De la ferme... au luxe (avec Lise)

Suite de Se prélasser au soleil


Après avoir quitté la Ferme et s'être engagé sur les grandes routes, les virages se firent moindre et la qualité du sol se fit sentir. Le trafic était fluide et ils avançaient à bonne allure mais il faisait attention à ne pas lui faire peur en lâchant ses mains ou en faisant des mouvements brusques.

C'était toujours bizarre d'avoir une nouvelle personne dans son dos qui s'accroche à vous dans l'espoir d'arriver à destination et, qui confient leurs vies dans vos habilités à conduire. Un deux roues n'a rien à voir avec une voiture. On a une toute autre sensation. Ne pas être protégé par la carcasse d'une voiture peut en troubler plus d'un.

Enfin, il y avait bien des avantages à la moto, comme éviter le trafic. Une fois arrivé en ville, les feus de signalisation leurs donnèrent des moments de répits et il lui demandait à chaque fois si elle allait bien. Passant à travers les voitures, il gagna le coin chic de la ville et suivit les directions de Lise jusqu'à... jusqu'à où au fait ? Il n'avait aucune idée de l'endroit où elle voulait aller. Chez elle ? Chez... Le Maire ?

Il s'arrêta devant un immeuble dont il n'eut pas le temps d'admirer la splendeur.

“C'est là ?”

La jeune femme n'avait jamais rien connu de tel. C'était... Vraiment merveilleux! Étourdissant , excitant et un peu effrayant par moment. Le sang bourdonnait dans ses oreilles et Lise pouvait sentir son pouls extatique jusque dans ses tempes. Pourtant, rien n'aurait pu lui décrocher l'immense sourire qu'elle avait au visage.

Alors que le paysage défilait à vive allure devant ses yeux ébahies, la jeune secrétaire se promit de refaire un jour un tour de moto. Bien qu'elle préfère le confort d'une voiture, cet engin de vitesse lui faisait connaître des sensations nouvelles. Bien accrocher à Alec, elle se laissa aller au plaisir de la promenade, blottit contre lui.

Cette excursion finit bien trop vite à son goût. Après guidé tant bien que mal Kane à travers les rues, sa motocyclette s'arrêta devant son bloc appartement. La jeune femme se pinça les lèvres en renversant la tête pour apercevoir le 14e étage où elle demeurait.
"Oui, c'est là" déclara-t-elle, d'un ton neutre.

L'assistante du maire réprima un soupire , et descendit la première.

"Bon... Combien est-ce que je vous dois?" Demanda-t-elle doucement en retirant son casque, avant de passer sa main dans ses cheveux bruns.

Il s'avança légèrement dans son siège, faisant de son mieux pour lui donner le plus de place pour qu'elle se mette debout. Il regarda l'immense building et il lui sembla être soudainement très loin de chez lui. C'était vraiment pas son monde ce quartier même le regard des gens qui passaient lui faisait se sentir comme un étranger. Toujours en cuir et cheveux lâchés, Lise aussi ne semblait pas coller mais à l’instar de lui, elle vivait là.

“Combien quoi ?”

Il enleva son casque et la regarda incertain de ce qu'elle venait de dire. Il lui fallut un moment pour comprendre même s'il avait bien compris la première fois.

“Mais non...”

Qu'est-ce qu'elle avait à tout ramener à l'argent ? N'avait-elle pas comprit que des fois on faisait les choses sans rien demander en échange.

“Vous ne me devez rien, Lise.”

Il coupa le compteur et posa son casque sur le guidon tout en tapant sur la carrosserie avec amour. Il était presque fier comme un coq de basse-cour d'avoir fait ce trajet si facilement et de ne pas avoir effrayé une nouvelle avec sa conduite. Les yeux brillants et les joues rosées par leur trajet, elle paraissait s'être amusée en tout cas.

“Bon, ça vous a plut quand même de faire de la moto ?”

Il sembla mettre un moment à comprendre ce qu'elle voulait dire. Comment? Il ne connaissait pas le sens du mot dette? Alec l'avait sortit bon nombre de fois du pétrin, Lise ne pouvait imaginer comment lui rendre le tout.
Impressionnée, voir perplexe, la jeune femme retira la veste qu'elle avait passé par-dessus la robe.

