L’ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit... et Raphaëlle sait! [PV]

Les laboratoires, comme plusieurs autres lieux de l'UDPH étaient censés être non-fumeur. C'était là, le grand soucis du Docteur Raphaëlle Focifère, c'est qu'elle ne savait pas se plier aux conventions sociales et obligations qu'on essayait de lui imposer. Déjà parce qu'elle aurait dit qu'elle n'était pas contorsionniste et ensuite qu'elle était fumeuse et donc qu'elle s'en fichait des non-fumeurs ! Elle avait, d'ailleurs, tagué dans son laboratoire et son bureau sur la pancarte 'interdiction de fumer'. Elle l'avait transformé en 'interdiction de ne pas laisser Raphaëlle fumer'.

La jeune femme était assise dans un coin, face à un ordinateur. Sur un plan de travail en inox, plusieurs plans étaient dépliés et d'autres jonchaient le sol. C'est un véritable capharnaüm. Il était difficile d'imaginer qu'elle arrivait à se retrouver dans cet état anarchique. Et pourtant. Ses résultats parlaient d'eux-même... enfin non... Ils ne pouvaient pas parler puisqu'ils n'étaient pas humains... mais bon ils prouvaient que sa compétence n'était pas qu'une rumeur...

Elle était là, une cigarette aux lèvres et regardait dans le vide. Du temps du Général Vasseur, enfin des Généraux Vasseur, aussi bien le père que le fils, elle s'était habituée à leur arrivée subite dans cette pièce. Que son patron se serve dans son paquet de clope et se pose parfois à côté d'elle. Son ancien tuteur, Archibald, aimait bien s'asseoir sans parler et l'observer. Elle le saoulait de bavarde parfois inutiles. Après sa mort, elle s'était enfermée dans les cellules de ses cobayes pendant plus de deux semaines sans manger. Elle avait mis beaucoup de temps à se remettre de ce deuil. Mais, la récente disparition de Daniel Vasseur lui faisait revivre ce tourment. Même s'ils avaient eu une relation bien différente de celle qu'elle avait avec le père de ce dernier, et c'était le cas de la dire, elle avait fortement apprécié cet homme. Il était fort et imbu de lui, mais compétant ! Il lui laissait le champ libre, il lui faisait confiance. Elle ignorait les rumeurs qui avaient couru sur leur sujet. Nombreux étaient ceux qui comméraient en disant que si Raphaëlle jouissant de temps de privilège, c'est parce qu'elle le faisait aussi dans le lit du patron ! En tout cas, les gens savaient qu'elle n'avait pas rendu indifférant cet homme !

La petite rouquine s'étira. Elle était dans la pièce depuis près de dix heures et n'avait pas vu la lumière du jour. Avant de quitter son poste de travail et de rentrer chez lui, son assistant lui avait apporté un plat végétarien que n'importe quelle personne normal aurait cru que l'on avait vomi de dedans. La scientifique n'y avait pas encore touché. Non pas parce qu'elle ne trouvait pas ça appétissant, mais parce qu'elle n'avait pas eu le temps.

Alors qu'elle tirait une nouvelle fois sur sa cigarette, le bip de sécurité de la porte la fit sursauter. Quelqu'un entrait. Elle se tourna, espérant inconsciemment voir le visage de ses anciens patrons, même si elle savait que c'était impossible...

