De Charybde...

Fiche du PNJ

Obscuro sortait de la mer, comme tous les jours. En signe de pénitence il ne s'y vivait plus. Mais régulièrement il retournait s'immerger. L'appelle du large fond était trop forte pour qu'il lutte. C'était une journée comme les autres. Le chagrin et la tristesse le rongeaient. Il les sentait jusqu'à dans sa chair, qui creusaient des sillons et laissaient des traces. Alors qu'il reprenait l'apparence d'un bipède, il aperçu au loin une masse informe. Un homme, mourant. Il ne chercha pas à comprendre outre mesure... il l'emporta chez lui.

Une fois arrivé, il le déposa dans son lit, retira ses habits souillés de sang, sable, d'eau de mer. Par chance... l'iode désinfectait. Il n'y aurait donc pas de septicémie. Cependant, l'homme était mal en point. Il ne savait pas s'il survivrait. Combien de temps ? Qu'importe. Il plaça des algues aux vertus guérissantes sur ses plaies... Puis il s'assit en regardant son hôte...

Depuis plusieurs mois maintenant le vieil ermite n'était plus seul. Il avait son invité silencieux. Ce dernier était plongé dans le coma. Il n'avait plus de séquelles physiques. Il avait guérit. Mais désormais de nouvelles cicatrices s'étaient ajoutées à sa collection, déjà bien fournie. Il l'avait laissé dans son lit, tandis qu'Obscuro c'était installé sur une paillasse de foin frais, qu'il changeait toutes les deux semaines. Il veillait sur lui. Il avait vu mourir trop de gens. Peut importe qui était le malade. S'il pouvait le sauver, lui ai moins. Peut être que sa femme lui pardonnerait ?

Quand il rentrait, il lui parlait. Il lui racontait ce qu'il voyait. Il avait lu dans les livres que les morts entendent dans le coma. Alors, il lui disait. Il lui parlait des nuages, du soleil. De la neige qui était tombée l'hiver et du printemps qui arrivait. Des oiseaux qui chantaient. Et de la mer. Des poissons. Il lui racontait avec une telle passion que l'identité de cet homme ne pouvait être que 'monstrueuse' comme ils disaient à l'UDPH.

« Alors, l'ami. Tu dors encore ? C'est dommage. Il fait vraiment bon dehors. D'ailleurs j'ai pu faire sécher les nouvelles algues rares dont je t'ai parlé la semaine dernière... Ça évitera qu'elles pourrissent comme ça, tu me diras non ? »

De la chaleur... De l'humidité.. Daniel sentait tout cela autour de lui, il entendit son mystérieux sauveur qui c'était occupé de lui pendant tout se temps. Le temps ?! Depuis combien de temps Daniel était dans cet état ? Il compte bien le savoir à son réveil, réveil qui fut difficile car il ouvrit les yeux et à sa surprise la lumière était douce, non-agressive mais c'était à peu près tout ce qu'il pouvait faire à cause de ses muscles atrophiés il n'arrive pas à bouger correctement. Il est donc évident qu'il demande de l'aide :

"Je...je n'arrive pas à me relever..."

Ses sens reviennent peu à peu, il reconnait l'odeur des embruns marins, le goût du sel dans sa bouche, la douceur de coton du lit sur lequel il était allongé mais l'endroit reste calme.. il n'a jamais entendu un tel calme auparavant lui qui est habitué aux explosions, aux coups de feu, aux râles des ennemis mourants. Il est détendu, il n'a plus mal, il lui tarde de découvrir le visage de l'homme qui l'a secouru sur cette plage.

Alors qu'il regardait l'horizon marin depuis l'entrée de la grotte, Obscuro entendit du mouvement. Il rentra pour retrouver son malade. Il avait depuis plusieurs jours guetté les premiers signes du réveil. Il lui avait semblé qu'il allait peut-être ouvrir les yeux. Mais, le vieil homme savait une chose. Le coma laissait toujours des séquelles quand il était prolongé. Et pour le coup, l'humain était resté plusieurs mois dans les bras de Morphée.

Quand il se pencha au-dessus du lit, il vit qu'il y avait un peu de mouvement. Il tira sa chaise, bourra sa pipe d'un mélange de plante et d'algue. Il se cala dans son siège et il attendit patiemment. Il se réveillait. Enfin. Il gardait le silence, ne voulant pas le brusquer. Il n'arrivait pas à bouger. Avec délicatesse, il se rapprocha de lui. Il l'aida à se relever grâce aux oreillers dans le lit.

« Là ! Comme ça ce sera mieux l'ami. » dit il en croisant ses yeux bleu-océan dans ceux de l'ancien commandant de l'UDPH.

Obscura s'éloigna alors et mit de l'eau à bouillir sur le feu qui crépitait document. Il n'y avait pas d'eau courante, ni gaz, ni électricité chez lui. C'était vraiment archaïque. Il était coupé de toute civilisation. Il jeta une poignet de plante dans la marmite. Il allait lui faire une infusion revigorante afin qu'il puisse reprendre des forces. Son invité allait vite se rendormir, épuisé par son coma. Il en aurait pour un bon moment avant de pouvoir se remettre sur pieds...

