Dangereuse consolation... (PV)

(suite d'ici)

Pendant tout le trajet Raphaëlle n'avait pas pipée mot. Lorsqu'elle était dans cet état, il fallait attendre. Il était toujours dur de l'extraire de sa crise de tétanie. Jonas avait beau y aller douceur avec elle, il n'y avait rien à faire. Oh elle endentait sa douce voix mélodieuse murmurer des paroles réconfortante dans les octaves. Elle se laissait presque bercer par ça, mais à peine fermait elle un peu les yeux qu'elle revoyait le monstre qui n'en était pris à elle, il y avait vingt ans déjà.

Elle regardait le paysage défiler. Jonas ne semblait pas vouloir mettre les pieds dans son quartier à elle, ce soir. De toute façon, il se serait sûrement fait fracasser sa voiture ! Et puis, bon, elle ne voulait pas non plus rester toute seule ce soir. Quand elle était aussi effrayée, petite, elle se cachait dans le lit de son frère. En grandissant, elle avait troqué ça, contre le lit de sa cobaye. Les pleines lunes étaient aussi un vrai cauchemar. Quand elle ne s'enfermerait pas dans les locaux de l'UDPH, elle se cachait sous son lit en pleurant.

Arrivée devant l'immeuble luxueux de son ami d'enfance, elle le suivit chez lui, lui tenant fermement le bras toujours terrorisée. Même si elle savait pertinemment que le chien était loin d'elle, elle avait toujours l'angoisse présente en elle. Son regard perdu dans le vide, ses yeux baignés par les larmes, elle restait contre lui de peur qu'il l'abandonne comme son frère aîné l'avait fait ce jour-là...

Raphaëlle ne perçue pas le manège de Jonas avec le portier. Il refusait qu'une autre personne s'approche d'elle. Ce qui était mieux par ailleurs vu qu'elle n'avait aucune envie qu'un parfait étranger pose la main sur elle. Quand son ami d'enfance fut à son niveau, il l'aida à l'extraire du véhicule. Elle lui prit donc le bras, ignorant le voiturier, qui n'avait certainement pas manqué de croiser son visage baigné de larme.

Une fois arrivée chez Jonas, elle se détenait très légèrement, sachant parfaitement qu'il n'y aurait pas de canidés ici. Mais dès qu'elle eut en mémoire l'aboiement de l'horrible monstre de Gemma, elle frissonna à nouveau de peur. En plus, il était noir, comme celui qui s'en était pris à elle dans le passé. Le terriblement beau blond lui embrassa le front alors qu'elle ressassait tout ça. Surprise, elle écarquilla les yeux. Les deux pouces sur ses joues humides, eurent un effet électrique sur elle. A cette seconde précise, elle se souvenait de pourquoi elle l'aimait depuis qu'elle avait l'âge de tenir debout.

En dehors du simple fait que cet homme était très beau, grand, bien bâtit et quasiment parfait, il était sensible. Enfin, du moins face à elle. Il avait toujours su s'y faire avec elle. Il était toujours disponible pour elle. Et même si elle lui ne voulait encore très souvent à cause de ça, il lui avait sauvé la vie. Son suicide avait échoué parce qu'il était arrivé au bon moment par le plus grand de hasard et il avait fait preuve de sang froid et de lucidité pour éloigner la mort loin d'elle.

Raphaëlle sentit ses joues s'empourprer. Déjà bien rougies par les larmes, elle espérait bien qu'il ne s'en aperçoive pas. Elle détourna même le regard, essayant tans bien que mal de se détacher de lui. Elle dût faire appel à toutes ses ressources pour ne pas succomber à son charme fou. Cherchant ce qu'elle pourrait faire où dire, elle remarqua la nouvelle salle de bain. Elle était venue plusieurs fois avec Maël notamment. Elle savait très bien que cet appartement lui servait de garçonnière. Elle n'était pas dupe de ses occupations fétiches, voir fétichistes ! Si cela ne la choquait pas, elle refusait d'être comme les autres femmes, de plus elle avait vu le genre de bombe qu'il se faisait, elle avait parfaitement conscience de ne pas être à la hauteur. Elle ne se faisait pas d'illusion !

« Il y a un truc qui a changé ici, non ? » dit elle reniflant un peu, d'une voix presque timide, cherchant à l'évite aussi

Raphaëlle ne pouvait pas quitter Jonas des yeux. Pourquoi était il si parfait ? Il savait s'y faire avec elle et avec les femmes en général. Un peu trop d'ailleurs. Elle n'était pas jalouse de l'attention qu'il accordait aux autres représentantes de la gente féminine. Elle savait pertinemment qu'elles n'étaient rien pour lui, rien d'autre qu'une partie de jambes en l'air qui parfois se répétait si elles avaient assuré. Ayant grandi en voyant son ami d'enfance être un Don Juan l'avait aidé à prendre conscience d'une seule chose. L'humain n'est pas fait pour le monogamie. Combien de crimes passionnels étaient-ils commis chaque année parce que l'un des protagoniste d'une histoire d'amour avait été infidèle ? Combien de gens divorçaient à cause de ça ? Alors que les couples libertins avaient des relations plus durables.

Elle s'était aussi rendu compte qu'en apparence les couples bien sous tous rapports étaient bien loin d'être parfait. Rien que pour commencer, son père à elle... Elle le soupçonnait de tromper sa mère. Mais elle s'en contre fichait. A l'époque elle en avait même parlé à son psy. D'un commun accord, ils avaient décidé que ce n'était pas intéressant. Il n'y avait que son frère qui était l'exacte opposé de Jonas. Il était tombé amoureux d'une fille quand il avait douze ans... Après avoir vécu une idylle platonique pendant des années, ils s'étaient mariés et avait fait un enfant. Maël était l'exception qui confirme la règle. Même si elle détestait sa belle-soeur, elle devait au moins lui reconnaître ça...

Alors que le beau blond passait un gant d'eau fraîche sur son visage, elle rougit encore plus. Pour le coup, on se serait dit dans un film à l'eau de rose qu'affectionnait Amorie, son banshee. Le décor d'une salle de bain digne des plus grands palaces n'aidait pas non plus. Alors qu'il lui murmurait quelque chose, elle écarquilla les yeux. La voix de cet homme était comme le jazz. Grave, triste et envoûtante. Depuis qu'il avait mué, elle adorait l'écouter. Parfois même il fredonnait, elle trouvait vraiment parfait. Oui Raphaëlle Focifère, malgré son énorme cerveau était une femme comme les autres, capable d'être séduite par le plus grand séducteur de tout Ténébris aussi, mais surtout très amoureuse de lui.

Et la rouquine avait bu... Pas mal bu. D'un ordre général, elle laissait ses inhibitions dans le troisième ou quatrième verre et sautait sur ce qui lui plaisait. Elle avait fait des avances éhontées à Gemma d'ailleurs. Dans l'état où elle se trouvait, il fallait dire qu'elle n'avait plus la force de repousser le beau scientifique en face d'elle qu'elle aimait depuis sa plus tendre enfance. L'alcool retirait une à une les barrières qu'elle s'imposait. Pour l'instant, elle en avait rien à faire d'être une fille de plus à son palmarès, elle le voulait lui...

« Jonas, je... » dit elle d'une voix timide pour répondre à sa proposition.

Nue dans le jaccuizi avec lui ! Cela en aurait fait pâlir plus d'une. Comme, elle en plus était fortement alcoolisée, sa pudeur était anesthésiée complètement. Autrement dit, le grand charmeur en face d'elle n'aurait pas de meilleure chance, même s'il réprouvait de la posséder ivre. Mais soudain, la couleur du teint blanc et rouge... de la physicienne changea de couleur. Il vira au vert. Elle posa ses deux mains devant sa bouche.