Nathaniel fumait, c'était indéniable et un de ses défauts principaux. Cela le destressait l'aidait à avoir les idées claires. Même si depuis bien longtemps le prix des paquets avaient augmentés, la paye de Nathaniel augmentait en même temps. Surtout depuis qu'il était passé Commandant.
Une barbe de trois jours ornait le menton du commandant, il revenait de mission et était donc vétu d'un gilet tactique de l'UDPH, d'un treillis noir et des rangers réglementaires identiquement lassées au centimètre près. Un couteau de chasse depassait de la rangers gauche tandis qu'un pistolet de point occupait la hanche droite. Il faut dire que le Commandant était rarement à court de munitions. Mais ce qui se faisait remarquer en premier c'était son imposant fusil d'assaut qu'il était accroché au gilet. Noir avec un camouflage gris il semblait presque personnalisé au goût du Commandant. Un viseur à laser dernier cri semblait tout droit sorti d'un film de science fiction. Pas de sigle, ni d'accronyme pour ce Commandant de l'UDPH, pour une simple raison. Il n'existait pas. La seule chose qui permetttait de l'identifier était le badge d'acréditation comportant une photo plus ou moins réussie accompagnée de l'inscription: Nathaniel Evington, Commandant de l'UDPH, Accréditation 10.

Et oui, le protagoniste n'était pas le genre de mec à faire le guet devant la porte de la salle de tir. C'était un gradé, avec une réputation en plus de ça. Il avait été formateur durant 3 ans, le temps de voir de la bleusaille. Après la mort de sa femme et de son fils il avait redoublé d'exigeance mais tout les hommes qu'il avait formé lui étaient reconnaissants ou morts. Dans le second cas ils ne pouvaient pas se plaindre en fait.

Mais ce qui l'amenait dans le bureau de la scientifique casse couille qui se la pète plus haut que son cul était ses munitions. En effet, un chef d'unité lui avait conseillé les vertueuses minutions en verre de la scientifique Vocifère, ou Focifère ou Phacochère enfin bref la blouse blanche de la base. Jusque là tout va bien. Nathaniel qui souhaitait capturer un Ange Noir utilise les munitions mais manque de bol la capsule en verre ne se brisa pas et l'Ange se barra. Non seulement il parvint à s'enfuir, mais en plus il se foutait de leur gueule.

Nathaniel était à vrai dire très remonté, pas énervé juste remonté. Il voulait des explications. Pourquoi les balles ne se brisaient elles pas toutes en touchant le sol ? Cela marchait il que sur certaines matières ? Qu'est ce que c'était que ce bordel ?

Oui bordel, car c'était bien dans un véritable bordel que se trouvait Nathaniel après avoir franchi la porte de sécurité du labo de la scientifique. Aussitôt qu'il fit un pas dans le labo, un bruissement de papier déchiré le fit regarder le sol. Et en effet, malgré le laboratoire très spacieux bien plus que l'armurerie de la base, le laboratoire était un véritable foutoir, on voyait des plans par terre, des calculs, des restes de.... on ne sait pas quoi. Nathaniel gromella un "Putain" significatif et se dirigea vers le burau.

Il y avait un plateau repas sur le bureau. Nathaniel le prit et le jeta directement à la poubelle. Il posa violemment son fusil d'assaut sur la table et en retira la chargeur. Il fit tomber sur la table les fameuses munitions en verre contenues dans le chargeur. Il regarda la jeune femme et dit:

"Bon m'en voulez pas pour la bouffe je suis sûr avec la gueule que ça à vous pourriez tuer un rat. On va pas passer trois heures à tourner autour du sujet. Vos munitions c'est de la merde, la capsule en verre ne s'est pas brisée. Vous êtes la stagiaire ou quoi ? Moi je veux voir le docteur qui se planque ici, celui qui est réputé dans toute la base pour son travail de pro. Moi je vois qu'une rouquine en blouse blanche dans un bordel monstre. Vous m'expliquez ?"

