandait à ses élèves d'oublier ce qu'il disait. Comme si c'était possible. Mais, pour son bien être mental personnel, elle décida de ne pas relever.

« Efforçons nous de ne plus pensez à ça. »

Elle se tourna à nouveau vers lui, il était pâle comme un cadavre. C'était effrayant. Elle lâcha son sac et se dirigea vers lui. Elle n'était peut-être pas médecin, mais elle avait les connaissances en biologie pour reconnaître ce qui se passait en cette seconde précise sous ses yeux.

« Les symptômes sont simples, fièvres, une dépigmentation de la peau, vertiges, nausées, vomissement, malaises, troubles cardiaques, saignement nasaux... bref rien de vraiment relisant. Et oui il y'a un antidote ! Je suis maladroite, je ne suis pas folle ! Rentrons chez vous, que je vous soigne ! » dit elle avec un ton qui ne souffrait d'aucun appel.

Raphaëlle suivit Alec jusqu'à chez lui. Il semblait faiblir de plus ne plus mais elle ne dit rien. Une fois rentrée, elle ne fit pas du tout attention au décor. Déjà parce qu'elle s'en fichait vraiment et puis ensuite... parce qu'elle s'en fichait encore plus que vraiment ! Bien qu'issue d'une famille riche et puissante, elle n'était en rien matérialiste. Tans que les choses étaient confortables et pas insalubres... cela lui était égal. Et puis en plus ce n'était pas sa maison. Même si l'intérieur était plutôt cosy...

Elle arriva dans la cuisine et posa son sac sur la table... enfin non... elle vida son sac sur table, nuance ! Elle avait d'abord balayer de la main les documents. Son cerveau avait émit un léger bip, lui informant que ce type se cultivait, il n'était donc pas un cas désespéré de stupidité, même si elle avait, en effet, constaté déjà qu'il n'était pas un demeuré. Elle fouilla ses affaires. Pris la petite boite en bois, contenant ses ustensiles. Elle l'ouvrit.

« Oh ! »

« Vous voulez rire ? Je crois que je l'ai perdu... Au fait vous saigner du nez... » dit elle sur un ton déconcertant, calme et vraiment distant du reste du monde

C'était drôle quand même, elle n'en avait rarement eu besoin à la plage et la seule fois ou une personne risquait sa vie, elle le perdait ! Ahhhh la vie était vraiment marrante... enfin de son point de vue !

Il ne faut pas croire, mais il y avait un avantage non négligeable à être une scientifique. En dehors d'être capable de disséquer un cadavre humain sans ciller, le Docteur Raphaëlle Focifère ne craignait pas un peu de vomis...enfin dans ce cas présent pas mal... Mais bon. Elle n'allait pas tourner de l'oeil pour si peut. Des trucs immondes, elle en avait vu, de toutes les sortes, des toutes les couleurs et de toutes les odeurs. Dépouilles faisandées, charniers nauséabond... Bref, tout ça pour dire, qu'a par faire une petite grimace, elle ne réagit pas outre mesure.

Elle l'observa se débattre, essayant de l'aider à se rattraper, mais ce n'était pas avec sa force qu'elle pourrait arriver à quoi que ce soit. Elle leva les yeux au ciel. Dieu, que les hommes étaient de petites natures douillettes ! Il n'avait pas le moindre sens de l'humour ! La jupe tachée du contenu de son estomac, elle l'enjambat et s'accroupit à côté de lui.

« Bon arrêtez de faire l'enfant ! Laissez-moi juste dix minutes pour en faire un nouveau ! Je suis peut-être un peu étourdie, mais je suis extrêmement compétant dans mon domaine ! Restez là ! Vomissez si cela vous amuse ! Mais ne bougez plus ! Moi je vais vous faire un antidote... Et après, je prendrais une douche... et vous me passerais des vêtements sur lesquels vous n'avez pas vomis ! Ce serait vraiment aimable de votre part ! »

Elle se releva et se dirigea vers la glacière, elle prit un peu d'algue, revient en cuisine et la jeta dans une casserole... Bon en cuisine elle était une calamité, le jour où elle avait faillit faire cramer son immeuble pour se faire cuire des pâtes (quelle idée aussi de pas écrire sur le paquet qu'il fallait de l'eau dedans!), sa voisine Marie, une prostituée de quarante ans, l'avait interdite de fourneaux... Espérons qu'elle aurait plus de chance avec ce piano de cuisine...

