In my darkest hour [Pv Kael]

Ce n'est pas mon genre de relation vraiment mais... J’ai toujours voulu savoir ce que ça faisait d’être en couple. Je veux dire, un vrai couple. Heureux. Qui peut se tenir la main en public, qui rit et qui s’aime. Un couple avec cette lueur dans le regard lorsque les yeux de l’un rencontrent la peau de l’autre. Les frissons. Les caresses. Le besoin d’être avec l’autre. Je me demande ce que ça fait de s’ennuyer de celui qu’on aime. De désirer plus que tout de le revoir. D’être heureux lorsqu’il est là, dans le cadre de porte. D’avoir des nœuds dans l’estomac quand on sait qu’il est sur le point d’arriver. Savoir ce que ça fait d’être aimé et de pouvoir ressentir cet amour dans toutes les fibres de son corps. Être grisé du regard de l’autre. Planter ses yeux dans les siens et voir son sourire s’épanouir alors qu’il perçoit cette lueur au fond de ton regard et qu’il sait à quel point tu es fou de lui. L’attendre impatiemment et se tourner les pouces en contant les secondes. Être dans ses bras durant toute une nuit, pas nécessairement pour faire quoi que ce soit, juste être là étendu à ses côtés, écouter sa respiration, tracer chaque courbe de son corps du bout du doigt. Se réveiller le matin avec sa chaleur et la vue de cette chose si précieuse et si fragile. Savoir ce que cette petite phrase simple peut faire sur le corps en entier une fois prononcé par la personne qui nous rend si heureux et vivant. Voir ces trois petits morts sortir d’entre ses lèvres et le voir dans ses yeux. Aucune question, aucun doute. Aucune crainte. Tout est là pour rester.

Mais je crains ne pas avoir la chance de découvrir… cet amour pourtant si simple et vrai. Ce sentiment pur et qui guérit de tous les maux. Je ne me sens pas capable d’aimer. La crainte, l’appréhension et tout ce brouillard qui m’empêche de voir et de regarder avec ces yeux brillants et emplis d’ivresse. Il était trop tard. Kael avait envahi mon univers et je ne pouvais plus m’en sortir, par peur et peut-être fatigue même. Je ne me sentais pas le courage de partir. Plus maintenant. Il s’était installé dans ma vie et seul lui pouvait partir. Se départir de ce que nous avions ensemble, qui n’était pas grand-chose, mais qui représentait tout pour moi. Le reste de ma vie était bâtie sur notre rencontre. Il n’avait pas idée de l’influence qu’il avait sur moi. Il ne pouvait pas savoir ce que son apparition dans ma vie représentait. Ma vie, maintenant, se construisait sur ce que j’avais vécu avec lui. Toutes mes actions allaient être influencées par notre relation. Que nous soyons encore ensemble ou pas. Tous mes faits et gestes ne pourraient plus jamais être les mêmes. Et je me demande souvent de quoi aurait eu l’air ma vie si je ne l’avais pas rencontré… si nos chemins ne s’étaient jamais croisés. Serais-je tout de même comme je suis en ce moment? Sombre et clôturé dans une carapace solide qui m’empêche de me faire faire mal? Méfiant et anxieux? Un peu parano et drogué sur les bords? Je me pose souvent la question. Quand je pose les yeux sur lui… je me demande comment ma vie serait sans lui et comment la sienne serait.