« ... J'ai envie de vomir... »

(HJ : Raphi ou le glamour par excellence XD)

[HJ : Mouahahahhahahahahahah le fou rire que je me suis tapée !!!!!!!!!! Raphi je la kiffe !! XD]

Jonas regardait Raphi dans ses bras. Il la trouvait si craquante, sauf quand son visage virait au vert et exprimait les inconvénients de la femme bourrée. Il aurait très bien pu oublier que Raphaëlle était saoule, il aurait peut être même fini par l'embrasser et allumer ce fameux jacuzzi pour se baigner à deux. Oui, il commençait à l'envisager. Il commençait vraiment à se dire qu'il tenait enfin sa chance. Seulement, elle avait le don d'avoir la phrase qui tue. Et elle l'avait déjà tué des milliers de fois, à petit feu. Elle tuait sa patience, elle tuait son envie, attisant encore plus les flammes qu'il entretenait pour elle. Elle tuait son courage, elle tuait sa curiosité, augmentant sa perversité, son obstination et son manque, qu'il tentait désespérément de combler avec d'autres femmes. Bref, c'était malsain, IL était malsain.

Écarquillant les yeux et écartant le gant de toilettes, Jonas pensa au costume qu'il portait sur lui. Ce dernier lui avait coûté un bras et il n'avait pas l'intention de laisser Raphaëlle le souiller pas des éclaboussures de vodka ou autres boissons du genre. Il en était même hors de questions. Il repoussa vivement la rousse, la retournant en un pas de salsa vers la vasque magnifique et lui imposant de baisser la tête devant le miroir, la bouche en direction du fond du siphon. Il poussa un profond soupir et ouvrit le robinet pour laisser couler un peu d'eau, évitant ainsi les odeurs désagréables...

Puis, Jonas se maudit. Il venait à peine de réussir à l'avoir un tout petit peu dans ses bras, elle l'avait même embrassé plus tôt et tout ce qu'il avait fait en réponse était de la pousser vers le lavabo. Il avait été trop brutal, mais qu'est-ce qu'il était bête ! Il s'approcha de nouveau d'elle, comme pour se faire pardonner et posa une main douce dans son dos. Il la caressa gentiment. Puis, il attrapa une de ses mèches rousses qui tombait sur son visage et dans le lavabo. Délicatement, il l'enroula autour de son doigt et la remit distraitement derrière son oreille. Ses doigts dérapèrent dans son cou et sur sa nuque. Sa main effleura sa peau, puis son chemisier et descendit jusque dans le creux de ses reins.

Son intention n'était pas de séduire (enfin toujours un peu hein ?), ni d'avoir les mains baladeuses. Il voulait seulement qu'elle se sente mieux, qu'elle aille mieux. Il ne voulait plus qu'elle soit effrayée, il voulait qu'elle se sente en sécurité.

"Tu veux que je te laisse seule quelques minutes, chérie ? Je peux aller te chercher un de mes tee shirt, si tu veux être plus confortable."

(HJ : Sérieux Raphi, elle casse le mythe! Puis désolée, je suis inspirée alors je te réponds ! )

Il y avait comme un air de déjà vu dans cette salle de bain. Raphaëlle vomissait pendant que Jonas lui tenait presque les cheveux. Quelques années en arrière, cette même scène c'était déroulé dans la salle d'eau des parents de la rouquine. Quand elle avait avalé un cocktail mortel de médicament. Le beau blond n'avait pas eu d'autre choix que de la faire vomir une partie de ce qu'elle avait avalé. Ils étaient beaucoup plus jeunes à cette époque. La rouquine lui en voulait d'ailleurs toujours ! A cause de lui, elle n'avait pas pu mettre fins à ses jours et entre temps on lui avait fait promettre de ne plus le faire. Elle était coincée chez les vivants à cause de lui, ou grâce à lui. Ça dépendant pas mal de son humeur. Mais c'était rare qu'elle lui en soit reconnaissante. Elle lui en voulait tellement.

Mais pour le moment, elle était occupée à rendre le contenu de son estomac. C'était pas vraiment romantique comme scène. N'importe qui aurait exigé d'être remboursé les places de cinéma s'ils avaient eu à faire à un film ! Elle ne pensait à rien d 'autre que l'horrible humiliation qu'elle subissait. Déjà qu'elle n'était pas son genre, mais si en plus elle vomissait devant lui, elle risquait de le dégoûter encore plus. D'ailleurs, il l'avait repoussé avec une telle brusquerie que s'en était là bien une preuve. Même s'il lui passait une de ses boucles rebelles derrière l'oreille. Elle ne se rendait pas non plus vraiment compte qu'il passait délicatement sa main dans sa nuque et qu'il la posait au creux de ses reins.

Quand elle eu fini son concerto, elle se redressa en tremblant un peu. Elle puait, elle était sale et complètement ridiculisée. Elle avait vraiment besoin d'un coup de karcher... mais une douche ferait aussi bien l'affaire. Mais hors de question de repasser ses fringues dégoûtantes ! Alors que Jonas lui proposait un de ses tee-shirt, elle se rinçait la bouche puis se redressa. Elle gardait les yeux baissés sur le sol, honteuse.

« Je veux bien... mais j'aurais besoin d'un plus qu'un haut, Jonas. Je vais prendre une douche... Tu aurais pas une tenue de rechange pour moi... la mienne est... sale... » dit elle timidement

Raphaëlle baissait les yeux, mortifié par la honte. Mais Jonas ne semblait l'entendre ainsi. Il passa ses doigts sous son menton et lui releva la tête juste avant de se perdre un peu dans son regard interrogatif. Elle ignorait à quel point, ses yeux lui faisaient de l'effet. Comment aurait elle pu le savoir ? Elle ne s'en rendait pas bien compte, mise à part calmer un animal sauvage ou caresser un errant, elle n'avait pas le même magnétisme que son frère ou son père qu'elle enviait parfois secrètement.

Son ami d'enfance reprit le gant pour lui nettoyer le visage. Il se comportait toujours comme ça, comme s'il était son grand-frère. Le nombre de fois où elle avait envie de lui crier dessus en lui disant qu'elle était une femme et pas sa petite sœur... elle ne les comptait même plus. En quoi c'était dur de comprendre ça ? Mince ! En même temps, quand elle voyait les femmes qui passaient la nuit avec lui... elle savait qu'elle n'aurait jamais de meilleure place que celle qu'elle avait. Au lycée déjà, les filles de terminales faisaient semblant d'être amies avec elle dans le but de sortir avec lui... A la fin, elle s'était faite une raison. D'ailleurs, à la fac aussi. Elle avait fini par comprendre. Quand une nénette qu'elle ne connaissait pas venait la voir en faisant mine d'être son amie, elle la présentait à Jonas dans l'heure pour en être débarrassée au plus vite ! C'était assez ironique de dire que c'est elle qui lui apportait ses maîtresses sur un plateau !

Elle tenait dans ses bras serviette et peignoirs. Waouh, elle n'avait même pas vu le temps se dérouler devant elle. Ce fut pire quand il posa un baiser sur sa joue. Les octaves de sa voix résonnaient encore dans son cerveau. Ce type était juste horriblement parfait ! Pourquoi fallait il qu'il soit comme ça ? Pourquoi comme ça avec elle ? Cela aurait été plus simple s'il la traitait comme les autres filles laides qu'il croisait. Avec courtoisie et désintéressait. Mais voilà, elle n'était pas juste une laiderons comme les autres, elle était la petite sœur de son meilleur ami ! Super, elle avait le privilège de voir à quel point il lui était inaccessible ! Le fait qu'il soit fils unique aussi jouait pas mal dans leur relation. Il jouait un peu à l'aîné des deux Focifère et parfois même temporisait les disputes.

