Prolongations et Boulettes... (PV)

Raphaëlle Focifère, deux fois diplômée de la plus haute distinction de sciences, étudiait encore à l'université. Cette année, elle devait passer sa licence de chimie. Bien entendu, elle savait qu'elle aurait ses partiels du premier coup. Comme tous ses autres examens avant. Elle était une élève brillante, une scientifique renommée. Même en dehors de son travail, elle avait publié quelques essais. Ses confrères, qui n'avaient pas le malheur de lui enseigner une matière, l'admiraient. Surtout ceux qui ne l'avaient jamais rencontrée.

Pour résumé, c'était une scientifique reconnue dans son milieu et peut appréciée de ceux qui la connaissaient. Mais elle n'en avait cure. Tout ce qui l'importait en venant à la Fac, c'était apprendre. Combler ses lacunes par des connaissances qu'elle n'avait pas encore. Une vrai passion ! Le seul soucis, c'est qu'elle avait eu un mal fou à se faire respecter de ses professeurs ! La plupart, voir tous, étaient largement moins diplômés qu'elle. Certains n'avaient même pas un doctorat. Certes des thèses qui leurs permettaient de bénéficier du statut de professeur, mais pas l'honneur d'être docteur non plus ! Et ceux qui étaient censé lui enseigner la chimie avaient un bon moment rechigner à la nommer comme il se devait ''Docteur Focifère''.

Elle avait vraiment dû batailler pour ça. L'un deux avait même tenter de l'appeler par son prénom et peu respectueuse des conventions sociales, elle avait fait de même. Le dénommé Eric avait vu rouge et c'était même plain de son insubordination au doyen, qui l'avait envoyé bouler. Après tout, c'était l'État qui lui payait ses études. L'Ancien Commandant de l'UDPH en personne l'avait inscrit. De plus ,il était assez prestigieux pour une aussi grande école d'avoir une élève aussi brillante. La sentence était tombée et désormais les professeurs se devaient la nommer respectueusement par son titre.

Bref, comme quoi on peut être remarquablement intelligente et terriblement en retard. Elle s'était encore endormie à son bureau et c'est en arrivant le matin que son assistant l'avait réveillé en lui montrant qu'elle avait déjà deux heures de retard ! Elle avait à peine eu le temps de changer de vêtement et de passer un coup de gant de toilette sur elle, avant de partir en courent pour prendre le premier métro. Et comme elle était en retard... elle n'avait pas regardé ses mails, notamment celui qui spécifiait que le cours avait été transféré dans une autre salle...

Essoufflée, ses bouclettes rousses qui virevoltaient de partout, elle se stoppa devant la salle pour rependre son souffle, histoire de ne pas arriver toute rouge, comme si elle avait couru un marathon et qu'elle avait fumé un paquet de cigarette en moins de cinq minutes...

*La porte, la porte, la porte, LA PORTE !*

Heath lança son bras en direction de l’entrée du bâtiment dans un geste désespérée. La porte vitrée se referma dans un claquement, et sa main rencontra le verre froid. Malheureusement, le jeune homme ne put stopper sa course assez rapidement et il vint s’écraser mollement contre la vitre. Il eut tout juste le temps de tourner la tête pour ne pas se cogner le nez … Son sac tomba par terre. Heath recula d’un pas et se baissa pour le récupérer en jurant. Il tira violemment la poignée et s’engouffra à l’intérieur du corridor. Il croisa alors le regard du technicien de surface qui se trouvait là, avec un balai dans la main gauche, un saut dans la main droite et un air goguenard au visage. Heath baissa les yeux et rougit. Il venait de se taper la honte de sa vie … Ou du moins, l’une des hontes de sa vie. Il passa rapidement devant l’homme, qui ne cessait de le dévisager.  
Il regarda souleva sa manche pour regarder sa montre, et grimaça. Il était vraiment, vraiment en retard. Ses deux premières heures de cours étaient déjà terminées … Tout ça à cause d’un « colis suspect » sur les voies du métro. Il était resté bloqué une heure dans cette putain de rame !… Et il avait dû finir le trajet en marchant. Enfin, en courant, plutôt. Il était essoufflé, mais ne s’en rendait pas compte. Il n’avait pas le temps pour ça.
Il s’arrêta à un croisement, essayant de trouver son chemin. Il était rentré dans la fac par une entrée qu’il n’avait jamais prise auparavant, et ne savait pas où il était. Il grommela et décida de prendre à droite … Il fallait toujours prendre à droite.
Un escalier en face de lui. Ah, il savait enfin où il était. Il gravit les quelques marches quatre à quatre et se précipita dans un énième couloir. Il n’avait croisé personne, hormis cet homme avec son balai et un pigeon … Mais qu’est-ce qu’un pigeon pouvait bien faire dans les couloirs d’une université ? Heath se serait bien posé la question, si seulement il en avait eu le temps.