Raphaëlle avait en effet beaucoup de défauts. Maladroite, étourdie cela était plus que certain. Peut-être même suicidaire et totalement inconsciente. Mais il fallait avouer une chose, elle était vraiment compétente dans son domaine. Quand elle se glissait dans sa blouse blanche de docteur trop grande pour elle, elle changeait du tout au tout. Elle n'avait aucun mal a manipuler des produits chimiques extrêmement dangereux, utiliser le bec-benzine et le gaz... sans commettre un seul accident. Elle ne s'était jamais coupée avec un scalpel tranchant ou bien piquer avec une aiguille... En revanche elle s'était déjà pelé le pouce avec l'économe, coupé à l'aide d'une miette de pain et elle avait bien sûr à plusieurs reprises tenter de mettre le feu à son immeuble.

Il fallait vraiment la voir quand elle était concentrée. Quand son cerveau lui dictait la marche à suivre de façon militaire et millimétré. C'était très impressionnant. Peu de gens avaient eu la chance de voir la scientifique à l'oeuvre. D'ailleurs c'était une des choses qui avaient forcer le respect de son irrespectueux assistant. Ses sourcils légèrement froncés lui donnaient l'air en colère, le sourire qui se dessinait sur son visage démontrait parfaitement qu'elle était passionnée.

Parce que oui, la science était sa passion, la vie aussi. Enfin celle des autres. Si elle ne montrait ni inquiétude ni culpabilité c'est parce qu'elle savait ce qu'elle faisait et surtout à quel point en réalité Alec n'avait rien à craindre. Enfin presque rien. Certes il souffrait, mais ça c'était une autre affaire. Sa vie... elle ne craignait rien. Il ne pouvait pas mourir, puisqu'elle était là ! La chimie était un jeu pour elle, certes elle n'avait qu'un simple diplôme, elle n'était pas encore licenciée de cette matière, mais la curiosité l'avait poussée plus loin et son travail aussi.

Elle souffla sur une mèche de cheveux rebelle pour essaye de la remettre en place, mais bien sûr c'était peine perdue. Elle alluma le gaz et craqua une allumette, comme elle l'aurait fait avec les matériaux qu'elle utilisait. Elle posa la casserole sur la flamme bleue. Une moue se dessina sur son visage. La chaleur du foyer n'était pas aussi puissante que celle de son labo, pas grave, elle aviserai. Elle versa un peu d'eau dans le récipient et rajouta de l'huile d'olive. Elle devait laisser le tout infusé jusqu'à évaporation de tout liquide. Elle enjamba le presque cadavre du malheureux professeur.

« Oh... les mecs... vous exagérez toujours un peu quand vous êtes malades hein... »

Elle partit dans la salle de bain. Super... une douche à l'italienne ! C'était on ne peut plus parfait ! Elle quitta la pièce et se trouva dans la chambre, ouvrit un placard. Bon des fringues propre. Parce que bon... elle puait quand même le vomis et c'était pas super hygiénique pour ce qu'elle s'apprêtait à faire. Elle prit un jeans et un pull à col roulé, le tout bien sur trop grand pour elle. Elle ferma la poste de la salle d'eau et se déshabilla vite et sauta sous la douche. En moins de 5 minutes elle s'était savonnée et lavée. Il ne lui en fallut pas plus de 5 autres pour se vêtir et se rattacher les cheveux, qu'elle avait certes pris soin de laver, mais qu'elle avait mal rincés. Mais elle n'était pas là pour faire dans la coquetterie. Le but était d'être propre. Elle retourna à la cuisine, enjambant à nouveau Alec.

« Je ne vous oublie pas... c'est juste un peu long à infusée... »

Elle jeta un coup d'oeil à sa mixture. Elle ouvrit tous les placards les uns après les autres. Sortit différentes choses. Des épices, des produits divers et très variés. Elle trouva une trousse à pharmacie également. Elle bazarda de nouvelles choses dans la casserole. Touilla, puis ajouta un peu d'eau à nouveau. Elle devait à nouveau attendre l'évaporation complète ! Elle sortit de la cuisine, en enjamba pour la troisième fois de la journée le pauvre homme.