Combien de fois les avait-il séparés quand les frangins en venaient aux mains ? Quand la peste cassait tout autour d'elle en balançant tous les objets possibles sur l'enfant parfait de la famille. Il avait toujours eu cette capacité à calmer ses ardeurs, alors pourquoi diable, les attisait il aussi ? Injuste ! Mais c'était peut-être moins douloureux de n'être qu'un membre de la famille que personne à ses yeux. Il n'y avait qu'a voir comment il faisait souffrir bien des femmes avec son indifférence totale à leur égards après qu'il ait jouer avec elles.

Quand il quitta enfin la pièce, elle se laissa glisser sur le sol en soupirant. Elle avait vraiment honte. Vomir comme ça devant le type qu'on aime, ça casse clairement le romantisme de la scène. Mais en même temps cela lui avait peut-être empêché de se prendre un gros râteau ! Le jacuzzi ! Qu'elle était bête ! S'il lui re-proposait de faire un tour dedans, avec 'quelqu'un que l'on apprécie énormément' , elle lui dirait qu'il avait qu'à y aller avec Maël ! (HJ : j'avais failli mettre ça avant de choisir de la faire vomir :p ).

Alors qu'elle commençait à déboutonner son chemisier, elle ignorait que de l'autre côté de la porte, l'homme dont elle était amoureuse, fantasmait sur elle, et qu'il était à deux doigts de la rejoindre. Finalement, il n'en fut rien. Et Raphaëlle continua de se dévêtir. Et se glissa sous la douche brûlante. L'eau chaude lui fouettait le dos et la poitrine. Elle passa toute sa tête sous le pommeau de douche. Elle essayait de penser à rien, mais c'était difficile. Elle se lava intégralement pour éviter de garder l'odeur désagréable.

Elle sortit de la trempée des pieds à la tête. Ses cheveux ondulés ruisselaient dans son dos nu. Elle prit la serviette et se sécha du mieux qu'elle pouvait. Puis elle se glissa dans la peignoir confortable de Jonas, brodé à ses initiales. Elle le ferma le plus haut possible pour cacher son affreuse cicatrice. Elle portait cette marque comme un handicap. Marquée au fer rouge, comme une esclave prisonnière de ses démons. Elle ne la supportait pas. Elle ne se supportait pas. Avec le miroir embué, elle ne voyait pas que l'on apercevait au bas de son cou, la naissance de cette trace.

Elle sortit doucement de la pièce, un peu gênée d'être nue comme un vers sous la tenue en coton. Elle croisait les bras sur la poitrine, signe de son stress. Pieds nus, elle se dirigea vers la cuisine. Ses joues étaient encore rouges à cause de l'eau chaude. Peut-être aussi parce qu'elle était embêtée aussi d'avoir qu'une tenue d'Ève fraîchement amidonnée... Elle n'avait pas encore de vêtement de rechange.

« Jonas... tu as mis où les habits pour moi ? » dit elle timidement

Ses cheveux roux habituellement bouclés étaient ondulés, alourdis par le poids de l'eau. Elle avait essayé de les sécher, mais elle n'avait pas trouvé de sèche-cheveux. Ils dégoulinaient un peu, collant à son visage...

(HJ : ooohhhhhh le beau pavé XD)

Raphaëlle hocha la tête quand Jonas parla de son côté maniaque du ménage. Pensez vous ! Elle avait le sentiment d'être dans une brochure. Tout était parfait. Parfaitement propre. Parfaitement rangé. Parfaitement bien placé. Aucun tableau n'était de travers, pas de trou dans les murs. Rien ne traînait. Tout était à sa place. Même un peu trop. Tout était calculé dans le simple but d'être esthétique. Si c'était pratique ? Elle ne saurait le dire. En tout cela la mettait mal à l'aise. Chez elle, c'était un vrai champ de bataille. Il y avait des livres qui traînaient dans toutes les pièces de l'appartement. Des papiers, courriers et autres documents importants jonchaient le sol de la salle à manger, juste devant la télévision. Sa table basse était couverte de tasse et de cendriers plein de mégots. Aux murs étaient punaisés toutes sortes de brochures, des informations scientifiques et un très grand tableau de Mendeleïev. Le ménage était fait une fois par semaine, mais il y avait tout de même un peu de poils de chat sur le canapé. Bref. Un gouffre entre leur deux mondes.

Le doux fumet des légumes emplissaient la pièce. Catalogue ou pas, cette cuisine fonctionnait et ça sentait drôlement bon. La rouquine qui n'avait pas sentit la faim jusque là constata une chose. Elle était affamée ! Pour avoir eu la chance de goûter plusieurs fois à ses petits plats, elle savait d'avance qu'elle allait se régaler. Jonas était doué en tout. Il était, certes, moins intelligent qu'elle, mais il compensait largement avec sa connaissance dans d'autres de domaines plus communs, tel que l'élaboration d'un chef d'oeuvre culinaire !

Mais lorsqu'il se retourna elle rougit de plus belle. Elle n'avait pas vraiment envie de s'exposer dans cette tenue à lui. C'était très gênant. Elle ne supportait guère sa nudité, même si elle était cachée sous le peignoir. Elle n'avait pas envie qu'arrive l'accident bête. Que la ceinture tombe et que la sortie de bain s'ouvre. Elle n'avait pas envie de subir une telle humiliation. Elle recula machinalement d'un pas quand le beau blond s'approcha d'elle. Il l'effleura du bout de doigt avant se pencher sur elle, quand soudain...

Le gargouillis de son estomac résonna dans la pièce. Elle écarquilla les yeux avant d'éclater de rire. Elle plaça ses deux mains devant sa bouche pour cacher en partie son fou rire. La scène était vraiment gênante. Non pas parce qu'elle venait encore une fois de lui mettre un tel râteau qu'il pouvait aller jardiner ailleurs... Non, ça, elle ne s'en était, encore une fois, même pas aperçue. C'était plus le fait qu'elle ait aussi faim et le bruit peu gracieux qu'elle venait d'émettre.

« C'est de ta faute ! Ça sent vraiment trop bon ! Si tu n'étais pas aussi doué pour cuisiner, je suis certaine que mon ventre n'aurait pas fait autant de bruit ! » dit elle en riant toujours...

Raphaëlle se sentit enveloppée par les bras de Jonas. Sa tête se trouva contre sa poitrine et tous les deux riaient comme des joyeux enfants. La rouquine se sentait aux anges. Elle en oubliait presque sa nudité. Ah, Jonas était vraiment un homme génial ! Il était si beau, si gentil avec elle, si délicat, si parfait ! Il savait tout faire ! Sa cuisine était une vraie merveille ! Elle en avait l'eau à la bouche. Son odorat ne savait même plus où donner de la tête. Entre le fumet des légumes qui grillaient dans la poêle et son parfum... Pourquoi fallait-il, qu'il soit comme ça ? En cet instant précis, elle ne lui voyait aucun défaut. Au final, elle préférait quand même le statut de petite soeur qu'il lui accordait à celui qu'il lui aurait attribué si elle n'avait pas été celle de Maël. Au moins elle était quelqu'un, il ne l'ignorait pas, il prenait soin d'elle. Elle devait se contenter de ça. Pour le moment, elle en était même satisfaite. Elle était rouge. Rouge de confusion, de gêne malgré tout. Elle adorait quand il la prenait comme ça contre lui.