Je connais Kael. Il est du genre touche à tout. Mais il n’a besoin de personne. Je l’ai su après notre dispute un peu plus tôt Je sais que je lui suffis, mais à quel prix? Et jusqu’à quel point? Contrairement à lui, j’ai besoin d’attention et c’est peut-être pour ça que je couche avec le premier qui veut bien me donner une nuit de passion et l’attention dont j’ai tant besoin. Je sais qu'il n'est pas encore au courant. Et je ne sais pas comment il réagirait en l'apprenant ni comment il se sentirais s’il le savait. Parfois je me sens mal de lui faire cela, puisque je sais que lui ne le fais pas, mais je ne sais pas s’il ne le fait pas parce qu’il m’a dans sa vie, ou simplement parce qu’il n’a pas encore trouvé une personne qui puisse le satisfaire. Autre que moi… et je me demande… quand-est-ce qu’il n’aura plus besoin de moi? Qu’il va se lasser… je sais que cela va arriver, mais quand? Et pourquoi? En fait, lui faut-il réellement une raison pour me laisser… et ces pensées venaient me harceler et me gardaient éveillé alors qu’il était là, étendu à mes côtés, assoupi, je crois, après la soirée passée ensemble... il était là, complètement nu dans mon lit. Il me faisait dos, me laissant admirer son immense tatou de serpent et les marques rouges et profondes que j'avais fait dans son dos... je posai les yeux sur ses cheveux noirs qui s’éparpillaient sur l’oreiller près de moi. Et alors qu’il était là où je le voulais, je me torturais et m’empêchais de profiter de l’un de ces rares moments où il est là, avec moi et qu’il est à moi, seulement… à moi.

Immanuel se redressa sur ses avant-bras sans quitter Kael des yeux, les lèvres pincées, le regard sombre. Il leva une main tremblante et vint caresser sa nuque du bout de ses doigts en retenant son souffle, mouvant ses longs doigts le long de sa colonne, suivant le parcoure de son tatou qui glissait sur son épaule gauche, s’enroulait autour de son bras et se terminait sur sa main. Il le suivit doucement jusqu’à sa main et enlaça ses doigts avec les siens en appuyant sa tête au creux de sa main libre, blottissant son grand corps contre le sien légèrement plus menu, ce qui ne l’empêchait pas d’être le plus dominant des deux. Immanuel ferma les yeux tout en enfouissant son nez dans ses cheveux noirs et soupira. Un mince sourire étira ses lèvres alors qu’il repensait à la soirée qu’ils venaient de passer. Il m’a laissé faire… j’imagine que c’est un bon signe…? Il rougit légèrement en se souvenant la violence avec laquelle il avait pris Kael, puis posa ses lèvres contre son épaule en inspirant doucement. Ça n’avait pas eu l’air de lui déplaire… sa tête tomba doucement sur l’oreiller derrière celle de Kael et il s’endormit lentement.

Kael ouvrit lentement les yeux, serrant dans sa main celle de Manu. Il baissa les yeux sur leurs doigts enlacés et fit un effort surhumain, ce qui était plutôt ironique dans son cas, pour ne pas se mordre la langue jusqu'au sang. Il ne regrettait pas de s'être donné de la sorte à Manu, mais quelque chose le titillait, quelque chose le dérangeait et il ne pouvait mettre le doigt dessus. En fait, il repensait à leur dispute, c'était la première fois que le grand rouquin lui faisait affront et le défiait, lui qui avait toujours été docile et soumis, quelque chose l'avait fait tourner comme une girouette et Kael s'impatientait à trouver ce qui avait créé ce changement, et s'il devait faire suivre Manu pour cela, il le ferait. Peu importe le prix ou l'excuse qu'il pourrait bien donner.

Il se redressa lentement dans le lit après s'être éloigné le plus doucement possible de Manu et passa ses mains dans son visage en soupirant. Par-dessus son épaule, il observa son amant qui dormait à poings fermés. Son visage serein et paisible, sa peau blanche et lisse sans aucune trace de fatigue ou d'anxiété. Il avait l'air mort.

À cet instant, Kael réalisa que rien au monde ne pourrait calmer Manu, rien au monde ne pourrait lui enlever tout ce poids sur ses épaules, rien au monde ne pourrait le sauver, plus que la mort. Il eut un spasme et avala de travers en détournant les yeux. Manu n'était pas très bavard, il évitait de parler de lui le plus possible, mais quelque chose lui disait tout de même que ce qu'il cachait était plus sombre que n'importe quel crime qu'il ait commis, lui, Kael, un monstre, un démon sorti de l'enfer...

Mais lui, ne connaissait pas l'enfer aussi bien qu'Immanuel.