''Votre générosité n'a pas de limite ou quoi?'' rit-elle, les yeux ronds. ''Vous m'avez prêté votre veste, guidé vers la maison de votre amie, marchandé une robe de rechange. Ensuite, vous m'avez ramener à la foire, puis chez moi...Et tout ça pour ne rien demander en retour? C'est incroyable!''

La jeune femme se retint d'ajouter que personne n'avait jamais rien fait de tel pour elle, mais cela, il n'avait pas besoin de le savoir. Elle avait fait assez pitié comme ça aujourd'hui. Les gens comme lui étaient trop rares, surtout de là où elle venait.
“Bon, ça vous a plut quand même de faire de la moto ?”

''Beaucoup, et je dois ajouter que ce fut vraiment la cerise sur le gâteau.'' ajouta-t-elle , après avoir retirer les pantalons, ne gardant sur elle que la vieille robe fripée.''C'était très... Oh! Je ne saurais trouver le mot juste.''


Lise plia rapidement les deux pièces de tissus et lui tendit.
''J'aimerais pouvoir vous rendre l'appareil.''

Il y avait bien un service , quelque chose , qu'elle pouvait lui rendre. Après tout, elle avait un certain pouvoir et des relations à la mairie. Et elle était très sérieuse. Même si ce n'était pas une question matériel ou d'argent, juste de savoir que c'était équitable en bout de ligne... Si personne n'y trouvait son compte, elle risquait de ne cesser d'y penser.

“C'est pas incroyable, c'est juste moi.” rajoutât-il avec un sourire espiègle.

Elle semblait être vraiment surprise de ce qu'il avait fait et ne s'en cachait pas. Cependant, et comme toujours, Alec prenait tout à la rigolade. Il ne pouvait pas s'en empêcher, c'était dans sa nature. Complètement aveugle, désormais, aux regards des citadins, il continuait de discuter comme si de rien n'était.

“Bon ben la moto, c'était un plus alors. Je vous emmène faire un tour quand vous voulez. Se sera vraiment un plaisir. Et cette fois, on verra si vous aurez une montée d'adrénaline...”

Il lui sourit comme un gamin, c'était pas tous les jours que quelqu'un était une bonne passagère avec lui. Et puis, elle était peut-être un peu bourge sur les bords mais elle avait un feu cette fille. Un feu qui ne demandait qu'à sortir. En bon psychologue qu'il était, c'était normal que ça l'intéresse. Il attrapa les vêtements qu'elle lui tendait et coupa le contact. Clés en poche, il se mit sur pieds et rangea le tout dans son coffre. Il la regarda un instant, ne sachant que répondre à sa question.

“Ben franchement je sais pas...”

Il la regarda quelques secondes, toute aubergine qu'elle était, mais ne savait que répondre. Tout en s'adossant à sa moto, il croisa les jambes et les bras tout en la fixant droit dans les yeux.

“Qu'est-ce que vous proposez ?”

En tout éternel indécis qu'il était, il n'arrivait pas à prendre une décision.

(HJ: encore une fois, le coup de l'aubergine me fait sourire )

À l'idée de faire un autre tour de moto , son coeur se mit à battre plus fort et son regard s'illumina. Certe, ce n'était pas très convenable vu sa position. Et vu enfin... Lise imaginait très facilement son père ronchonner. Et au lieu de la terrifier, cette pensée l'exalta. Elle qui, toute sa vie, avait toujours fait ce qu'on attendait d'elle, la perspective de sortir du droit chemin était aussi mystérieuse qu'attrayante. Lise hocha vigoureusement la tête.
''Ce serait super.'' répondit-elle, enthousiaste.

Lorsque la question revint sur le ''paiement'' sur ses services, Lise baissa les yeux et ramena ses cheveux sur son épaule dans un geste gracieux.
''eh! Bien...''

La jeune femme jeta un bref coup d'oeil à son immeuble et fut tenter, pendant un instant, de le faire monter avec elle. Sa compagnie lui était agréable et il pourrait peut-être prendre un verre. De plus, ce serait une vengeance bien mériter pour le maire qui l'avait laissé derrière tout à l'heure. Cependant, Lise n'était pas sûr d'être capable de subir un nouveau rejet dans la même journée... Elle ne connaissait pas beaucoup cet homme, elle ne pouvait donc aucunement anticiper sa réponse. De plus, après tout ce qu'il avait fait pour elle, la secrétaire ne voulait aucunement faire de lui l'objet d'un complot de vengeance. Et puis, si on voyait un homme entrer avec elle chez elle, ça risquait de jaser...