Quand son ami d'enfance se pencha pour l'embrasser sur le front, le sang afflua encore plus vite dans sa tête. De rouge, elle passa au stade supérieur, une tomate aurait été une petite joueuse à côté ses joues écarlates. Tiens, la tomate pouvait partir chercher le râteau qu'elle lui avait envoyé quelques secondes plus tôt. La pauvre scientifique ne savait plus où se mettre. Entre désir, fantasme, gêne et complexe, elle était complètement perdue. Mais après que son estomac criait encore famine, elle recouvrit sa pensée rationnelle. Elle avait faim !

« Un plat végétarien ! Oh, mais tu es vraiment génial ! Je ne serai pas obligée de trier les bouts de cadavre comme ça ! » dit elle presque excitée à l'idée de se régaler.

Cependant ? Elle fronça les sourcils, inquiète. Qu'allait-il donc bien pouvoir dire. Elle avait fait une bêtise ? Il ne pensait tout de même pas à lui sortir un truc du genre 'lave toi les mains avant de passer à table !'. Elle sortait de la douche quand même. Elle levait sur lui ses yeux bleus interrogateurs. Alors qu'il finit de parler, le regard de la rouquine changea du tout au tout. Elle le repoussa vivement, elle semblait en colère.

« Jonas Reynolds, tu es vraiment un crétin ! » lache t'elle furax

« Faut toujours que tu gâches tout avec tes conneries ! »

Elle attrapa la pile de vêtements et partie en direction de la salle de bain en claquant la porte derrière elle, le laissant seul dans la cuisine. Qu'est-ce que cela pouvait l'agacer quand il faisait ça. Faire semblant de lui dire les niaiseries qu'il débinait à toutes les filles ayant peu de cervelle. Elle n'était pas l'une d'elles ! De plus elle savait très bien qu'il n'éprouvait aucune attirance pour elle. Du moins le pensait elle. Elle ne le comprenait pas. Bon elle ne comprenait pas grand monde et personne ne la comprenait vraiment non plus. C'était peut-être pour ça qu'ils avaient du mal, l'un comme l'autre, à faire comprendre leurs sentiments respectifs. Elle s'était résignée depuis longtemps déjà. Elle avait assez vite compris qu'elle n'aurait aucune chance, vu son type de femme. Il les aimait grandes, belles, plantureuses, sexy et tellement féminine ! Elle était petite, se trouvait laide, elle détestait ses cheveux, qu'il s'agisse de la couleur ou de ses horribles boucles ! Elle avait peu de poitrine, elle n'était pas sexy et elle avait une cicatrice hideuse sur le torse... Bref, tout l'inverse de ses goûts en matière de femme !

Elle se laissa glisser contre la porte de la salle de bain, toute rouge et confuse. Elle se surpris à penser que cela aurait été chouette qu'il le pense quand même... Elle soupira, l'imaginant en train de l'embrasser, puis d'un revers de main, elle chassa cette idée ridicule de sa caboche rousse...

(Hj Raphinement <3 j'adore !!! MDR et aussi le sexuellement charmante!!)

Quand elle détailla les vêtements que Jonas lui avait préparé, Raphaëlle pâlit. Il y avait une ultra mini jupe qui ressemblait davantage à une ceinture qu'autre chose, une sorte de débardeur moulant faisant plus d'ombre que cacher quoi que ce soir. En dehors du fait que c'était une prostituée qui selon elle, les avait portés avant, c'était d'un vulgaire... le genre de son ami d'enfance tiens ! Elle regarda donc l'autre pile de fringues. Bien plus sobres. Un ancien caleçon et une chemise. Tout était trop grand pour elle. Mais tant-pis. Elle se glissa dans divers tissus, jeta ses vêtements et ses sous-vêtements dans la machine à laver. Coup de bol, sa mère avait le même modèle, elle su donc le faire fonctionner assez vite.

Elle sortit de la salle de bain, les cheveux encore humides formant de multiples boucles cuivrées dépareillées. Elle avait revêtit la tenu masculine ! La chemise était bien trop grande pour elle. Elle flottait dedans. Elle avait dû retrousser les manches jusqu'aux épaules de la dite-chemise, qui lui arrivait quasiment au niveau des coudes. Elle tombait à mi-cuisse, dévoilant le caleçon qui était dessous. Elle avait mit tout de même de débardeur en guise de soutien-gorge, puisque ses habits à elle, étaient au lavage. Elle avait déboutonné le col qui l'aurait presque étranglé et le premier bouton qui la gênait, dévoilant un décolleté discret, mais pas que. Le miroir étant embué, elle n'avait pas remarqué que sa cicatrice était visible. Elle l'avait toujours caché, Jonas en avait peut-être entendu parlé par Maël, qui lui avait raconté les ravages du monstre qui les avaient attaqués enfants. Mais jamais il ne l'avait vu. Raphaëlle l'avait toujours dissimulé avec soin, refusant de se mettre en maillot de bain à la plage l'été ou sur le bord de la piscine, un des rares caprices que ses parents n'avaient pas cherché à refuser. Ils n'avaient pas non plus envie que l'on remarque que leur fille était marquée de la sorte. Bref, pour la première fois depuis toujours, il pouvait entrevoir sur quelques centimètres seulement le début des griffures...

« Jonas ça sent trop bon ! » dit elle en même temps que son ventre... qui gargouillait.

Elle jeta un coup d’œil vers les assiettes puis vers le vin ! Super ! Elle adorait boire du vin rouge à table. Il avait peut-être ouvert la bouteille avant qu'il ne vienne la chercher. Quand il était avec une autre femme, qu'il avait dû planter à cause d'elle. Cette pensée la fit sourire. Elle, Raphaëlle Focifère, la rouquine pas trop belle, avait eu la priorité sur Jonas, face à sûrement une top modèle à la poitrine aussi forte que des obus nucléaires ! Ah ! Son ventre cria à nouveau famine. Elle éclata de rire à nouveau, comme si elle avait oublié sa colère de tout à l'heure... ce qui était le cas d'ailleurs. Ses crises là ne duraient jamais vraiment.

Raphaëlle avait faim. Très faim. Elle s'était accoutumée à sauter les repas, grignoter un truc vite fait quand elle était en transite entre son bureau et son laboratoire, à un tel point qu'elle avait perdu l'habitude de manger à table. Les rares repas qu'elle faisait, étaient ceux où elle était en famille. Parfois elle se posait devant la télé avec sa cobaye. Mais cela restait de l'anecdotique, comparé à son mode de vie. Elle avait du coup, régulièrement des coups de fringales. Dans ses moments là, elle se jetait sur ce qu'elle trouvait. Barres de céréales, tablettes de chocolat, légumes crus, fruits trop mûrs, mais en aucun cas, des aliments issus de protéine animal. Même les œufs natures la dégouttaient.

Prendre un vrai repas, à table, seule avec Jonas, relevait pour elle du fantasme. Elle avait déjà bien sûr déjeuné avec lui en compagnie de Maël la plupart du temps. Parfois même avec Sam, leur filleul. Mais ensemble, rien que tous les deux, jamais. La cerise sur le gâteau, il avait cuisiné pour elle. Un mets végétarien, fait pas lui... et pour elle ! Si elle n'était pas aussi réservée face à ses sentiments pour lui, elle serait hystérique comme pas possible ! Mais voilà, elle n'osait pas lui montrer à quel point elle était contente. Elle ne lui montrait jamais d'ailleurs. Elle passait son temps à lever les yeux au ciel, à le traiter de crétin, à se fâcher, en ignorant que son petit manège amusait Jonas plus qu'autre chose.