J'aimerais, Seigneur, confesser mes péchés. La luxure, la gourmandise, le vol, le mensonge, les secrets... j'aimerais que mon âme soit lavée, purifiée. I would like my soul to be white instead of black, je la voudrais d'une blancheur immaculée, si blanche qu'un halo de lumière émane de mon corps en entier, me donnant l'air d'un ange venu du ciel apporter la bonne nouvelle, plutôt qu'un ange déchu tombé du ciel pour trouer la terre d'un enfer brûlant et sans issu.

Seigneur, j'aimerais être lavé de mes crimes. J'ai vendu mon âme au diable et je vois ce qui m'en coûte aujourd'hui, le prix en est bien cher payé, je ne peux plus continuer ainsi. Et alors que je le regarde, cet homme à qui mon corps, mon âme et mon esprit appartiennent, je réalise là mon erreur. Ce n'est pas bien grave, ce ne l'est pas encore. Mais un jour, ce sera insupportable, je serai entièrement consumé, cette passion me tuera très certainement, Kael était le glaive qui se planterait un jour dans ma poitrine, il causerait ma mort. Je n'avais pas besoin des voix du seigneur pour le savoir, car c'est moi qui en ait décidé ainsi. Peut-être sans m'en rendre vraiment compte, mais aujourd'hui je savais, que j'avais choisi moi-même mon destin en me jetant dans les bras de ce démon. Il ne me restait qu'à signer au bas de la page et à attendre la fin, la fin de ma souffrance, de mon univers brisé. Oui... j'ai beau dire que depuis que je connais Kael mon monde a basculé et que ma vie a réellement commencée lorsque mon chemin a croisé le sien... mais en fait... c'était simplement le début de la fin. Tout est exactement le même avec Kael, tout est exactement comme avant, tout ce qui a changé avec lui, c'est que j'ai trouvé une porte de sortie, un issu de secours et que je me sers de lui pour mettre fin à cette ombre qui me recouvre et m'empêche de respirer comme un humain normal.

Seigneur, pardonne-moi mes péchés, c'était inconscient, je ne savais pas ce que je faisais, je viens seulement de le réaliser. Mais est-ce mal de continuer alors que je sais où je vais maintenant? est-ce mal de se servir d'un autre pour enfin accomplir son destin? Il y a pire crime, mais il y a pire qu'un meurtre... Je le sais.

Kael... le Au revoir me semble si près. Il serait mieux... avant qu'il soit trop tard, de se séparer. Je ne peux te pousser à commettre des gestes qui te feraient souffrir autant que moi je souffre. Mais je ne pourrai me résoudre à te laisser partir maintenant. Car il me reste du temps encore, beaucoup, tout cela passe simplement... si vite, j'ai encore l'impression de t'avoir rencontré la semaine passée, de continuer à découvrir ta passion et ta flamme. Cette instabilité qui me faisait vibrer avant me fait encore trembler de contentement aujourd'hui. Ce regard grisant, cette peau brûlante. Tout cela est encore... semble toujours être nouveau, extatique... Je me laisserais cajoler jusqu'à la fin, jusqu'à mon dernier souffle par un être pareil, je me laisserais brûler de passion contre son corps, consumé par les flammes de l'engouement, je me noierais dans cette ivresse, mourrais de cette fièvre.

À qui veut bien comprendre ce que je vis... cette chaleur indescriptible, cet appétit impossible à combler... Je sais que je me contredis, mais pour moi l'amour est ainsi, une série de doutes, de douleurs, de joies, d'exaltations, de tendresse... Un tourbillon d'émotion encore difficile à décrire et à comprendre. Il faut simplement se laisser aller, se perdre dans les vagues hautes et basses... just go with the flow...

Il se redressa dans le dos de Kael et s'approcha de lui, même si loin de son corps il pouvait en ressentir toute la chaleur. Un mince sourire étira sa bouche qu'il appuya doucement contre l'épaule du démon.