*Merde, merde, merde et merde et re-re-re-merde.*

Il filait silencieusement dans le couloir, sans regarder autour de lui. Il passait devant les portes des salles de cours, laboratoires et autres ateliers qui composaient le bâtiment. Parfois, une voix calme s’en échappait, parlant tantôt de fractales, tantôt de combustion … Il y avait tellement de cours différents, tellement d’étudiants, tellement d’orientations différentes.
Heath sentait le stress monter. La petite chose était là depuis un certain temps, tapie dans un coin de son ventre. Mais maintenant qu’il se rapprochait de la salle de cours, et qu’il commençait à imaginer comment justifier son retard, il pouvait la sentir grandir, nouer ses entrailles, contracter ses muscles, grimper lentement le long de sa colonne vertébrale. L’angoisse l’envahissait lentement. Sans s’arrêter, il se força à souffler un grand coup. Sa respiration était hachée, faible. Il essayait de se rassurer. Il ne risquait pas grand-chose ! Après-tout tout le monde était en retard, même les profs …
Surtout les profs.
Il était presque arrivé, plus qu’à tourner à droite et … Heath ralentit le pas. Il y avait une fille, à quelques mètres de lui, devant la porte de la salle. Elle semblait essoufflée, elle aussi. Était-elle en retard elle aussi ?... Mais il ne l’avait jamais vu dans sa classe. Nouvelle ?... Peut-être … Ça n’était pas impossible. Beaucoup d’étudiants allaient et venaient, ici.
Heath ralentit le pas et s’approcha d’elle. Il se planta à quelques pas, se balançant sur ses deux jambes d’un air gêné. Il devait lui parler : d’un point de vue purement pratique, elle était devant la porte, elle l’empêchait donc d’entrer dans la salle… Et puis merde, Heath était grand, il devait au moins dire bonjour.
Après quelques secondes affreusement gênantes, il se décida enfin et dit timidement :

« Salut, je … » Il marqua une pause. « Tu as cours ici, toi aussi ? »

Si seulement il n’avait pas à entrer seul … À devoir s’expliquer devant toute la classe et devenir écarlate … À sentir le regard des gens sur sa nuque lorsqu’il irait s’asseoir …

(HJ mon message est un peu naze, promis le prochain sera meilleur!)

Alors qu'elle essayait de rependre son souffle, Raphaëlle entendit une voix timide. Elle leva la tête vers le nouvel arrivant. Étrange. Certes, elle n'était pas du tout physionomiste, mais un étudiant aussi jeune dans sa classe... elle ne l'aurait pas manqué. A moins qu'il soit plus âgé qu'il n'y paraisse. Elle haussa finalement les épaules, décident qu'elle en avait rien à faire au final. Qu'importe son age ? Elle avait bien décoché son premier doctorat à quinze ans elle !

« En effet ! J'ai cours, ici. » dit elle simplement ayant déjà repris son souffle.

Du moins elle n'attelait plus comme une damnée. Elle se redressa complètement et ramassa son sac qu'elle avait laissé tomber par terre en arrivant devant la porte de l'amphi. Un fourre-tout en faux cuire. Parce qu'elle était une végétarienne convaincue et n'aimait pas manger du cadavre, comme elle le disait souvent. Ce n'était pas non plus pour porter sur soit des dépouille d'animaux morts. Elle s'apprêta à passé la porte, mais se retourna.

