[A] Interim et paperasse. [libre]

Gabriel arriva à grands pas dans les locaux de l'UDPH. Il avait reçu un message de Vasseur. Il était en arrêt maladie. En tant que lieutenant, il devait assurer l'intérim. Il se souvint de leur défi. Il avait été menacé de paperasses et bien voilà qu'il devait en faire vraiment ! Privé de terrain par les forces des choses. Il essaierait de rester actif à ce niveau là tout de même.

Il fila dans le bureau de leur commandant à tous pour essayer de trouver une trace des engagements qu'il devrait tenir à sa place. Il ne tenait pas de carnet papier. Il essaya de fouiller un peu mais rien. Il fallait aller voir le service informatique pour lui débloquer les accès. Ce qu'il fit. Il resta à négocier avec le petit con boutonneux et dû taper du poing sur la table pour se faire comprendre. Ses hurlements avaient certainement rugir dans tout le couloir. L'informaticien lui demanda une heure avant de pouvoir lui donner les autorisations. Il sortit en fermant violemment la porte.

Il s'arrêta dans le couloir en songeant à ce qu'il devrait faire ensuite. Tout d'abord, le hall d'accueil. Savoir s'il y avait eu des agressions et des raids pendant la nuit, des victimes, de nouvelles personnes dans le secret, de nouveaux prisonniers, de nouveaux trophées à la morgue. Ce serait par là qu'il commencerait. Il se mit en marche jusqu'à se faire interpeller.

Jonas était assis à son bureau dans les locaux de l'UDPH. Devant lui sur la table jonchait une tonne de paperasses, des bouquins et des encyclopédies ouvertes posées en pile, des schémas d'armes et de technologies. Tous ses papiers étaient recouverts de calcul écrits adroitement en patte de mouche de sa main. Mais, depuis quelques minutes, rien de tout cela ne l'intéressait. Toute son attention était portée sur son téléphone portable qui clignotait.

Au nouveau bruit sonore aigu qu'il fit, le sourire charmeur du tombeur de l'UDPH s'étira. Il alluma de nouveau son téléphone et alla directement à la section texto... Enfin, le terme approprié pour nommer l'échange de sms qu'il avait en ce moment même avec une jeune femme blonde au regard ténébreux et à la poitrine de sexbomb commençait plutôt avec un 's'. Bref, en lisant le message qu'elle venait de lui envoyer, son coeur fit un bond dans sa poitrine. "Pardon ? Ohhh la coquine..." Ses doigts ou son cerveau situé bien bas tapotèrent la réponse sur le clavier tactile de son smartphone. Puis, il cliqua sur envoyer.

Quelques secondes plus tard, le bip aigu se fit de nouveau entendre. Mais c'est qu'elle était chaude celle-là !! Il n'avait même pas eu le temps de reposer son téléphone sur son bureau. Il s'apprêta alors à lire la réponse qu'il venait de recevoir quand il entendit des hurlements étouffés dans le couloir. Jonas travaillait dans le service technique, physique et chimique. Spécialiste en chimie, il était chargé des projets ambitieux d'armements anti-monstres de l'UDPH. Ses cobayes, il les utilisait comme cible, comme exemple pour en attraper d'autres, pour en faire souffrir d'autres. C'était peut être cruel, mais lui, il ne les aimait pas les monstres. Il ne les comprenait pas, ils étaient trop différents, et quelque part, au fond, il en avait peur.

En bref, c'était rare d'entendre des hurlements dans le service technique. Lui, le chef du département chimie, il n'était pas du genre à beaucoup élever la voix, pas ici en tout cas. Les monstres, eux, étaient enfermés dans un autre endroit de l'immeuble et quand ils essayaient ses nouvelles armes contre eux, on ne les entendait pas hurler d'ici. Il fut donc un peu surpris et trop curieux. Il se leva, abandonna son téléphone sur son bureau et sortit de son antre. Au fond du couloir, Jonas vit de dos le lieutenant Randall s'éloigner. Bah tient ! Il était moins étonné maintenant, il n'y avait que les militaires qui hurlaient à tout bout de champ !