La rouquine se trouvait là, debout dans la cuisine, enfance de son ami d'enfance. Les mains sur le ventre et la bouche, elle riait. Elle était contente. Une de ses particularités, c'est qu'elle avait la capacité de passer du rire aux larmes, de la crise de nerfs au fou rire, de l'angoisse au sentiment de sécurité en quelques secondes. Elle ne savait pas gérer plusieurs sentiments en même temps. Il était donc logique qu'il n'y en ait qu'un seul qui fasse son apparition. Du coup, ils défilaient tous à tour de rôle. Si elle n'avait pas vu un psychiatre dès son plus jeune âge, ses parents l'auraient crue bipolaire voir même schizophrène. Mais ils avaient été rassurés sur le sujet. Raphaëlle avait un équilibre mental quasiment normal... normal pour une gamine de douze ans ayant subi des graves traumatismes et ayant un QI de génie.

Elle n'imaginait pas le regard que Jonas posait sur elle. Qu'il était sérieux quand il disait qu'il la trouvait belle et sexy. S'il disait quoi que soit sur sa tenue, elle allait encore se fâcher ! Elle se trouvait ridicule. De plus, on voyait ses jambes c'était, selon elle, d'un vulgaire. Les seuls moment où elle arrivait à peu près à être en short c'était quand elle était au bord de mer. Et encore. C'était parce que la dernière fois qu'elle y avait été en jupe longue elle avait eu le droit à une dégustation de sable dans les règles. Croquant, sableux et dégelasse ! Enfin c'était pour dire qu'elle était très mal à l'aise dans la tenue de rechange que le beau blond lui avait prêté. Elle n'avait pas remarqué que la naissance de sa cicatrice était apparente, sinon elle n'aurait pas su où se mettre tellement qu'elle aurait été embarrassée.

Quand il se leva, elle pencha la tête interrogative, ce demandant ce qu'il faisait. Elle n'eut pas le temps de comprendre ce qui lui arrivait que ce dernier la soulevait du sol, la portant comme une princesse. Elle vira au rouge cramoisi et gesticulât un peu. C'était trop gênant comme situation. Elle s'était étonnamment habituée à ce que son docteur la soulève de la sorte, mais de la part de Jonas... En se tortillant un peu, elle fit un mouvent de tête qui dévoila aux yeux du chimiste son décollé dans son intégralité. Il put alors voir que les marques qu'elle avait, continuaient plus loin. Elle n'avait jamais abordé ce sujet avec lui. Parfois elle racontait ça à des étrangers, des gens avec qui elle finissait au lit, car on lui posait des questions. Elle prenait toujours un air à la fois honteux et détaché pour dire que c'était un animal sauvage qui lui avait fait ça. Puis quand ils voulaient en savoir plus, elle coupait cour à la discussion. Elle ne voulait pas révéler qu'elle avait été agressée par un loup-garou. C'était un crime d'en parler. Et puis soit on la prendrait pour une folle, soit on la plaindrait. Elle ne voulait pas ça.

Elle ne voulait pas donner l'image d'elle d'une femme traumatisée cherchant la pitié des autres. Elle voulait avoir l'air forte, brave et courageuse. C'était peut-être à cause de ça qu'elle était parfois un peu hautaine avec les autres. Et surtout qu'elle n'avait pas conscience du danger. Raphaëlle voulait juste être normale... enfin normale et avec son gros QI dont elle était si fière. Puis bon normale, mais en étant quand même plus forte que les autres. Euh bon okay... ce n'était pas si normal que ça, alors. Mais elle voulait vraiment être indépendante. Bon, quand on ne sait même pas qu'il faut de l'eau pour cuire des pâtes, c'est difficile. Mais quand même ! Finalement Jonas l'assis sur sa chaise.

« Mais ! J'aurais été capable de le faire seule ça ! Tu me prends pour qui, Jonas Reynolds ! Je peux me débrouiller toute seule ! » dit elle avec une moue boudeuse, sans s'apercevoir qu'il ne l'écoutait pas.

Elle ne dit donc plus rien l'observant à la dérober. Il y avait un lourd silence gênant qui s'imposa entre eux. La petite scientifique n'osait pas toucher son assiette alors qu'elle mourrait de faim. Elle était trop intriguée par l'ambiance. Et si Jonas lui en voulait ? Et si, il était en colère contre elle ? Il la détesterait ? Il était crispé, tendu. Sa mâchoire était fermée, comme s'il mordait très fort dans quelque chose. Il prit sa fourchette pour manger, mais tout de suite Raphaëlle s'aperçut qu'il tremblait. Étonnamment, cela la rassura. Elle soupira.

« Jonas, si tu as froid tu devrais mettre un pull plus chaud, tu ne crois pas ? » dit elle en toute innocence

Il tenait sa fourchette à la hauteur de ses yeux. Sa main tremblait si fort de colère qu'il s'en voulait encore plus. Bientôt, la rousse finirait par remarquer son horreur et il serait alors trop tard pour continuer à éviter ce sujet tabou. Plus l'argent entre ses doigts vibraient, plus il se laissait emporter par cette haine farouche qu'il avait envers les monstres. Ces ingrats, ces rebuts de la société, ces rats indésirables qui vivaient au crochet de Ténébris comme des tiques ou des puces sur la peau des pauvres. Ils se permettaient tellement de chose, ils se permettaient d'instaurer la peur, le déséquilibre et l'illégalité au sein de la ville. Ils faisaient partie de la mafia, trahissaient les valeurs des hommes, souillaient l'histoire du monde... Ils tuaient, volaient, ravageaient, défiguraient tout ce qu'il y avait de plus précieux. Les marques sur la peau de Raphaëlle faisaient resurgir en lui cette peur inouïe de l'inconnu qui le rongeait de l'intérieur.

Jonas avait un réel mépris pour ces sous-races. Il était le premier chimiste de l'UDPH à faire des expériences sur des cobayes vivants. Il voulait les voir souffrir, il voulait les exterminer, tous. Et maintenant qu'il avait eu CA sous les yeux, il le voulait encore plus. Il savait que ces marques avaient été faites par des griffes de loup garou. Un MONSTRE avait défiguré l'amour de sa vie. Pour la première fois, il serait prêt à tuer pour faire payer celui qui avait osé poser une seule griffe sur son corps. Il n'avait plus aucun doutes sur ces sujets.

Jonas savait que l'histoire qu'il lui avait été raconté petit n'était qu'un mensonge pour le protéger, lui. Il savait que si le tabou était resté présent tout ce temps, c'était uniquement parce que, elle, elle avait voulu le protéger, lui. Il comprenait maintenant ce lien si particulier qu'elle entretenait avec l'UDPH, son employeur mais aussi son sauveur. Si elle était encore envie aujourd'hui, ce devait être grâce à l'intervention de l'armée anti-monstre, il n'y avait pas de doutes. Il comprenait maintenant pourquoi elle admirait Vasseur, le père, mais aussi le fils. Une pointe de jalousie piqua son coeur tambourinant.