« Oh, au fait, moi c'est Raphaëlle, Raphaëlle Focifère ! » dit elle pour se présenter.

Si elle n'était pas la pro des conventions sociales, elle se présentait assez facilement. Elle aimait savoir à qui elle avait à faire la plupart du temps, il était donc logique qu'elle rende la pareille. Et puis, elle aimait aussi que les gens sachent qui elle était. Dans le département des sciences out le monde connaissait son nom. A la simple évocation de Focifère certains reculaient d'un pas. Petite et si terrible. En dehors de son mauvais caractère, elle était assez méprisante quand elle avait en face d'elle des gens qu'elle trouvait stupide...

« Allez, viens, on y va ! » dit elle en entrant dans l'ampi...

HRP:

La jeune fille leva la tête vers lui. Elle n’avait pas l’air méchante, mais le regard insistant qu’elle lui lança fit rougir Heath. C’était ce genre de coup d’œil dans lesquels vos interlocuteurs vous sondent. On eut dit qu’elle essayait de lire dans son esprit … Il détourna les yeux, faisant mine d’examiner la manche de sa veste.

« En effet ! J'ai cours, ici. »

Heath acquiesça, tentant un vague sourire. Ouf … Il ne serait pas seul à rentrer. C’était comme la pression sur son ventre avait disparu. Ou presque. Il ne connaissait pas cette fille, et elle n’avait pas l’air très bavarde, elle non plus.

« On est super en retard … »

Elle ramassa son sac et se dirigea vers la porte. Heath allait l’arrêter, mais elle se retourna subitement.

« Oh, au fait, moi c'est Raphaëlle, Raphaëlle Focifère ! »

Oh, cool. Elle avait ouvert la conversation. Heath n’aurait jamais osé se présenter. Il n’était pas bavard du tout, c’était affligeant. Non pas qu’il n’ait pas envie de parler aux gens ; en fait, il ne savait tout simplement pas quoi dire. Et il avait peur de faire une bêtise et de blesser les gens, en abordant un sujet enflammé ou en faisant une allusion à quelque chose de désagréable.
Raphaëlle Focifère … Heath avait déjà entendu ce nom, il en était sûr. Mais où, il était incapable de s’en souvenir. Peut-être par un ami ... Il passa sa main dans ses cheveux et dit d’une petite voix :

« Moi c’est Heath. » Il marqua une pause. « Enchanté ! »

Raphaëlle ouvrit alors la porte et rentra dans la salle. Heath aurait voulu attendre encore un peu, se préparer mentalement … Il n’eut même pas le temps dire un mot qu’il se retrouva à l’intérieur. C’était un amphithéâtre, il n’avait jamais eu cours ici … La salle était vaste. Il repéra vite ses camarades : Matthieu, un de ses meilleurs amis, au premier rang ; Annah, la bassiste de son groupe, au troisième rang, discutant discrètement avec Myke, un de ses amis super mignon. Heath aurait bien aimé le connaître un peu plus … Et puis là, devant eux, le prof, Mr Kane. C’est alors qu’il sentit la chaleur lui monter aux joues. Il devenait écarlate, c’était affreux. Il toussa vaguement, pour ne pas avoir à rester planté là bêtement.

C’est qu’ils étaient réveillés les jeunes ce matin. Alec c’était approché du premier rang et il les regardait stupéfait du débat qui venait de se développer. D’un côté les pour, de l’autre les contre. Il se battaient tous à coups de mots, de phrases, de références et de faits qui soutenaient leurs théories et points de vue. La salle vibrait sous leurs explications et les arguments fusaient à tous les azimuts. Les encourageant, il soulevait un problème si personne ne l’avait pas vu et les encourageaient à trouver une solution. Ca lui rappelait sa jeunesse, alors qu’il était étudiant lui-même. Un de leur prof, M. Grenier, ne jurait que par les débats, il inspirait et expirait débats même.