-À quoi est-ce que tu penses? demanda-t-il dans un souffle rauque.

traduction:

Le démon ferma les yeux lorsqu'il senti la bouche de son amant s'appuyer contre son épaule. Il laissa un soupir las sortir d'entre ses lèvres avant d'ouvrir lentement les yeux, frissonnant d'appréhension. Il tourna son visage vers lui, le regardant par-dessus son épaule nue. Un mince sourire contrit étira ses lèvres. Il se retourna, gardant un silence paisible, incertain. Le démon appuya son menton sur ses mains enlacées et fronça les sourcils. Il ne savait pas vraiment quoi lui dire, la vérité, ce qu'il pensait vraiment? Et si ce qu'il pensait était faux et que Manu s'en offusque, s'en inquiète? Ou s'il touchait une corde sensible. Il n'était pas certain de la position à prendre.

-Je pensais à toi.

Ce silence long, inquiétant, un silence lourd de sens. Un silence qui n'a plus besoin d'être brisé par une réponse maintenant indésirée. Une réponse que je craignais désormais. À quoi peut-on penser pour se taire si longtemps avant de répondre? À quoi l'homme peut-il bien penser pour hésiter à révéler le fond de sa conscience? Est-ce toujours si grave? Est-ce que tout cela doit toujours être si inquiétant? Pourquoi une simple question sans réponse peut rendre celui qui est curieux de savoir, si vulnérable? Pourquoi cette curiosité est-elle si blessante?

Parfois, je regrette de révéler le fond de ma pensée, dire ce que je pense vraiment, demander lorsqu'il y a quelque chose qui me dérange, mais regretterais-je plus de me taire? Je ne sais pas, parfois je me dis que j'aurais dû garder le silence, pas parce que ce que j'ai dit était déplacé ou idiot, mais parce que lorsque je m'exprime on ne m'écoute pas, comme si mon opinion à moi n'avait pas cette importance qu'elle a chez les autres. Pourquoi cela? Je me dois ici de garder un silence des plus indésiré pour toute réponse...

Et alors que Kael s'obstinait à se taire, moi je sentais la nuit peser sur mes épaules, écraser mon torse. Je retenais mon souffle et observais son dos large avec l'anxiété qui m'habite jours et nuits, mais qui s'estompe une fois à ses côtés.

-Kael? Murmura-t-il en posant une main près de sa hanche.

La réponse de Kael le surpris et il resta coi le temps que la réponse se soit frayée un chemin clair dans sa tête encore étourdie.

-Ah? Fit-il, ne pouvant retenir un sourire niais.

Le démon se tourna lentement vers le grand rouquin et le regarda d'un air inquiet. Que pouvait-il lui dire de plus sans l'inquiéter? Que pouvait-il ajouter maintenant? Et le sourire enfantin de Manu l'empêchait de continuer, de lui dire exactement ce à quoi il pensait. Il se força de lui renvoyer son sourire et se tourna face à lui avant de saisir son visage entre ses mains et d'appuyer ses lèvres contre les siennes.

Il fit durer le baiser un long moment, assez longtemps pour que ce soit suffisant à Manu de passer à autre chose que ce qu'il pensait à ce moment. Il glissa ses doigts dans ses mèches rouges, au creux de sa nuque, ses épaules et le long de ses bras. Lorsqu'il mit fin au baiser c'était pour le regarder droit dans les yeux. Il y plongea son regard un long moment comme s'il découvrait la profondeur de son regard pour la première fois, il l'avait déjà découvert avant, mais c'était la première fois qu'il s'apercevait à quel point Manu avait un de ces regards... qui brillent de vie et de désirs et de rêves inassouvis.

Le regard a ce petit quelque chose de si puissant. Pour certaines personnes, leur voix est leur plus grand atout, ils peuvent demander ce qu'ils veulent de ce ton qui n'acceptera aucun refus, mais qui commande le respect et l'admiration. Pour une personne intravertis et cachée dans l'ombre de son propre corps, il est bien difficile de s'exprimer de la sorte pour obtenir la ou les choses désirées. Kael n'a aucun problème de ce côté, il pourrait bien demander ce qu'il veut, personne ne lui refusera, mais seulement parce que son ton tranchant et autoritaire ne laisse pas place à l'argumentation, mais il n'y a pas cette douceur qui fait qu'on lui obéit pour lui plaire parce qu'il est si... aimable et tendre, on lui obéit pour ne pas lui déplaire, car on s'imagine son courroux terrible.