Obscuro laissait son invité regardait où il se trouvait. Il était normal qu'il s'inquiète de savoir l'endroit où il était. Et encore, comparé au gens qui sortent d'un coma prolongé, ce dernier n''avait pas convulsé, n'avait pas fait de bad-trip ou de crise. Il devait avoir un mental très fort et une capacité physique énorme. Il avait dû recevoir des formations très strictes. Le vieillard tira une bouffée de fumée de sa pipe. Un fumet d'iode puissant s'éleva dans la demeure troglodyte.

« Oh là l'ami. Une question à la fois, tu ne crois pas ? Tu es encore faible. Tiens bois ça. »

Avec un petit sourire amusé, le vieil homme tendit une tasse fumante à l'homme assit dans le lit. Ah la jeunesse. Ils veulent toujours tout savoir, tout de suite, trop vite et sans attendre. L'âge lui avait appris qu'il fallait prendre son temps pour pouvoir assimiler toutes les informations correctement. Il se rassit dans son fauteuil en osier et fuma à nouveau.

« Alors jeune homme, quelle est la question la plus importante que tu veuilles vraiment poser ? »

Jeune homme. Si en réalité l'ancien commandant avoisinait la quarantaine, il restait un personnage jeune par apport à lui. L'âge, comme le bonheur, tout était question de subjectivité. Avec le temps, on en prend conscience. Mais souvent les gens moins matures ne le remarque pas. Jusqu'à présent l'ondin se doutait que son invité avait une forte personnalité, désormais il en était sûr.

Obscuro était loin d'être un idiot. C'était un homme d'un certain âge qui avait du vécu et de l'expérience. Il avait appris à observer, à regarder le monde qui l'entourait. N'aillant quasiment plus de contact avec l'extérieur, il n'avait que ça à faire de ses journées. Il s'était muré dans un profond silence. Il en était sorti que pour parler à un homme plongé dans le coma.

Il vit que le regard de son invité s'était attardé sur le couteau. Il était un peu étonné. Pourquoi recourir toujours à la violence ? Lui était doux et pacifiste. Il détestait ceux qui lui avait pris sa femme, mais il savait que la vengeance engendrait la violence. Et que c'était un cercle vicieux dont personne n'échapperait. Il s'en voulait d'être en vie et de porter le fard d'eau des péché du monde.

« Ahhh la ville. Elle est bien lointaine d'ici. Par là-bah, vous ne verrez que le mur de Ténébris bordant la côte maritime. Je vous ai repêcher bien mal en point, il y a plusieurs mois déjà... »

Il parlant sans quitter de ses yeux étrangement bleu le militaire. Il fumait son étrange pipe parfumée à l'iode. Il avait une certaine lueur d'amusement sur son visage. Il savait que même s'il le voulait, l'homme en face de lui ne tiendrait pas plus d'une minute sur ses jambes. Le coma avait endormit tous ses muscles. La potion lui avait peut-être remis un coup de fouet, mais pas assez. Même le vieil homme qu'il était, pourvait lui botter les fesses ! Mais Obscuro était conscient que ça ne durait pas. Et il allait même l'aider à aller encore mieux. C'était un pacifiste, il ne contait pas se battre

« Monstre ? » dit il doucement avec interrogation

« Un monstre est un individu qui provoque la répulsion, de part la crainte qu'il suscite chez les autres à cause de sa cruauté et de sa perversion. On utilise aussi le terme monstre pour désigner une personne atteinte de difformité. »

« Mon ami... me trouves-tu cruel ? Ou bien hideux ? »

Le vieil homme venait de comprendre à qui il avait à faire. Enfin en partit. Cet homme alité était un membre de l'UDPH. Il se doutait qu'il était militaire, les restes de l'uniforme en lambeaux l'avait mis sur la voie. Il n'était pas très au fait de la société. Il ne savait même pas que le commandant avait disparu, il ne connaissait même pas son nom. Il ne vivait plus vraiment depuis des années, il survivait péniblement.

Comment devait-il réagir. Il avait sauvé un homme travaillant pour l'organisation qui lui avait prit sa chère Anémone. Il avait apprit à pardonner. Cet homme ne devait être qu'un enfant quand cette tragédie avait eu lieu. Il ne pouvait pas se venger sur le premier venu. Même se venger tout court. Il ne voulait pas rentrer dans ce cycle vicieux de mort, violence et appel au sang. Il tira une nouvelle bouffée de fumée de sa pipe, sans se défère de son calme olympien...

« Oh là l'ami ! Tu n'as pas assez de force de tenir debout. Je pense que ceux qui t'attendent peuvent encore attendre un jour de plus tu ne penses pas ? Cela fait plusieurs mois déjà que je t'ai découvert mourant sur la plage... »

Obscuro se leva aussi vivement que le pouvait un homme de son âge, rongé par la vieillesse et la maladie. Se tenant avec sa canne d'une main, il se dirigea vers le militaire et passa sa poigne libre sous son aisselle l'empêchant ainsi de s'étaler sur le sol. Il était encore trop faible pour marcher tout seul. Le vieillard avait raison. Daniel Vasseur n'était plus à un jour près pour faire son grand retour dans la Ville.

« Passe une dernière nuit ici, étranger. Je t'ai sauvé d'une mort certaine. Tu penses bien que je n'ai pas l'intention de t'égorger dans ton sommeil. Si cela peut te soulager, je peux m'en aller dans la mer et te laisser seul ici. Dans le chaudron, il y a de la soupe d'algue rouge. C'est revigorant. Un bon bol te remettra sur pied au matin. Après une nouvelle nuit de sommeil...»