Au moins une fois par semaine, il leur lançait une question sur un sujet plus ou moins approchant des leçons précédentes ou suivantes et il laissait son groupe faire le reste. C’était toujours plutôt sympathique de passer des heures à parlementer et il l’appréciait tout autant maintenant que c’était lui, le Prof. En revanche, dans le temps... Quelle expression naze et vieillotte, ça ne le rajeunissait pas tout ça. Bref, dans le temps, les élèves n’étaient pas aussi agressifs entre eux montraient même un peu plus de respect envers tout un chacun. Il dû mettre le hola une ou deux fois et calmer les ardeurs du groupe bourré d’hormones mais l’un dans l’autre tout se passa bien.

Le cours en lui-même prenait une bonne tournure et ils s’éloignaient de la généralisation pour passer sur les sujets plus uniques, plus au cas par cas. Les discussions du jour étaient majoritairement portées sur les individus avec une intelligence supérieure, bien supérieure à la moyenne et comment créer un lien avec eux ou même les faire parler. Au fil des discussions, il était allé s’asseoir sur un des bancs juste à côté de l’allée principale. Soudainement,  Alec interrompit les discussions :

“Non mais attendez, on ne parle pas de personnes normales là. Enfin normales, vous voyez ce que je veux dire. Je vous parle de gens qui sont extrêmement plus intelligents que vous. Vous croyez qu’ils vont vous respecter parce que vous avez un doctorat ? Certainement pas ! La plupart d’entre eux en ont 2-3 plus même. Si on revient sur les questions des tueurs en série par exemple, vous savez combien d’entre eux se sont intéressés à la Psychologie ? Combien en sont même diplômés ? Bref, je vous le demande, comment arrive t-on à faire parler une personne avec une intelligence supérieure à la moyenne, à la votre ? Quelle est la clé ?”

Il voulait vraiment les pousser à élargir leurs horizons, à envisager toutes les possibilités. Comme pour bien marquer sa dernière question, il s’était levé de sa chaise se tenant debout dans l’allée principale. Comme par un jeu du destin, sa question tomba, en même temps que lui, en chute libre dans l’amphi. Il venait de se prendre un vol magistral, entre les bancs quand une personne lui rentra dans le dos et l’envoya valser un peu plus bas.

[HJ : Chute discutée avec Raphi, en espérant qu’ils ne vont pas trop se faire mal XD Sadiques nous ? Non^^]

(HJ t’inquiète pas Raphi fait une entrée en matière qui va casser la gène de ton perso ! XD enfin en matière dans Alec quoi !!!! MDR)
(HJ : puis c'est pas la taille qui compte Heath XD... c'est la qualité du message!)

Raphaëlle sourit quand son camarde se présenta. Une bonne chose de faite. En effet, il avait raison sur un point, ils étaient tous les deux vraiment très en retard. Genre méga. Ils entrèrent donc. L'amphi était vraiment grand. Heath semblait reconnaître des gens et s’apprêtait à s'installer avec eux. Elle... elle ne reconnaissait personne. En même temps, elle n'était pas vraiment amie avec ceux qui partageaient les cours avec elle. Tous lui reprochaient d'être trop présomptueuse. Mais ils avaient tord. Elle ne faisait qu'énoncer une vérité, un fait. Elle était plus intelligente que les autres... largement plus. Un génie avaient dit les psys, une calamité avaient tranché ses parents !

Elle eut à peine le temps de parcourir la salle du regard qu'elle reconnu le prof. Mais qu'est ce qu'il foutait dans son cours ? Il avait choisi de voir un cours passionnant. Selon ses propres dires, son métier n'était pas très intéressant. C'est lui qui l'avait dit ! Elle n'avait pas vu là, la preuve d'un personnage modeste, ne voulant pas agacer les autres avec son enthousiasme. Alors qu'elle se posait des questions, elle entendit la sienne... Elle souleva les yeux au ciel, prête à partir, mais sa jupe se prit dans une des marches de l'escalier. Et ce qui devait arriver, arriva.