« Bon, à votre tour... »

Puis elle partit dans la chambre. Elle s'attaqua au lit et défit tous les draps. Elle revint assez vite avec la housse de matelas, qu'elle posa a plat, à côté d'Alec. Raphaëlle le roula ensuite sur le côté, cherchant des yeux son regard. Il semblait parfois reprendre conscience, mais repartait assez vite. Elle plongea ses yeux bleus dans les siens. Le pauvre était paniqué, enfin s'il avait pu paniquer peut-être qu'il aurait paniqué, pour le moment il ne pouvait pas. Ce n'était pas bon pour le poison, ça risquait surtout d'en accélérer les effets. Elle essaya de le calmer, comme on apprivoise un petit animal. Elle devint soudain aussi douce qu'une mère avec son enfant.

« Bon écoutez moi, tout va bien ce passer. Croyez moi. Vous n'allez pas mourir, pas maintenant. Et comme je suis incapable de mentir... vous devez comprendre que je ne peux dire que la vérité. Laissez vous aller et surtout faites moi entièrement confiance... »

Elle détacha doucement son regard hypnotique de ses pupilles dilatées, puis elle se redressa. Elle prit le draps par un bout et le tira jusqu'à la salle de bain, évitant au mieux les obstacles. Elle allait le sauver de empoisonnement, si elle pouvait éviter de le tuer en lui fracassant le crâne ce serait préférable... L'avantage d'être physicienne c'est qu'elle savait utiliser des forces contraires pour l'aider. C'est donc sans trop de soucis qu'elle y arriva. Ahh donnez moi un levier assez grand et je vous soulèverais le Monde ! Elle arriva jusqu'à la douche, pas de bac, donc pas besoin de le porter. Elle essaya de l'asseoir au mieux et ouvrit les vannes sans le moindre ménagement, alors qu'il était tout habillé. Elle était très pudique... sur elle, mais il était possible que ce soit valable pour les autres. Elle n'avait pas envie de le déshabiller. Quand il irait mieux, il le fera lui même. Elle laissa l'eau tiède coulée un peu et s'en alla vite fait. Elle ne revint que dix minutes plus tard avec une pince à épilée et une sorte de mixture rougeâtre infâme qui puait. Elle coupa l'eau et se pencha vers lui.

« Bon l'antidote va fonctionner, mais il n'est pas aussi parfait que celui que j'ai perdu. L'autre une simple piqûre aurait suffit et en moins de cinq minutes le poison aurait cessé de faire effet. Là... je n'ai pas tout le matériel Donc ça sens mauvais, c'est moins rapidement efficace... Mais il fonctionnera ne vous en faites pas ! »

Elle s'assit à côté de lui, sur le sol trempé. Mais elle s'en fichait. Elle prit sa main dans la sienne. Puis, elle trempa la pince dans la préparation et lui enleva la première épine. Elle récidiva autant de fois que nécessaire en étant extrêmement concentrée sur ce qu'elle faisait. L'opération dura moins de 5 petites minutes. Quand ce fut terminé, elle lui étala la mixture sur les deux mains et sur le visage.

« Ouais je sais ça pue... Faut laisser agir juste dix minutes... Après l'organisme le métabolisera. Je pourrais vous rincer à nouveau et le produit agira en une petite demi heure. Mais je reste près de vous... Ne vous en faites pas... »

Et elle fit comme elle avait dit...

Il entendait bouger des trucs mais n'avait pas vraiment conscience de ce qu'elle disait ou ce qu'elle faisait. C'était trop à comprendre en une fois. Bruits de vaisselles... de métal ? Quoi ? Il avait trop mal et était trop dans les vapes pour comprendre. Il essayait de se concentrer sur elle plutôt sur ce qu'elle faisait mais n'aimait pas le résultat. Les mecs, toujours les mecs... C'était lui qui était empoisonné non ? Et elle lui faisait une leçon pas possible comme quoi il était une chochotte de première. Non mais quel toupet ! Ah y a des baffes qui se perdent tiens. Si seulement elle comprenait un tout petit peu mieux ce qui se passait autour d'elle aussi. C'est pas comme si il se plaignait ou l'avait traité de tous les noms.

Bon elle avait disparut... Ça lui fera des vacances tiens. Petite peste va ! En plus il se sentait s'endormir mais comme une enclume. Il pouvait même voir les moutons. *Qu'est-ce que c'est con un mouton. Même plus qu'une mouette, c'est peu dire. Vous sentez pas l'orange là ? Non ? Bizarre.* Il voyait des trucs pas net mais fermer ces yeux lui donnait un tournis du feu de Dieu. *Même que moi des fois je vomis. Toi, on t'as rien demandé ! Oh les jolies petites lumières... Lumières avec de la laine. Un mouton, deux moutons, trois moutons...*