Il la savait forte et têtue, plus que n'importe quelle femme et il l'admirait vraiment pour ça. Mais, autant il était complètement obsédé par Raphaëlle Focifère, par son corps de femme-enfant, par son visage magnifique, par ses yeux bleus infinis, par ses idées brillantes, par son manque de compassion à son égard et par son continuel rejet de ses avances, autant il était complètement malade à l'idée qu'elle lui avait caché CA, tout ce temps. Il en était fou, fou de rage, fou d'amour. Il revoyait dans l'ombre de son esprit noir, les marques dans sa chaire, qu'elle devait porter en permanence, et le dégoût que cela lui provoquait, brûlait au fer rouge son âme déjà maudite. A cet instant précis, il savait qu'il n'avait qu'un seul manque dans la vie et qu'il était en face de lui.

Fouetté par le lasso du diable, Jonas n'avait qu'une seule certitude au moment où la belle rousse ouvrit la bouche : sa rage était alimenté par sa haine des monstres, monstres qui avaient osé s'attaquer à l'amour de sa vie, cette femme qui avait été sauvée par un autre. Haine, honte, jalousie. Les trois sentiments les plus durs à soutenir en même temps. Jonas n'était qu'un homme, un homme hors de lui et incompris par sa femme à lui, qui s'offrait le privilège de se foutre de se gueule... Mais, qu'est-ce qu'elle avait donc ? Elle le prenait vraiment pour imbécile avec un cerveau de poule ? Elle pensait vraiment qu'il allait tomber dans le panneau ? Franchement, elle avait exactement choisi le parfait ensemble, celui qui disait tout sans rien montrer. L'art de la manipulation en toute sa splendeur. Et elle croyait vraiment qu'il ne s’apercevrait pas de cette petite manœuvre ? Elle venait, comme à chaque fois, de lui piquer le coeur, mais cette fois-ci c'était un pieux sanglant qu'elle lui enfonçait profondément au centre de la poitrine... Ses yeux bleu marine presque noirs sous l'effet de la colère accrochèrent le bleu du ciel de Raphaëlle.

Sans prévenir, il plaqua sa main avec la fourchette sur la table dans un bruit retentissant. Les assiettes et les couverts sautèrent, la bouteille de rouge ouverte vibra mais se stabilisa sans tomber et quelques gouttes de sang perlèrent sur l'agent qu'il tenait encore en main. Il hurla :

"Tu te fous de moi ?? Raphaëlle ! Bon sang !"

Jonas bondit de sa chaise, menaçant. Il s'avança vers elle avec la rapidité et l'agilité d'un félin. Le rictus qui s'empara de son visage était celui d'un démon en personne. Il l'attrapa par les épaules, tachant d'un côté sa chemise toute propre de sang, et commença à la secouer. Puis, il s'empara du vêtement et tira dessus, faisant éclater les boutons qui s'envolèrent de toute part, l'ouvrant, laissant apparaître la cicatrice qu'elle avait sur le torse et qui était la cause de toute cette tempête.

"Tu crois que je n'allais pas le voir ? Tu crois que ça ne me fait rien ? Tu crois que tu ne comptes pas pour moi ? Bordel, Raphaëlle, ça me rend MALADE que tu ne m'aies jamais rien dit !" Jonas s'avança vers elle encore plus, attiré par ses grands yeux bleus. Son nez touchait presque le sien maintenant et il continua à crier : "Tu es peut être la femme la plus forte que j'ai jamais rencontré mais ça me rend MALADE qu'un monstre ait pu te faire une chose pareil. Tu..."

Il coupa sa phrase. Il était tellement furax qu'il était incapable de sortir le reste. Tout était coincé dans sa gorge. Il était tellement en colère, qu'il n'avait pas remarqué à quel point il la tenait fort, et à quel point il était proche. Il sentait son odeur si particulière et cela l'enivrait encore plus dans ses méandres. Et puis, sans rien dire, sans la laisser faire le moindre geste, sans lui donner l'opportunité de répondre le moindre mot, sur une pulsion folle, il l'embrassa.

Fougueusement...

(PAVEEEEEEEEEEEE XD)

Raphaëlle avait toujours été d'une candeur qui dépareillait avec son passé. Malgré tout ce qu'elle avait pu vivre, elle avait gardé une âme très pure et très enfantine. Elle avait beau être un génie, être la détentrice du plus gros QI de Ténébris, avoir un poste très haut placé au sein de l'UDPH, vivre dans une cité où la criminalité, elle n'avait pas changé ce qu'elle était. Une jeune femme pleine de douceur, dépourvu d'empathie et à fortiori de jugement moral.

Elle avait sa propre notion de ce qui était bien ou de ce qui ne l'était pas. Elle ne se basait pas sur les lois ou les règlements pour ça. Mais ce qui était valable pour elle, ne l'était pas pour les autres. Elle s'imposait de ne jamais faire de mal aux êtres vivants. Elle était la douceur incarnée et pour les cobayes l'avoir en scientifique était toujours un réel soulagement. Même si parfois elle leur faisait mal, son but n'était pas de faire souffrir volontairement les autres.

Elle ne s'apitoyait jamais sur son sort, du moins jamais en public. Elle n'aimait pas parler de ses blessures qu'elles soient physiques ou bien psychologiques. Elle n'en disait jamais plus que nécessaire, même pas à son ancien psychiatre qui essayait depuis des années de lui faire mettre des mots sur les horreurs qu'elle avait vécus. Quand elle en parlait, elle énonçait les fait avec un réel détachement comme si ce qu'elle racontait ne la concernait pas.

Même si elle n'avait jamais rien dit à Jonas, elle s'était toujours dit que depuis le jour où il était arrivé à l'UDPH, il ne serait plus qu'une question de mois avant qu'il ne fasse le rapprochement avec les monstres. Elle pensait qu'il respectait sa douleur et son silence, qu'il n'était pas venu lui en parler, car il savait qu'elle souhaitait taire ses traumatismes. En fait, elle ne s'était même jamais posé de question. Le sujet était tabou. Il n'y avait que ses cauchemars la nuit qui exprimaient ce qu'elle ressentait au plus profond d'elle. Elle se réveillait souvent en larme et en sueur. Elle tremblait, pleurait et criait. La seule autre personne qui savait ça était sa colocataire qui l'entendait et venait la rassurer quand elle pouvait.

Raphaëlle observa Jonas qui tremblait. Alors qu'elle venait de lui dire de se couvrir plus, il réagit de façon excessive. Il plaqua sa main violemment sur la table, armée de sa fourchette en argent. La bouteille vacilla, mais ne tomba pas. Elle pencha dangereusement. Surprise d'une telle violence, Raphaëlle sursauta, ne s'attendant pas ça de sa part. Elle ne lui connaissait pas un tel visage. Il avait toujours été très doux et amical avec elle. Jamais il n'avait levé la voix, pas même un petit peu. Elle se scotcha ne sachant pas quoi faire ou dire, mis à part peut-être le regarder avec ses grands yeux bleus plein d'étonnement. Quand il cria, elle sursauta de nouveau et se crispa.

« Mais, mais Jonas ? Qu'est ce qu'il t'arrive... »

Il sauta de sa chaise et se dirigea vers elle. Ne comprenant trop rien, elle eut un mouvent de recul quand il s'approcha. Pour la première fois depuis des années, elle avait à nouveau peur d'autre chose que d'un chien. De lui émanait une certaine violence qu'elle ne comprenait pas. Quand il posa les mains sur ses épaules et qu'il la secoua elle ferma les yeux, un peu nauséeuse d'être secouée ainsi avec une telle violence. Il y avait du sang sur la chemise. Elle regarda le regarda avec horreur. Quelques larmes perlèrent même dans ses prunelles inquiètes. Elle ne comprenait pas ce qui lui arrivait. Ce qui se passait.