Nathaniel la regarda dans les yeux et sortit de sa poche de gilet tactique un paquet de cigarette. Il se pencha et attrapa le briquet de la jeune femme se trouvant dans la poche extérieure de sa poche. Il alluma la cigarette et tira une taffe avant de croiser les bras. Il se retourna et fis quelques pas faisant s'écrouler sans le vouloir un tas de dossier empilé à même le sol. Il lui sourit:

"Ca vous fera une occasion de ranger.... ou pas"

C'est avec une déception non feinte que Raphaëlle regardait le commandant Evington. Ce rustre entrait dans la pièce et fit un brin de ménage, comme s'il était chez lui. Il jeta son repas... Elle le regarda faire sans broncher en tirant sur sa cigarette. Elle observait l'énergumène de façon scientifique et notait mentalement ses diverses réactions. Il aurait eu une paire d'ailes ou de cornes... elle l'aurait immédiatement réclamé comme cobaye ! Mais non, ce type était malheureusement humain ! Et en plus c'était un rustre ! Enfin bon... elle était assez mal placée pour commenter ses réactions, face aux conventions sociales. Elle, la première, ne les comprenait pas. En revanche, elle n'aimait pas trop sa façon de faire comme s'il était chez lui... chez elle !

Quand il fit tomber les billes au sol, elle ne réagit pas tout de suite. Elle était plutôt focalisée sur son agacement presque palpable. Il se dirigea vers elle, lui se servant de son briquet qu'elle avait dans sa poche. Elle avait fait un mouvement de recul. De nature très pudique, surtout quand elle n'était pas ivre, elle n'aimait pas être touchée par des quasi-inconnus. Il lui aurait juste demandé, elle lui airait prêté. Elle n'était pas sadique quand même ! Puis bon, elle laissait volontiers les gens fumer dans son bureau ou bien son labo...

Elle l'écoutait déballé des conneries énormes. Puis soudain elle réalisa ce qu'il venait de se passer... Son cerveau de génie fit une connexion entre plusieurs neurones sur les diverses informations qu'elle venait d'avoir. Les billes en verre, sa création et gaz.

« Merde ! » dit elle en sauta de sa chaise

Avant même que le militaire dépourvu de neurone finisse sa phrase, elle sauta de sa chaise et se jeta sur le bouton rouge à l'autre bout de la pièce. Une puissante hotte se mit en marche dans un bruit assourdissant. Ses papiers s'envolèrent et certains même se collèrent au plafond. Elle se baissa pour éviter d'inhaler du gaz. Même si ce dernier n'était pas létal pour les créatures, les doses de sédatif qu'il contenait pouvait être fatal à un humain... surtout s'il en avait plusieurs capsules !

La hotte toujours en fonctionnement, elle leva la tête et fusilla du regard le militaire après lui avoir fait signe de se baisser aussi. Elle l'aurait bien traité s'abrutit... mais le bruit de la machine aurait couvert sa voix. Elle se tourna ensuite vers les billes, qui s'étaient déjà toutes dissoutes. Elle lâcha tout de même un juron pour elle-même ! Ce n'était pas possible d'être aussi con quand même ! Comment le Général choisirait ses hommes ? Du temps des Vasseur, cela ne serait jamais arrivait ! Enfin, elle pensait ça maintenant, mais c'était surtout parce qu'elle cherchait toujours une raison de médire sur Folsham. Si elle ne l'aimait pas, c'était parce qu'il remplaçait son patron à elle, qu'elle avait tant adoré et respecté. Dans d'autres conditions, peut être qu'elle l'aurait accepté... Quoique... bien avant qu'il ne prenne la place de Daniel, elle ne l'aimait pas.  

Raphaëlle avait toujours eu le sentiment que les militaires étaient des gros abrutis juste bon à tenir une arme ! Arme qu'elle créait ! S'en était presque insultant parfois ! Et ce type en face d'elle ne faisait pas exception à la règle ! Il n'avait pas lu la notice ou quoi ? Bordel ! Les capsules, qu'elle avait mises au point, étaient fragiles, délicates et surtout très dangereuses... enfin surtout si le gaz qu'elle contenait l'était !

Quand tout le verre eu fini de disparaître, elle se releva et coupa la puissante aspiration, tout en foudroyant le type en face d'elle.

« Vous êtes aussi con que ça de façon naturelle, ou alors vous vous entraînez chez vous le soir ? » dit elle excédée par la connerie monumentale qu'il venait de faire !