Son tour ? Quel tour ? Ah oui, le manège qui avait emménagé dans sa tête. *Un beau carrousel avec toutes les couleurs de l'arc-en-ciel et des chevaux de bois, ça aussi c'est con, ça tourne en rond et ça change même pas de sens. C'est comme faire cuire des pâtes dans son bain... Ça tourne pas rond. Hahahaha... rond. Mais c'est qu'il avait toute une ménagerie devant les yeux entre moutons et chevaux de bois... son ex-femme (oups)... Non elle était là pour le décor, c'est que c'est une belle plante, la Emma. Oh une vache violette ! Et la marmotte elle met le chocolat...*

On bouge. On roule. *Arrête, les chevaux bougent plus en rond, tu vas casser la machine du temps avec tes conneries. On va se retrouver sur un autre plan d'existence où on marche sur les mains. Faut pas que les chevaux bougent autrement qu'en rond, non les fait pas rouler. Et voilà ! Et voilà ! Ils sont tombés ! T'es contente ? Oh une tomate avec des grands yeux bleus. C'est quoi comme yeux ? C'est pas normal ça, il sont grands, profonds... Oh mère-grand que vous avez de grands yeux. Et vous ressemblez à une tomate avec ce pull col roulé. Il vous manque plus que la mozzarella et hop, à table! Oh elle parle la tomate. C'est ça, pas mentir. Ça ment pas les tomates, ça vous fait pas croire que c'est pas mûr, on le voit tout de suite. Mais qu'est-ce qu'elle faisait en dehors du frigo celle-là à bouger ?*

On bouge. Ça glisse... *Tadadada, je suis une championne de patin à glace... et puis pas toi ! Nananère. Oh c'est quoi ce truc, de l'eau ? De l'eau chaude ? Sur une patinoire ? Oh des chaussures sur l'eau ? Y a personne au bout... Hey mais c'est Jésus incognito pardi ! Mais nan c'est tes pieds banane !* Le délire total squattait son esprit avec des idées farfelues du genre le greffage de doigts. Comme ça il pourrait compter jusqu'à 14 plus facilement. Un antidote... *Un antidote pour compter jusqu'à 14, non ! Attends elle disait quoi la tomate rouge ? Rouge... Ah oui, ces saletés d'algues ! Mais, on est où ? Ouvre les yeux Alec. Nan, pas ceux là, enfin pas tes vrais yeux, et sort ces pensées de ta tête.

Et puis c'est quoi cette odeur d’œufs pourris. Oh une main, qui c'est. C'est qui ? Nan maintenant, il faut ouvrir tes vrais yeux Alec. Fais mal aux doigts. Pas gentille. Oh mais c'est la peste... La peste empoisonneuse.*

Mais qu'est-ce qu'elle lui mettait sur la figure ? Alec n'était pas une tartine pourtant, il est Prof, c'est pas pareil. Il avait l'habitude de s'en prendre plein la tête mais pas version beurre à tartiner. Faut arrêter. Et une migraine, une. Alec réalisa qu'il était dans sa douche avec Raphaëlle assise à côté de lui. Les yeux vides, comme absent, il la regarda comme si elle était pas là. Finie la tomate, place à la peste.

“Bonjour...”

Raphaëlle avait attendu patiemment que le professeur de psychologie reprenne ses esprits. Elle était assise à côté de lui. Elle ne bougeait pas. Elle attendait. Il commençait à émerger un peu. Elle l'avait vaguement entendu délirer, mais elle n'avait pas réagi outre mesure. Cela lui était égale. La dernière fois que ce poison l'avait fait halluciner comme ça, elle avait hurlé de terreur, croyant que des loups garous allaient venir la tuer. Il avait fallut beaucoup de self contrôle de ses cobayes pour la maîtriser dans lui faire mal et lui administrer l'antidote. Elle était sûrement la seule scientifique qui c'était faite sauver la vie par les gens qu'elle retenait prisonniers... Cela démonterait bien l'emprise psychologique qu'elle avait sur eux.

Bonjour... comment voulez vous qu'elle réagisse à ça ! Toutes ses conjonctures étaient vraiment stupides ! De plus ce type n'avait pas dû passer une très bonne journée ! Il avait été empoisonné par une violente toxine mortelle. Elle leva les yeux au ciel. Pourquoi donc les gens s'entêtaient avec toutes ses hypocrisies ?