Ses sourcils se haussèrent, son air se fit narquois. Ses yeux bleus pétillèrent d'assurance, il se gratta sa barbe de trois jours et plissa son pantalon de costard noir. Puis, il se décida de le héler. Il s'avança un peu plus dans le couloir et planta ses mains dans ses poches de son pantalon.

"Lieutenant, vous en faites du bruit dites moi ! Quelque chose vous tracasse ?"

Gabriel avait beau avoir décidé ce qu'il allait faire ensuite, il avait encore l'adrénaline dans le sang et une furieuse envie de faire de l'art moderne avec la cervelle de l'administrateur réseau. Il avait commencé la suite de son trajet à grands pas lorsque la porte d'un bureau s'ouvrit devant lui. Il dévia de sa trajectoire pour ne pas se prendre un collègue en pleine figure et s'éloigner aussi rapidement que possible. Mais justement, il fut apostrophé par le-dit collègue.

Gabriel stoppa et ne put s'empêcher de prendre une demi-seconde pour le dévisager et de regarder ses vêtements. Toujours aussi impeccable. Si Gabriel avait du mal à supporter Raphaëlle -doux euphémisme- il en avait aussi avec Jonas -mais ce n'était plus un euphémisme. Au côté toujours impeccable et donc hautain du scientique s'ajoutait une large pointe de jalousie : Gabriel était égal -voire un peu plus élevé- dans la hiérarchie mais se savait nettement moins payé que ce diplômé en costard. Et surtout, son côté tombeur de donzelle l'insupportait. Après son divorce, Gabriel était sortit avec plusieurs damoiselles mais n'était vraiment tombé amoureux que d'une. Alors qu'il était fou d'elle, elle l'avait quitté. Il avait compris plusieurs mois plus tard qu'elle l'avait quitté pour le docteur Reynolds qui l'avait allégrement laissé tombé à son tour. Cela lui serrait la gorge à chaque fois.

Mais là, une personne insupportait plus encore Gabriel que Reynolds : l'informaticien. Et ce fut pour ça que lorsque le scientifique lui demanda ce qu'il se passait que le lieutenant se tourna vers lui les mains écartés comme si le blond était l'élu.

Reynolds ! Vous tombez bien ! Dites-moi ce que vous avez inventé comme dernière arme non létale ! Vous auriez pas un truc comme un distributeur de baffes automatiques qui donne +12 en vélocité par hasard ?

Quand son énervement bien perceptible se conjuguait à son amour des jeux en tous genres, cela donnait un mélange assez détonnant.



[HJ : désolée pour le retard. Dis-moi si tu veux que j'édite quelque chose]

[HJ : J'adoooooooooore !!! D'ailleurs, je suis désolée pour l'ex-amante de Gabi... Jonas n'a vraiment pas fait exprès ! ]

Jonas fut surpris, d'une par la colère qu'il pouvait lire dans les yeux du lieutenant Randall et de deux, par sa demande toute particulière. La dernière arme non létale qu'il avait mise au point, Randall l'avait déjà testé et validé, quelques mois plus tôt. Il lui avait même donné une mention spéciale : très pratique, améliore l'XP des soldats de 100 points... Jonas cherchait encore à comprendre ce que cela signifiait. Bref, non, il n'avait pas encore de nouvelle arme en magasin. Mais, l'idée d'un distributeur de baffe pouvait être charmante. Il connaissait une jeune demoiselle rousse sur qui cet outil pourrait être parfois fort pratique...

Bref, le scientifique sentait que le moment était peut être mal venu de blaguer avec le lieutenant. L'air qui l'entourait semblait gelé par son énervement. Visiblement, il venait de passer un sale quart d'heure auprès de ses collègues informaticiens. Jonas pouvait totalement comprendre. Les deux petits binoclards geeks du service ne servaient strictement à rien. Ils étaient associables, moches et avares. Le pire, c'était qu'ils n'étaient même pas drôle en se complaisant dans leur petite vie de joueurs de jeu vidéo. Il ne pouvait absolument pas comprendre comment un homme d'âge mûr pouvait se reclure dans un coin de la société et profiter seulement des relations virtuelles. Rien ne valait la chaleur d'une femme dans son lit... A son humble avis !