Après avoir fait son entrée remarquer dans la matière Alec Kane... et accessoirement en cours de psychologie, elle finit sa chute sur le brave professeur. Personnellement, elle n'avait pas trop mal. Elle n'arrivait pas non plus à se relever toute seule, c'était difficile. Elle sentait clairement le corps d'un homme sous elle... Elle piqua un léger phare... Elle l'avait vu quasi nu, en train de mourir et maintenant elle était allongée sur lui. Quoi de plus normal?

« Oh Professeur Kane... J'espère que je ne vous ai rien cassé... je ne voudrais pas que vous attentiez un procès... » dit elle avec son habituel manque d'empathie.

Cependant, à force de gigoter, sous les moqueries des élèves de la salle, elle finit par réussir à s'asseoir, sur lui. Elle tourna la tête vers un groupe hilare... Elle plongea son regard bleu-glacé dans les yeux d'un d'eux qui se stoppa net. Elle fit ensuite un sourire, marquant immédiatement sa supériorité...

« Pour répondre à la question, qu'aucun de vos imbéciles d'élèves ne sauraient répondre... C'est l'intérêt ! Donnez-nous donc un intérêt à vous écouter et peut-être qu'alors nous vous jugerons digne de communiquer avec vous ! »

Bon... la chose était dite. Elle s'auto-qualifiait elle-même de personne ayant une intelligence supérieure à la moyenne. Elle leva ensuite les yeux plus haut et jeta un regard au jeune homme avec qui elle était entrée. Toute souriante, comme si de rien ne s'était passé. Elle lui fit signe de venir

« Heath, viens m'aider... »

Elle lui parlait comme s'il était un ami de longue date, ne demandent même pas le fameux 's'il te plait' conventionnel. Elle ne comprenait rien à tout ça. Et puis, elle avait parlé avec lui, donc, elle le connaissait désormais. C'était un raccourci très simple. Puis, il était étrange, il y avait ce truc indéfinissable chez lui, un truc un peu curieux... et la curiosité attise l'intérêt...

(HJ: Heath... en fait non, crains donc Raphi qui te fout le honte XD)

HRP:

Tout était allé vite, très vite. Raphaëlle fit volte-face devant lui, près du professeur, comme pour s’en aller … Et l’instant d’après, elle était étendue sur Mr Kane, dans une position parfaitement ridicule. Heath écarquilla les yeux, dans une mine effarée. Tous les élèves s’étaient tus, ne sachant pas comment réagir. Et bientôt ils se mirent à rire. Ohlala … Heath regarda ses pieds, soupirant difficilement. Quelle entrée discrète. Il essayait tant bien que mal de se ressaisir et de reprendre une couleur normale … Raphaëlle ne semblait pas avoir envie de se relever. Elle était maintenant assise sur le dos du professeur. Heath se demanda à quoi pouvait-on penser lorsqu’on avait quelqu’un assis sur le dos. Surtout quand on était prof. Et que la personne au-dessus de nous était notre élève. Et qu’on était dans une salle de classe. Au milieu d’autres élèves.
La jeune fille lançait des regards foudroyants aux gens qui riaient. Heath se faisait le plus discret possible, personne ne semblait vraiment lui porter de l’attention … Heureusement. Il détestait être mis en avant, cela lui faisait perdre ses moyens. Surtout de cette manière … La honte intersidérale, vraiment.

Soudain, Raphaëlle se tourna vers lui, avec un sourire poli. Heath la dévisageait avec une mine hagarde et paniquée, qui signifiait clairement « Non, pitié, ne m’adresse pas la parole ! ». Non, non, non ! Il n’existait pas, il n’était pas là, il n’était jamais rentré dans cette salle …

« Heath, viens m'aider... »

Heath était paralysé. Il ne savait pas du tout comment réagir. Il sentait ses amis près de lui, et il pouvait presque les entendre se demander qui était cette fille pour lui … Heath, le gentil petit jeune homme (gay) avec une fille ?... Oh non, il préférait ne pas y penser.