« Bon, je vois que vous avez enfin repris conscience. Je vais vous chercher un peu d'eau à boire. Vous devez être pas mal déshydraté vu tout ce que vous avez vomis ! »

Sur ce, elle se leva d'un bond et fila en direction de la cuisine, pour revenir avec un verre d'eau. Elle s'accroupit à son niveau et lui tendit. Ou le pauvre ! Il avait vraiment la tête d'une personne qui avait vu la mort. Il était tout pâle avec de belles cernes noires intense.

« Tenez, après, je vous laisserais vous changer et passer des vêtements secs. Mais si vous avez besoin d'aide n'hésitait pas ! » dit elle doucement. En fait, il ne le savait pas, mais elle lui parlait en ce moment même comme à ses cobayes. Douceur et sécurité... Calme et apaisement... Les mots d'ordre qu'elle avait avec eux.

Oh la migraine du siècle qu'il se tapait... Et puis il s'était laissé entrainé dans un tel délire durant son empoisonnement qu'il en était encore sonné. Il avait du mal à décerner le vrai du faux et son mal de tête ne l'aidait pas. Si elle s'énerva de son “bonjour”, il ne remarqua rien, mais alors rien du tout. Il nota à peine lorsqu'elle s'éloigna mais il se leva tout de même.

Pas pour longtemps, il se sentit glisser le long du mur et paf le cul par terre. Cool ! Et un vertige un ! Il attrapa le verre qu'elle lui tendait et le vida d'un trait. C'est vrai que sa gorge était sèche. Il la regarda droit dans les yeux cette fois et il semblait avoir retrouvé l'usage de la parole.

“Arrêtez de me prendre pour un gamin, je peux encore me changer seul...”

Il détestait qu'on s'occupe de lui comme un gosse, même malade ou autre. Il avait l'impression d'être un idiot en fait, et c'était ça qu'il détestait vraiment. Il était pas assez idiot pour ne pas se changer seul. Il avait le mauvais sentiment d'être avec sa mère là... Il regarda à nouveau ce qu'elle portait et se rendit compte que c'était ses affaires.

“Première porte à droite, la chambre bleue, grande armoire en pin, y a un carton plein de fringue... de femme, sur l'étagère du bas. Servez-vous, faut que je prenne une douche.”

Il attendit qu'elle soit partie pour enlever ses habits toujours sur le sol et actionna l'eau chaude. Il lui fallut quelques minutes pour arriver, d'abord à s'accroupir, avant de se relever. La chaleur lui faisait du bien et agissait un peu sur ses douleurs mais pas autant qu'il n'aurait voulu. Chancelant, il sortit de la douche, se passa une serviette autour de la taille et ouvrit la porte de la salle de bain.

“Raphaëlle ? Vous avez un remède contre les migraines ?”

Raphaëlle hocha la tête quand Alec montra son mécontentement. S'imaginer être un assisté devait vraiment désagréable, elle même détestait ça. Elle hocha la tête, pas perturbée le moins du monde par son ton un peu amer et ses paroles un peu tranchantes. Elle se leva sans rien dire. Quitta la pièce et prenant soin de fermer derrière elle. Elle n'avait aucune envie de le voir nu... Trop pudique pour supporter la nudité des autres, enfin avec moins de 0,7 grammes d'alcool dans le sang.

Elle se rendit dans la chambre bleue. Non pas qu'elle se sente ridicule dans ses fringues, elle s'en fichait, mais il fallait avouer qu'ils étaient juste dix fois trop grand pour elle. Elle prit donc le fameux carton et regarda ce qu'il y avait. Elle eut vite fait d'épurer le stock. Les tenues, même simples, laissaient pour la plupart voir trop de bout de chaire pour elle. Elle finit par prendre les seuls vêtements digne de ce nom. Elle sortit donc un jeans noirs, slim, tout simple et un pull sombre. Elle aurait préféré le joli petit gilet c'est vrai... mais avec ça, son sternum aurait été visible et sa cicatrice avec... Bon, c'était trop grand, comme toujours, mais la différence cette fois était moindre. Une simple ceinture permettait d'éviter que le pantalon lui tombe vraiment sur les hanches et un simple revers vers l'intérieur évitait qu'elle ne marche dessus. Le haut quant à lui était à peine taillé pour le gabarit du dessus. Ce qui faisait de ce maillot moulant, un habit ample.

Elle eut à peine fini de se glisser dans le sweat qu'elle entendit son prénom. Alors qu'elle sortait ses cheveux humides du col, elle se dirigeait vers la voix. Elle tomba nez a nez avec le professeur nu. Enfin certes, il avait une serviette autour de la taille, mais quand même ! Elle écarquilla les yeux, vira au rouge tomate et se tourna dos à lui pour ne pas le voir.