Lise pouvait être arrogante, manipulatrice, superficielle et terriblement énervante, mais elle n'était pas sans coeur.
Ainsi, légèrement rose, elle fit un pas vers lui et posa un chaste baiser sur sa joue avant de reculer aussitôt. Les bras croisées dans le dos, elle fit un autre pas en arrière, soudain très rouge.
''Merci...Considérez cela comme une part de ce que je vous dois. Et puis, si vous avez besoin de quoi que ce soit, un contact, ou une référence...'' commenca-t-elle en gravissant déjà les quelques marches de bétons du bâtiment.'' Demandez mademoiselle Vernay à la mairie.''

Elle eu un rire nerveux.

Alec la regarda un instant alors qu'elle semblait réfléchir. Elle regardait à droite à gauche indécise, aussi indécise que lui. Il n'avait absolument aucune idée où elle voulait en venir avec ce “je dois vous rendre la pareille”. Après tout, il y avait peu de chance qu'il se retrouve en robe déchirée dans un champs et qu'elle le ramène en moto, si ?

Il aurait fallut qu'il soit bien bourré mais alors bourré niveau étudiant d'Université pour qu'un truc pareil lui arrive. Toujours jambes et bras croisés, il la vit se diriger lui et ses bras tombèrent le long de son corps quand ses lèvres touchèrent sa joue. Ok... Il ne l'avait pas anticipé sur ce coup là... Il la regarda avec des yeux ronds alors qu'elle rougissait jusqu'aux oreilles.

Une part de ce qu'elle lui devait... Qu'est-ce que ça allait être la prochaine fois ? Il explosa de rire et la regarda s'éloigner...

“Ben je vous appelle bientôt pour le tour en moto.” Il lui sourit une dernière fois, et avant qu'elle ne soit à portée de voix, rajoutât: “Et pour un Scrabble.”

Sur ce, il enfourcha sa moto, revêtit son casque et mit le contact.

Lise n'était pas sûr de ce qui l'avait rire exactement, son coeur, quant à elle, battait trop fort dans sa poitrine pour lui permettre un tel exploit. Mais au moins, il n'avait pas grimacer en s'essuyer la joue du revers de la main.

"Va pour le tour de moto et le Scrabble!" S'exclama Lise en levant le ton pour essayer de se faire entendre malgré le moteur .

Elle ouvrit la porte du bloc appartement, sans cesser de lui sourire. Bien qu'elle n'ai pas les clés de son appartement, John, le portier n'aurait aucun mal à la reconnaître. Elle lui avait laissé une double des clés au cas où quelque chose du genre se produirait.

"oh! Et Kane, n'allez pas croire que j'embrasse comme cela tous les citadins qui me font faire un tour de bécane!" Plaisanta-t-elle en prenant un air faussement hautain." J'ai une réputation à conserver!"

Un fou rire lui échappa et elle lui fit signe de la main.
"au revoir! Et merci encore. Pour tout!"
Quelle mésaventure! La jeune femme pouvait sentir ses jambes trembloter légèrement. Lise avait très hâte de tout raconter à son ami Ray.
Cependant, devait-elle garder cette histoire pour elle seule? Était-ce risqué de faire circuler son aventure? Lise n'aurait su le dire pour l'instant.

Il la regarda s'éloigner alors que le moteur rugissait et fut ravie de sa mine joyeuse. Surpris, il l'écouta avec attention et éclata de rire à nouveau. C'est ça, si elle n'embrassait pas tous les gars avec des motos, il se sentait chanceux. Mais c'est qu'elle pouvait faire de l'humour, l'aubergine, avec sa réputation. Il pensa soudainement que ça lui avait peut-être fait du bien ces mésaventures et cette escapade improvisée.

“Au revoir et de rien !”

Dans son casque, il explosa de rire une dernière fois tout en lui rendant son signe de main.

“Quel sacré numéro.” chuchotât-il pour lui-même tout en s'élançant entre les voitures.