Mais son regard est tout autre, son regard intense, d'une puissance sans égale et empreinte d'une tendresse mélangée à la plus pur des douleurs... si nous prenons le temps de plonger les yeux, l'âme et le corps en entier dans ce regard si profond nous découvrons ce ton autoritaire oui, mais aussi d'une douceur et d'un respect qu'on ne pourrait s'imaginer lorsque nous n'avons pas encore eux la chance de regarder avec plus de patience ses pupilles plus noires encore qu'une nuit sans lumières.

Et je pense que c'est pour cela qu'il est si difficile de le regarder droit dans les yeux. Kael évite obstinément le regard de tous ceux à qui il s'adresse avec autorité, comme s'il ne voulait pas qu'on puisse voir sa faiblesse, et je fus surpris de le voir se livrer de nouveau à moi, de manière encore plus intime alors qu'il plongeait son regard dans le mien d'une manière si... érotique.

Immanuel frissonna et avala lentement, ne pouvant détacher son regard de celui de Kael. Il se mordit la lèvre inférieure sentant la fièvre grisante monter en lui alors qu'une chaleur intense envahissait son corps, l'enflammant d'une passion aussi intense que la première fois. Il ferma les yeux, se laissant lentement caresser, le laissant mordre sa peau de ses doigts agiles.

Il revivait leur première fois, étendu dans l'herbe, Kael hissé sur lui, sa tête couchée près d'un tronc d'arbre, un mince sourire inquiet sur les lèvres. Ils ne pouvaient détacher leurs regards de celui de l'autre, s'imprégnant de la passion et l'intensité de l'autre, s'extasiant de ce qu'ils voyaient dans les iris colorés de celui qui le comblerait de ce qu'il voulait croire à l'époque comme ce qui était de l'amour.

-Et... qu'est-ce que je faisais...? Dans tes pensées je veux dire? Emit-il du bout des lèvres, sa bouche frôlant celle du démon.

Kael eut un puissant frisson en sentant le souffle rauque d'Immanuel contre ses lèvres. Il détourna son visage. "Tu voulais mourrir" quelle genre de réponse stupide c'était! Il ne pouvait pas lui dire ça, pourquoi lui dirait-il ça?

Il pinça les lèvres avant de se retourner vers le grand rouquin et de lui sourire tendrement.

Le soleil semblait déjà vouloir pointer ses rayons à l'horizon, teintant la chambre de différents tons de gris, tamisant la pièce et leurs deux corps enlacés.

-Je peux te laisser l'imaginer, répondit-il sourire en coin.

Les couleurs... elles ont cette manière, tout comme la musique, de changer l'ambiance. Et en ce moment, elle l'intensifia de telle sorte, de manière si puissante, que j'en avais des frisson, que ma peau se couvrit d'une fine membrane humide qui se mit à faire luire mon corps pâle, mes cheveux collaient contre ma nuque moite. Je manquais d'air, j'avais trop chaud, je manquais de sommeil, tout cela mêlée à ce moment de fièvre me firent tourner la tête. Les rayons du soleil à peine sortis dans le ciel me brûlaient déjà la nuque et je n'avais qu'un désir : de l'air frais, une grande goulée d'air pur et de vent dans mon visage. Un moment de pur tranquillité, de calme et de fraîcheur. La musique était de ces choses qui peuvent m'aider à me calmer, les drogues aussi, mais tout cela créé en moi cette psychose intense... Je me perds dans mon univers, il m'est impossible de m'en sortir sans douleur, de revenir dans le monde normal et de prendre ce premier souffle qui brûle les poumons comme le premier jour. Cette intensité lorsque l'on mélange les deux... je n'ai pas de mots pour le décrire. Je suis épuisé, penser me fatigue. Je pense... que pour une fois je devrais simplement fermer mon esprit et me laisser aller. Me taire, ne plus penser, ne plus me perdre dans ce monde sans fin et sans issue, simplement... ouvrir les yeux sur le monde réel et le vivre comme si c'était le dernier.