« Mais vous êtes un exhibitionniste ma parole ! Passez donc des trucs... là... vous êtes ridicule ! Pendant ce temps là, je vais vous chercher une aspirine dans mon sac ! » dit elle confuse

Alec resta sur le cul quand elle lui cria dessus. Il tenait sa serviette à une main et c'était protégé une oreille de l'autre. Mais c'est qu'elle avait une voix stridente la gamine même de dos ! Sa voix n'aidait pas sa migraine et il lui jeta un regard noir même si elle ne pouvait pas le voir.

“C'est ça allez chercher une aspirine.”

Il sortit de la salle de bain, visiblement de mauvais poil et fit volte face lui bloquant la route. Il n'allait pas la laisser faire son cinéma, enfin pas cette fois-ci.

“Docteur, si je suis dans cet état c'est votre faute alors arrêtez de me crier dessus lorsque j'ai une migraine, même si vous pensez avoir de bonnes raisons pour le faire. Sinon je fais tomber la serviette et là je serai vraiment un exhibitionniste.”

C'était pas des parole en l'air en plus. Il le ferait si elle l'emmerdait de trop. Y a des limites quand même. Elle n'avait peut-être aucune notion des us et coutumes quotidiennes qui sied à tout un chacun mais il venait de frôler la mort là et c'était pas le moment de le chatouiller pour une histoire de serviette. Heureusement il n'avait pas à la contourner car sa destination n'était pas la chambre bleue, il regagnait au contraire sa chambre. Sans même attendre ou entendre une réponse, il ferma la porte derrière lui et se laissa tombé sur son lit.

Au moins, il arrivait à parler et à marcher, mais il se sentait faible. Il lui fallu quelques minutes pour se motiver à s'habiller et se traîna, littéralement, à son armoire. Il s'habilla encore assis sur le sol et dû se battre en duel avec son jean pour y arriver.

Tenter d'abord de sortir de sa chambre sans t-shirt, il se ravisa et en enfila un avant de revenir vers la cuisine.

Raphaëlle se retrouva bloquée avec un Alec quasi nu qui la menaçait. Sur elle, les menaces n'eurent pas l'effet qu'aurait pu escompter le professeur. Elle se raidit. Elle n'eut pas le temps de planter son regard hypnotique dans le sien... Mais s'il s'avisait de recommencer, elle ne le manquerait pas. Tous ses traits c'étaient durcis. Elle le regarda quitter le couloir pour se rendre dans une chambre...

Elle était furieuse. Elle se glissa dans ses bottes, prenant soin de bien passer le jeans dedans. Elle attrapa son sac et elle quitta la maison en claquant la porte. Puis elle se stoppa sur le pas de la porte. Non, elle n'était pas ce genre de personne lâche qui se laisse faire face à un « mâle » dominant. Elle refusait de se faire traiter comme ça. Elle soupira, fit demi tour et retourna dans la maison, se jeta dans un canapé. Elle posa ses pieds sur la table basse du salon et croisa les bras sur sa poitrine, une tablette de médicaments entre les mains.

Puis elle remarqua qu'Alec était sortit de sa chambre et qu'il avait troqué sa tenue d'Adam contre des vêtements ! Miracle. Ce type n'était peu- être pas le pervers qu'elle s'était imaginé. Elle lança dans sa direction la plaquette en aluminium. Qu'il l'attrape ou pas ce n'était pas son problème.

« 15 000 stratosphères d'amande et un an de prison pour exhibition. C'est ce que vous risquez si vous osez faire tomber la serviette. Je vous préviens... je suis la fille d'un des procureurs les plus en vu de Ténébris et si vous osez faire ça, mon père se fera un plaisir de vous apprendre que l'on ne se met pas nu devant une femme ! Libre à vous si vous choisissez d'aller en prison ! Après dites vous que vos nouveaux amis codétenus seraient sûrement comptant de vous voir nus ! Ils adorent les détraqués sexuels. » dit elle très doucement et très calmement. Puis elle se leva.

« Bien puisque nous en avons finis avec les menaces, je pense qu'il serait judicieux que vous vous reposiez. Je vais vous chercher un truc à manger. Je sais que vous n'êtes pas amateur de vous faire aider. Mais je ne vous laisse pas le choix ! Votre organisme n'a pas fini de métaboliser la toxine ni l'antidote. Alors assis ! »