« Jonas... qu'est-ce que tu as ? » dit elle d'une toute petite voix larmoyante.

La petite rouquine n'était pas habituée qu'on s'en prenne physiquement à elle. Cela faisait bien longtemps que pas même une seule créature avait effleurée un de ses cheveux. Sauf peut-être le vampire qui l'avait mordu, mais c'était son choix. Elle ne savait pas ce qui lui arrivait, elle n'avait, soudain, plus aucune confiance en lui. Quand il arracha la chemise, elle poussa un petit cri. Les boutons tombèrent dans la pièce, projeter par la violence avec laquelle le chimiste déchirait le vêtement. Un hoquet de peur sortit de sa bouche. Elle, qui était si pudique, qui prenait soin de toujours cacher ses marques disgracieuses, voilà qu'elles étaient visibles au grand jour. Jonas les regardait. Il les avait vus. Et il n'aimait pas ça, ça le dégoûtait à tous les coups. Sinon pourquoi serait-il autant en colère contre elle ?  

« Jonas, tu me fais mal... » dit elle en se crispant

Il lui criait dessus, elle pleurait silencieusement. Il lui faisait mal, elle se débattait. Elle ne comprenait pas pourquoi il disait toutes ses choses. Il ne lui laissait même pas le temps de s'expliquer. Il prétendait être malade qu'elle ne lui ait rien dit, mais c'était son droit à elle le plus total de ne pas parler de ce qui la traumatisait. Quand il lui disait qu'elle comptait pour elle, elle se faisait toujours à l'image de petite sœur. Pas une seule seconde elle ne se doutait qu'elle, Raphaëlle Focifère, était son seul et unique amour.

« Jonas, lâche moi ! »

Il était vraiment très poche d'elle, elle avait mal et peur. C'était la première fois que Jonas l'effrayait à ce point. En même temps, elle n'était pas habituée que l'on s'approche d'elle à se point. Ses yeux larmoyants étaient perlés par des larmes. Il venait de mettre sa poitrine quasiment nue. Enfin presque. Si elle n'avait pas mit la brassière, elle se serait retrouvé la gorge à l'air. Mais au final, elle restait très explosé. Il n'y avait que ce bout de tissu trop décollé, laissant apparaître la naissance de ses seins et qui lui retombait juste en dessous. Il n'avait peut être pas bu beaucoup d'alcool, mais cela suffisait à lui donner l'haleine de la dernière gorgée de vin rouge qu'il avait bu.

Il l'embrassa. Pendant un moment, elle resta stoïque. Elle ne réagit pas. Pas tout de suite. Comment pourrait elle ? Depuis qu'elle était enfant, elle rêvait du moment où Jonas l'embrasserait comme ça, de cette façon. Avec une telle fougue et une passion inassouvie. Mais, pas comme ça. Elle ne voulait pas d'un Jonas effrayant, agressif et dangereux. Elle ne voulait pas qu'il la force à faire quoi que ce soit, ni qu'il dévoile ses faiblesses sur un coup de colère. Elle le repoussa le plus vivement possible, lui assignant une claque monumentale au passage.

« Je viens de te demander de me lâcher Jonas ! Ne me touche pas ! Je t'interdis de poser ne serait-ce qu'un seul doigt sur ma personne ! »

Sur ses mots elle referma la chemise avec ses deux bras qu'elle garda contre sa poitrine. Elle planta son regard bleu dans le sien. Cette fois, il n'était pas question de douceur, de plaisir caché. Non. Elle était vraiment très en colère. Ses sourcils froncés, elle lui lançait presque des éclaires. Si on avait l'habitude de lire la quiétude et la paisibilité dans ses prunelles, pour la première fois depuis qu'ils se connaissaient, le beau blond affrontait une autre facette de la rouquine. Celle que celle les cobayes les plus rebelles avaient affronté... Un mélange de domination animal et féminine...

«  Ne... recommence... plus... jamais... ça ! Je suis bien claire ! »

Elle parlait doucement, très clairement. Sa voix ne tremblait pas. C'est comme si elle n'avait pas eu peur, ni pleurer. Mise à part les traces sur ses joues, il n'y avait aucune preuve de son état de stress.

[HJ c'est trop romantique... ils vomissent dans le même lavabo au final XD]

Raphaëlle était remontée comme un coucou sous cocaïne. Elle avait beau être follement amoureuse de Jonas depuis qu'elle était en âge de marcher, elle ne pouvait pas tolérer qu'il se comporte comme ça. Jamais et à aucun moment elle ne pensait qu'un jour elle aurait pu avoir peur de lui. Mais il était dans un tel déchaînement de haine et de colère qu'elle l'avait craint. Elle n'arrivait pas à comprendre pourquoi il avait agi de la sorte. En tout cas, une chose était sûre à ses yeux, c'est qu'il n'avait pas aimé ses cicatrices. Qu'est ce qu'elle y pouvait ? Ce n'était pas de sa faute à elle ! Pourquoi devait il la haïr à ce point ? Et à quoi ça rimait ce baiser ? De la pitié ! Oh ça non ! Elle ne voulait pas qu'on la prenne en pitié et lui encore plus que les autres ! Elle voulait qu'il l'aime, comme elle l'aimait. Pas qu'il soit comme ça !

La rouquine, ne comprenant pas l'empathie... n'avait aucune idée des sentiments de son ami de toujours. Ce qu'elle prenait pour de l'apitoiement à son égard était juste une passion fiévreuse transformée en colère haineuse. N'étant, elle-même pas capable de ressentir plusieurs choses à la fois, elle ne pouvait rien déchiffrer aux diverses étapes par lesquelles Jonas passait. C'est d'ailleurs à cause de cela, qu'un fossé se creusait entre eux, empêchant leurs sentiments respectifs de se dévoiler l'un à l'autre. Et chaque fois que le beau blond tentait une percée, il se faisait rabroué toujours plus violemment que la fois précédente. La baffe qu'il avait reçue en était un parfait exemple. Comment aurait il put deviner les sentiments de la petite scientifique à son égard, alors qu'elle le repoussait à chaque tentative ?

Pour le moment il était stoïque face à elle, ne comprenant pas trop ce qui venait de lui arriver. Il restait coi, en face d'elle, le plus silencieusement du monde, en se massant la mâchoire endolorie par le soufflé monumental qu'il s'était prit. Il détourna les yeux pour regarder sa main ensanglantée. Elle ne vit pas les larmes perlés dans ses prunelles. Elle n'avait aucune idée de l'état de désarment dans lequel il se trouvait. Elle l'observait sans piper le moindre mot. Droite comme un I avec toute la fierté qu'elle avait. Elle se battait au quotidien pour ne jamais avoir à se plier aux exigences des autres. Même si parfois elle finissait par céder, Raphaëlle était une rebelle de nature, une véritable insoumise ! C'était peut-être aussi cet élément de sa personnalité qui séduisait les hommes plus plus instables ?

Jonas finit même par lui tourner le dos, mais elle ne bougea pas d'un pouce. Ses boucles humides collaient à ses joues rouges, sur lesquelles des sillons humides de ses larmes étaient visibles. Elle n'avait pas entendu le hoquet qu'il réprimait. Chagrin et colère ne font jamais un bon mélange. Le chimiste se dirigea vers la sortit de la cuisine et se stoppa net à niveau du chambranle. Il se redressa, mais ne fit toujours pas face à celle qui l'éconduisait éternellement. Elle vit son hésitation à parler et pencha la tête sur le côté. Quand elle l'entendit son cœur fit un bond dans sa poitrine.