C’était la catastrophe. Il n’arrivait pas à bouger, ses épaules tremblaient, et il était tellement rouge qu’il aurait pu se fondre dans un champ de piments. Il s’entendit bégayer quelques mots confus :

« Je … Euh … Je … Tu … »

Finalement, il sortit de sa torpeur, et d’un mouvement brusque il envoya balader son sac. Il fit quelques pas rapides vers l’étrange forme gigotante que formaient son prof et son am … Ce n’était pas son amie, il ne la connaissait pas. Il lui tendit le bras gauche, regardant le sol, et tira pour qu’elle se relève. Les gens avaient arrêté de rire … Il récupéra le sac de la demoiselle, tombé par terre, et lui planta entre les mains.

« Tu … Tu ne t’es pas fait mal ? »

Il s’efforçait de ne pas regarder les autres élèves. Il sentait le poids de leurs regards sur ses épaules, et un peu partout sur son corps. Heath s’approcha alors du professeur, tout en gardant une certaine distance par respect.

« Monsieur Kane ? … Vous allez bien ? »

Raphaëlle ne s’était peur-être pas fait mal, mais lui oui. Le Prof avait fait une sacré chute en avant dans les escaliers avec une rousse sur son dos. Quoi de plus normal en effet ! Poignets, coudes et épaules, tout y était passé... Il sentait même une douleur lanscinante sur ses côtes, genre une vrai douleur que quelque chose n’allait pas. Chaque souffle lui était difficile et il ferma les yeux lorsque cet élancement se propagea à son torse. Il aurait put tousser si il lui avait été possible de prendre une grande respiration.

“Oh non pas elle...”

Sa supplication était sortie d’un seul coup. Alec n’était pourtant un mauvais gars ou même une personne médisante mais cette voix était gravée dans sa mémoire et il l’aurait reconnu entre mille, littéralement reconu entre mille. Mais qu’est-ce qu’il avait bien put faire au destin pour se recevoir une Raphaëlle Focifère ? C’était quoi le piège là ? Il avait mis en colère les mauvais dieux ou quoi. En plus, elle ne se décidait pas à bouger et il ne pouvait pas se relever tant qu’elle était sur lui. Tout le monde rigolait, d’eux bien entendu, et lui, toujours en travers des marches commençait à voir rouge en plus de sa douleur. C’est pourquoi le reste sortit tout seul...

“Je ne vous ai pas demandé votre avis, Docteur ! Relevez-vous !”

C’était un grand maximum pour lui et encore, il ne perdait pas le contrôle. Même dans les situations les plus difficiles ou qui exigeait de garder son sang froid, il était un champion. Pourtant, il s’en voulu immédiatement de la façon dont il lui avait parlé, de ce ton sec qu’il avait utilisé, c’était comme ça, on ne le changera pas. Par contre, elle avait un sacré culot de s’imposer de la sorte et de penser que l’assemblée aurait put écouter un traite mot de ce qu’elle disait. Ok, elle n’était pas tombé loin de la vérité... Mais bon, ça aurait demandé un petite argumentation autre que des nous, nous, nous. Quel toupet !

Finalement, elle finit par se relever et Alec fit de même. Enfin, il n’y parvint pas complètement et resta un genou à terre, une main sur sa cage thoracique en respirant fébrilement. Ses côtes le lançaient attrocement et son bras droit tremblait lentement. Il dû fermer le poing pour arrêter ces spasmes qui le parcourait de la main à l’épaule. Au bout de quelques secondes, il réussit à prendre une longue et profonde inspiration et à expirer mais son torse se cessa de l’élancer. Elle avait vraiment décidé de le tuer ! C’était ça, elle s’en était fait une mission absolue. Comme expliquer le coup des algues et maintenant ça !? Il se mit finalement sur pied alors que son sternum le brûlait, même ses mains étaient engourdies mais ile ne semblait pas être écorché.