D'ailleurs, en parlant de jeu vidéo, il lui semblait que le militaire en face de lui était un passionné. C'était peut être pour ça qu'il ne s'entendait pas très bien ? Parce que lui avait un véritable mépris pour les hommes cachés derrière un écran d'ordinateur et incapable de passer au niveau au dessus ? Jamais, il ne lui serait venu à l'idée que parmi ses anciennes conquêtes, il y avait une ex-compagne de Randall... Hum, comme si l'uniforme de l'UDPH pouvait plaire au femme. Ahahah ! Il se serait bien esclaffé à cette idée.

Gardant, son sourire en coin qui pourrait transparaître ses pensées moqueuses, Jonas tourna la tête derrière lui pour détailler le bureau des deux geeks. Puis, il s'enquit :

"Une arme non létale ? Avez-vous perdu une partie contre ces deux nuls pour vouloir à ce point vous venger ? Si cela vous chante, j'ai deux trois monstres en stock qui s'ennuient..."

[J'aime beaucoup ta réponse mais j'ai eu une panne d'inspi, j'espère que ça te plaira]

Le scientifique en costard le regarda à son tour. Et pourtant, malgré la phrase d'énervement de Gabriel qui aurait fait normalement mourir de rire n'importe quel quidam, Reynolds n'esquissa pas la moindre petite contraction du grand zygomatique confirmant son air froid, hautain et énervant un peu plus Gabriel. Ce scientifique commençait à lui courir sérieusement sur le haricot à le snober de la sorte. L'ancien détective serrait dangereusement les poings. Le blond regarda le bureau des ingénieurs réseaux d'un air détaché comme s'il était un dieu qui régnait sur des insectes à la valeur misérable.

"Une arme non létale ? Avez-vous perdu une partie contre ces deux nuls pour vouloir à ce point vous venger ? Si cela vous chante, j'ai deux trois monstres en stock qui s'ennuient..."

Était-ce le ton ? Ou était-ce l'insinuation de ses paroles ? Le sang de Gabriel se mit à bouillir comme celui d'un adolescent en pleine mue lorsqu'il voyait passer l'infirmière canon de l'école en mini-jupe.

Moi, perdre une partie ? Mais dites donc, Monsieur Jonas Reynolds, insinueriez-vous que je dépenserai l'argent du contribuable non pas à le protéger de toutes les infamies qui menacent chaque minute la veuve, l'orphelin et la bonne morale qu'a institué notre bon maire ? Oseriez-vous dire que je ne consacrerai pas l'entièreté de mon énergie à exterminer les menaces ?

Il se rapprocha d'un pas et tendit un index menaçant vers le cerveau en costume :

Mais vous, Monsieur Reynolds, docteur ès chimie, pouvez-vous en dire autant ? Et si nous entrions dans votre bureau, pour voir ? Et que vous me montriez ce sur quoi vous travailliez à l'instant ? Hein ?

Gabriel avait changé la direction de sa main qui pointait, maintenant ouverte à plat, en direction du bureau du scientifique.

"Mais, je vous en prie mon lieutenant, entrez. Je peux vous montrer la nouvelle formule chimique sur laquelle je travaille en ce moment. J'ai dans l'idée de créer une sorte de fumigène en argent pour mettre une meute de loup garou hors d'état de nuire. Je viens seulement d'aboutir à une molécule."
«Et bien parfait ! Allons-y ! Montrez-moi donc votre molécule, vous allez me la prendre et on ira tester ça sur un loup-garou. D'abord, entrons.

Gabriel fit un pas de côté tout militaire et regarda Jonas droit dans les yeux, un air de défi sur le visage. Il laissa le chimiste passer et le suivi dans son antre. C'était un autre style que son propre bureau assurément.

Alors, parlez-moi des détails. Comment cette arme fonctionne, quel est son périmètre d'action, ses effets ?

Sa voix bien que toujours dure et militaire, s'était un peu adoucie. Il regardait avec intérêt ce que lui montrait le scientifique. Il avait envie de saisir cette excuse pour mieux oublier l’inefficacité des ingés réseaux. En revanche, il se sentait mal à l'aise dans ces lieux dans le sens où il n'osait pas trop bouger pour ne pas risquer de casser quelque chose d'un mouvement du coude.