Pourquoi ? Pourquoi tant de haine ? Elle avait beau avoir une vrai peur bleu de ses créatures, elle ne voulait pas leur destruction pour autant. Elle voulait juste les rendre à l'état d'humain inoffensif ! Qu'ils ne se transforment plus, qu'ils ne soient plus capables de s'attaquer à des innocents humains les soirs de pleine lune ! Elle travaillait dessus depuis des années sans aucun succès pour le moment. Elle avait étudier l'astronomie pour connaître tout ce qu'il y avait a savoir sur la lune. Elle l'avait étudiée sous toutes les coutures ! Après ça, elle avait pris la physique quantique pour pouvoir travailler seul sur l'armement puis la chimie, dont elle n'avait qu'un master. Elle devait passer une licence à la fin de l'année. Elle étudiait un peu la biologie et les divers organismes pour tout comprendre. Et parfois elle doutait qu'avec la science infuse elle serait capable de remédier à ça un jour !

Pourquoi Jonas ne voulait pas comprendre que toute créature à le droit à la vie ? Elle savait le mépris qu'il portait aux monstres, la haine violente qu'il leur vouait. Elle était d'ailleurs une des rares personnes de l'UDPH à avoir du respect pour eux. Elle n'avait plus pour ses cobayes d'ailleurs que pour ses collègues. Mais ce n'était pas une raison suffisante pour qu'elle les laisse s'échapper. S'ils étaient là pour la plupart c'est qu'ils avaient commis un acte délictueux. La peine de mort était en vigueur dans la ville. Alors qu'ici... ils vivaient en prison. C'était normal qu'ils subissent les conséquences de leurs actes ! Quant aux autres... Ils avaient été au mauvais endroit au moment moment. Triste. Mais on ne peut rien faire contre la fatalité.  

Raphaëlle ne dit rien et laissa Jonas s'en aller vers la salle de bain. Quand elle entendit la porte se fermer, elle éclata en sanglot. Elle laissa partir tout son stress et son angoisse. Elle se leva et se posa sur le canapé, ne voulant pas resté devant son assiette. Elle n'avait plus faim, son appétit était coupé et la vu de la nourriture lui donnait la nausée. Pleine de colère et d'amertume... elle prit son verre de vin qu'elle vida d'une tête ajoutant cela à son état alcoolique qui était retombé après sa douche. Elle vida aussi celui de son hôte !

Le vin rouge avait toujours eu un effet soporifique sur la terrible rouquine. Recroquevillée dans le canapé, après les deux verres de spiritueux en plus dans son organisme, a jeun de toute nourriture, elle s'endormit en position fœtal sans cesser de pleurer. Ses boucles humides se dessinait autour d'elle comme une sorte d'auréole. Ses joues étaient creusées par les larmes qui avaient coulé sans discontinuer. Elle sombrait dans un sommeil lourd, sans rêve. Elle se tenait les bras fermer sur sa poitrine de peur d'être à nouveau exposée à la vue de qui que ce soit...

Raphaëlle était la seule scientifique de tout l'UDPH a n'être jamais arrivée en retard. Elle était aussi la seule qui arrivait avant l'heure et partait après l'heure. En tant que responsable, ses horaires étaient très flexibles et elle avait l'opportunité de commencer plus tard ou bien de partir plus tot. Parfois même d'être absente sur des jours où elle était censée être là. Tant qu'il n'y avait pas d'urgence, que le travail était fait et que les rapports étaient déposés en tant et en heure sur le bureau du commandant, il n'y avait pas de soucis. Et cela était valable pour tous les autres responsables, même si tous arrivaient souvent à une heure fixe.

Quoi qu'il en soit, la terrible rouquine se réveilla en sursaut, quand un rayon de soleil illumina son visage. Elle mit un moment à se souvenir de ce qui c'était passé en partie la veille. Oui... elle avait beaucoup trop bu... comme en témoignait la migraine qui lui martelait ses tempes, elle s'était disputée avec Jonas et elle s'était endormie sur son canapé. Elle se redressa et vu qu'elle était recouverte d'une couverture. Elle rougit un peu. Lui qui était quand même au comble de l'égoïsme avait prit soin d'elle malgré leur véhémente altercation.  

C'était son ami d'enfance et elle le connaissait bien. Elle pouvait citer sans aucun soucis le moindre de ses défauts. Elle était la seule femme qui voyait le véritable Jonas derrière son masque d'apparat. Pourtant, malgré tout ça, elle n'avait jamais pu s'empêcher d'être amoureuse de lui depuis toujours. Il avait aussi de très grandes qualités qu'elle était aussi la seule à connaître. Elle se dit que hier soir, c'était un autre jour et qu'il valait mieux ne plus penser à la violence dont il avait fait preuve à son égard. Il avait bu, selon elle. Mais quoi qu'elle puisse penser ou dire... Raphaëlle ne comprenait pas le beau blond.

Elle se leva donc, avec une petite gueule de bois. Elle se dirigea vers la cuisine et sortit un verre qu'elle remplit d'eau et dans une des tiroirs de la cuisine elle se servit une aspirine. Elle connaissait suffisamment l'appartement, y étant venue plusieurs fois avec son frère, pour savoir où se trouvait les choses. Elle se dirigea ensuite dans la buanderie et sortit ses affaires. Elle s'habilla dans ses habits ayant enfin le sentiment de ne plus ressembler à une prostituée. Puis elle alla vers la chambre de son ami, elle regarda l'heure. Il était presque sept heure. Avec une hésitation, elle entra très doucement.

Quelle ne fut pas sa surprise en découvrant le chaos ! Lui qui était à la limite du trouble obsessionnel compulsif sur l'ordre... était en train de dormir dans un capharnaüm pire que l'appartement de la bordélique rouquine. Elle était bouche bée en découvrant ce spectacle. Elle entra en prenant soin d'éviter les obstacles qui jonchaient le sol. Elle se tourna et découvrit Jonas, tout habillé, ronflant... avec des cadavres de bouteilles au pied de son lit... Elle soupira et secoua la tête. Non elle ne le comprenait pas. Elle n'avait aucune idée de ce qui avait pu le mettre dans un tel état. Elle ignorait qu'elle était la principale cause de son mal-être.  

En silence, sans faire le moindre bruit, elle ramassa les bouts de verres qui traînaient, pour éviter qu'il ne se coupe pas en se levant. Elle rangea un peu la pièce. Elle prit tout ce qui traitaient par terre et déposa les divers objets sur les meubles, sachant que ce n'étaient peut-être pas leur vrai place. Puis elle sortit remplis un verre d'eau et la boite d'aspirine qu'elle posa sur la table de nuit de son ami avec un petit mot.

« Je suis partie. On se verra peut-être au labo. Mais ce n'est pas sûr. J'ai du travail. R »

Elle avait toujours tout noté de façon très distante et très dégagé de sentiment. C'était là presque une signature. Cependant, depuis l'enfance, quand elle écrivait à Jonas, elle mettait un petit cœur juste avant ses initiales. Et cette fois-ci, malgré leur désaccord de la veille, ne fit pas exception à la règle.

Elle quitta l'appartement et l'immeuble. Elle croisa le voiturier de la vielle qui s'étonna de la voir de si bon matin, seule, mais qui ne fit aucune autre remarque qu'une salutation courtoise, qu'elle ignora bien-entendu ! Puis elle se rendit à l'arrêt de bus du quartier pour aller directement à son travail. Contrairement au responsable du labo 1, elle arriverait en avance à son bureau...