Alors que sa poitrine ne serrait brutalement, un élève s’avança vers lui. Tiens, un retardataire.

“Est-ce que j’en ai l’air, Heath ?” demanda t-il dans un souffle.

A l’inverse de sa précédente phrase, il avait prononcé celle-ci sans méchanceté aucune et avec une lenteur déconcertante étant même dans l’incapacité de relever assez la tête pour regarder son élève dans les yeux. Mais quel bordel alors ! C’est pas vrai, il avait vraiment dû faire un truc horrible dans une vie antérieure pour être pourchassée par elle. Pour un peu, ça en aurait été comique, ironique comique, de l’humour noir divin si on peut dire. Le mal qu’il ressentait s’était fait plus vif maintenant qu’il était debout et sa carnation avait viré à un pâle maladif alors que sa tête était parcourue de vertige. Il devait vraiment avoir prit un sacré vol pour avoir autant mal maintenant. Pourtant, il était sûr que ça serait passagé et qu’il s’en tirerait avec des bleus aux centaines de couleurs. Au final, il n’avait même pas envie de la regarder, ça faisait deux fois qu’elle l’interrompait et l’emmerdait avec sa supériorité mal placée et sa juvénilité refoulée.

Il était peut-être plus énervé qu’il ne l’avait été depuis des annés.

“Qu’est-ce que vous attendez tous les deux ? Heath, assied-toi. Docteur Focifère, sortez de mon cours...” dit-il toujours en regardant le sol et un main sur son abdomen.

Alors que le professeur de psychologie était par terre, une Raphaëlle sur son dos, il émit une plainte qui ne tomba pas dans l'oreille d'une sourde. Si elle ne fit aucun commentaire, il n'en restait pas moins qu'elle n'était pas enchantée non plus. Ce type était un ingrat ! Elle lui avait sauvé la vie et lui agissait comme si de rien était. Il était culotté quand même ! Mais bon, ce type était juste un crétin. Normal qu'il se comporte comme tel ! Elle gonfla ses joues, soupira et leva les yeux au ciel. Il peut néanmoins entendre un peut 'nananananaaaaa' imitant le ton de sa voix. La plainte était assez faible en soit. C'était juste qu'elle n'avait pas pu se retenir. Mais elle n'eut pas le temps de faire ou dire autre chose, le pauvre Heath, qu'elle venait d'afficher devant tout l'amphi arrivait pour l'aider.

« Merci de ton aide. Je ne suis pas blessée, heureusement. » Puis elle se tourna vers le professeur.

« Vous avez posrz une question ! En tant que membre d'une assemblée, j'y réponds. Si cela ne vous plaît pas, tant pis pour vous ! Je m'en fiche. Et puis, je fais partie des gens que vous qualifiez de pas normales. Il est donc logique que je prenne par à cette discussion ! D'ailleurs pourquoi êtes vous en train d'enseigner dans ma salle de cours? »

Un murmure dans l'assemblée se fit entendre. Comme le jeune prof l'avait appelée la jeune rouquine par son titre, nombreux pensaient qu'ils avaient en face d'eux, deux profs et non qu'un seul. Cependant, elle semblait faire vraiment moins que son âge. La scène qui se déroulait sous leur yeux, était étonnante. Elle haussa les sourcils quand Alec s'adressa à Heath. Cela ne lui plus pas, mais alors pas du tout.

« Hé ! Ne vous adressez pas à lui comme ça ! Il est pas médecin que je sache ! Comment pourrait-il vous diagnostiquer quoi que ce soit d'un simple regard. Même un docteur talentueux, j'en suis certaine, n'y arriverait pas ! C'était une question inoffensive ! Et puis ce n'est pas un chien ! Ne lui donnez pas l'ordre de s'asseoir comme ses vulgaires canidés ! » dit elle furieuse.

« Et je sors, si je veux ! Si vous n'êtes pas content, il faudra user de la force ! »

« Heath ne te sens pas obligé de faire tout ce qu'il dit non plus ! C'est qu'un prof ! Rien de plus ! »