Immanuel posa la joue de Kael au creux de sa paume et le regarda un moment, lèvres entrouvertes.

-Tu veux aller prendre une marche? Demanda-t-il du bout des lèvres, d'un souffle rauque et presque suppliant.

Il se pencha sur Kael et scella sa bouche à la sienne, glissant sa langue entre ses lèvres de manière caressante. Il entoura ses épaules de ses bras et l'étendit sous lui, sans mettre fin au baiser, se grisant de son souffle qui caressait doucement son visage et se noyant contre sa bouche pleine, ivre de ses baisers et ses caresses. Il faisait bien attention de maintenir sa respiration, comme pour mieux se perdre dans ce moment, perdre toute lucidité et tout contact avec la réalité, s'empreindre d'une autre réalité où il n'y avait que Kael et lui. Il n'avait pas besoin d'autre chose que cela. Il n'avait besoin, pour l'instant que de lui et sa peau chaude, ses caresses tendre, ses lèvres pulpeuses. Il ne voulait être ailleurs pour rien au monde. Il était bien là ou il était, en ce moment précis auquel il n'aurait jamais mis fin.

Kael se serait attendu à un poussé de désir de la part d'Immanuel, mais comme à son habitude, il se perdit un long moment dans ses pensées à le fixer intensément comme si'il posait le pour et le contre. Puis, sa large main se posa contre sa joue, Kael eut un mince sourire incertain, posant sa main contre celle de Manu, le fixant de ses yeux sombres. Il avait beau être glacial et froid et sembler se foutre complètement du grand rouquin, mais ce n'était pas complètement vrai, en fait, lorsqu'ils n'étaient pas ensemble il se sentait détaché et ne ressentait pas le besoin d'être avec lui, mais une fois dans la même pièce, le sentiment était contraire. Peut-être une façon de se protéger un peu.

-Heu, je... commença-t-il surpris par la question.

Mais Manu ne lui laissa pas le temps de répondre. Un frisson remonta sa colonne et il soupira contre ses lèvres en fermant les yeux, encadrant son visage de ses mains et se hissant sur le grand corps qu'il dominait par ce que lui dégageait qui était plus dominant que son humain. Il glissa les doigts entre les mèches rouges et serra ses hanches de ses cuisses avant de se retrouver sous lui.

Il fronça les sourcils et son corps en entier se tendit sous l'appréhension, il ne voulait pas repousser Manu, mais il ne pouvait pas le laisser aller une deuxième fois. Il posa sa main sur son épaule et roula par-dessus lui, un sourire triomphant sur les lèvres avant de les poser contre celles de son amant.

Les mots ne seront jamais assez puissants pour décrire la force d'une émotion, l'intensité d'un moment, la candeur d'un regard, l'ardeur d'un baiser et la douceur d'une caresse. Mes mots ne seront jamais assez suffisants pour que quiconque lirait un jour mon journal, puisse comprendre ce que je vis jours et nuits. Ce que je vis dans les bras d'un démon, caressé par la mort elle-même, embrassé par les derniers moments de ma vie, serré contre le dernier cœur que je vais entendre battre à l'unisson avec le mien... Tenter d'expliquer ce sentiment de fin, de manque, d'impuissance, ce sentiment de besoins, de désirs inassouvis, de tremblements incertains. Les battements de cils, cachant le regard devant la certitude que c'est la fin et qu'il n'y a rien à ajouter. Plus rien à faire autres qu'accepter. Cette rancœur, ce mal, cette tristesse, cette anxiété, cette douleur qui n'ont pas de mots tant ils sont intenses... ils ont les allures d'un lame tranchante, un tranchant si vif que la douleur ne peut être ressentie qu'après coup... qu'une fois le mal fait. Et c'est ainsi que je me sens avec Kael, le mal est fait, mon corps couvert de plaies. Mais il est trop tard, j'ai trop attendu et me voilà me vidant de mon sang, expirant mon dernier souffle contre cette bouche que je connais si bien et que j'aime tant.

Je sais que mes propos ont toujours cette allure mélodramatique et romantique, mais c'est la seule manière que j'ai trouvé pour communiquer mon mal, car il n'y a aucune autre façon d'être compris que de s'exprimer de manière si, volubile et extravagante. Car c'est ce côté romantique qui plonge les gens dans cette rêverie, c'est le côté dramatique qui fait ressentir le mieux les émotions. Cette noirceur toxique et acide comme un poison. Personne ne peut la comprendre sans l'avoir vécue... ou sans la lire comme si c'était un livre et non la réalité, car tout de suite quand nous posons le sceau de "réel" sur quelque chose, instinctivement, nous le classons comme étant son contraire, car nous craignons la réalité, l'Homme a peur du monde réel et ce n'est pas pour rien qu'il aime se perdre dans les livres ou les jeux vidéos, dans ces mondes virtuelles qui ne sont en rien comme le notre.

Je sais que j'ai raison, mais qui serait prêt à admettre de vive voix une telle chose? Personne. Car là aussi, ça ne serait plus réel, leur monde de fiction perdrait de son sens, puisqu'ils réalisent alors que ce n'est pas la vraie vie, pas leur vraie vie, et cela les dégoûte. Et je les comprends... Ce monde à moi, intime et impossible, je l'ai, je m'y perds le plus souvent possible, mais je ne puis jamais me détacher complètement de la réalité, car c'est cette réalité qui a forgé et bâti l'univers intime qui sommeil en moi lorsque j'ai les yeux grand ouvert sur ce monde dans lequel je suis enfermé. Et lorsque je ferme les yeux et me perds dans mes pensées, c'est là que je m'enferme au plus profond de mon être, dans ce monde que je garde égoïstement caché aux yeux de tous.

Et je ne laisserai jamais personne y entrer et y mettre le feu. Et alors que je me dis cela il y a un démon par-dessus moi qui n'attend que le moment de m'embraser et de réduire en cendre ce monde qui me détache de toute réalité et qui m'empêche de sombrer dans le monde réel, mais je sais que c'est un bonne chose qu'il soit là pour ça, car à force de se perdre dans son propre monde, celui qui nous entour devient... incongru, impossible et ridicule et il est alors impossible d'y vivre normalement. Impossible d'y vivre comme un humain. Et c'est alors, à ces moments de confusion que je me demande comment serait ce monde si je n'étais pas humain? était-il si différent pour Kael? pour les autres créatures? Lorsqu'ils ferment les yeux, que voient-ils de l'autre côté de leurs paupières closes, autre que cette noirceur sans vie? Je voudrais le demander à Kael, mais n'importe qui qui ne suit pas le courant de mes pensées ne pourrait comprendre, et leur expliquer par la suite serait bien trop long et j'aurais l'air d'un fou, car je pense différent et ça... les gens n'aiment pas ce qui est différent

Immanuel eut un petit sourire devant la crainte qu'il put lire un bref instant dans le regard de Kael. Il ferma les yeux comme s'il n'avait rien vu et tendit le cou pour aller quérir sa bouche, agrippant ses épaules de ses larges mains et entourant ses hanches de ses jambes nues. Il aimait cette chaleur anormale qui se dégageait du corps du démon et contrastait avec la sienne toujours tiède.

Kael ferma les yeux une fois sa bouche contre celle d'Immanuel. Il profita de son souffle chaud contre son visage pâle. Puis soupira. Il recula sa tête et lissa ses cheveux vers l'arrière, ses yeux posés sur le visage de son humain. Il lui offrit un mince sourire.

-Tu ne voulais pas aller marcher?

Il se redressa lentement et sortit du lit pour s'étirer, tirant les bras vers le ciel, la tête lancée vers l'arrière. Il ferma les yeux et prit une grande inspiration avant de se tourner vers le rouquin et de lui sourire à nouveau.

-Il y a une vente plus tard ce soir.

Il se tut, pensif un moment.

-Tu voudrais venir? Ça fait longtemps.

Il enfila ses pantalons sans quitter Immanuel des yeux.

-Il faudrait pratiquer ton tir avant par contre.

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